Carl von Clausewitz(de) est issu d'une famille d'origine silésienneissu de la noblesse (son père, Friedrich Gabriel Clausewitz est percepteur) qui revendique cependant des origines nobles[pasclair]. Son père a reçu une commission d'officier pendant la guerre de Sept Ans, mais est démis de ses fonctions à l'issue du conflit, en raison de son extraction modeste. Sur la base de l'œuvre de Clausewitz, cette noblesse est reconnue par Frédéric-Guillaume III en 1827.
Jusqu'à l'âge de douze ans, il reçoit une éducation médiocre dans une école latine (Lateinschule) locale. Grâce aux relations de son père, il entre en 1792 comme porte-enseigne (Fahnenjunker ou cadet) au 34erégiment d'infanterie à Potsdam.
En 1812, refusant la collaboration militaire avec les Français, il quitte la Prusse et rejoint l'armée impériale russe. Il laisse au prince héritier un ouvrage: Des principes de la guerre. Il participe à la campagne de Russie et parvient à retourner les généraux prussiens, notamment le corps d'armée du général Yorck contre les Français. Il devient alors officier de liaison russe auprès de l'état-major de Blücher, puis chef d'état-major de la légion germano-russe. En 1814, il réintègre l'Armée prussienne avec le grade de colonel. Il participe à la campagne de Belgique en tant que chef d'état-major du 3ecorps d'armée prussien du général Thielmann.
De 1816 à 1818, il est membre de l'état-major du général August Neidhardt von Gneisenau à Coblence. En 1818, il est promu generalmajor et est nommé directeur de l'administration de l'Académie de guerre de Prusse, poste qu'il occupe jusqu'en 1830. Écarté de l'enseignement, il met ces années à profit pour se consacrer à l'étude et à la rédaction de son œuvre. En 1830, il est nommé chef d'état-major de l'armée de Gneisenau, levée pour surveiller et contenir la révolution polonaise. Nommé[Quoi ?], à la suite du décès de Gneisenau par le choléra, il est remplacé peu de temps après.
Il meurt du choléra le à Breslau (aujourd'hui Wrocław). Entre 1832 et 1837, sa femme Marie fait publier son œuvre.
Les écrits de Clausewitz sont une base majeure de la théorie stratégique moderne. Ses idées suscitent toujours des interprétations parfois contradictoires et d'ardentes discussions:
l'œuvre de Clausewitz n'était pas destinée, à l'origine, à être publiée. La première idée à avoir est celle qu'elle est inachevée. Son traité majeur, De la guerre (Vom Kriege), est avant tout une compilation d'écrits épars mis en ordre par sa veuve. «Le premier chapitre du livre I est le seul que je considère comme achevé» (1827). Toutefois, cette imperfection n'empêche pas son œuvre d'être l'une des plus réalistes et des plus complètes en matière de stratégie militaire;
les notions qu'il aborde dépassent largement le simple domaine militaire et influencent un grand nombre de sciences humaines, en particulier la science politique ou l'économie;
ses théories sont essentiellement descriptives: Clausewitz ne cherche pas à imposer des solutions qu'il aurait découvertes au cours de ses campagnes[1], mais il donne plutôt au lecteur des instruments conceptuels et dialectiques, une «grammaire » très puissante, pour lui permettre de saisir toute la complexité de la stratégie et de gérer l'incertitude[2]. C'est ce qui a permis à son œuvre de traverser deux siècles, d'être toujours pertinente et de faire l'objet de questions encore très actuelles.
Clausewitz reconnaît que: «L'élaboration philosophique de l'Art de la guerre se heurte à des difficultés si considérables que tout le monde ou presque estime que cette théorie est impossible et que le sujet échappe à toute loi permanente» (1827)[1]. Il constate qu’il «peut y avoir des guerres de toutes importances et de tous degrés d’acuité, depuis la guerre d’extermination jusqu’à la simple observation armée[9].» Il donne cependant une définition importante de la guerre, qu'il considère comme «un duel à une plus vaste échelle.»
«La guerre est un acte de violence dont l'objectif est de contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté. […] Et il n’y a pas de limite à la manifestation de cette violence.»
Deux «actions réciproques[note 1]» (en allemand: Wechselwirkung) dans les deux camps aboutissent alors à deux montées aux extrêmes: l’objectif du désarmement de l’adversaire et «le déploiement extrême des forces» avec la volonté de détruire.
La thèse de la guerre en tant que duel étant posée, il analyse son antithèse selon la méthode dialectique, en écrivant:
«La guerre n'est que le prolongement de la politique par d'autres moyens.»
Il approfondit également les notions suivantes:
la «guerre absolue» qui mobilise toute la masse d’une nation, et les guerres limitées;
la « friction »: Clausewitz regroupe, sous le concept de «friction», tout ce qui s'oppose à l'action de guerre et qui fait que quelque chose de pourtant simple n'est jamais facile à réaliser. Pour réduire cette friction, il préconise l'entraînement intensif et l'élaboration de procédures;
la contingence, caractéristique essentielle de la guerre;
Sur la guerre et la conduite de la guerre: Éclairage stratégique de plusieurs campagnes (tomes IX et X): Gustave Adolphe, Luxembourg, Frédéric Le Grand, La Maison du dictionnaire, Traduction de G. Reber, 2008 (ISBN2-85608-201-7);
Théorie du Combat. Enseignement militaire au prince de Prusse, Astrée, 2013 (ISBN979-10-91815-02-4)
De la révolution à la restauration. Écrits et lettres, trad. M. L. Steinhauser, Paris, Gallimard, 1976
Principes fondamentaux de stratégie militaire, rédigé en 1812 et destiné à la formation militaire du Prince de Prusse, traduction de Grégoire Chamayou, Paris, Mille et une nuits, 2006
La Campagne de 1796 en Italie, Librairie militaire Baudoin, Paris, 1899
Dans le film de Tony ScottUSS Alabama (1995), une séquence met en scène la citation de Clausewitz, «La guerre n'est que le prolongement de la politique par d'autres moyens», qui devient un sujet de débat au cours d'une conversation informelle dans le mess des officiers entre le commandant Ramsey (Gene Hackman) et son second, le lieutenant-commander Hunter (Denzel Washington).
Dans le jeu vidéo Warcraft 3, l'Archimage dira au joueur (à condition qu'on clique plusieurs fois sur le personnage): «Vous avez lu Clausewitz?»
René Girard identifie «action réciproque» et principe mimétique, «ce ressort de l’imitation violente qui fait se ressembler de plus en plus les adversaires.»
Chef de bataillon Claude Carré, Capitaine Guy Mariotti, Histoire militaire, initiation à la stratégie et à la tactique, Coëtquidan, Presse des Écoles militaires, .
Interview de René Girard sur son livre Achever Clausewitz: «Le Devoir de philo - Clausewitz en Afghanistan, puis l'apocalypse», Le Devoir, (lire en ligne, consulté le ).
Article de Libération sur l'adaptation informatique du jeu de Debord avec un lien donnant accès au jeu: Sébastien Delahaye, «Le wargame de Guy Debord in situ», Libération, (lire en ligne, consulté le ).
Thierry de Montbrial et Jean Klein (dir.), Dictionnaire de stratégie, PUF, 2000.
Paul Roques, Le Général de Clausewitz. Sa vie et sa théorie de la guerre, Paris, Éditions Astrée, 2013 (ISBN979-10-91815-01-7)
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