En botanique, la communication chez les plantes, appelée aussi communication des plantes ou communication végétale n'est pas un acte réfléchi comme la communication humaine mais implique chez la plante émettrice une émission plastique et conditionnelle du signal (composé sémiochimique, signal électrique, sonore, hydraulique ou lumineux) en fonction de stimuli environnementaux, associée à une réponse rapide de l'organisme récepteur (micro-organismes, champignons, animaux, plante de la même espèce ou d'une autre espèce)[1].
Une des modalités est la communication inter-plantes ou signalétique des plantes, domaine de recherche prolifique qui a commencé en 1983 en Amérique du Nord.
Communication souterraine versus communication aérienne
La communication inter-plantes ou signalétique des plantes est un domaine de recherche qui a commencé en 1983 en Amérique du Nord avec les travaux pionniers[13] du zoologue Rhoades[a] puis des écologues Baldwin(en) & Schultz[b]. Bien que ces études initiales soient critiquées dans le monde scientifique[1], notamment[16] celle du koudou et l'acacia[c], leurs conclusions se répandent dans la culture populaire à travers les métaphores et expressions anthropomorphisantes[d] d'«arbres parlants», de «langage des plantes», de «sensibilité des plantes» et d'«intelligence des plantes» («débat qui nécessiterait une solide clarification épistémologique du concept d'intelligence»)[21], relayées non seulement dans les pages du magazine Science, mais aussi dans la presse d'information générale du monde entier[22]. Depuis, les preuves de communication inter-plantes dans un contexte de défense ont été étayées surtout dans des laboratoires ventilés et plus rarement sur le terrain (avec notamment l'aulne glutineux, la sauge et le tabac qui comptent parmi les végétaux les plus étudiés)[23]. Cette communication utilise parfois des signaux sonores (perception des vibrations acoustiques émises par un prédateur)[24] et lumineux[13].
Ces preuves restent encore limitées, si bien que les scientifiques ne s'aventurent pas à généraliser le phénomène[25]. En effet, si la plante réceptrice tire bénéfice de cette communication (induction de défense contre l'herbivorie), l'avantage d'une valeur adaptative pour la plante émettrice reste à élucider car la plante réceptrice non affectée a plus de risque de la priver de lumière et des éléments nutritifs du sol. Dans ces conditions, le scénario le plus probable est que le signal chimique s'adresse à l'herbivore plus qu'à la plante voisine qui intercepte les composés volatils lui signalant la présence d’un ravageur. Il s'agirait plus d'une «écoute clandestine» que d'une véritable communication[26]. Les études sur le terrain confirment ce scénario: dans un contexte de défense, les composés organiques volatils émis par une plante ne sont perçus qu'à quelques dizaines de centimètres d'elle, cette signalisation ne bénéficiant à des plantes voisines que par chance[27]. Ainsi, la communication végétale relèverait plutôt de la soliloquie[28] et la communication aérienne serait avant tout une communication intra-plante, une défense optimale combinant une phase rapide de «priming[e]» qui met en œuvre l'élicitation de la phase suivante plus lente, un déploiement de la défense via des signaux relais vasculaires (émission d'hormones de défense se comptant en jours ou en semaines) qui régulent la résistance systémique induite[30]. Ces fonctions de défense via la communication racinaire est mise en doute par certains scientifiques dans la revue nature[31],[32].
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Les feuilles de saule sitka parasitées par des «chenilles à tente» synthétisent des tanins et composés phénoliques toxiques qui réduisent l'herbivorie. Rhoades suggère que les arbres attaqués envoient, par voie aérienne un message phéromonal d'avertissement aux arbres sains, via des composés organiques volatils[14].
De jeunes plants de peupliers et d'érable à sucre dont le feuillage est partiellement endommagé augmentent la teneur en tanins et composés phénoliques toxiques de toutes leurs feuilles et, selon les auteurs de l'étude, induiraient à distance, via un signal gazeux la même réaction chez des plants non affectés[15].
Pour le botaniste Lucien Baillaud, l'emploi d'expressions anthropomorphisantes lors de la médiatisation de la vulgarisation scientifique contrainte pour retenir le public de sacrifier aux recettes de la simplification et du sensationnalisme, peut être utile pour faciliter la compréhension: «Ne méprisons pas l'anthropomorphisme s'il nous aide à nous exprimer[20]».
«Priming» ou amorçage, préparation des défenses des végétaux à la suite de leurs interactions avec des microorganismes de l’environnement. Cette phase rapide aérienne (quelques heures) via des composés organiques volatils leur permet de résister à des attaques ultérieures d'agents pathogènes[29].
Les anastomoses entre individus de la même espèce permettent aux racines des arbres abattus en éclaircie de survivre et de s'intégrer au système racinaire d'arbres voisins vivants.
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