La Confédération européenne des syndicats ou CES (en anglais: European Trade Union Confederation ou ETUC) regroupe la plupart des organisations syndicales européennes. Elle représente les intérêts des travailleurs auprès des institutions de l'Union européenne.
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La CES regroupe 93 organisations membres issues de 41 pays européens ainsi que 10 fédérations syndicales, représentant plus de 45 millions de membres. Elle est reconnue par l’Union européenne, par le Conseil de l’Europe et l’Association européenne de libre-échange comme seule organisation syndicale interprofessionnelle européenne représentative[1].
La confédération est présidée par l'Autrichien Wolfgang Katzian(de) et sa secrétaire générale est l'Irlandaise Esther Lynch(en), élus au Congrès de Berlin en mai 2023[2].
La mission de la CES est de représenter les travailleurs au niveau européen. Elle se donne comme objectif majeur de «promouvoir le modèle social européen et d’œuvrer au développement d’une Europe unifiée de paix et de stabilité au sein de laquelle les travailleurs et leur famille peuvent pleinement profiter des droits humains et civils et de hauts niveaux de vie[3].» La CES définit le modèle social européen comme «combinant une croissance économique soutenable accompagnée de niveaux de vie et de travail en hausse constante y compris le plein emploi, la protection sociale, l’égalité des chances, des emplois de bonne qualité, l’inclusion sociale et un processus de prise de décisions politiques qui implique pleinement la participation des citoyens[3].»
Dans le cadre du dialogue social européen, la CES négocie avec les employeurs représentés par le CEEP et BusinessEurope ou par secteur à travers les fédérations syndicales européennes. Le CES négocie ainsi des accords-cadres sectoriels, mis en œuvre sous la forme de directives européennes, ou des accords «autonomes» directement avec le patronat. Les accords-cadres ont porté sur le congé parental (1996), le travail à temps partiel (1997) et les contrats à durée déterminée (1999) et les accords autonomes sur les télétravailleurs (2002), le stress lié au travail (2004), le harcèlement et la violence au travail (2007) et sur les marchés du travail inclusifs (2010)[3].
Dans le cadre de ses revendications, la CES organise également des mobilisations telles que des journées d'action et des «euromanifestations» à l'occasion de sommets européens ou, plus récemment, contre la crise économique et les politiques d'austérité[3].
La CES s'appuie dans ses actions sur l'Institut syndical européen(en) (ETUI) son centre de recherche et de formation indépendant basé à Bruxelles. L'ETUI étudie les sujets socio-économiques, les relations industrielles et les développements de la politique européenne du monde du travail.
En 1952, les syndicats de mineurs et d’ouvriers de la métallurgie des organisations adhérant à la Confédération internationale des syndicats libres mettent en place un comité de coordination dans le cadre de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Avec la signature du traité de Rome en 1957, la CISL met en place un Secrétariat syndical européen (SSE) qui rassemble ses adhérents de l’Europe des Six. En parallèle, la Confédération internationale des syndicats chrétiens met en place l'Organisation européenne - CISC (OE-CISC). En 1960, les syndicats de la CISL des pays appartenant à l’Association européenne de libre-échange se rassemblent à leur tour dans un secrétariat européen. En 1969, le SSE devient la Confédération européenne des syndicats libres, puis avec l’adhésion des syndicats CISL des pays de l’AELE en 1973, elle devient la Confédération européenne des syndicats. Son évolution est achevée quelques mois après, avec l’adhésion des syndicats de l’OE-CISC. Une avancée plus importante dans le rassemblement du syndicalisme européen a lieu en juillet 1974, quand la CGIL qui s’est désaffiliée de la Fédération syndicale mondiale adhère à la CES.
En 1973, la CES dispose de Comités syndicaux européens (CSE) issus soit d’un processus de différenciation géographique au sein des Secrétariats professionnels internationaux de la CISL, soit du rassemblement au niveau européen de syndicats nationaux. De plus un certain nombre de CSE n'entrent pas dans les limites de la CES. À partir de 1976, et de son congrès de Londres, la CES essaye de rationaliser ses structures et d’intégrer les CSE.
Dans les années 1980, alors que la perspective de l’Union européenne devient de plus en plus nette, la CSE essaye de faire correspondre ses structures au niveau du dialogue social européen qui se met peu à peu en place, avec la CES pour le niveau confédéral, les CSE au niveau des branches européennes et les syndicats au niveau des entreprises. À partir de 1988, elle milite au sein des instances européennes pour la création de comités d’entreprise européens. Elle se dote aussi d’institutions pour aider au dialogue social européen: l'Association pour la formation européenne des travailleurs aux technologies (1986), le Bureau technique syndical (1989) et l'Académie syndicale européenne (1989).
Avec la chute du mur de Berlin, de nombreux syndicats autrefois proches de la Fédération syndicale mondiale adhèrent à leur tour à la CES, comme les Comisiones Obreras espagnoles. Sous la direction d’un nouveau secrétaire général, Emilio Gabaglio issu de la Confédération italienne des syndicats de travailleurs, la CES prend une orientation résolument fédéraliste et revendicative en matière de droits des salariés. Le rôle de la structure centrale de la CES est renforcé, et l’élargissement vers l’ensemble des syndicats européens devient un objectif. Les congrès de Luxembourg en 1991, puis à Bruxelles en 1999 renforce le fédéralisme du fonctionnement de la CES, et l’adhésion de la CGT en 1999 fait de la CES un interlocuteur vraiment représentatif des salariés européens. Par ailleurs, la CES est considérée par la nouvelle Confédération syndicale internationale comme son organisation régionale européenne.
Actions
En , la secrétaire générale de la CES, Esther Lynch, se rend à Sfax, en Tunisie pour participer à une manifestation en soutien à l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) dont plusieurs dirigeants ont été arrêtés. L'UGTT fait partie d'une large partie de la société civile qui conteste l'exercice du pouvoir par le président Kaïs Saïed dans le cadre d'une crise politique qui dure depuis 2021. Les autorités donnent 24 heures à Lynch pour quitter le pays, dénonçant une «ingérence» dans les affaires intérieures tunisiennes[4],[5].
Structure
L'autorité suprême de la CES est exercé par le congrès, qui se réunit tous les quatre ans. Il se compose de délégués des organisations membres, proportionnellement à leur nombre d'adhérents. Le congrès élit les membres du comité exécutif, le président, le secrétaire général, deux secrétaires généraux adjoints, ainsi que quatre secrétaires confédéraux[6].
Le comité exécutif est composé par des délégués des organisations membres. Il décide notamment des délégations chargées de négocier dans le cadre du dialogue social européen. Le comité de direction, composé de 21 membres, assure le suivi des décisions du comité exécutif[6].
Le secrétaire général est le porte-parole de la CES et son principal responsable. Le président est chargé de la présidence des organes de direction[6].
Membres
La CES regroupe 89 organisations membres de 39 pays européens, ainsi que 10 fédérations syndicales européennes[Quand?]. D’autres structures comme Eurocadres (Conseil des cadres européens) et la FERPA (Fédération européenne des retraités et personnes âgées (d)) opèrent sous son égide.
Dans les pays où des syndicats se divisent suivant l'orientation politique, plusieurs confédérations sont directement membres de la CES. Dans les pays où le syndicalisme est organisé sectoriellement, seule l'organisation qui les regroupe au niveau intersectoriel est membre de la CES.
Les organisations syndicales affiliées à la CES conservent leurs propres procédures de prise de décision. Les délégués des organisations membres décident démocratiquement des politiques et activités de la CES au plan européen, et la CES elle-même n'a pas le pouvoir d'imposer une ligne aux confédérations nationales.
Irlande: ICTU - Irish Congress of Trade Unions (Congrès irlandais des syndicats)
Islande: ASÍ - Alþýðusamband Íslands (Fédération islandaise du travail), BSRB - Bandalag Starfsmanna Ríkis og Bæja (Confédération des employés municipaux et de l'État)
Pologne: OPZZ - Ogólnopolskie Porozumienie Związków Zawodowych (Alliance panpolonaise des syndicats), Solidarność - Niezależny Samorządny Związek Zawodowy «Solidarność» (Syndicat indépendant et autonome «Solidarité»), FZZ(en) - Forum Związków Zawodowych (Forum des syndicats)
Le Comité Jeunes de la CES (en anglais: Youth Committee ETUC) est une organisation composante de la Confédération européenne des syndicats. Le Comité Jeunes est composé d'un représentant jeune (moins de 35 ans) par organisation syndicale membre de la CES.
Le Comité Jeunes est composé de 99 membres (89 organisations syndicales membres ainsi que 10 fédérations syndicales européennes), et d'un organe exécutif nommé «bureau» chargé de mettre en œuvre les décisions politiques. Le bureau exécutif ainsi que son président sont élus par les membres du Comité Jeunes[7],[8].
Christophe Degryse et Pierre Tilly, 1973-2013: 40 ans d'histoire de la Confédération européenne des syndicats, Bruxelles, Confédération européenne des syndicats, , 251p. (ISBN978-2-87452-303-8, lire en ligne), page 78.
Anne-Catherine Wagner, Vers une Europe syndicale: une enquête sur la Confédération européenne des syndicats, Paris, Éditions du Croquant / Raisons d'Agir, 2005 (ISBN2-914968-10-8).
Emilio Gabaglio, Qu'est-ce que la CES?, Éditions de l'Archipel, 2003 (ISBN2-84187-529-6).