La chronologie de la guerre de Crimée, qui couvre la période 1850-1857, permet d'appréhender l'histoire de cette guerre par les événements selon leur ordre temporel concernant les évènements militaires, dans le secteur géographique de la mer Noire, mais également des évènements diplomatiques et autres qui ont eu une influence sur le déroulement de ce conflit.
En 1849, à Jérusalem, l'Empire russe crée la Mission ecclésiastique russe (Russkaja duxovnaja missij) et installe ainsi sa présence en Palestine alors sous domination ottomane. En réponse, Napoléon III nomme Charles de La Valetteambassadeur à Constantinople, qui déclara que le contrôle des Lieux saints par les catholiques était «clairement établi».
28 mai: à Constantinople, le général Jacques Aupick remet à Ali Pacha, ministre des Affaires étrangères de l'Empire ottoman, une note, se référent au traité de 1740[18], signée entre Louis XIV et la Porte Ottomane et demandant que les querelles concernant les Lieux saints soient réglées définitivement. Ces querelles concernaient, entre autres, le Saint-Sépulcre de Jérusalem et la basilique de la Nativité de Bethléem, qui étaient occupés conjointement par diverses congrégations religieuses chrétiennes. Cependant, les différences liturgiques et les luttes de pouvoirs entre catholiques et orthodoxes compliquaient cette cohabitation; les Ottomans étaient parfois contraints de poster des soldats devant et à l'intérieur des églises pour éviter les affrontements[19],[20]. Cela n'était cependant pas toujours suffisant et le jour de Pâques 1846, une dispute pour savoir qui des orthodoxes ou des catholiques aurait la priorité pour célébrer la messe au Saint-Sépulcre dégénéra en un affrontement sanglant qui fit quarante morts[19].
janvier: Lors de négociations secrètes, Nicolas Ier propose à l'ambassadeur d'Angleterre en Russie Hamilton Seymour de diviser l'Empire ottoman. L'Angleterre refuse afin de freiner l'expansion de l'Empire russe dans les Balkans et de protéger ses colonies en Orient.
28 février: Le général Alexandre Menchikov est envoyé en mission spéciale à Constantinople, pour forcer le sultan à abroger les concessions faites aux catholiques et exiger un nouveau traité leur garantissant le droit d'intervenir dans tout l'Empire ottoman pour protéger les orthodoxes.
19 avril: Menchikov signe un accord avec les Français et les Britanniques, qui semblent mettre fin à toute idée de conflit et exige une convention en faveur des chrétiens orthodoxes des Turcs que ces derniers refusent.
5 mai: Menchikov présente une version légèrement moins exigeante du texte initial mais assortie d'un ultimatum[23].
21 mai: Après avoir repoussé plusieurs fois la date d'expiration de l'ultimatum Menchikov annonce la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays et quitte Constantinople.
23 octobre: combat d'Isatcha; 2 bateaux à vapeur russes, le Pruth et l'Ordonnance suivis de 8 chaloupes canonnières forcent le passage du Danube et essuient une canonnade de la forteresse turque d'Isatcha, située sur la rive droite du fleuve entre Reni et Izmaïl, villes situées en Russie.
25 octobre: le général ottoman Abdi Pacha s'empare de la forteresse russe de Saint-Nicolas située au nord de Batoumi.
29 janvier: L'empereur des Français, tente encore de chercher une issue pacifique à la crise sous l'égide de l'Autriche, et envoie une lettre au tsar Nicolas Ier dans laquelle il écrit[28]:
«...Votre Majesté, de son côté, montrant le calme qui naît de la conscience de sa force, s'était bornée à repousser, sur la rive gauche du Danube comme en Asie, les attaques des Turcs; et avec la modération digne du chef d'un grand empire, Elle avait déclaré qu'Elle se tiendrait sur la défensive. ... L'événement de Sinope fut pour nous aussi blessant qu'inattendu; car peu importe que les Turcs aient voulu ou non faire passer des munitions de guerre sur le territoire russe. En fait, des vaisseaux russes sont venus attaquer des bâtiments turcs dans les eaux de la Turquie et mouillés tranquillement dans un port turc, ils les ont détruits, malgré l'assurance de ne pas faire une guerre agressive, malgré le voisinage de nos escadres. Ce n'était plus notre politique qui recevait là un échec, c'était notre honneur militaire. Les coups de canon de Sinope ont retenti douloureusement dans le cœur de tous ceux qui, en Angleterre et en France, ont un vif sentiment pour la dignité nationale....»
«... Quoi que Votre Majesté décide, ce n'est pas devant la menace qu'on me verra reculer. Ma confiance est en Dieu et en mon droit, et la Russie, j'en suis garant, saura se montrer en 1854 ce qu'elle fut en 1812.»
21 février: le tsar confirme par courrier ses intentions belliqueuses
22 juillet: Drouyn de Lhuys fait des 4 garanties, dont 2 particulièrement favorable à l'Autriche, les conditions obligatoires pour un retour à la paix[32].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
En français
Jules Ladimir et Honoré Arnoul: La guerre histoire complète des opérations militaires en Orient et dans la Baltique
Lucien Baudens, La Guerre de Crimée: Les campements, les bris, les ambulances, les hôpitaux, etc., Paris, Michel Lévy frères, 1858 (réimpr. 1858), 412p.— rééd. Charleston, Bibliobazaar, 2011 (OCLC800423889)
Léon Guérin, Histoire de la dernière guerre de Russie (1853-1856), Paris, Dufour, Mulat et Boulanger, (lire en ligne sur Gallica)
Alain Gouttman, La Guerre de Crimée: 1853-1856, Paris, S.P.M, coll.«Kronos», , 534p. (ISBN2-901952-22-4).
Brian H. Reid (trad.Laurent Bury, préf.Michèle Battesti), Atlas de l'âge industriel: Guerre de Crimée, guerre de Sécession, unité allemande [«The American Civil War and the Wars of the Industrial Revolution»], Paris, Autrement, (1reéd. 1999) (ISBN2-7467-0066-2)
En anglais
(en) Candan Badem, The Ottoman Crimean War (1853-1856), Leyde, Boston, Brill, coll.«The Ottoman Empire and its heritage», , 432p. (ISBN978-90-04-18205-9, lire en ligne).
(en) Brian Cooke, The Grand Crimean Central Railway: The Railway that won a War, Cavalier House, (ISBN0-9515889-0-7).
(en) Ian Fletcher et Natalia Ishchenko, The Crimean War: A Clash of Empires, Staplehurst, Spellmount, , 557p. (ISBN1-86227-238-7).
(en) Brison D. Gooch, The New Bonapartist Generals in the Crimean War: Distrust and Decision-making in the Anglo-French Alliance, La Haye, Martinus Nijhoff, (ISBN978-94-015-0398-3).
(en) Stephen M. Harris, British Military Intelligence in the Crimean War, 1854-1856, Londres, Frank Cass, (ISBN0-7146-8016-8).
(en) Alexander W. Kinglake, The Invasion of Crimea, Édimbourg, William Blackwood & Sons,
(en) Andrew D. Lambert, The Crimean War: British Grand Strategy Against Russia, 1853-56, Farnham, Surrey/Burlington, Vt., Ashgate Publishing, (1reéd. 1990), 380p. (ISBN978-1-4094-1011-9, lire en ligne).
(en) Stefanie Markovits, The Crimean War in the British Imagination, Cambridge, Cambridge University Press, , 287p. (ISBN978-0-521-11237-6)
(en) James J. Reid, Crisis of the Ottoman Empire: Prelude to Collapse 1839-1878, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, , 517p. (ISBN3-515-07687-5, lire en ligne)
(en) John Sweetman, War and Administration: The Significance of the Crimean War for the British Army, Édimbourg, Scottish Academic Press, , 174p. (ISBN0-7073-0332-X)
(en) Robert H. G. Thomas (texte) et Richard Scollins (illustration), The Russian Army of the Crimean War 1854-56, vol.241, Osprey Publishing, coll.«Men-at-Arms», (ISBN1-85532-161-0).
Badem cite un rapport financier d'octobre 1855 listant 235 568 hommes dans l'armée ottomane[1]. Figes indique que près de 120 000 Ottomans sont morts durant le conflit, soit près de la moitié des effectifs engagés[2]. Gouttman ne donne pas de chiffres pour les effectifs ottomans mais suppose qu'une centaine de milliers sont morts durant la guerre[3]. De son côté, Edgerton évoque «probablement environ un demi-million de morts» côté russe et un «nombre comparable» chez les Ottomans[4].
Figes indique que 98 000 Britanniques combattirent en Crimée et que 20 813 y moururent[7]. Lambert mentionne 21 097 morts[8] et Gouttman donne le chiffre de 22 000 morts[3].
Figes indique que 15 000 Sardes combattirent en Crimée[9] et que 2 166 y moururent[10]. Gouttman donne le chiffre de 18 000 hommes engagés[11] et de 2 200 morts[3].
Orlando Figes indique que sur les 1,2 million d'hommes de l'armée russe au printemps 1855, 260 000 se trouvaient sur la côte Baltique, 293 000 étaient stationnés en Pologne et dans l'ouest de l'Ukraine, 121 000 défendaient la Bessarabie et la côte de la mer Noire, 183 000 combattaient dans le Caucase et 350 000 soldats étaient déployés en Crimée[12]. Selon Totleben, 1 365 786 soldats étaient disponibles pour la défense de la Russie en janvier 1853[13].
Gouttman note que les chiffres officiels des pertes russes n'ont aucune valeur et estime qu'entre 100 000 et 200 000 soldats russes sont morts durant la guerre[3]. De son côté, Figes estime «qu'au moins trois-quarts d'un million de soldats» sont morts durant le conflit dont deux tiers de Russes et ajoute que les pertes civiles n'ont pas été recensées. Avançant que les estimations des pertes russes se situent entre 400 000 et 600 000 morts pour tous les théâtres d'opération[14], il cite un rapport du département médical du Ministère russe de la Guerre faisant état de 450 015 morts entre 1853 et 1856 et précise qu'il s'agit probablement de l'estimation la plus fiable[15]. Il ajoute par ailleurs que 127 583 Russes sont morts durant le seul siège de Sébastopol[16]. Scollins rapporte le chiffre de 100 000 morts au combat et 350 000 décès liés aux maladies[13],[17]. Edgerton évoque «probablement environ un demi-million de morts» côté russe et un «nombre comparable» chez les Ottomans[4].
Pour les pertes britanniques, Lambert donne le détail suivant: 2 755 tués au combat, 2 019 ayant succombé à leurs blessures et 16 323 morts de maladie[8]. Figes indique que 80% des pertes britanniques furent liées aux maladies[7]. Pour les pertes françaises, Gouttman avance le chiffre de 10 000 tués au combat, 10 000 mortellement blessés et 75 000 victimes de maladies. Par ailleurs, il note que sur les 2 200 morts sardes, seulement 28 sont imputables au feu ennemi[3].
Les 4 points sont: 1 - La Russie abandonnerait sa souveraineté sur les principautés danubiennes dont la protection serait assurée par les puissances européennes 2 - La liberté de navigation de toutes les nationalités sur le Danube serait garantie 3 - La convention de Londres de 1841 serait révisée dans «l'intérêt de l'équilibre des puissances en Europe»; autrement dit, aucune flotte russe ne serait autorisée en mer Noire 4 - La Russie abandonnerait ses revendications à un protectorat sur les chrétiens orthodoxes de l'Empire ottoman dont la sécurité serait assurée par les puissances européennes.