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engagement terrestre allié majeur, campagne des Mariannes et des Palaos (1944), Guerre du Pacifique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La bataille de Saipan est une bataille de la guerre du Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale qui a eu lieu sur l'île de Saipan dans les îles Mariannes du 15 juin au .
Date | 15 juin au |
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Lieu | Saipan, îles Mariannes |
Issue | Victoire américaine |
États-Unis | Empire du Japon |
Richmond K. Turner Holland Smith |
Yoshitsugu Saito † Chūichi Nagumo † Takeo Takagi † Matsuji Ijuin † |
environ 70 000 hommes du V Amphibious Corps | environ 31 000 hommes |
3 426 tués 13 099 blessés |
environ 24 000 tués 5 000 suicides 921 prisonniers |
Batailles
Campagne des îles Mariannes et Palaos
Japon :
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées | 15° 11′ nord, 145° 45′ est |
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Au cours de cette bataille, qui s'inscrit dans le cadre de l'opération Forager, les 2e et 4e divisions des Marines et la 27e division d'infanterie de l'Armée américaine commandées par le général Holland Smith défirent la 43e division de l'Armée impériale japonaise commandée par le général Yoshitsugu Saito. Cette bataille fut également marquée par le suicide massif de civils de l'île prêts à mourir pour éviter de se rendre aux Américains.
La conquête de Saipan et des îles Mariannes permit l'établissement de bases-clés pour la poursuite de l'offensive dans le Pacifique et mettait le Japon à portée de l'aviation américaine. À la suite de cette défaite, le premier ministre, le général Tojo[1], remit la démission de son cabinet, ce qui marquait également le début du déclin de la mainmise des militaires sur le gouvernement japonais.
Au cours des campagnes de 1943 et de la première moitié de 1944, les Alliés avaient capturé les îles Salomon, les îles Gilbert, les îles Marshall et la péninsule papoue de Nouvelle-Guinée. Ces succès amenèrent les forces alliées au contact de la ligne de défense japonaise principale dans le Pacifique : les îles Carolines, les îles Palaos et les îles Mariannes, toutes occupées par le Japon depuis la fin de la Première Guerre mondiale et lourdement fortifiées.
Les Alliés s'attaquèrent à cette ligne selon deux angles d'attaque au cours de deux campagnes distinctes : au sud-ouest, le général Douglas MacArthur fit mouvement, à travers la Nouvelle-Guinée et Morotai en direction des Philippines. De son côté, l'amiral Chester Nimitz (commandement du Pacifique Centre) attaqua les îles Mariannes. Le choix des Mariannes comme cible était fortement influencé par l'introduction récente de la superforteresse B-29 dont l'autonomie de 9 000 kilomètres désignait les Mariannes comme une base idéale pour bombarder Tokyo à quelque 2 400 km.
L'opération américaine avait pour nom opération Forager. Son but était la prise de contrôle des îles Mariannes et plus particulièrement Saipan et Tinian, deux îles qui appartenaient au Japon depuis 1917, et Guam, une île américaine depuis 1899, la plus grande des Mariannes située au sud de l'archipel, que le Japon avait envahie trois jours après l'attaque de Pearl Harbor. Chargée d'exécuter Forager, la 5e flotte, sous les ordres de l'amiral Raymond Spruance, composée d'une flotte d'invasion et de la Task Force 58, fit route vers les îles Mariannes.
Les forces japonaises s'attendaient à une attaque quelque part sur cette ligne de défense, quoiqu'une attaque des îles Carolines leur semblait le plus probable. Afin de renforcer la capacité de leurs garnisons sur place, ils devaient s'assurer une supériorité navale et aérienne et l'opération A-Go, une importante offensive aéronavale censée écraser la flotte américaine, fut planifiée pour juin 1944. Cette opération serait exécutée par la Force mobile commandée par l'amiral Jisaburo Ozawa.
La rencontre des deux flottes aboutira à la bataille de la mer des Philippines pendant que l'invasion de Saipan commençait.
L'île de Saipan combinait tout ce que les Américains avaient appris à détester en quelques mois de combats dans les îles du Pacifique : des marécages, une jungle montagneuse, des ravins et des grottes pouvant se transformer en bunker ou en position d'artillerie.
Le point culminant est le mont Tapotchau (en), situé au centre de l'île. Une crête vers le nord mène au mont Marpi (en) dans le nord de l'île. À l'est, l'île finit en une falaise abrupte, mais à l'ouest, le terrain descend en pente douce vers les plages. La surface de l'île est 220 km2 et en 1944, 70 % de sa surface était constituée de plantations de canne à sucre.
En raison de la configuration de l'île, le meilleur endroit pour un débarquement était la côte ouest de l'île près de la ville de Chalan Kanoa (en) et au sud de Garapan (en). Étant donné que les îles devaient être occupées pour l'été pour permettre la suite des offensives, Nimitz avait reçu l'ordre d'occuper les Mariannes pour le 15 juin 1944.
Désignation | Commandant | Effectifs |
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31e armée | Général Hideyoshi Obata | Quartier Général(?) de 1 100 hommes |
43e division, composée des 118e, 135e et 13e régiments d'infanterie | Général Yoshitsugu Saitō, commandant des troupes | 13 000 hommes |
47e brigade indépendant mixte | Colonel Yoshiro Oka | 2 600 hommes et 22 pièces d'artillerie |
3e régiment d'artillerie de montagne | 24 canons | |
9e régiment blindé | 36 chars moyens et 12 petits chars | |
5e Force de base | 6 000 marins | |
total : | 31 000 hommes |
Désignation | Commandant | Effectifs |
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Flotte du Pacifique | Amiral Chester Nimitz | |
5e Flotte | Amiral Raymond Spruance à bord du CA Indianapolis |
Task Force 51 ou TF 51 (forces expéditionnaires jointes) Task Force 58 ou TF 58 (forces aéronavales rapides) |
TF 51 | Vice-amiral Richmond Kelly Turner | TF 52 (force d'attaque du Nord chargée de Saipan et Tinian TF 53 (force d'attaque du Sud chargée de Guam) |
TF 52 | Vice-amiral Richmond Kelly Turner | Force d'attaque du Nord |
TF 56 | Général Holland M. Smith (qui assurerait le commandement des opérations à terre) | |
2e division de Marines | Général Thomas E. Watson | |
4e division de Marines | Général Harry Schmidt | |
27e division d'infanterie | Général Ralph C. Smith (en) | |
24e corps d'artillerie | Général Arthur M. Harper | |
Total : | 22 000 hommes |
Le bombardement de Saipan commença le . 15 cuirassés participèrent à ce pilonnage et 165 000 obus furent tirés.
Le débarquement commença le à 7 h. Plus de trois cents blindés de transport amphibie déposèrent 8 000 Marines, des blindés et de l'artillerie légère sur la côte ouest de l'île tandis que l'artillerie japonaise réussissait à détruire environ 20 tanks amphibies. Les tanks amphibies étaient censés ouvrir l'attaque, avancer de 1 kilomètre environ dans les terres et créer ainsi un périmètre plus ou moins sûr pour les troupes. Cependant, ces tanks étaient sous-motorisés et la manœuvre ne réussit pas vraiment. À la tombée de la nuit, les Marines avaient établi une tête de pont de 1 km de large et 1 km de profondeur.
Pendant la journée, sept bataillons d'artillerie et deux bataillons de tanks lourds avaient aussi débarqué.
Le nombre de victimes de ce premier jour de combat est inconnu mais on estime que 2 000 Marines périrent ce jour-là. La zone de débarquement était fortement défendue par quatre bataillons ; les Japonais avaient 16 canons de 105 mm, 30 de 75 mm et 8 de 150 mm postés sur les hauteurs et capables de frapper les plages de manière très précise.
Cette première journée, les Japonais comptèrent quasiment exclusivement sur l'artillerie et quelques tanks pour arrêter l'invasion.
La nuit du 15 juin aurait pu être l'occasion pour les Japonais de tenter de repousser les Américains à la mer. Toutefois, Saito pensait que le débarquement était peut-être une mesure de diversion. Il n'ordonna que des attaques mineures car il voulait sauvegarder ses forces en cas d'attaque américaine à Magicienne Bay (en).
À 20 h, une importante force d'infanterie appuyée par des tanks attaqua le flanc gauche de la 2e division de Marines. Les Marines purent bénéficier de l'illumination offerte par les fusées éclairantes lancées par la flotte et repoussèrent l'attaque. Une autre attaque lancée à 3 h fut également repoussée. Peu avant le jour, une nouvelle attaque japonaise eut lieu et fut cette fois repoussée avec l'aide des tanks.
L'attaque de Saipan était donc, à l'aube de ce second jour, un échec partiel, les Marines n'ayant pas atteint les deux tiers de leurs objectifs premiers ; la tête de pont sur la plage était encore bien fragile et toujours sous le feu de l'artillerie.
Le général Holland Smith savait qu'une bataille allait avoir bientôt lieu entre la 5e Flotte et la Force mobile japonaise et qu'il perdrait alors la protection de la flotte et de ses avions. Il voulait donc débarquer le plus vite possible le maximum d'hommes et de matériel. Le soir du , la 27e division d'Infanterie commandée par le général Ralph C. Smith (à ne pas confondre avec Holland Smith qui chapeautait toute l'opération) avait débarqué à Saipan. Sa mission était de prendre l'aéroport de Aslito et d'isoler les Japonais dans la partie sud-est de l'île. Pendant ce temps, les Marines devaient poursuivre leur progression.
Le 16 juin vers midi, la localité de Charan Kanoa fut nettoyée. Cette victoire locale permit aux Américains de progresser plus profondément vers l'intérieur.
Une puissante contre-attaque japonaise fut lancée à partir de Garapan dans la nuit du 16 au 17 juin. Elle comprenait 40 chars du 9e régiment blindé et le 136e régiment d'infanterie (en). Au lever du soleil les Japonais survivants se replièrent sur Garapan.
Le 17 juin, les combats reprirent dans les marécages situés autour du lac Susupe (en). En soirée, une attaque aérienne réussit à endommager deux navires américains, dont le porte-avions d'escorte Fanshaw Bay, qui durent se retirer.
Entre-temps, comme Smith l'avait pressenti, la 5e flotte s'était éloignée pour combattre la Force Mobile au cours de la bataille de la mer des Philippines du 19 au 21 juin. Après cette bataille perdue par les Japonais, Saipan ne pourrait plus compter sur aucun soutien.
Le 18 juin, les Japonais avaient abandonné la défense des plages et avaient déplacé leurs défenses vers les hauteurs de l'île. Sans possibilité de renfort, la situation des défenseurs de l'île était désespérée mais les Japonais étaient déterminés à se battre jusqu'au bout. Saito organisa ses troupes selon une ligne de défense sur le mont Tapotchau.
Le 18 juin également, la 27e ayant pris l'aérodrome d'Aslito, Holland Smith voulut prendre le mont Tapotchau. Alors que la 4e division de Marines avançait le long du flanc est du mont et la 2e division de Marines le long du flanc ouest, la 27e division d'infanterie s'attaquait au mont lui-même.
Cependant, après deux jours de combat, la 27e division d'infanterie avait fait peu de progrès ; l'offensive prenant, au fur et à mesure de l'avancée des Marines, la forme d'un « U », les Marines étant de plus en plus exposés à une attaque de flanc.
Pendant ces deux jours, la 2e division de Marines avait perdu 333 hommes, la 27e division d'infanterie 277 hommes et la 4e division de Marines 812 hommes. L'artillerie et les tanks américains étaient généralement inutiles dans ces combats de jungle et le support aérien quasiment inexistant du fait de la bataille de la mer des Philippines. Les Japonais utilisèrent notamment les multiples cavernes pour se cacher la nuit et opérer des sorties le jour. Les Américains développèrent peu à peu une tactique pour nettoyer les cavernes, à base d'artillerie et de lance-flamme. Les surnoms que les Marines donnèrent aux différents points de l'île donnent une idée de la dureté des combats : « Hell's Pocket », « Purple Heart Ridge » et « Death Valley ».
Le 25 juin, Holland Smith décida que les mauvaises performances de la 27e division d'infanterie étaient dues à son commandement et réussit à faire relever Ralph Smith. La relève de Ralph Smith ne changea pas grand-chose au sort de la bataille mais cet incident fut la cause de frictions entre l'armée et le corps des Marines.
Le 5 juillet, le mont Tapotchau était pris et les Américains continuèrent à avancer vers le nord de l'île. Le 7 juillet, Saito donna l'ordre à ses hommes restants de lancer une contre-attaque massive et se suicida après ce dernier ordre. 3 000 soldats japonais lancèrent alors une charge suicide.
Ils n'étaient armés que de grenades et de baïonnettes mais réussirent à percer les lignes de la 27e division d'infanterie dont ils détruisirent deux bataillons et ne furent arrêtés que par les Marines. Holland Smith fut alors persuadé que la 27e division était incompétente et la mit en réserve.
Le 8 juillet, la résistance japonaise se mit à faiblir. Acculés au nord de l'île, de nombreux Japonais (soldats et civils) se suicidèrent en se jetant sur les rochers de Marpi Point.
Le 9 juillet, la 4e division de Marines atteignit la pointe nord de l'île et Smith put déclarer que toute résistance organisée avait cessé sur l'île. 24 000 soldats japonais étaient morts et 1 780 avaient été capturés. Les Américains avaient perdu 3 426 hommes et 13 099 étaient blessés, un taux de perte de 25 % des hommes engagés.
L'île était sécurisée mais le capitaine Sakeo Oba continua à résister dans les montagnes avec 46 hommes et ne se rendit que le 1er décembre 1945. Son histoire est racontée dans le film Battle of the Pacific, film de 2011 réalisé par le réalisateur Hideyuki Hirayama, avec comme acteurs Yutaka Takenouchi (en), Sean McGowan (en), Mao Inoue.
Incidemment, les « parleurs de code » (Code Talkers) navajos jouèrent un certain rôle à Saipan, notamment en dirigeant le feu des bâtiments de support vers les positions japonaises. Un film réalisé en 2002, Windtalkers, décrit la bataille de Saipan (les scènes de Saipan ayant été tournées essentiellement à Hawaii).
Le 22 juin, le gouverneur de Saipan avait reçu un message du Palais Impérial l'informant que tout civil qui mourrait en se battant contre les Américains se verrait accorder les mêmes privilèges après leur mort que les soldats morts pour l'empereur.
Saipan était la première île envahie par les Américains qui comptait un nombre important d'habitants civils.
La propagande japonaise avait présenté à ces populations les Américains comme des monstres, et les bombardements et les durs combats n'étaient pas de nature à les faire changer d'opinion.
Des 22 000 civils à Saipan, des milliers combattirent les Américains, et participèrent à la charge suicide du 7 juillet.
Au fur et à mesure que les Américains avançaient, les civils qui ne combattaient pas fuyaient. Lorsque les Américains atteignirent le Nord de l'île, des milliers de civils, hommes femmes et enfants se trouvèrent bloqués par les falaises qui dominaient la mer.
Plutôt que de se rendre aux Américains, des milliers se suicidèrent alors en sautant du haut des falaises. Des interprètes réussirent à en dissuader, mais on estime que 8 000 civils se suicidèrent en sautant de lieux qui portent maintenant les noms de Suicide Cliff et Banzai Cliff.
Le 20 juillet, après des travaux intensifs, l'aérodrome de Aslito devenait Isley Field et recevait son premier avion américain. À partir de septembre 1944, des B-24 commençaient à mener des missions sur les îles Bonin. Un second aérodrome fut construit pour les B-29 et le premier raid de B-29 sur Truk eut lieu en octobre 1944. Saipan ne servit pas seulement de base aérienne (ce rôle était en fait celui de Tinian), mais devint une importante base navale, particulièrement pour les sous-marins qui allaient opérer dans les eaux japonaises.
Destinée à être une base importante pour les opérations futures dans les Mariannes, pour la bataille du golfe de Leyte et l'invasion des Philippines qui auraient lieu en octobre 1944, l'invasion de Saipan était une étape nécessaire vers la défaite du Japon.
Après la chute de Saipan, le Premier ministre japonais Hideki Tojo déclara que le pays faisait face à une crise importante. Tojo et son cabinet de guerre démissionnèrent dans les semaines qui suivirent. Cette démission fut une étape importante puisque, jusque-là, les militaires tenaient totalement le gouvernement. À partir de ce moment, le parti de l'opposition qui voulait la fin de la guerre augmenta peu à peu sa présence dans le gouvernement et parvint progressivement à convaincre l'empereur que la reddition était la seule voie possible.
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