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jeu africain De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'awalé ou awélé est un jeu de société combinatoire abstrait créé en Afrique.
Autre nom | voir autres noms |
---|---|
Mécanisme | semailles |
Joueur(s) | 2 |
Âge | À partir de 6 ans |
Durée annoncée | env. 20 minutes |
habileté physique Non |
réflexion décision Oui |
générateur de hasard Non |
info. compl. et parfaite Oui |
C'est le plus répandu des jeux de la famille mancala, ensemble de jeux africains de type « compter et capturer » dans lesquels on distribue des cailloux, graines ou coquillages dans des coupelles ou des trous, parfois creusés à même le sol.
Ce jeu s'est propagé dans de nombreux pays d'Afrique, puis aux Caraïbes, c'est pourquoi on lui trouve de nombreux noms. En voici quelques-uns : wôli ou wali (bamanan ou bambara au Mali), adi (ewes au Ghana), aji (Benin), awalé (Côte d'Ivoire), awari, awélé (Côte d'Ivoire et Ghana), kissoro (Centrafrique),katra, katro, fanga (malgache à Madagascar)[1] ayo (yoruba au Nigeria), wure (wolof au Sénégal), ouril, uril (Cap-Vert), oware ou owaré (akan au Ghana), Sija (au Tchad), wéri chez les Tagbana en Côte d'Ivoire, wari (Caraïbes), kay ou hoyito (Hispaniola) ou encore « igisoro » (Rwanda).
Il ne faut pas confondre avec les autres jeux de la famille des mancalas, aux règles proches, tels que le bao, le nam-nam, le En Gehé (ou engehei) ou encore le omweso (ou omweeso, mweso). Mancala, kalah ou kalaha désignent également des jeux de la famille des mancalas.
Voici l'une des légendes sur la naissance de ce jeu, mais tout comme ses noms et ses règles, elles sont nombreuses :
« Ils ont marché longtemps, très longtemps à travers le désert, jusqu'à ce qu'ils arrivent au bord de la mer. Ils ont fait des provisions de coquillages puis sont repartis dans leur village. En chemin, ils ont fait des trous dans le sable pour stocker les coquillages. C'est ainsi qu'est né le jeu : des coquillages dans des trous. »
On dit aussi que l'arbre qui produit les graines servant au jeu, le Caesalpinia crista ou Caesalpinia bonduc (Guilandina bonduc) ou canique grise, n'existe que dans ce but.
Les travaux de Culin, de Griaule et de Reysset ont par ailleurs permis d’établir des liens entre les cosmogonies Dogon (Mali) et Luba-Lulla (Zaïre) et le jeu d’awalé[2].
L’awalé appartient à la grande famille des jeux de semailles africains (dits aussi mancala ; « déplacer » en arabe). Ces jeux au mécanisme très particulier et sans hasard ne peuvent s’apparenter au Senet égyptien qui, lui, est un jeu de parcours (avec dés) et a une stratégie très différente. Les égyptologues n’ont jamais rencontré de jeu comparable à l’awalé parmi les jeux, très bien conservés et connus, de l’Égypte antique. Les premiers tabliers d’awalé datables ont été découverts lors de fouilles archéologiques en Éthiopie (royaume d'Aksoum) et semblent remonter au VIIIe siècle.
L'awalé/mancala se retrouve dans toute l’Afrique, mais à partir du IXe siècle il s'est propagé aussi au Moyen-Orient, dans la péninsule Arabique, en Inde, en Indonésie et jusqu'en Chine. La forme awalé, typique de l'Afrique de l'Ouest et notamment en Côte d'Ivoire, a suivi quant à elle les routes de l’esclavage. On retrouve les traces de ce jeu en Amérique latine mais surtout aux Caraïbes.
Les sources historiques manquent, mais le Kitab-al-arhani évoque le jeu au Xe siècle, tout comme l'orientaliste anglais Thomas Hyde dans son livre De Ludis Orientalibus Libri Duo (Oxford, 1694)[3]. Un roi Kuba (Shamba Balongombo) s’est fait représenter en sculpture avec ce jeu vers 1620 et le jeu a manifestement longtemps connu un grand prestige en Afrique[2].
L’awalé fait appel à des capacités cognitives et stratégiques élevées[4] et aujourd’hui on trouve d’excellents joueurs originaires du Ghana et d’Antigua-et-Barbuda[5].
Le plateau ressemble, dans son modèle transportable, à deux demi-bûches reliées par des charnières. Il est généralement en bois et est creusé de deux rangées de six trous, avec parfois deux plus gros trous sur les bords.
La plupart des awalés sous forme de demi-bûches articulées vendus en France sont fabriqués à Grand-Bassam, la première capitale de la Côte d'Ivoire, à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Abidjan. Un des plus anciens awalés existants est exposé au Musée national du Mali à Bamako. Il date probablement du XIXe siècle.
Les graines sont parfois remplacées par des billes ou des cailloux. Mais la plupart du temps, ce sont des graines venant de l'arbre Caesalpinia bonduc. Elles ressemblent à des olives vertes mais sont moins périssables.
Au Gabon, le jeu porte le nom de Mbekh ô kôla. Les règles sont presque identiques mais les captures avec le singleton en dernière case à droite sont interdites et la règle du « donner à manger » n'est pas appliquée[6]. Mbekh, en langue fang, signifie « pétrin », « auge » ou « mortier ». Samuel Galley dans son dictionnaire fang-français donne la définition suivante :
Mbekh ô kôla: jeu de 'kola' qui ressemble à une pirogue ou à un village. Il y a 12 casiers dans lesquels on met des pierres ou les fruits de l'ôkola, plus deux grands casiers aux extrémités.
Lorsqu'on sait qu'un village fang a un plan bien distinct de ceux des villages des autres ethnies, on voit que la forme d'un tablier de jeu n'est pas indifférente. L'étude des tabliers a fait l'objet d'études approfondies dans les publications spécialisées.
En Côte d'Ivoire, coexistent deux règles principales, la règle bété, qui se base sur dix cases, et une règle commune aux Akan (Baoulé, notamment) et aux Dioula (« commerçants » en bambara, notion qui englobe les représentants des communautés culturelles du Nord). Ce sont les règles de ces derniers qui, à quelques détails près, sont utilisées par la Fédération internationale. Ce sont les règles généralement décrites dans les ouvrages et les sites de référence sur les jeux[7],[8].
Les variations étant innombrables, nous n'en détaillerons qu'une qui est relativement courante, appelée « Abapa », utilisée dans les tournois et reconnue par la fédération internationale (World Oware Federation).
Exemple de coup avec prise :
Le joueur du bas sème (sens anti-horaire) les 6 graines de E.
À la fin du coup il récolte b, c et d mais ni e ni f.
Illustration de l'obligation de nourrir et de la règle des 12 graines :
Le joueur du bas doit obligatoirement semer C pour nourrir l'adversaire.
Lors du coup, le joueur a semé (en sens anti-horaire) plus de 12 graines, il saute donc le trou de départ.
Les deux types de situation finale :
Chaque joueur a encore des graines, mais il n'est plus possible de forcer de capture.
Toutes les graines restantes sont dans le même camp et on ne peut plus nourrir l'autre ; le joueur du bas récolte les dernières graines.
Ces règles sont plus simples qu'il n'y paraît. Elles sont rapidement assimilées par les débutants qui réalisent rapidement de très beaux coups, ce qui en fait un jeu très agréable pour tous et dans toutes les situations.
Le jeu se décompose naturellement en trois phases durant lesquelles les techniques à adopter diffèrent.
Intérêt de l'alternance trous pleins-trous vides :
En semant les graines de C ou E, le joueur du bas ne récolte qu'un trou.
En semant C, le joueur du bas récolte d, e et f.
Exemple de contre-attaque :
En jouant le grenier F, il est possible de récolter 9 graines entre c et e, mais alors b ripostera en D et en récoltera 10.
Utilisation des greniers :
Le trou F vise la case c qui ne peut être récoltée tant qu'elle contient deux graines.
Après la séquence B - b - A - a - B, le joueur du haut est obligé de jouer c et permet au grenier d'y récolter 4 trous.
En 2002 une variante d'awalé, autorisant les coups capturant toutes les graines de l'adversaire[10], a été résolue[11],[12] : une partie parfaite se solde par un match nul. La résolution a exploré les 889 063 398 406 coups possibles, ce qui a pris 51 h sur une grappe de 144 processeurs[13]. La variante jouée la plus couramment en tournoi a quant à elle été résolue en 2021 : le seul coup garantissant la nulle pour le premier joueur est le coup F[14].
Seule coup d'ouverture garantissant la nulle, les autres coups perdant 23-25 :
Position obtenue après le premier coup optimal.
Des tournois d'awalé sont organisés régulièrement à Cannes (France) durant le Festival des jeux en février-mars[15], ainsi qu'au musée suisse du jeu à La Tour-de-Peilz (Suisse) en automne. Un championnat scolaire regroupant plus de mille élèves est également organisé chaque année dans le Loiret[16].
En 2021 a été organisé le premier championnat d'awélé de Côte-d'Ivoire, remporté par Mathurin Yapi[17].
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