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Civilisation des oppida
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La civilisation des oppida est la dernière période de la préhistoire des Celtes, au cours de laquelle de nombreux oppidums, ou cités fortifiées, apparaissent en Europe centrale et occidentale, avant l'expansion de Rome vers le nord, notamment lors de la guerre des Gaules, et celle des tribus germaniques vers le sud. Elle correspond à la seconde moitié de la période de La Tène, du IIIe au Ier siècle av. J.-C.[3],[4],[5].
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Présentation
Le terme a été forgé à la fin du XIXe siècle par l'archéologue français Joseph Déchelette pour dénommer l'unité culturelle des peuples celtes en Europe, sur un territoire allant du sud de l'Angleterre à la Hongrie actuelle. Il désigne des sites fortifiés édifiés sur des hauteurs par des groupes qu'ils protègent et qu'ils définissent comme unités et comme maîtres d'un territoire[6]. Pour établir cette notion, l'archéologue s'est appuyé sur les vestiges archéologiques mis en jour lors des fouilles conduites sur les oppidums de Bibracte, de Manching, de Stradonice (de) — situé dans la ville éponyme, en Bohême-Centrale — et de Velem-Szentvid (de) en Hongrie[7],[1]. La notion de civilisation ou de culture des oppida a ensuite été relayée par l'archéologue tchécoslovaque Jan Filip dans les années 1950[7],[3].
Cette phase d'urbanisation fortifiée a été précédée par des agglomérations ouvertes et il apparaît « clairement que certains oppida mentionnés par César ne sont que des bourgades ouvertes »[8].
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Histoire
Résumé
Contexte
Contexte
À partir du IIIe siècle av. J.-C., les populations celtiques d’Europe centrale et occidentale entrent en contact régulier avec Rome, que ce soit par le commerce, les alliances militaires ou les conflits. Dans la Gaule cisalpine, après la soumission des Insubres et des Boïens, la fondation de colonies romaines (Bononia en 189 avant l’ère commune, Mutina et Parma en 183 avant l’ère commune) et la construction de la via Æmilia consolident la présence romaine. En 181 avant l’ère commune, la création du port d’Aquilée ouvre aux échanges romains la route de l'ambre reliant la Baltique à l’Adriatique[9].
Au milieu du IIe siècle av. J.-C., la confédération du Norique émerge en Europe centrale, réputée pour sa production de fer et ses ressources aurifères[10]. Dans le sud de la Gaule, Marseille fait l'objet d'une intervention militaire romaine en 154 avant l’ère commune qui annexe les territoires environnants. Une seconde campagnes en 125 avant l’ère commune et la fondation de la colonie d'Aquae Sextiae pousse les Arvernes et les Allobroges à attaquer Rome. L'armée de Bituitos est écrasée en deux batailles en 121 avant l’ère commune et une bonne partie des territoires sont annexés, menant à la fondation de la Gaule narbonnaise[11]. Les grands mouvements de peuples, comme la guerre des Cimbres et des Teutons à la fin du IIe siècle av. J.-C., marquent cette période et contribuent à remodeler les équilibres régionaux[12].
Apparition des oppida
Les premières interprétations attribuaient la naissance des oppida à deux événements majeurs : la création de la province de Narbonnaise et les incursions germaniques de la fin du IIe siècle av. J.-C. Les villes romaines auraient servi de modèle, tandis que la menace extérieure aurait incité les populations à se regrouper sur des sites fortifiés[13]. Les recherches archéologiques récentes nuancent cette vision : des indices textuels et matériels montrent l’existence d’agglomérations et d'oppida plus anciennes, associées à la structuration des communautés sur un territoire défini[14].
Les fouilles effectuées sur les oppidums d'Europe centrale témoignent de l'antériorité de la phase initiale par rapport à l'occupation romaine de la Narbonnaise. Le processus de la naissance des oppida celtiques est un processus long qui constitue l'aboutissement d'une mutation de l'organisation sociale et débute au IIIe siècle av. J.-C. avec une forte expansion de son réseau durant le IIe siècle av. J.-C.[15]. Ces sites n'ont pas seulement un rôle défensif, mais se situent sur des axes commerciaux importants et jouent un rôle d'étape sur leur tracé[15].
Les oppidums de Bohême sont les mieux étudiés, notamment l'oppidum de Závist dont le site initialement abandonné vers la fin du Ve siècle av. J.-C. est transformé en oppidum dans le deuxième quart du IIe siècle av. J.-C. Un réseau d'oppidums s'étend ensuite à partir de ce site en réoccupant d'anciens sites hallstatiens inoccupés. Ce processus de réimplantation est une entreprise de colonisation urbaine planifiée qui ne correspond pas à un modèle évolutif mais semble coordonné par un pouvoir central fort[16]. Les Boïens, chassés d'Italie après la défaite de , pourraient être à l'origine de ce processus d'urbanisation fortifiée[17].
Dans le plateau suisse, le développement d'un réseau de communication actif qui associe voies fluviales et voies terrestres conduit à l'essor des agglomérations. Cependant, l'implantation du modèle des oppidums y est plus tardif et concerne d'abord des points stratégiques avant de s'étendre aux agglomérations situées dans les plaines[18].
Chute des cités celtiques
Au Ier siècle av. J.-C., les cités celtiques, à leur apogée, sont fragilisées par les rivalités internes et par la pression expansionniste de leurs voisins Romains et Germains. Le système des oppida repose sur une élite peu nombreuse : la prise d’un centre fortifié entraîne souvent la chute de tout le territoire qui en dépend[19]. Les Boïens illustrent cette dynamique : après avoir étendu leur contrôle en Pannonie par un réseau stratégique d’oppidums, ils affaiblissent leur base en Bohême, où les sites déclinent[20]. Vaincus vers 41-40 av. J.-C. par les Géto-Daces de Burebista, ils perdent leur territoire autour du lac de Neusiedl, entre Autriche et Hongrie actuelles[20].
Certains groupes boïens migrent, s’installant en Gaule comme clients des Éduens, ou rejoignant d’autres peuples celtiques dans des expéditions. Les populations celtiques d’Europe centrale sont progressivement absorbées par les tribus germaniques. Plusieurs capitales modernes (Prague, Bratislava, Budapest, Belgrade) sont implantées sur d’anciens oppidums celtes[21].
En Gaule, l’intervention romaine face aux Helvètes et contre le chef germain Arioviste conduit à la Guerre des Gaules et à la conquête intégrale du territoire par César, facilitée par l’existence de routes précédant les voies romaines. L’organisation centralisée mise en place par Rome lui permet d'intégrer les cités gauloises dans son nouveau réseau urbain. Beaucoup d’oppidums deviennent les noyaux de villes gallo-romaines (Paris, Reims, Poitiers, etc.), et leurs territoires resteront la base des divisions administratives jusqu’à l’époque moderne[22].
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Structuration urbaine
Résumé
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Fortifications
Les fortifications des oppida remplissent à la fois une fonction défensive et symbolique. Leur construction associe généralement un parement extérieur en pierre, une armature en bois et un remblai de terre ou de pierres. Le type le plus caractéristique en Gaule est le murus gallicus, décrit par César lors du siège d’Avaricum, identifiable par les longs clous de fer fixant les poutres à leur croisement. En Europe centrale, un autre modèle hérité de l’âge du Bronze utilise un parement renforcé par des poutres verticales[23].
La hauteur moyenne des remparts est d’environ 4 mètres, pour une épaisseur comparable, et ils sont couronnés d’un parapet et de tours en bois. Les entrées, points vulnérables, sont aménagées de façon à permettre une défense latérale, avec des couloirs protégés et des portes surmontées de tours. Dans certaines régions, notamment au nord de la Gaule et en Europe centrale tardive, on trouve des fortifications constituées d’une simple levée de terre précédée d’un large fossé, probablement sous influence romaine[24].
Organisation interne
Les grands oppida couvrent souvent plus de 100 hectares, certains dépassant largement cette superficie (Heidengraben (en) : 1 500 ha ; Manching : 380 ha)[24]. L’espace n’est pas entièrement bâti : des zones libres servent de refuge temporaire pour les populations et les troupeaux. L’organisation interne, souvent planifiée dès la fondation, distingue des secteurs à fonction religieuse, des quartiers résidentiels pour l’élite, des zones artisanales proches des portes, et des espaces pour les marchés, probablement liés aux fêtes religieuses. Les voies de circulation, adaptées au terrain, ne suivent que rarement un plan orthogonal[25].
Les constructions sont principalement en bois, avec ossature en charpente et parois en clayonnage enduit d’argile, parfois sur soubassements de pierre. Malgré l’usage de matériaux périssables, l’architecture pouvait être monumentale et soignée, comparable dans son aspect aux villes méditerranéennes, auxquelles les oppida empruntent certaines fonctions[26].
Nécropoles et pratiques funéraires
Avec l’essor des oppida, les grandes nécropoles se raréfient. Les sépultures connues sont souvent antérieures à la fondation des sites fortifiés. Dans quelques cas, comme à Stradonice, on a trouvé des incinérations sans mobilier, dont l’attribution aux habitants reste incertaine. Certaines tombes aristocratiques, situées près de grands oppida (par exemple au Titelberg), rappellent les sépultures princières hallstattiennes, mais la majorité des rites se traduit par de simples dépôts de cendres, difficiles à identifier[27].
Territoire et habitat rural
Chaque oppidum contrôle un territoire comprenant plusieurs dizaines de vici (villages) et de nombreuses fermes isolées. Ces établissements ruraux, connus par l’archéologie et la photographie aérienne, associent bâtiments d’habitation, dépendances et enclos. Le statut juridique des terres reste incertain : certaines hypothèses suggèrent une propriété communautaire avec concessions gérées par l’autorité publique ou religieuse[28].
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Société
Résumé
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Pouvoir
La société au temps des oppida est dominée par une aristocratie composée de deux groupes principaux : les druides, détenteurs de la fonction religieuse, et les chevaliers, qui assurent le commandement militaire[29]. Les druides, exempts d’impôts et de service militaire, jouent aussi un rôle politique et judiciaire. La royauté héréditaire décline progressivement au profit de systèmes oligarchiques, comme chez les Éduens, où le vergobret est élu pour un an et assisté d’un conseil aristocratique[30].
Les relations entre cités reposent sur des alliances ou des liens de clientèle. Le système de clientèle structure aussi la société interne, avec les ambactes (dépendants proches du servage) et les clients, qui conservent une autonomie juridique partielle. Le prestige et le poids juridique d'un aristocrate dépendait du nombre d'ambactes et de clients qui lui sont liés, ce nombre sert à définir le « prix d'honneur » de l'individu[31]. Cette aristocratie toute-puissante domine la société gauloise du Ier siècle av. J.-C. et exerce son contrôle sur la vie politique et économique du groupe[32].
Cavalerie et armée
Dès le IIe siècle av. J.-C., certaines cités entretiennent des unités permanentes de cavalerie financées par l’État ou par de grands aristocrates. Ces cavaliers, équipés de selles, d’éperons, de cottes de mailles et armés d’épées longues, constituent une force d’élite, recherchée comme auxiliaire par Rome. Leur élimination progressive dans les conflits prolongés affaiblit durablement la puissance militaire des cités[28].
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Notes et références
Voir aussi
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