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La conversion de Paul, décrite dans le Nouveau Testament, se réfère à l'un des événements de la vie de Paul de Tarse. C'est une fête des Églises chrétiennes célébrée le 25 janvier selon le Martyrologe romain[1].
Autour de cette date a lieu chaque année la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens.
Pour le consensus historien, la conversion de Paul se situe entre 31 et 36[2],[3],[4].
Dans ses épîtres, qui constituent une source de première main, Paul traite de sa conversion de manière brève.
« Et après [avoir été vu de] tous, il a aussi été vu de moi, comme de l’avorton ; car je suis le moindre des apôtres, et je ne suis même pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu. »
— 1 Corinthiens 15,8-9 ; traduction Bible annotée de Neuchâtel[n 1].
« Or je vous fais connaître, frères, que l’Évangile qui a été annoncé par moi n’est point selon l’homme ; car je ne l’ai reçu ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. […] Mais quand il plut à Celui qui m’avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler en moi son Fils, afin que je l’annonçasse parmi les païens, aussitôt, je ne consultai point la chair et le sang, et je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui avaient été apôtres avant moi ; mais je m’en allai en Arabie, et je revins de nouveau à Damas. »
— Galates 1,11-12 et 15-16 ; traduction Bible annotée de Neuchâtel.
Dans les Actes des Apôtres, la conversion de Paul est abordée à trois endroits différents, et cette expérience y est beaucoup plus détaillée que dans les épîtres. Les Actes décrivent la conversion comme un évènement qui s'est déroulé au moment où Paul était en route vers Damas. Jésus lui apparaît sous la forme d'une lumière, et il tombe à la suite de cette vision et il devient aveugle. Paul est ensuite emmené à Damas, où il est baptisé trois jours plus tard par Ananie, qui lui rend en même temps la vue, Ananie ayant reçu l'ordre de Dieu de l'accueillir parmi les saints. Les trois récits de cette conversion se situent en Ac 9,3-9, 22,5-11, et 26,13-19. Le premier est raconté par l'auteur des Actes, tandis que les deux autres sont racontés par Paul, lorsqu'il est emprisonné à Jérusalem puis à Césarée. D'aucuns ont cru y déceler des différences irréconciliables mais le recours à la grammaire grecque met fin à ces constestations.
Il existe deux rapports de récit relatés dans le dialogue entre Jésus et Paul, où il existe une divergence de compréhension concernant les gens de la caravane qui accompagnent Paul :
« Or les hommes qui faisaient route avec lui s’étaient arrêtés muets, entendant [ακουων, akouon] bien la voix, [φωνῆς, phonês] mais ne voyant personne. » (Ac 9,7)
« Or ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils ne comprirent [ἤκουσαν, ēkousan] pas la voix de celui qui me parlait. » (Ac 22,9)
« au milieu du jour, je vis, ô roi, sur le chemin, une lumière qui venait du ciel, et dont l’éclat surpassait celui du soleil, resplendir autour de moi et de ceux qui faisaient route avec moi. Et nous tous étant tombés par terre, j’entendis [ἤκουσαν, ēkousan] une voix
[φωνὴν, phonèn]
qui me dit en langue hébraïque […] » (Ac 26,13-14a)
Dans le premier récit, Paul voit la lumière et ses compagnons entendent la voix ; dans le deuxième, ils tombent par terre à cause la lumière, mais seul Paul comprend la voix de celui qui lui parle ; dans le dernier, Paul et ses compagnons tombent et sont enveloppés de lumière, mais seul Paul comprend la voix.
Une explication très simple est éclairée par la grammaire grecque[5]. Ἄκούω signifie « entendre » avec l'accusatif en langue grecque mais le verbe a le sens de « comprendre » quelqu'un ou quelque chose avec l'emploi du génitif en langue grecque[6].
Par ailleurs, le verbe grec φωνέω qui a le sens de "faire entendre le son d'une voix ou d'un cri" n'apparaît nullement dans les témoignages rapportés dans les Actes des Apôtres concernant la conversion de Saul de Tarse sur le chemin de Damas [7] alors que le substantif féminin grec φωνῆ signifie précisément «un son, une voix »[8].
L'apologétique chrétienne posant le principe de l'inerrance biblique, explique ainsi que les caravaniers entendirent, mais ne comprirent pas ce que Jésus dit à Paul, car le premier aurait parlé « en langue hébraïque » : « Il n’était pas moins naturel que le Seigneur, s’adressant à un Israélite, employât sa langue maternelle, celle de son enfance et de ses impressions religieuses les plus profondes »[9]. « De même, ils ne virent personne, aucune forme distincte, mais seulement une lumière »[10].
La cohérence de ces différents récits est bien établie que l'explication de la grammaire grecque vient solidement étayer. D'ailleurs, le verbe français "entendre" a également le sens de "comprendre" de la même manière que pour les Grecs et les gens parlant et écrivant le grec de l'époque des Apôtres au 1er siècle de l'ère chrétienne.
Des exégètes ont toutefois relevé que l'épisode du chemin de « Damas n'a jamais été relaté par Paul dans ses lettres », la mention de l'avorton évoquant « un événement extérieur, mais sans en esquisser le moindre récit »[11].
Le récit s'insère dans l'ouverture du christianisme vers les païens plutôt que vers les juifs : « Luc montre ainsi comment Dieu élargit le cercle des élus » note Élian Cuvillier. Ce dernier note encore que Paul ne parle pas de « conversion » mais d'une « révélation »[12]:; cependant, cette révélation l'a conduit à une profonde conversion au christianisme dont la moitié des textes du Nouveau Testament lui est imputée.
La conversion de saint Paul est fêtée dans le calendrier liturgique chrétien le 25 janvier[1] (attestation de la date à partir du IXe siècle dans les martyrologes du Moyen Âge) et conclut la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens[13].
La conversion de saint Paul a été représentée par de nombreux artistes, parmi lesquels Albrecht Dürer, Giovanni Bellini, Fra Angelico, Fra Bartolomeo, Pieter Brueghel l'Ancien, Rubens, William Blake et Luca Giordano. Le peintre italien Le Caravage a réalisé deux tableaux sur ce thème : La Conversion de saint Paul et La Conversion de saint Paul sur le chemin de Damas.
Traditionnellement représenté à pied, une nouveauté principale au XIIe siècle est l'introduction du cheval dans l'iconographie de l'événement de Damas (alors que le récit biblique ne mentionne pas cette monture, rarissime dans l'Antiquité, les voyageurs ordinaires circulant à pied). Cette nouvelle tradition iconographique s'avère n'être pas sans signification spirituelle et anthropologique : terrassé dans son orgueil, Saul tombe de très haut[15].
Le chapitre 17 du roman Homme invisible, pour qui chantes-tu ? de Ralph Ellison évoque cette conversion[16].
La conversion de Paul est également évoquée, sans la mentionner directement, dans le roman Pour qui sonne le glas d'Ernest Hemingway, à propos des remords de Pablo à la suite de sa trahison de la bande de Robert Jordan, la nuit précédant l'attaque du pont.
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