Cetatea Albă
site historique d’une ancienne cité médiévale, sur les bords de la mer Noire De Wikipédia, l'encyclopédie libre
site historique d’une ancienne cité médiévale, sur les bords de la mer Noire De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Cetatea Albă (Чєтαтѧ Aлбъ en moldave médiéval, Albi Castri ou Citta Alba sur les cartes du Moyen Âge[2], Ak-Kerman en turc ottoman, ces noms signifiant « citadelle blanche ») était une ville médiévale ceinte de remparts située à l’embouchure du Dniestr, près de la Mer Noire, en Bessarabie, aujourd’hui disparue à l’exception du site archéologique et historique. La ville ukrainienne moderne de Bilhorod-Dnistrovskyï, qui date de l’Empire russe au XIXe siècle (sous le nom d’Akkerman) et qui a reçu son nom actuel en 1946, entoure le site.
Cetatea Albă Ak kerman Forteresse blanche | ||
Vus d'un drone, on aperçoit : * en haut à gauche la ville moderne de Bilhorod-Dnistrovskyï, * au centre le site médiéval ceint de remparts de Cetatea Albă (ville basse à gauche, ville haute et donjon à droite) et * en bas à droite, hors les remparts, le site antique de la colonie grecque de Tyras. | ||
Nom local | Чєтαтѧ Aлбъ | |
---|---|---|
Protection | Registre national des monuments immeubles d'Ukraine[1] | |
Coordonnées | 46° 12′ 02″ nord, 30° 21′ 03″ est | |
Pays | Ukraine | |
Région historique | Bessarabie | |
Localité | Bilhorod-Dnistrovskyï | |
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
| ||
modifier |
La cité historique a existé du VIe siècle av. J.-C. à 1484. Elle s’est appelée Tyras en grec antique, Mavrokastro en grec médiéval, Montecastro en italien et Cetatea Albă en moldave/roumain. Si Mavrokastro signifie « citadelle noire », Cetatea-Albă signifie « citadelle blanche » : ces divergences peuvent être dues à l’incendie de la forteresse lors de sa prise par les Mongols et les Tatars en 1224, et à sa restauration par les génois et les moldaves en 1315[3],[4]. Au XIIIe siècle, on transcrivait en français le nom génois de Montecastro par « Moncastre » et le nom polonais de Białogród par « Bellegarde »[5]. La Roumanie utilise le nom médiéval moldave de Cetatea-Albă pour nommer la localité moderne.
Le site de la forteresse médiévale moldave, qui peut être visité, date pour l’essentiel d’Étienne III de Moldavie (XVe siècle) et comprend d’Ouest en Est[6],[7] :
À l’époque soviétique, tous ces noms ont été traduits en russe et ukrainien, les armoiries moldaves sculptées à la tête d’aurochs du grand portail de l’Est et les inscriptions des souverains moldaves sur la « tour de la dédicace » (turnul Pisaniei) séparant la ville basse de la ville haute, ont été enlevées[8] comme « symboles du féodalisme »[9]. Au-dessus du grand portail de l’Est, le creux dans la muraille est aujourd’hui masqué par un étendard aux armes de la ville ukrainienne moderne de Bilhorod-Dnistrovskyï. Le site est considéré comme l’une des « Sept merveilles d'Ukraine », tout en appartenant également au patrimoine historique de la république de Moldavie et de la Roumanie, pays que l’approche muséologique actuelle considère comme des envahisseurs étrangers du site, au même titre que les Ottomans[9],[10].
Sources[11] :
La cité antique et médiévale avait été fondée comme colonie grecque ionienne au VIe siècle avant notre ère sous le nom de Tyras.
Devenue romaine, puis byzantine sous le nom de Mavrokastron, elle fut assiégée en 1224 par les Tatars. De plus en plus coûteuse à défendre pour les Byzantins, elle fut concédée aux Génois en 1315 : ils la nommèrent Montecastro avant de la céder à leur tour en 1359 à la Principauté de Moldavie qui l’appela Cetatea Albă (Чєтαтѧ Aлбъ en alphabet de l'époque). Ce fut un port et une forteresse importante pour la Moldavie au temps d’Étienne III le Grand (XVe siècle).
À ce titre, Cetatea Albă faisait partie, avec Hotin (aujourd’hui Khotin en Ukraine), Soroca et Tighina, des quatre escales fortifiées pour la navigation fluviale sur le Dniestr, situées près des quatre principaux gués du fleuve. Cetatea Albă gardait l’extrémité sud de la route de l’ambre et de la soie entre la mer Baltique (d’où venaient l’ambre et la fourrure vers les pays d’Orient) et la mer Noire (par où venaient de Trébizonde ou de Constantinople la soie, les perles, le miel, le vin, les épices vers les pays du Nord). Cette route était l’une des voies fluviales des Varègues (Vikings de la Baltique) vers l’Empire byzantin, mais c’était également une frontière entre, à l’Ouest (rive droite du Dniestr), le monde villageois et citadin des populations sédentaires chrétiennes (moldaves ou slaves) vivant d’agriculture et de commerce dans une mosaïque de prés, bocages et forêts, et, à l’Est (rive gauche du Dniestr), le monde cavalier des populations nomades (Onogoures, Khazars, Pétchénègues, Coumans, Mongols ou Tatars, chamanistes ou tengristes et plus tard musulmans) vivant d’expéditions guerrières et d’élevage extensif dans la steppe pontique et jusqu’en Asie centrale d’où elles arrivaient successivement.
C’est pourquoi ces sites, dont Cetatea Albă, sont de plus en plus fortifiés par les souverains moldaves : tous sont convoités et fréquemment assiégés par les peuples guerriers des steppes, par le royaume Polono-Lituanien, par l’Empire ottoman et par l’Empire russe (qui, en 1812, finira par tous les annexer).
L’existence de la ville commerciale et portuaire de Cetatea Albă s’achève en 1484 par la conquête ottomane qui prend la citadelle et rase la ville civile. La forteresse d’Étienne III le Grand, désormais nommée Ak-Kerman (mais le nom tatar de Tourla est également attesté), devient une garnison et une escale de la flotte du Sultan ottoman puis, après 1812, du Tsar russe. L’archéologue moldave Ion Suruceanu (ro), fondateur du Musée d’archéologie de Chișinău[12], y mène des fouilles au XIXe siècle, publie des articles et relève les plans des cités antique et médiévale[13].
Après 1812, une nouvelle ville de l’Empire russe, nommée Akkerman puis, à partir de 1946, Bilhorod-Dnistrovskyï, se développe autour du site, et en recouvre une grande partie, de sorte qu’aujourd’hui, hors du périmètre immédiatement voisin de la forteresse, les fouilles archéologiques ne sont possibles que lors des chantiers routiers ou de construction.
Comme on peut le voir en comparant les sources et articles en différentes langues, l’historiographie des états modernes qui se revendiquent comme successeurs des puissances ayant joué un rôle dans le passé du site, décrit ce passé selon des points de vue privilégiant respectivement les apports :
Cette situation n’est pas propre à ce site, mais concerne la plupart des monuments historiques de l’Est et du Sud-Est de l’Europe, du Caucase, d’Anatolie ou du Proche-Orient, sans même évoquer les dérives protochronistes et les controverses concernant des pays entiers tels la Macédoine ou la Moldavie.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.