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courte formule qui sert à qualifier plaisamment les habitants d'un lieu De Wikipédia, l'encyclopédie libre
On appelle blason populaire une courte formule souvent rimée, un nom, un simple adjectif, qui sert à qualifier plaisamment les habitants d'une commune, d'un village ou d'un hameau. D’une manière plus générale, en ethnologie, « blason populaire » désigne tout stéréotype attribué à un lieu ou une ethnie.
Le blason est en général attribué par les habitants des communes voisines, à titre de moquerie. Dans plusieurs langues régionales, il s'agissait d'ensoter (Lorraine) ou d'assoter (Normandie et Picardie), c'est-à-dire de rendre sot. Un blason est quelque petite sentence ou quelque motet de souhait et dévotion en peu de paroles bien ordonnées et surtout à double entente[1].
Les raisons de ces qualificatifs sont extrêmement variables, soit simplement euphoniques, le nom de la commune constituant le point de départ, on se contente de lui appliquer un adjectif en rapport et qui rime ; soit par un fait historique, soit par une particularité géographique, ou encore une activité dominante ou un goût supposé des habitants pour telle ou telle chose. Lorsqu'il s'y prête, le nom de la commune est utilisé pour générer un jeu de mots ou un calembour.
En Lorraine-Ouest, on rassemblait quelquefois les sobriquets d'un secteur géographique pour composer les paroles d'une parodie de chant catholique. Cet «évangile des ivrognes» était chanté à la fin du repas de la fête patronale afin de se moquer des habitants des villages voisins[2].
Certains blasons collectifs englobaient plusieurs villages.
Existant dans toutes les régions, ils étaient le plus souvent dans la langue ou le dialecte local.
Parfois, les habitants d'une commune revendique leur blason populaire avec fierté et peuvent aller jusqu'à le transformer en gentilé officiel comme c'est le cas des Cafrans au Tholy (Vosges) et des Forfelets de Corcieux (Vosges)
Comme dans les fables de La Fontaine, les noms d'animaux qui affublent de nombreuses communautés sont choisis pour ce qu'ils symbolisent. Les taureaux pour leur brutalité, les loups pour leur âpreté, les fourmis pour leur acharnement au travail et leur agressivité, les cochons pour leur saleté et leur appétit avide, les hannetons pour "leur inutilité", les guêpes pour leur méchanceté... La chèvre était considérée comme la vache du pauvre et symbolisait le dénuement. Parfois, le nom d'animal cache un jeu de mots. En Lorrain-roman, on rencontre souvent le sobriquet bocawé qui signifie têtard, surnom à priori insignifiant mais si on sépare le mot en deux : bo cawé, cela signifie alors crapaud petite-queue. On se moque ainsi de la virilité. On ne peut pas terminer ce paragraphe sans évoquer la sentence la plus connue de France : Parigots têtes de veaux, Parisiens têtes de chiens.
Goût des habitants pour certains mets.
Religion
Maladies chroniques et épidémies
L'alimentation à peine suffisante et l'hygiène souvent déplorable provoquaient de nombreuses maladies auxquelles s'ajoutaient de fréquentes épidémies. Ces problèmes sanitaires sont à l'origine de nombreux sobriquets. Les "grosses gorges" indiquent la présence de goitre. les "courtes oreilles" et les pattes d'oiseaux sont en relation avec la lèpre. "Grêlés" et "bosselés" qualifient des visages marqués par la variole (petite vérole). Le teint ou les excréments gris indiquent des épidémies de choléra. La couleur rouge indique de la scarlatine. Les victimes de maladies pulmonaires étaient surnommées les Souffleurs[3].
Histoire
Après la guerre de Trente Ans, la Lorraine était très fortement dépeuplée. Les autorités encouragèrent la migration venant de France afin de repeupler les villages abandonnés. ce qui donna « les Picards » à Desseling (Moselle) ; « les Bourguignons » à Hardancourt (Vosges) ; « les Fagnats » à Fillières (Meurthe-et-Moselle) originaires de Fagnes en Belgique. Cette guerre est à l'origine de bien d'autres sobriquets : « les dix-neuf » de Badménil-aux-Bois parce que c'est tout ce qui restait de ce village, en comptant les habitants et les maisons. Les « crevés de faim » de Château-Salins où fut jugé une femme affamée surprise en flagrant délit de cannibalisme. Les « pattes en l'air de Vaubexy » parce que Les défenseurs du château furent facilement culbutés par les Français.
Après l'annexion de 1871, les habitants de Neufvillage (Moselle) demandèrent à l'autorité allemande l'autorisation de continuer à parler français au motif qu'ils ne connaissaient pas la langue de l'occupant mais... La supplique était rédigée en allemand. Les habitants ont alors été surnommés « les perdus ».
Des noms de communes provoquant
Quand on trouve dans un même secteur géographique de la Moselle des noms de villages comme Guermange, Pettoncourt, Chicourt et Torcheville, il ne faut pas s'étonner que les sobriquets soient scatologiques. De même, quand la commune s'appelle Bruley (Meurthe-et-Moselle), inutile d'expliquer pourquoi ses habitants sont surnommés les Trop-cuits ni à Benney (Meurthe-et-Moselle), pourquoi on y rencontre des innocents.
La bêtise humaine avérée ou supposée
La sentence suivante serait incompréhensible sans traduction : Niederhof (Moselle), la corde au cou qui a étranglé 35 crapauds. On se moque ainsi de « l'exploit » d'un moine local qui a exorcisé 35 crapauds en agitant son étole (la corde au cou). Est-il besoin de commenter ?
Le plus souvent, il n'est nul besoin de fait avéré pour attribuer des sobriquets cruels ou des quolibets désopilants. Certaines communes étaient la cible privilégiée de ces attaques rarement bienveillantes. Jean Vartier[3] les appelle «les villages du rire». Fraimbois (Meurthe-et-Moselle) était l'un d'eux quand un instituteur local publia à la fin du XIXe siècle une série de cartes postales contenant chacune un conte de Fraimbois en patois lorrain. Dans la plupart des cas, le conte mettait en scène un habitant qui résolvait un problème à l'aide d'une solution burlesque. L'opération connut un immense succès ce qui accentua encore la piètre réputation du village ; mais ses habitants savent prendre les choses avec philosophie. Aujourd'hui, la commune comporte plusieurs noms de rues tirés du titre de l'un de ces contes ce qui démontre un réel sens de l'humour.
Sobriquets officialisés ou commercialisés
Certaines communes revendiquent avec fierté leur blason populaire et vont parfois jusqu'à l'officialiser directement ou indirectement. À Haillainville (Vosges), le blason officiel de la commune contient une fourmi et un cheval. les habitants étaient surnommés les fourmis et les herrs. Il y avait également une sentence : à Haillainville, il vaut mieux être cheval que femme de herr. (les herrs étaient de prétendus riches laboureurs qui se livraient à une compétition pour avoir le plus bel attelage. On disait qu'ils soignaient mieux leurs chevaux que leurs épouses).
Les habitants du Tholy (Vosges) étaient surnommés les Cafrans et ceux de Corcieux (Vosges) les Forfelets. Dans les deux cas, ces blasons populaires sont devenus gentilés officiels.
À Harréville (Haute-Marne), le village avait la réputation d'être le berceau des colporteurs qui sillonnaient la région en chantant un cantique à la gloire de saint Hubert afin de vendre des images le représentant[3]. Tout naturellement, ces marchands ambulants furent surnommés «les chanteurs d'Harréville». Depuis 1908, le village a pris officiellement le nom d'Harréville-les-Chanteurs.
À Ligny-en-Barrois (Meuse), on ne sait pas si c'est le sobriquet les Bouzats qui est à l'origine du chardon représenté sur le blason officiel de la ville ou si c'est l'inverse ?
À Rambervillers (Vosges), on a su transformer la sentence Rambiélé, têtes de vés (Rambervillers, têtes de veaux) en une foire commerciale à la tête de veau qui dure depuis bien longtemps. De même au Val-d'Ajol (Vosges) où les andouilles sont passées du statut de sobriquet infamant à celui de spécialité locale incontournable.
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