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château français situé à Nantes De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le château de Bois-Briand est une propriété située à Nantes, dans le quartier Doulon - Bottière. Fondé au Moyen Âge, aucune partie n'en a été détruite depuis 600 ans. Au cours de cette période, jardins et édifices ont été ajoutés, pour aboutir à un ensemble considéré comme « faisant partie du patrimoine national »[1], tant au titre de la « guinguette » du jardinier qu'à celui de ses propriétaires. Au fil des siècles on y retrouve la trace d'immigrants irlandais, de financiers de la Révolution américaine, de barons, de princesses, de corsaires, etc.
Château du Bois-Briand | ||||
Vue aérienne | ||||
Période ou style | XVe siècle - XVIIe siècle | |||
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Type | manoir médiéval agrandi en maison de plaisance sur le modèle des Folies nantaises, au XVIIe siècle | |||
Début construction | XVe siècle | |||
Fin construction | XVIIIe siècle | |||
Propriétaire initial | 1405 Geoffroy Remond | |||
Propriétaire actuel | Famille Delalonde | |||
Destination actuelle | maison de famille, jardins réguliers du XVIIe siècle et jardins ouvriers | |||
Coordonnées | 47° 14′ 57″ nord, 1° 29′ 41″ ouest | |||
Pays | France | |||
Région historique | Bretagne | |||
Région | Pays de la Loire | |||
Département | Loire-Atlantique | |||
Commune | Nantes | |||
Géolocalisation sur la carte : Nantes
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Loire-Atlantique
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Site web | http://www.chateauboisbriand.com | |||
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Originellement, le château se nommait « Bois-Briant » ou « Bois-Brient ». Il vient du nom d'un bois exposé au sud et qui donc, « brille » au soleil. On retrouve cette orthographe jusqu'au début du XXe siècle. L'artère qui menait au château se nommait, jusqu'en 1990 « Avenue de Bois-Briant ».
Le château de Bois-Briand se trouve sur la rive droite de l’Aubinière, une rivière affluente de la Loire, qui marque la limite administrative entre Nantes et Sainte-Luce-sur-Loire (le château se trouve à moins de 300 m de l'église du bourg de Sainte-Luce).
Avant 1908, le domaine dépendait de la commune de Doulon, jusqu'à l'annexion de cette dernière à Nantes. Toutefois, les principales informations relatives à la vie des familles de Bois-Briand proviennent des registres de la paroisse de Sainte-Luce.
Le château de Bois-Briand est au centre d'un domaine qui ne comporte plus qu'un hectare et demi de propriété privée. Il subsiste, par contre, un ensemble monumental et planté sur une surface d'environ dix hectares.
L'ensemble encore visible comporte :
Trois parties constituent le style architectural composite du logis :
La partie médiévale s'étend de la tour semi-hors-œuvre à l'orangerie. Elle est reconnaissable à son échauguette, sa tour, ses coussièges, portes à décor de pli-de-serviette, cheminées monumentales, grilles, etc. La partie Renaissance est reconnaissable aux ornements venus adoucir les structures médiévales (décor de la tour, de l'échauguette, etc.).
L'accès à la tour-escalier est défendu par une statue du Diable. Un mètre plus haut, deux scènes de crucifixion subsistent en graffiti.
Sur le plafond du cabinet de travail, un décor peint rappelle l'origine américaine de plusieurs propriétaires de Bois-Briand.
Le cabinet de travail situé dans le manoir médiéval est orné de scènes exotiques. Celles-ci sont peintes dans des cartouches dont le dessin reprend celui du miroir d'eau situé en contrebas du jardin à la française.
Ces scènes représentent des paysages à la végétation exubérante. Le relief rappelle celui des mornes de la Martinique. La plantation des Gaigneron de Marolles se trouvait au Lamantin, actuelle banlieue de Fort-de-France. Le décor, d'inspiration très libre, pourrait, tout aussi bien, représenter d'autres plantations de la famille Gaigneron de Marolles, en Guadeloupe ou en Louisiane. Les Le Meneust des Treilles, quant à eux, possédaient des terres à Saint-Domingue où une partie de la famille émigre pendant la Révolution. Les murs du cabinet de travail semblent avoir été décorés selon le même procédé. En 2015, ces panneaux ont été retrouvés sous le plafond du grand-salon. Ils semblent avoir servi de support, vers 1970, à un nouveau plancher pour l'appartement du premier étage.
La partie XVIIe siècle s'étend au nord de la tour semi-hors-œuvre. Elle constitue, avec la partie médiévale, une deuxième façade (côté est). Celle-ci aspecte un miroir d'eau de 100 mètres de longueur fermant un jardin à la française carré. La partie XVIIIe siècle est caractérisée par une extension rectangulaire de la cour d'honneur et la chapelle (consacrée en 1771), transformée en écurie (à la Révolution) puis en orangerie.
À l’intérieur de la bibliothèque sont présentés quelques ouvrages rares (éditions originales, dédicaces, épreuves d’artiste, livres d’artiste, etc.). Le long des murs, de part et d’autre de la porte-fenêtre débouchant sur le jardin à la française, le tuffeau, récemment décapé, laisse apparaître le décor champêtre du miroir d'eau peint à fresque au XVIIe siècle.
L'orangerie d'origine a, sans doute, été consacrée en chapelle en 1771 (cf.actes de consécration) puis transformée en écurie, à la Révolution (cf. portes d'écurie sur la façade nord et le foin déménagé du grenier de l'orangerie en 2000). Elle a, sans-doute, retrouvé sa destination d'orangerie au moment du séjour de Laure Gaigneron de Marolles ou à l'époque (simultanée?) de la Princesse Caroline Laetitia de Chassiron-Murat.
La fonction de jardin d’hiver de l’orangerie est illustrée par la présence de palmiers, bananiers, caféiers et orangers.
Le bénitier et son robinet de cuivre sont présentés avec leur histoire (coquillage de taille extraordinaire en provenance de Madagascar). Le piano Bechstein est présenté en même temps que l’histoire artistique de Bois-Briand.
Le jardin potager est partagé avec les habitants de Doulon et de Sainte-Luce sous forme d'un jardin ouvrier. Les anciens logements des fermiers ont été restaurés pour accueillir des hommes d'affaires et familles désirant travailler à Nantes pour de courtes périodes. Ils accueillent, également, des parents célibataires heureux de pouvoir accueillir leurs enfants en fin de semaine. Les appartements du château sont aménagés en logement de vacances, d'étudiant et/ou de travailleur en transit. L'orangerie est mise à la disposition pour des manifestations artistiques et des réunions familiales ou professionnelles. La maison du jardinier et la « guinguette » du potager sont mises à disposition pour la tenue de célébrations.
L'orangerie du XIXe siècle complète l'orangerie du XVIIIe. Elle accueillait le bureau conçu par le maraîcher pour y ranger ses catalogues de semences et livres de comptes. Elle abrite les supports de l'ancienne balance romaine, la balance plus récente, le dispositif de lavage des fruits utilisé avant le marché du matin. Le décor du fronton et celui de la corniche couronnant les murs intérieurs a fait émettre l'hypothèse d'un modeste temple maçon dans l'esprit de ceux qui accueillaient les « frères » dans plusieurs propriétés de notre région (cf. Chateaubriant à Ste-Gemmes sur Loire). À l'époque de la construction de ce bâtiment, le père de Caroline Laetitia de Chassiron-Murat a été « nommé » par Napoléon III Grand-Maître de l'ensemble des Loges de France.
L'atelier de menuiserie produit parquets, plafonds, charpentes et meubles pour Bois-Briand et des clients extérieurs.
L'atelier de sellerie produit, à partir de peaux de python, d'alligator et de galuchat des sacs, gibecières, sous-main, ceintures, etc. pour les hôtes de Bois-Briand et des clients extérieurs.
Le jardin original, conçu en 1694, au moment de l'installation de Pierre Le Meneust des Treilles, président à la Cour des Comptes de Bretagne.
Conçu selon le modèle des jardins potagers de La Quintinie, il a été détruit, 300 ans plus tard, par une décision du Conseil Municipal de la Ville de Nantes, afin d'y construire un lotissement.
Afin de conserver le souvenir du projet initial, les propriétaires actuels ont fait élever une première terrasse de 70 mètres de longueur sur 30 mètres de largeur. Plantée de charmes, elle reprend le dessin en exèdre des théâtres de verdure fermant le miroir d'eau. Une seconde terrasse, au-dessus de la première, relie le mail de tilleuls au perron central et aux terrasses nord encadrant la porte du jardin du XVIIe siècle.
Le miroir d'eau de Bois-Briand mesure 100 mètres sur 19 mètres et deux mètres de profondeur. Il constitue le côté est du carré de 100 mètres sur 100 mètres constituant le jardin à la française initial (cf. La Quintinie).
Il est maçonné, sur toute sa surface et profondeur, par un appareil de pierre. Le couronnement du muret qui le ceinture a été restauré, de 1998 à 2001, en même temps que la totalité du bassin, par une association d'insertion. Pour des raisons de sécurité, la municipalité a ordonné le décaissement de la promenade afin que le muret s'élève, dorénavant, à la hauteur réglementaire de sécurité. Cette disposition empêche d'apprécier la vue cavalière programmée par le concepteur du monument.
Deux théâtres de verdure en exèdre viennent fermer les extrémités nord et sud du bassin. Une banquette en pierre permettait aux invités de s'asseoir pour assister aux spectacles ou au repos des chevaux, au retour de la chasse. Un percement du muret nord est prolongé par une descente de pierre permettant aux cavaliers de rafraîchir et abreuver leurs chevaux.
L'effet de miroir est observé depuis l'ancienne allée située dans le bois situé côté Sainte-Luce sur Loire. On peut, aussi, l'observer depuis la rive est du bassin lorsque le niveau de l'eau se trouve à la hauteur prévue au XVIIe siècle.
Sur un plan formel, le dessin du mail de tilleul de Bois-Briand constitue la projection orthonormée de la grille médiévale de la cuisine. Vu de la cuisine du château, le paysage apparaît découpé en une multitude de petits carrés, comme le ferait une grille de Dürer.
Le mail obéit à l'archétype du belvédère (sur le modèle de Point-Breeze, New-Jersey). Il surplombe, en 1860, les vignes de Bois-Briand descendant vers la Loire comme Point-Breeze aspectait les méandres de la rivière Delaware.
Exposé, ainsi, face au soleil du sud, ce « Bois » prolonge la « Brillance » des Bois-Brillant(s) ayant donné leur nom à la propriété éponyme visitée en ces « Rendez-vous au jardin 2015 ».
Le mail de tilleuls de Bois-Briand est un jardin de femme. Celle qui l'a conçu a fait forger des tuteurs au dessin gracieux. Deux d'entre eux ont échappé au pillage des soldats nazis. Ces tuteurs maintenaient, à la hauteur des yeux, un fil où s'accrochaient des centaines de pieds de rosiers. La haie de roses couronnait un muret qui fermait le quadrilatère. Dans le prolongement de la « grille de Dürer », cet écran de roses découpe le paysage d'une façon délicate, bien féminine.
Les dimensions du mail sont strictement identiques à celles du logis de Bois-Briand, tel qu'il fut étendu en 1694 par Le Meneust des Treilles. Le mail de tilleuls ferme, au sud, le côté ouest de 100 mètres du carré d'un hectare que constitue le jardin régulier de 1694. Le logis principal de Bois-Briand occupe, quant à lui, le tiers central du côté ouest. Le mail est planté de tilleuls américains. Une indication supplémentaire de l'inspiration américaine de cet archétype des jardins de la Restauration?
Deux indices nous orientent dans cette direction : les mémoires de la Princesse (américaine par sa mère) Caroline Murat et la correspondance de Laure Gaigneron de Marolles (née à quelques miles de la maison de la Princesse Murat, dans le New-Jersey). Celle-ci écrit « Nous menons, à Bois-Briand, bonne vie douce et tranquille… mais l'on aimerait un endroit où nous tenir à l'ombre ». Était-ce un « cri du cœur » d'une locataire à sa propriétaire?
« At the time of my father’s return to America we were living in a large red-brick house. The particuliar attraction, I might say the only one of which the house could boast, was a long row of very fine LINDEN TREES running along the front and extending on each side beyond the building, forming a wide gravelled way, or terrace, stretching from end to end. This mansion and garden nearly joined King Joseph’s estate Point Breeze ». « Au moment du retour de mon père en Amérique, nous vivions dans une grande maison de brique rouge. Le principal attrait, je dirais le seul dont puisse se prévaloir cette maison, était un long MAIL DE TILLEULS se développant de part et d’autre du logis, formant une large allée gravillonnée ou terrasse, plus étroite à chaque extrémité. Cette maison et son jardin jouxtaient celle de mon oncle, le Roi Joseph Bonaparte ».
Le mail de tilleul est visible, depuis la fenêtre de la cuisine du château, à travers une grille forgée au XVe siècle[2]. Il est planté sur une plate-forme élevée à deux mètres de hauteur. Il comporte quatre rangées de douze tilleuls américains taillés de façon à former deux nefs de verdure ombragée. L'ensemble est ceinturé par un muret d'un mètre de haut et quarante centimètres de large, qui couronne un mur de soutènement contenant (sans doute) de la terre mais, aussi, peut-être, de pierres de taille récupérées au moment du démantèlement du sommet du château médiéval à la fin du XVIIe siècle). Cette plate-forme n'a pas fait l'objet d'exploration. Par contre, des fenêtres ouvrant sur le sud (emplacement de la plate-forme) ont été murées, dans la pièce située sous la cuisine du château. Selon certains « anciens », une bombe serait enfouie dans la partie sud du mail de tilleuls. Elle daterait des bombardements américains de la DCA allemande installée dans le champ voisin.
Une ferme photovoltaïque a été aménagée en lieu et place du toit des bâtiments fermant la cour d'honneur, au sud. Sur plus de 250 mètres carrés ont été disposés des panneaux. Ceux-ci captent la lumière, la transforment en énergie électrique et la diffusent au moyen d'onduleurs placés face à l'ancien portail de granite aspectant l'ancienne voie sud vers la Loire (fermée lors de la mise en place de la Z.A.C. Bois-Briand). Ce dispositif complète un système de production d'eau potable mis en place en 2000.
Le puits est situé au bord de l'emplacement de l'ancienne allée reliant le manoir à la route de Paris. Il marque l'extrémité du pignon nord de la maison. Légèrement sculpté, il est barré de grandes plaques de granite afin d'éviter toute chute. L'eau se trouve à sept mètres de profondeur. Il n'est pas utilisé. La collecte des eaux pluviales a fait l'objet de relevés savants par Monsieur Galard, inspecteur du Ministère de la Culture, en 2003. On distingue les eaux collectées sur les toits et les eaux de ruissellement. Jusqu'au rachat de la propriété, en 1996, le dispositif de gestion hydraulique en vigueur résultait d'une conception datant du XVe siècle. Un caniveau de granite fut expurgé lors des travaux de terrassement et de mise au jour du pavement de la cour du XVIIe siècle. Ce caniveau évacuait eaux usées et de ruissellement vers l'Aubinière (puis le miroir d'eau, faisant office de dépotoir à partir du XVIIIe siècle).
Le château de Bois-Briand se trouve au nord de la plus ancienne voie romaine de la région (déjà mentionnée au IIIe siècle), épousant approximativement le tracé de la départementale 68 (ou « route de Sainte-Luce »). Celle-ci, située à l'extrémité septentrionale des zones inondables de la Loire, venait d'un lieu où existait une villa romaine baptisée Cariacum, l'origine du château de Chassay (l'actuelle mairie de Sainte-Luce, située au sud du bourg) et allait à Nantes en passant par Doulon, endroit déjà habité lui aussi à l'époque gallo-romaine.
Après les invasions barbares au VIe siècle, la paroisse de Doulon, dont fait partie le Bois-Briand, devient un domaine épiscopal, qui sera un temps spolié par Harscoët Ier de Saint-Pierre, seigneur de Retz, qui en récupère une bonne part durant le XIe siècle. Il faudra la menace d'une excommunication, à la suite des décisions du concile de Rome en 1049, pour que Harscouët rétrocède Doulon aux évêques en 1104 (elle sera l'une des rares paroisses à être rendues à l'évêché nantais) et restera leur propriété jusqu'à la Révolution. Mais ces derniers, incapable de gérer leur biens, cèdent, sous la pression du Duc de Bretagne qui est devenu leur suzerain en 1345, leurs domaines à des familles aisées. Des seigneuries naissent alors, dont celle du Bois-Briand, créée, peut-être, en 1405 par un certain Geoffroy Resmond. Cette date associée à ce nom est la plus ancienne que nous ayons relevées. Elle pourrait ne constituer qu'une des étapes du peuplement de Bois-Briand. En effet, une archéologue, en résidence à Bois-Briand, a fait la découverte, en novembre 2015, de graffiti christiques du XIIIe / XIVe siècle, près de la statue du Diable, dans la tour-escalier. Ces graffiti et statuaire sont à rapprocher d'une tradition dont certains vestiges ont été observés à Luché-Pringé et d'autres maisons fortes des XIIe / XVe siècle.
Le tracé de la voie romaine (actuelle Route de Sainte-Luce) est le premier élément structurant avec celui de la Loire et de l'Aubinière.
Le premier logis de Bois-Briand est édifié, le long de cette voie, à la confluence de l'Aubinière et de la Loire.
Le niveau du sol sur lequel est construit le logis semble plus bas de deux mètres, environ, par rapport à aujourd'hui (cf. construction ultérieure d'une protection contre les inondations).
La voie menant du logis à la voie romaine a été démolie, récemment, par la Ville de Nantes lors des travaux de construction de la Mairie annexe (supprimée depuis..).
L'esthétique, les techniques d'exécution, les références culturelles des graffiti et statue du Diable semblent attester un peuplement de Bois-Briand à l'époque où ce territoire avait été rétrocédé aux Evêques de Nantes par Harscouët Ier.
Nous ne savons pas dater le moment où Bois-Briand est transformé par le Duc de Bretagne; échangeant le simple statut de « possession épiscopale » pour celui, plus attractif et lucratif, de « seigneurie ».
Entre la date d'entrée dans les lieux et le décès (1723) de Pierre Le Meneust des Treilles, il s'écoulera 30 années. On peut penser que celles-ci n'auront pas été suffisantes (défaut de terrasses entre la maison et le bassin) pour achever l'ambitieux projet architectural du nouveau propriétaire[9]. La vente est réalisée par la Juridiction des Perrines, Cour de Justice des évêques de Nantes. L'acquéreur est Pierre Le Meneust, président des Treilles (époux de Marguerite Jouault, fille du receveur de l'Amirauté de Nantes). Il réside rue des Cordeliers, dans la Paroisse de Saint-Léonard, à Nantes.
Au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, le manoir médiéval a été transformé en maison de plaisance et de rapport. Une façade classique et faussement symétrique fait oublier, côté Est, la base médiévale. Dans le même temps, un jardin de carrée de 100 m2 est construit. Une enceinte de hauts murs est bâtie sur laquelle sont plantés des poiriers en espalier. Un bassin circulaire est installé au centre du jardin à la française tandis que l'un des côtés est aménagé en miroir d'eau de 19 mètres de largeur.
Un four est installé dans le bâtiment des communs pour y sécher les fruits. Les vignes sont exploitées entre le château et la Loire. Une partie de ces vignes subsiste, en bordure de l'Aubinière, près de la nouvelle maison de retraite de Sainte-Luce sur Loire.
À la cour médiévale succède une cour en pierres dressées chant contre chant. Cette cour présente en son milieu une allée de pavés de granite carrés. Cette allée mène au portail situé à un kilomètre, à la hauteur du périphérique actuel.
Les Jacobites étaient les partisans catholiques de Jacques II Stuart, roi légitime évincé par Guillaume d'Orange en 1688 lors de la Glorious Revolution. Battus en 1690 à la bataille de la Boyne, plus de 25 000 d'entre eux durent s'exiler en France avec toute leur famille pour échapper aux persécutions. Ce fait historique est le pendant de l'exil des Protestants en Hollande, Allemagne et Angleterre après la révocation de l'édit de Nantes.
Félix Cossin de Chourses - le corsaire négrier. Son petit-fils épouse une princesse (Murat); sa petite-fille donne naissance à l'inventeur de l'automobile (de Dion)
Félix Cossin s'établit à Nantes à partir de 1789, comme négociant armateur au 42, quai de la Fosse avec son frère Jean. Ils pratiquent la traite négrière et arment pour faire la course à partir de 1793, avec « L'Eugénie » et « La Nouvelle Eugénie » (Jean Cossin), « La Félicité », « La Célestine », et la corvette de l’État La Musette, armée de 18 canons de 12 et de 6. Puis, en 1797, Le Chéri, La Confiance, L'Oiseau armé de canons de 6 et de 12 avec 100 hommes d'équipage.
Armateur à Nantes du Corsaire La Confiance, Cossin en donne le commandement, en 1797 à son fils adoptif Julien « Mylord Quirouard » de Pornic, dit « Courte Queue » en raison de son catogan. La maison d'armement Félix Cossin & Cie fait également du trafic négrier sur la Havane. Capitaine du trois-mâts « La Confiance », navire de 300 tonneaux[29] En 1792, Mylord commandait le navire Les Deux Frères qui, armé de 22 canons et de 120 hommes, s'empara en 1793, du gros brig hollandais Le Dolphin. Sa cargaison fut estimée à deux millions de livres. Entre autres prises, le brig anglais Caractacus, chargé de morues sèches, La Charlotte, trois-mâts anglais, (400 000 francs), La Junon, brig américain (250 000 francs). Le 11 floréal, le capitaine Quirouard aperçut une voile courant sur lui. Il prit immédiatement le bord rencontre, et arbora pavillon anglais à une distance d'une petite lieue de ce bâtiment, qui cargua ses voiles et l'attendit. Parvenu à portée de fusil, La Confiance hissa les couleurs nationales appuyées d'un coup de canon en l'air. L'anglais répondit par le feu de toute sa bordée, et combattit vigoureusement pendant une heure et demie, au bout de laquelle il dût se rendre. C'était La Henriette, lettre de marque de 300 tonneaux, armée de 12 pièces de 623 hommes d'équipage, 6 passagers. Les marchandises sèches recelées dans sa cale donnèrent un total de 120 000 francs.
Le 27 décembre 1817, à l'âge de 18 ans, Julie Cossin de Chourses épouse Alexandre, Charles, Gustave de Chassiron, baron de Chassiron (né au château de Beauregard à Nuaillé).
Charles Gustave Martin, baron de Chassiron
Le XIXe siècle est marqué, à Bois-Briand, par l'arrivée de propriétaires venus des Antilles françaises et des nouveaux États-Unis d'Amérique. On trouve dans Les Annales du Pays nantais no 141 (ou le Bulletin de la Société archéologique) l'information selon laquelle les officiers de marine « Les Meneust des Treilles, seigneurs du bourg de Sainte-Luce, auraient vendu le Boisbriant aux négociants nantais Gaigneron de Marolles. »
Il est vraisemblable que Laure Gaigneron de Marolles ait fait percer la façade sud de la chapelle (transformée en écurie durant la Révolution). Créant (ou re-créant) une orangerie toujours en fonction, aujourd'hui. De même, alors qu'elle regrette « l'absence de lieu où se tenir à l'ombre, en été », le mail de tilleuls américains, situé face au pignon sud de la maison, est, peut-être, un nouveau témoignage du désir d'améliorer, encore, l'« agrément » de la vie à Bois-Briand.
En 1996, au moment du départ à la retraite du dernier maraîcher, la propriété est cédée à la famille Delalonde, propriétaires actuels.
Au décès de son grand-père, Louis Charette, seigneur de Bois-Briant et à la demande de son tuteur, le jeune écuyer René Charette cède Bois-Briand par adjudication du 3 décembre 1691. Louis Charette de Bois-Briand était, sans doute, président à la Chambre des Comptes de Bretagne. La vente est consignée dans le registre 16, feuillet 48, à la date du 12 juin 1694.
L'acquéreur de Bois-Briand, Pierre Le Meneust, président des Treilles, réside rue des Cordeliers, dans la paroisse de Saint-Léonard, à Nantes. L'entrée dans les lieux du nouveau propriétaire intervient le 16 juin 1694. Elle est consignée dans le document Alexandre 4 E 2 12 aux Archives départementales (Archives notariales de la Ville de Nantes).
Rose-Anne Budan appartient à une famille de marchands nantais habitant la Fosse. Elle épouse Joseph Nicolas de Marolles. Les Budan achètent, vers 1750, une charge anoblissante de conseiller du Roi. Les Budan sont une famille bourgeoise d’origine ancienne et qui fournit au XVIIIe siècle (1733) un échevin, juge-consul à la ville de Nantes - une branche de cette famille est implantée à la Guadeloupe, d’où l’origine probable des biens du ménage Marolles - une autre branche, les Budan de Russé, habite le Saumurois.
« Le 13 septembre 1829, à neuf heures du matin, sont comparus devant nous, Monsieur Charles de Kersabiec, propriétaire, demeurant à Nantes, rue Malherbe (31 ans) et Joseph Millet, laboureur (42 ans), demeurant au Bois-Briand en cette commune. Ils ont déclaré qu’hier, à 5 heures du soir, est décédée au château du Boisbriand, demoiselle Rose-Louise Césarine Laure Gaigneron de Marolles, fille de Monsieur Joseph Nicolas Michel Gaigneron de Marolles et Dame Rose Anne Budan, propriétaire, née en 1801 à Elisabeth Town dans l'État de la Nouvelle Jersey, Amérique Septentrionale et les comparants ont signé avec nous. »[37]
Charles de Kersabiec est le propriétaire du Grand-Blottereau. En l’an VIII (1800), le Grand-Blottereau appartient à Siochan de Kersabiec (Cincinatus). Le Grand-Blottereau sera vendu en 1823 à Law de Lauriston.
Camille Mellinet, dans son Histoire de la Musique, à Nantes, fait, ainsi, l’éloge funèbre de la jeune harpiste : « La mort l’arrêta dans une carrière dont nul ne pouvait prévoir l’avenir : elle mourut ! Elle qui alliait la noblesse de l’âme à la noblesse de famille, la pureté d’un ange au génie de l’homme ; elle, riche de tout ce qui devrait rendre heureux dans la vie : les dons de la fortune et ceux de l’intelligence, la tendresse inquiète de la famille et la bienfaisance discrète pour le pauvre, le culte pieux et la douce tolérance qui font pardonner la croyance par l’incrédulité même... Elle mourut; elle qui avait de si beaux jours devant ses regards... Lettres, sciences, beaux-arts, elle semblait avoir tout deviné plutôt que tout appris... C’était trop pour une femme si jeune encore, et Dieu sembla l’appeler à lui comme pour donner une mission divine à cette âme supérieure qu’il trouvait trop pure pour ce monde... »[38].
L’origine de la famille Jollimon Gaigneron de Marolles est tourangelle. Elle remonte à Jean Gaigneron, sieur de la Grandière, lieutenant particulier à Loches en 1454. Donc une famille originaire du Lochois, établie à la Martinique, semble-t-il avant 1650, dans le quartier du Lamentin, dont les alliances se font aussi bien avec la noblesse qu’avec la bourgeoisie commerçante, comme il arrivait souvent aux Antilles.
L'auteur de ces lignes a pu détailler une carte de la plantation du Lamentin sur les murs du vestibule d'entrée du château de Thoiré (appartenant, à l'origine, à la famille de la Londe), château mis en vente en 2013.
Par ces alliances dans le milieu du négoce, cette famille tourangelle acquiert des attaches avec notre pays. Familles alliées : le chevalier de Montespin (en Martinique), les Maupertuis, de Labbadie (oncle bordelais de Laure).
Une dame de Marolles a donné une grosse somme d’argent au duc de Bouillé, gouverneur de la Martinique à l’intention des insurgés américains et pour financer une expédition pour leur venir en aide. Gilles Perrault a écrit un livre La revanche américaine sur cette époque. En remerciement, le roi Louis XVI a offert une pendule et un service de table (nappe) représentant la bataille de Fontenoy. Ce service appartenait toujours, vers 2005, à la famille Alain de Marolles. La famille avait servi Franklin et la cause de l’indépendance des États-Unis avec les Budan du Vivier, Leray de Chaumont, Gruel, Tessier, Peltier du Doyer, Monthieu, Penet, Dacosta de La Closille, Lincoln, Linsens, Julien Poydras de Lalande. Toutes ces familles se fréquentaient à Nantes et une grande solidarité les reliait. Des Marolles sont rentrés de Martinique du temps de Louis XVIII et se sont établis place du Palais Bourbon à Paris. Une sœur d’Hortense de Beauharnais a épousé un Marolles. Napoléon III est venu à Nantes à l’occasion de la communion de sa filleule. Une généalogie très détaillée se trouve à Fercé dans la propriété des Marolles (Sarthe).
Les Gaigneron de Marolles auraient vendu Bois-Briant aux Olivier Mairy.
Pierre-Léon Meneust, ancien officier au régiment de Normandie, est propriétaire à Saint-Domingue et domicilié à Paris. Les biens des Le Meneust auraient été vendus au moment de la Révolution après avoir été évalués par Ganuchaud et Pierre Loyen.
Le 28 fructidor : « L'inscription sur une liste d’émigrés.
Le 8 vendémiaire, réponse : « Pierre-Léon Meneust dit Bois-Briand, ancien officier au régiment de Normandie, possédant la terre de Bois-Briand n'a point eu de domicile en la commune depuis plus de 15 ans »[39]. Le 29 fructidor an 7 (1799), le ministre de la police générale de la République au commissaire du Directoire exécutif du département de la Loire-Inférieure : « L'inscription de Pierre Jean Marie Meneust (ancien lieutenant de vaisseau) sur une liste d'émigrés propriétaires à Saint-Domingue et propriétaire à Paris correspond-elle bien à la réalité ? » [40]. Le 8 vendémiaire an 7 (1799). Réponse : « La notoriété publique est qu'il n'a point eu de domicile en la commune depuis plus de 15 ans. Ainsi, son inscription sur la dite liste tombe de droit ».
Selon une source non identifiée, en 1800, Alexandre de Chassiron (époux de Julie Cossin qui décède à Bois-Briand en 1820) serait propriétaire du Bois-Briant (hypothèse à vérifier). Si tel était le cas, Bois-Briand serait entré en possession de Julie Cossin, non par son père (Félix Cossin) mais par son mari ce qui est douteux.
Le Marquis de Maubreuil défraya la chronique par ses exploits sous l'Empire et la Restauration. À l'occasion des travaux de réhabilitation du château de Maubreuil, en 2008, l'architecte Yves Steff découvrit divers documents attestant que Bois-Briand servit de modèle à la conception du château de Maubreuil. L'un des concepteurs de Maubreuil servit le roi de France comme corsaire.
Le marquis de Maubreuil emprunta beaucoup d'argent à ses amis de Chassiron-Murat (le petit-fils de l'armateur Félix Cossin se nomme de Chassiron ; il épouse la princesse Caroline Laetitia Murat). Ceux-ci devinrent peu à peu propriétaires du Bois-Briant et des Thébaudières en Sainte-Luce. Leur ami le négociant Sallentin, gros fournisseur de blé sous le Premier Empire, acquit la Barre de Riou et la Filonière.
En 1815, Maubreuil devait 180 000 francs à Félix Cossin. Celui-ci aurait acquis Maubreuil par adjudication, en 1815. Bien que lié à l'aristocratie par ses ancêtres, le marquis de Maubreuil fut un temps impérialiste et reçut Jérôme Bonaparte et ses amis Cossin (Julie Cossin est la mère; Félix Cossin est le beau-père de Chassiron-Murat) et de Chassiron-Murat (la princesse Caroline Laetitia Murat a épousé Charles Gustave Martin de Chassiron). Maubreuil devint ensuite la propriété de marquis de Dion qui fut un des inventeurs de l'automobile.
La Princesse Caroline Laetitia Murat (née le 31 décembre 1833 à Bordentown (New Jersey), morte le 23 juillet 1902)[41]. Le 6 janvier 1850, elle épouse Charles Gustave Martin de Chassiron, et, en secondes noces, John Lewis Garden, en 1872. Son nom d'épouse devient, alors Garden[42],[43],[44]
Le domaine de Bois-Briand est ouvert au public depuis 1997, les samedis et dimanches d'avril à septembre, de 12 heures à 18 heures. La visite de l'ensemble de la propriété est assurée gratuitement par le propriétaire, guide-interprète national en anglais et/ou en espagnol. En cas d'absence du propriétaire, les visiteurs sont guidés à travers les jardins et les bâtiments par un occupant des lieux. Pendant et en dehors de ces périodes d'ouverture légale tous les visiteurs sont bienvenus, également; dans ce cas, l'idéal, pour bénéficier d'une visite complète, est de prendre rendez-vous.
L'orangerie de Bois-Briand est ouverte tout au long de l'année pour des expositions de peinture, de sculpture, l'enregistrement de concerts, l'organisation de master-classes de violon, l'enregistrement d'émissions de radio, de télévision et d'émissions pédagogiques de formation à distance.
L'orangerie héberge, également, des réunions de travail pour des programmes de recherche et développement et des actions de coopération internationale.
Des ateliers sont à la disposition d'artistes pour des résidences dans le domaine musical et les arts appliqués.
Les historiens et généalogistes sont invités à contribuer aux efforts des propriétaires de collecte d'informations sur l'histoire de la maison et de ses occupants successifs depuis le Moyen Âge.
De même, l'ensemble des occupants successifs de Bois-Briand participe à la démarche de relecture de l'architecture et des plantations. Ainsi en est-il des enfants des écoles, des occupants de la maison de retraite voisine, des salariés du centre d'aide par le travail, engagés dans l'entretien du parc, des anciens locataires, résidant dans la région ou en visite à Nantes. À l'occasion de « fêtes de famille », « anniversaires de mariage », « lectures de poésie », « expositions », « concerts », et autres visites d'artistes en tournée en France ou en Europe.
Les raisons du « bonheur de vivre » à Bois-Briand et à Nantes constituent le sujet de conversation favori de ces visiteurs.
À l'inverse, le caractère ingrat de l'environnement urbanistique créé (en 1998/2002) à l'initiative de la Municipalité nantaise à proximité immédiate du château de Bois-Briand étonne, chaque fois, le visiteur et l'amoureux du Pays Nantais.
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