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En France, la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), également appelée « plaider coupable », permet au procureur de la République de proposer dans le cadre d'une procédure pénale, directement et sans procès, une ou plusieurs peines à une personne qui reconnaît les faits qui lui sont reprochés[1]. Si la personne conteste les faits ou la peine proposée, le procureur peut alors saisir le tribunal correctionnel.
Cette procédure a été créée par la loi du portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, dite « Loi Perben II » et introduite aux articles 495-7 à 495-16 et 520-1 du Code de procédure pénale et doit, dans l'esprit du législateur, éviter la lourdeur d'un examen en audience lorsqu'une enquête n'est pas utile. Elle constitue néanmoins, aux yeux de praticiens, une atteinte aux droits de la défense et à la possibilité pour chacun d’être jugé avec une nécessaire sérénité[2].
En 2018, 78 718 affaires pénales ont été traitées dans le cadre d'une CRPC parmi les 630 562 affaires renvoyées devant le tribunal correctionnel[3].
La procédure est applicable aux délits punis d'une peine d'amende, ou d'une peine d'emprisonnement inférieure ou égale à 5 ans. La loi du modifie l'article 495-7 du code de procédure pénale, il n'y a plus de quantum de peine pour la CRPC sauf cas d'atteinte volontaire ou involontaire à l'intégrité physique ou agression sexuelle en cas d'emprisonnement d'au moins 5 ans.
Par exemple :
Certains délits ne sont pas concernés : les délits de presse, les homicides involontaires.
L'auteur doit être majeur et reconnaître les faits.
Le procureur de la République peut proposer à l'auteur des faits une peine d'emprisonnement dont la durée ne peut être supérieure à 3 ans (depuis la loi du ), ni excéder la moitié de la peine encourue ; elle peut être assortie en tout ou partie du sursis.
Le montant de l'amende ne peut être supérieur à l'amende maximum légalement encourue compte tenu du principe constitutionnel de la légalité des infractions et des peines. Elle peut être assortie du sursis.
Elle peut être mise en œuvre dans les cas suivants :
Le procureur de la République recueille la reconnaissance de culpabilité de l'auteur en présence de l'avocat.
Acceptation de la ou des peines proposées : dans ce cas la personne est présentée devant le président du Tribunal de grande instance, ou un juge délégué, saisi par le procureur d'une demande d'homologation. Le président ou le juge délégué entend la personne et son avocat en audience publique[5].
Si l'intéressé demande à bénéficier du délai de 10 jours pour donner sa réponse : il est mis sous contrôle judiciaire, ou en détention provisoire (uniquement si la peine principale proposée est une peine d’emprisonnement ferme d’une durée supérieure à 2 mois et qu’ait été requise sa mise en exécution immédiate) jusqu'à nouvelle comparution devant le procureur de la République.
Si la personne refuse : elle est présentée devant la juridiction de jugement en comparution immédiate, ou convoquée pour une comparution ultérieure devant le tribunal.
L'ordonnance a les mêmes effets qu'un jugement, elle est immédiatement exécutoire.
Il est important de préciser qu'il est dressé procès-verbal des formalités accomplies dans le cadre de cette procédure. La procédure est nulle à défaut d'accomplissement de cette formalité. Ce procès verbal ne peut être transmis à la juridiction d'instruction ou de jugement lorsque la personne n'a pas accepté les peines proposées, ou en cas de refus d'homologation par le juge. On ne peut pas faire état des déclarations qui ont été faites ou des documents qui ont été remis au cours de cette procédure
François Desprez adresse en 2006 plusieurs critiques à la procédure de CRPC. Il considère notamment que « ce nouveau mode de jugement des délits bouleverse l’économie du procès pénal » car le ministère public y joue un rôle fondamental, au détriment du juge du siège. Ainsi, « cette procédure tend à remettre en cause la séparation des fonctions de poursuite et de jugement. Le procureur, en choisissant cette voie procédurale, établit une peine avec le prévenu, le juge du siège se contentant d’homologuer ». François Desprez y voit une orientation sécuritaire de la politique criminelle, qui mettrait en avant deux maillons de la justice : le parquet et la police[2].
Par ailleurs, la procédure valorise selon lui de façon excessive l'aveu comme moyen de preuve, au détriment de la recherche de la vérité. Ainsi, la CRPC participerait « d’un mouvement de réforme de la procédure pénale uniquement gouverné par les dogmes de gestion des flux et de gain de temps au détriment des principes fondamentaux du procès pénal »[2].
Travaillant à estimer l'équité de la procédure de plaider-coupable, Lydie Ancelot et Myriam Doriat-Duban rappellent en 2010 d'une part que la probabilité que des innocents soient condamnés est en premier lieu conditionnée au budget dont dispose le procureur ; d'autre part que la peine du prévenu est plus élevée si son avocat est rémunéré forfaitairement plutôt qu’au temps passé. En s'intéressant spécifiquement à la procédure de CRPC dans le cadre de trois tribunaux d'instance, elles indiquent que « le lieu de comparution du prévenu joue un rôle fondamental dans le prononcé d’une peine privative de liberté plutôt que non privative de liberté. Inversement et contrairement aux débats soulevés depuis la mise en place de la CRPC, rien ne nous permet, au regard des résultats obtenus, de conclure à l’iniquité de la CRPC selon le type de l’avocat ou le niveau de ressources du prévenu »[6].
Le Monde indique en 2024 que la CRPC, comme la Convention judiciaire d'intérêt public, sont devenues un outil incontournable de la réponse pénale à la corruption et à la fraude fiscale. Cependant, le dispositif reste très discuté : il est d'une part au service de l’efficacité judiciaire, mais témoigne également d’une justice à deux vitesses[7].
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