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Classification psychopathologique et développementale des troubles mentaux adapté aux enfants et adolescents De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent ou CFTMEA est un système de classification psychiatrique et psychopathologique d'inspiration psychanalytique fondé sous la direction du Pr Roger Misès. Première classification à prendre en compte spécifiquement les enfants et les adolescents, elle complète les systèmes internationaux (CIM-10) et américains (DSM) moins spécifiques.
D'après les psychiatres et psychanalystes Jean Garrabé, Bernard Golse et Roger Misès, elle ambitionne de tenir compte des diversités et des particularités de chaque enfant et adolescent présentant des troubles et entend s'opposer par ailleurs « au courant behavioriste », notamment au « carcan » du DSM[1],[2].
La version datant de 2000 procède aux premiers rapprochements de nomenclature avec la CIM, notamment pour faciliter la tâche des cliniciens et chercheurs[1] et à partir de la version sortie en 2012[3], établit une correspondance terme à terme avec la CIM-10.
La 6e révision de cette classification psychopathologie et développementale est parue en mars 2020[4],[5].
L'histoire de la Classification Française des Troubles Mentaux des Enfants et des Adolescents (CFTMEA) s'inscrit dans une histoire ancienne liée aux relations entre la Classification française des troubles mentaux (CFTM)[6] et la Classification internationale des maladies (CIM) que Jean Garrabé fait remonter aux statistiques annuelles établies en France pour les asiles d'aliénés dès le milieu du XIXe et la Nomenclature des maladies, adoptée en 1893 par l'Institut international de statistiques de Chicago sur proposition de Jacques Bertillon[7]. La classification internationale, en vigueur dans les pays membres de la SDN, sera révisée cinq fois entre 1900 et 1938[7]. En 1936, l'Association amicale des médecins des établissements publics d'aliénés propose un projet de réforme de la statistique des aliénés qui comporte une nomenclature mais celui-ci n'aboutit pas, du fait de la survenue de la seconde Guerre mondiale[8].
En 1948, eut lieu la sixième révision de la classification internationale, désormais officiellement appelée CIM sous l'égide de l'OMS et de l'ONU. Pour la première fois un chapitre entier, le cinquième, est consacré aux maladies mentales[9]. En 1950, lors du premier Congrès mondial de psychiatrie à Paris, fut abordé la question des différentes classifications utilisées par les sociétés nationales et émise une proposition pour les harmoniser[9]. Le deuxième congrès mondial à Zurich en 1957, consacré à la schizophrénie, constata encore les différences[9].
En 1954, Henri Ey pose, lors de la vingtième de ses Études, le problème de la méthodologie des classifications mentales, de la Renaissance en passant par les psychiatres du XIXe (Bénédict Morel, Kraepelin) jusqu'au XXe (celles de l'APA, d'Adolf Meyer, de Karl Jaspers)[10]. En 1964, Henri F. Ellenberger dénonce les illusions de la classification psychiatrique[10]. Lors de la huitième révision de la CIM apparaît un Glossaire et guide de classification des troubles mentaux et un avant propos d'Aubrey Lewis (en) qui constate que les entités nosologiques sont « imprécises et se chevauchent »[9]. En 1968, l'INSERM publie une CFTM compatible avec la huitième révision de la CIM[10].
En 1980, l'APA publie le DSM-III faisant selon Garrabé « sensation » par « d'une part, l’abandon de certains termes traditionnels, notamment “névroses ”et “psychoses” [...] et, de l’autre, de la proclamation d’un athéorisme absolu ce qui est bien entendu impossible pour une classification des maladies mentales où il convient plutôt de tenir compte des hypothèses théoriques successives formulées pour les entités nosologiques »[11].
En 1984, un numéro de la revue Confrontations psychiatriques repose les problèmes des classifications, notamment entre organismes différents, nationaux et internationaux et pointe, avec Roger Misès et Philippe Jeammet, l'absence de l'enfant et de l'adolescent en nosographie psychiatrique, dont découle en 1987 la première version de la Classification Française des Troubles Mentaux des Enfants et des Adolescents (CFTMEA) « destinée à des praticiens parfois éloignés les uns des autres dans leurs conceptions théoriques, mais capables de se rassembler sur des points fondamentaux d’ordre clinique », cette insistance sur la clinique étant une spécificité française[11].
Jean-François Girard préface la troisième révision en soulignant l'importance d'un outil adapté à l'enfant et l'adolescent et permettant les échanges internationaux, la CFTMEA correspondant au chapitre F(V) de la CIM, aspect encore renforcé par la quatrième révision la CFTMEA-R-2000 où apparaît la prise en compte de la naissance à trois ans[12]. La CFTMEA est aussi bien traduite en espagnol, en usage en Amérique Latine[13], que traduite en arabe et répandue au Maghreb, qu'utilisée en Angleterre et en Russie[14].
Comme ses équivalents internationaux que sont le DSM et la classification internationale des maladies (CIM)[15],[16],[17], les CFTMEA ont une approche descriptive et raisonnée des troubles mentaux des enfants et des adolescents[16]. La notion centrale de ce système qui se distingue en cela des classifications adultes, c'est que « l'enfant ne renvoie pas à un état constitué. L'existence d'une symptomatologie, même bruyante, ne constitue pas à elle seule la condition d'une pathologie[18]. » C'est aussi dans ce souci que Misès a posé les bases de ces classifications[16],[19].
Cette classification est soutenue par la Fédération française de psychiatrie, et son collège de pédopsychiatrie qui réunit notamment la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et des professions associées (SFPEDADA) et l'Association des psychiatres de secteur infanto-juvénie (API)[20]. Son ancien président, Gérard Shmit en a rédigé la préface dans laquelle il remarque « qu'elle a reçu au long de ses modifications successives, le soutien du centre collaborateur de l'OMS et celui de l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation »[21].
Roger Misès, dans sa présentation de la classification de 2012, note, parmi les modifications importantes engagées par l'obligation de codage en référence à la CIM-10, que « le terme “psychose” appliqué aux jeunes enfants est pour beaucoup chargé d'une telle connotation stigmatisante qu'il nous est apparu préférable de l'écarter de la nomenclature consacrée aux TED et à l'autisme »[22], une catégorie nouvelle (la 9, portant entre autres sur l'anxiété et la phobie) a été créée, l'ancienne devenant la 0 (les manifestations normales), que les troubles liés à la drogue et l'alcool ont été mis à jour, et ceux de la schizophrénie à l'adolescence ont été repris « selon les formes syndromiques »[23] et qu'enfin l'axe II a été élargi, toujours en concordance avec la CIM-10[24]
D'après Roger Misès (dir.) et al., Classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent R-2012 : Correspondances et transcodage - CIM10, Rennes, Presses de l'EHESP publique, .
♦ Préciser le type de trouble mental :
Facteurs intérieurs et associés[Quoi ?] Facteurs organiques (maladie d'origine génétique). Facteurs renvoyant aux conditions d'environnement, tels que la carence affective, éducative, sociale et culturelle ainsi que les mauvais traitements et les négligences.
Dix troubles de la personnalité sont diagnostiqués[Où ?] selon que prédominent tel ou tel trait de perso (trait de caractère, type de cpt, attitudes interactionnelles)[pas clair] :
Personnalité :
Il existe une controverse concernant la catégorie « autisme », classée dans les psychoses par la CFTMEA et dans les troubles psychiques par le DSM. La CFTMEA est largement inspirée par la psychanalyse, ce qui marque une différence avec les autres classifications internationales. Claude Wacjman estime que tout en conservant certaines approches propres à la psychanalyse, la CFTMEA les intègre à une démarche psychiatrique et qu'elle possède désormais une correspondance systématique terme à terme et informatisée avec les options du DSM-5 appliquées à la CIM 10 utilisée par l’OMS[25],[26]. Cependant, contrairement à Claude Wacjman, le psychiatre Charles Aussilloux et l'assistante chef de clinique Lise Barthélémy notent que deux catégories diagnostiques de la CFTMEA, la psychose déficitaire et la dysharmonie psychotique, n'ont pas d'équivalent dans la CIM-10[27]. Dans le cadre de la mise en correspondance, il a été proposé aux professionnels de santé français de coder les diagnostics de dysharmonie psychotique en trouble envahissant du développement non spécifié, le pédopsychiatre-psychanalyste Xavier Giraut regrettant que cela tende à faire disparaître la catégorie des enfants et adolescents « psychotiques » dans les classifications des établissements de santé français[28]. D'après l'étude du pédopsychiatre Guillaume Corduan (sur 47 enfants diagnostiqués avec dysharmonie psychotique - DP), il n'est pas possible d'établir d'équivalence avec la CIM-10 : « la DP semble recouvrir un éventail de pathologies, particulièrement dans le spectre autistique »[29].
En octobre 1994, un rapport de l’IGAS[30] considère la définition donnée de l'autisme dans la CFTMEA comme trop restrictive par comparaison au DSM-IV et à la CIM-10 [31].
Laurent Mottron estime que la nosographie française d'inspiration psychanalytique est responsable d'une méconnaissance des troubles envahissant du développement sans déficience intellectuelle (TEDSDI) en opérant « en fonction d’une classification a priori des possibilités d’individuation du sujet » et ajoute en note que « la psychanalyse décrit des processus en pliant la réalité à une terminologie et un cadre théorique qui ne sont qu’exceptionnellement subvertis par ce qui est effectivement observé, au lieu, comme en sciences, de laisser émerger une description ou une classification à partir de ce qui se présente, et en l’actualisant périodiquement par consensus entre les membres de la communauté scientifique »[32].
Dès la sortie de la 5e version de la CFTMEA, celle-ci a été critiquée par le psycho-linguiste Franck Ramus au motif qu'« il ne peut y avoir d'exception française en médecine »[33]. Pour Ramus, les connaissances scientifiques et médicales sont internationales, les classifications diagnostiques doivent être basées sur ces connaissances et par conséquent il serait absurde d'avoir une classification diagnostique nationale en psychiatrie s'appuyant sur une science franco-française.
Selon le neurobiologiste François Gonon, les critiques faites à la CFTMEA d'être une exception française éloignée de la psychiatrie scientifique internationale « ignorent l’état de grande incertitude scientifique où se trouvent le DSM-IV et la CIM-10. Dans ce contexte, on ne voit pas au nom de quoi les pédopsychiatres français seraient contraints d’abandonner une classification [...] qui a, pour la majorité d’entre eux, leur préférence depuis longtemps, au profit d’une classification internationale qui a été construite dans le contexte d’un système d’assurance maladie très différent du système français. Cela ne les empêchent nullement de tirer profit pour leur pratique de la littérature internationale [...]. Ils peuvent utiliser la grille officielle de correspondance entre la CFTMEA et la CIM-10 »[34].
Lors de la campagne pour les élections présidentielles françaises de 2017, l'Association pour la Psychanalyse, fondée le 27 mars 2017, produit une pétition en ligne[35], ainsi qu'une lettre[36] adressée au président élu Emmanuel Macron. Cette lettre reprend pour l'essentiel les revendications usuelles de la psychanalyse française et y inclut la demande que les médecins français cessent de coter leur diagnostic selon le DSM V, et utilisent à la place les classifications françaises CFTM[37] et CFTMEA[36]. Cette lettre est critiquée[38] point par point par Franck Ramus sur son blog, qui se prononce lui en faveur de l'emploi de la classification de l'OMS, la CIM.
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