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congrégation religieuse féminine De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur (en latin : Congregationis Sororum a Bono Pastore), dite des Sœurs du Bon Pasteur d'Angers, également appelée les Sœurs[a] de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur, est un congrégation religieuse catholique fondée en 1835[b] par Marie-Euphrasie Pelletier (canonisée par l'Église catholique en 1940), pour venir en aide aux femmes[2] et aux enfants en difficulté.
Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur | |
Ordre religieux | |
---|---|
Institut | Congrégation religieuse catholique |
Type | Contemplative et apostolique |
But | Réhabilitation des prostituées et aide aux femmes en difficultés, conversion des filles et femmes tombées dans l’impureté, assistance aux nécessiteux |
Structure et histoire | |
Fondation | 1835 Angers, France |
Fondateur | Sainte Marie-Euphrasie Pelletier |
Abréviation | R.B.P. |
Autres noms | Sœurs du Bon Pasteur |
Patron | saint Jean Eudes, sainte Marie-Euphrasie Pelletier et la bienheureuse Marie du Divin Cœur |
Agrégé à | Ordre de Notre-Dame de Charité |
Site web | site officiel |
Liste des ordres religieux |
De 1893 au XXIe siècle, la congrégation suscite des controverses régulières, relatives aux mauvais traitements subis par de jeunes femmes.
Marie-Euphrasie Pelletier était alors mère supérieure de la Maison d'Angers de l'Ordre de Notre-Dame de Charité, dite « du Refuge ». La nouvelle congrégation, dont le nom fut choisi en souvenir de l'ancienne Maison de refuge du Bon Pasteur d'Angers, disparue à la Révolution, a l'originalité de se libérer rapidement de la tutelle administrative et spirituelle de l'évêque local et de se placer sous l'autorité pontificale. Elle fonde ses premières maisons dans la France manufacturière à l'aube de la révolution industrielle et forme des jeunes filles de la classe ouvrière pour leur donner un métier. Une branche de femmes repenties (anciennes prostituées ou femmes de mauvaise vie), appelées « Madeleines », vivent en clôture et prient pour la communauté. Dès 1835, Rome demande une vocation d'universalité à cette congrégation. L'encadrement des religieuses du Bon Pasteur est confié très tôt à des religieuses issues de familles de la bourgeoisie libérale ou de l'aristocratie européenne préoccupée du catholicisme social, comme en Allemagne par exemple, avec Bienheureuse Marie du Divin Cœur, née comtesse Droste zu Vischering[3]. Parmi les cinquante novices de 1835, on remarque des jeunes femmes belges, irlandaises, allemandes, juives (les filles converties de l'ancien rabbin Drach, devenu bibliothécaire à la Propaganda Fide). À partir de 1840, la plupart des supérieures hors d'Europe sont issues de familles catholiques de la noblesse allemande hostiles à la montée en puissance de la Prusse protestante. Issues de grandes familles, elles sont parfaitement francophones[4].
Lorsqu'elle meurt en 1868, Mère Euphrasie Pelletier laisse 2 067 religieuses professes, 384 novices, 309 tourières (religieuses converses allant à l'extérieur), 972 « Madeleines », 6 372 jeunes filles ou femmes pénitentes accueillies en refuge, 8 483 enfants (en majorité des fillettes) instruits par les religieuses.
La croissance est rapide parallèlement à l'expansion de la révolution industrielle. Les religieuses suivent également la progression de l'Empire britannique et s'y installent en croissant régulièrement.
En 1905, le Bon Pasteur regroupe en France 37 maisons, comptant 1 700 religieuses, 700 « Madeleines », 2 700 jeunes filles « pénitentes », 2 600 jeunes filles « préservées »[5].
Les religieuses de cette congrégation catholique sont aujourd'hui présentes dans soixante-dix pays et seraient au nombre de quatre mille.
La maison-mère est à Angers, et la maison généralice à Rome, depuis 1966.
En France, sous la Troisième République, et jusque dans les années 1970, la congrégation se voit attribuer par l'État et notamment le ministère de la Justice, la mission de rééduquer les « filles de justice »[7], jeunes mineures qui, pour diverses raisons, sont passées devant un juge et sont alors considérées comme « filles difficiles », susceptibles de sombrer dans la délinquance ou la prostitution[8].
En 1893 commence « l’affaire du Bon Pasteur de Nancy ». Une pupille de 18 ans du nom de Maria Lecoanet, dépose plainte : elle accuse le Bon Pasteur de l'avoir exploitée au travail et considère que ce sont les trop nombreuses heures passées dans les ateliers du Bon Pasteur qui ont causé la perte de sa vue. Cette plainte est relayée par l’archevêque de Nancy, Charles-François Turinaz, qui n’hésite pas à critiquer vivement les méthodes des sœurs. C’est dans ce contexte que les journalistes[9] enquêtent et mettent à la Une de leurs journaux les différents échanges épistolaires, les débats à la chambre des députés et les comptes-rendus d’audience relatifs à l’affaire[10]. Finalement, le Bon pasteur de Nancy ferme ses portes, sur décision de justice, le 26 mars 1903 après plusieurs années de scandale.
Dans le contexte de l'affaire du Bon Pasteur de Nancy, Benjamin Guinaudeau (1858-1939) publie Les crimes des couvents, l'exploitation des orphelins, ouvrage dans lequel il fait état des mauvais traitements et sévices infligés aux jeunes pensionnaires du Bon Pasteur[11]. Sont notamment mis en cause, outre l'établissement de Nancy, ceux d'Angers, du Mans, de Limoges, Annonay, Dole, Loos et Reims. D'autres congrégations du même type sont également mises en cause.
Les controverses resurgissent à partir des années 2000. Selon les témoignages[12] de pensionnaires des années 1950 et 1960[13],[14], de nombreux abus ont été commis au Bon Pasteur : discipline carcérale[15], agressions physiques[16], négation du féminin, emprise psychologique sous couvert d'éducation religieuse, isolement[17]. Les films The Magdalene Sisters et Les Diablesses, tournés en 2002 et 2007 et basés sur des faits réels, montrent cet état de choses. Un forum de discussion[18] est ouvert en 2009 et où peuvent témoigner les anciennes pensionnaires du Bon Pasteur. Une association d'entraide des anciennes pensionnaires est également fondée en décembre 2020 par Marie-Christine Vennat et Éveline Le Bris[19]. Leurs membres réclament des excuses publiques à la congrégation et au gouvernement, un dédommagement[19], la gratuité des soins physiques et psychologiques, et la récupération des points retraite pour le travail effectué gratuitement[20],[21].
Certaines jeunes filles sont envoyées comme employées dans des familles aisées. En cas de viols par les patrons, elles sont considérées alors comme « aguicheuses et vicieuses »[22].
Le 29 novembre 2021, la chaîne de télévision France 3 publie une enquête : « Angers : anciennes pensionnaires du Bon Pasteur, elles veulent être reconnues comme victimes pour les violences psychologiques ou physiques subies »[23] ainsi qu'un documentaire de 7 minutes[24]. Le 10 janvier 2022, le magazine Le Point publie à son tour une nouvelle enquête à charge : « Filles du Bon Pasteur : des dossiers compromettants ressortent »[25]. Le Point publie également un documentaire de 31 minutes : « Les filles du Bon Pasteur »[26].
En novembre 2022, sort le documentaire Mauvaises filles d'Émérance Dubas, dans lequel quatre anciennes pensionnaires du Bon Pasteur témoignent[8].
À la suite de la sortie en salle du documentaire[27], le 9 décembre 2022, la congrégation annonce la mise en place, le 14 décembre, d'une commission indépendante pour «faire la lumière sur des défaillances» révélées par d'anciennes pensionnaires de maisons d'éducation tenues par des religieuses[28].
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