Loading AI tools
mouvement de scoutisme catholique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'Association des guides et scouts d'Europe (AGSE), couramment désignée comme les Scouts d'Europe, est un mouvement de scoutisme catholique français, membre de l'Union internationale des guides et scouts d'Europe. Elle n'est pas membre de l'Organisation mondiale du mouvement scout.
Fondation |
---|
Sigle |
AGSE |
---|---|
Zone d'activité | |
Forme juridique |
Association déclarée |
Domaines d'activité |
Scoutisme, autres activités récréatives et de loisirs |
Mouvement | |
Objectif | |
Siège | |
Pays |
Membres |
37 000 |
---|---|
Fondateur | |
Président |
Rémi Fourneraut[1] |
Conseiller religieux |
Abbé Yves Genouville |
Vice-président |
Edouard Colin Cyril de Queral Myriam Cocquet |
Trésorier |
Eric Hoffman |
Personnes clés | |
Affiliation | |
Publication |
Faveur de Jungle, Scout d'Europe, Trace ta route, Maîtrise, Relais de Poste |
Site web |
RNA | |
---|---|
SIREN | |
OpenCorporates |
Les Scouts d'Europe français trouvent leurs origines dans les Scouts d'Europe fondés en 1958 par Jean-Claude Alain, avec une idée européenne et œcuménique, deux années après le lancement de la fédération du scoutisme européen à Cologne lors du rassemblement de plusieurs jeunes européens à la Toussaint 1956.
Cette association aux dimensions alors réduites connaît son essor dans la réaction aux tensions que vivent les Scouts de France au cours des années 1960, cristallisées par les réformes radicales portées par François Lebouteux. Un nombre important de troupes désirent rester fidèles aux pratiques traditionnelles du scoutisme, dans la continuité du projet originel de Baden-Powell, fondateur du scoutisme, et des enseignements du père Jacques Sevin, fondateur du scoutisme français. L'adhésion des scouts bretons Bleimor en 1962, qui quittent les Scouts de France, donne son élan au mouvement en lui apportant des effectifs importants, leur pédagogie et leur ancrage catholique. Leur fondateur Pierre Géraud-Keraod prend la tête de l'association des Scouts d'Europe français.
Elle fait partie des membres fondateurs de l'Union internationale des guides et scouts d'Europe (UIGSE - FSE), créée en 1963, qui compte une vingtaine de pays membres dont les principaux sont les Scouts d'Europe français, italiens, allemands et polonais.
En 1970, l'association est agréée « Jeunesse et éducation populaire » par le ministère de la Jeunesse et des Sports, et elle prend en 1976 son nom actuel, « Association des guides et scouts d'Europe » (AGSE).
L'Association des guides et scouts d'Europe compte plus de 37 000 membres en France en 2024, ce qui fait d'elle la deuxième association française de scoutisme en termes d’effectifs. Reconnue par l'Église catholique en France comme mouvement de laïcs, elle fonde sa pédagogie sur les enseignements de Baden-Powell enrichis notamment par le père Jacques Sevin.
La méthode scoute développée par les Guides et scouts d'Europe se fonde sur celle inventée par Robert Baden-Powell et enrichie notamment par le père Jacques Sevin au sein des Scouts de France. Elle vise à l'épanouissement des enfants et des adolescents par le jeu et l'aventure dans la nature et la prise de responsabilités au sein du groupe. Les activités organisées ont pour but d'aider le jeune à s'épanouir dans cinq domaines appelés traditionnellement « les cinq buts du scoutisme »[2] :
Selon les principes du scoutisme, les scouts d'Europe se fondent sur le principe de l'enseignement mutuel et le bénévolat : il n'y a pas d'éducateurs et de personnel professionnels dans les troupes et dans les patrouilles qui doivent apprendre l'autonomie. Dans chaque groupe, les plus expérimentés doivent aider et instruire les plus jeunes. Ils considèrent que les plus jeunes et les moins jeunes, les garçons et les filles doivent recevoir une éducation différenciée.
Pour atteindre les cinq buts énoncés ci-dessus, les jeunes apprennent grâce aux moteurs que sont le jeu, l'intérêt, la responsabilité et l'engagement par la promesse. En effet, tout apprentissage passe par le jeu qui va attirer l'intérêt des jeunes qui se donneront ainsi à fond. À chaque niveau le jeune reçoit des responsabilités selon ses capacités et qui lui permettront de vivre la dimension de confiance, ainsi que de se dépasser aussi bien au niveau technique qu'humain. Enfin, en l'invitant à prononcer une promesse sur l'honneur la méthode apprend aux jeunes la valeur de la parole donnée.
Les Guides et Scouts d'Europe cherchent à vivre un maximum d'activités dans la nature. Le jeune est également invité à prendre sa place dans la vie civique et à s'engager comme citoyen responsable. De plus, les Guides et Scouts d'Europe veulent œuvrer au développement d'une Europe unie et fraternelle. Pour ce faire, l'UIGSE favorise les contacts entre les jeunes des différents pays vivant d'un même scoutisme.
La méthode scoute utilisée est adaptée à chaque âge au sein des trois branches. Elles sont symbolisées par trois couleurs différentes : jaune, vert et rouge.
Les louveteaux et louvettes (8 - 11 ans) sont regroupés en sizaines, regroupées au sein de la meute ou de la clairière chez les louvettes. Le Livre de la jungle, de Rudyard Kipling, sert de base à l'univers des louveteaux et des louvettes. Ainsi l'adulte responsable de la meute est Akela, le loup solitaire, chef du clan des loups de Seeonee dans l'œuvre de Kipling, il/elle est aidé d'assistant(e)s qui prennent le nom d'amis de Mowgli (Baloo, Bagheera, Mang, Chil, Hathi...). L'année est rythmée par les sorties, week-ends, les grands rassemblements et se clôt par un camp de 4 à 8 jours[3].
Progression: la promesse, la première étoile, la deuxième étoile puis les badges. Les étoiles et la promesse se mettent sur le Béret, les badges sur le pull car la chemise est trop courte.
Les scouts (12 - 17 ans) sont regroupés en patrouilles (équipage dans les unités marines ou cordées dans les unités alpines). Au sein de la patrouille, l'un des adolescents est le chef de patrouille (surnommé CP) et aidé de son second appelé Second de patrouille (SP). Dans la patrouille, chaque scout assure un rôle spécifique (intendant, cuistot, secouriste…) lui permettant d'acquérir ou de développer des compétences particulières : ce sont les Postes d'Action (PA) ou les Postes de Service (PS). Plusieurs patrouilles composent une troupe dirigée par un adulte, ou chef de troupe (surnommé CT), aidé d'assistants (ACT). Chez les filles, les guides, sont également regroupées en patrouilles, qui forment une compagnie. Les scouts ont une année avec des sorties, week-ends ou petits camps et quelquefois de grands rassemblements (à l'occasion de pèlerinages, de rassemblements de district ou de province, les rallyes) mais le camp d'été peut, lui, durer de 15 à 20 jours. La progression se fait par étapes en commençant par la promesse pour atteindre la seconde classe, puis la première classe. À partir de la seconde classe, il est possible d'obtenir des badges, puis des Brevets majeurs à partir de la première classe. Pour cela, il faut effectuer les épreuves notées dans le carnet de progression, comme pour la promesse et les classes. Pour les classes et certains brevets il faut effectuer un Raid. L'engagement raider-scout (éclaireurs uniquement) est une progression de référence qui commence par la promesse, l'étape qui lance sa vie scoute, suivie de la seconde classe, les badges (ou brevets), la première classe, les brevets majeurs et l'engagement raider-scout. Ces différentes étapes donnent un rythme, un but, des objectifs à accomplir[4].
À la sortie de la troupe ou de la compagnie, les routiers de 17 ans ou plus sont regroupés en clan et les guides-ainées en feu. L'objectif est de former des jeunes adultes, capables d’assumer ses futures responsabilités et d’exercer ainsi un discernement dans un vrai et bon usage de sa liberté dans chacun de ses actes[5].
Tous les louveteaux et louvettes, leurs chefs et cheftaines et les anciens chefs qui les aident forment le branche pédagogique jaune ou branche louvetisme. La branche verte ou éclaireur identifie l'adolescence et la branche rouge l'âge aîné.
Les chefs d'unité reçoivent une formation dans des camps-écoles pédagogiques (CEP) durant une semaine, où ils reçoivent une formation équivalente au BAFA et au BAFD. Des formations plus spécifiques sont proposées aux chefs de districts, provinces, etc.
À chaque échelon territorial le chef en charge choisit des assistants formés pédagogiquement à chacune des branches. Le mouvement possède ainsi une double hiérarchie : administrative et pédagogique.
Le réseau de l'araignée regroupe la plupart des patrouilles libres scoutes de France soit environ 30 patrouilles. Une patrouille libre n'est pas rattachée à une troupe mais toute patrouille libre est appelée à devenir une troupe si les effectifs le permettent. Les patrouilles libres guides sont organisées en réseaux inter-provinces.
La branche féminine du réseau des patrouilles libres s'appelle le réseau Étoile de l'espérance.
La spécialité a été créée en 1994. En 2019, l'AGSE compte 12 troupes montagne (Chambéry, Annecy, Grenoble, Meylan, massif de la Chartreuse, Chamalières, Lyon, Saint-Étienne, Toulouse, Pamiers) et trois compagnies montagne (Toulouse, Chamalières et Chambéry). Tous les deux ans, est organisé par l'association un rallye montagne qui rassemble l'ensemble des unités montagne de l'AGSE et permet aux scouts alpins de vivre quatre jours de sortie en montagne.
L'équipe technique nationale montagne le Bouquetin composée de professionnels de la montagne diplômés d'état et bénévoles supervisent les activités en montagne des unités et proposent des camps de formation pour les chefs et les jeunes[6].
Les activités nautiques étaient déjà évoquées par Baden-Powell, mais la spécialisation a été créée et développée au sein du mouvement afin de proposer une activité qui suscite davantage l'envie aux jeunes de devenir scouts, et de donner un supplément d'expérience aux unités. À la différence des scouts marins, qui font de la voile, les scouts nautiques ne s'aventure que dans les lacs et rivières, sur des radeaux, canoës ou kayaks.
L'équipe technique nationale nautique la Batellerie supervise la spécialisation et propose des camps de formations aux chefs et jeunes[7].
Les origines de l'AGSE désignent la période avant 1963, année généralement présentée par le mouvement comme la date de sa fondation. On y trouve deux idées distinctes : celle d'un mouvement européen, héritée des Europa scouts autrichiens, et celle d'un mouvement catholique conservateur, qui vient des scouts bretons Bleimor. Le mouvement est fondé deux années après le lancement de la fédération du scoutisme européen à Cologne lors du rassemblement de plusieurs jeunes européens à la Toussaint 1956, désireux de fonder une Europe fraternelle par le scoutisme. Trois personnalités fortes marqueront les origines : Frederik Perko, Jean-Claude Alain et Pierre Géraud-Keraod. Cette époque est encore mal connue, d'autant que la quasi-totalité des sources à ce sujet provient des Scouts d'Europe eux-mêmes[Note 1].
L’histoire des Europa scouts est mal connue faute de sources externes. Le contexte est celui de la Guerre Froide et de l’occupation de l'Autriche après la Seconde Guerre mondiale par les Alliés, qui encouragent le scoutisme comme un moyen de désintoxiquer la jeunesse du nazisme et de lutter contre le communisme. L’idée d’un mouvement européen naît lors du jamboree mondial de 1951 en Autriche chez des chefs soucieux d’entente et de compréhension européenne après la Seconde Guerre mondiale. En 1952, ils font camper ensemble leurs troupes et Friedrich Perko[8] fonde les Europa scouts, de leur nom complet Europa Scouts, der Vereinigung Europäischer Pfadfinder (« Scouts d’Europe de l’Union des scouts européens »). Le mouvement crée des sections dans différents pays d'Europe, sections qui dépendent directement de l'association autrichienne[8].
L'originalité de ce mouvement neutre[Note 2] réside dans son ambition européenne. Traditionnellement, les mouvements scouts sont nationaux, et leur pédagogie et leur organisation varient considérablement d’un pays à l’autre. Les Europa scouts aspirent au contraire à devenir un mouvement international, avec des pratiques communes dans tous les pays. Les Scouts d’Europe sont directement héritiers de cette idée, qu’ils réalisent : ils fonderont des mouvements identiques dans une vingtaine de pays européens, réunis au sein de l’Union internationale des guides et scouts d'Europe (UIGSE).
Cette organisation centralisée est mal perçue et devient rapidement source de tensions. Le 1er novembre 1956 a lieu une réunion internationale des Europa scouts à Cologne. Après des débats houleux, la section allemande quitte le mouvement. Sous l'impulsion d'un Français, Jean-Claude Alain, elle crée à la place un système fédéral, la Fédération du scoutisme européen (FSE), qui deviendra par la suite l'UIGSE. La nouvelle association prend pour emblème la croix de Malte rouge[9] et la fleur de lys or à la place de la flèche et de la fleur de lys des Europa scouts. Jean-Claude Alain en devient le premier commissaire fédéral[8].
En 1958, Jean-Claude Alain fonde la section française de la Fédération des Scouts d'Europe, qui prend pour nom la traduction française de « Europa scouts » : Scouts d’Europe[10]. Juridiquement, c'est cette association qui est aujourd'hui devenue l'Association des guides et scouts d'Europe même si pratiquement, ce mouvement était assez éloigné de l'actuel. Il s'agit d'une très petite structure, qui ne rassemble qu'une centaine de membres. Conformément à l'orientation religieuse choisie par la FSE lors de son deuxième conseil fédéral, à la Toussaint 1957, les Scouts d'Europe sont une association œcuménique. Ce positionnement leur vaut une condamnation de l'Assemblée des archevêques et cardinaux en 1959 :
« Il ne semble pas opportun de favoriser cette forme de scoutisme qui admet systématiquement, dans les mêmes unités, des enfants catholiques, protestants orthodoxes et israélites. La méthode qu’elle préconise n’est pas conforme à une saine pédagogie de la foi. Son introduction dans nos diocèses ne pourrait que créer une fâcheuse diversion par rapport aux Scouts de France. »
— Assemblée des archevêques et cardinaux, 1959
Malgré une tentative de reprise de contact en 1975, les Guides et scouts d'Europe n’ont plus aujourd’hui de liens avec leur ancêtre autrichien. Du reste, les Europa scouts n'ont plus de groupes en dehors de l'Autriche, où ils ne forment qu'un groupuscule[8].
En 1975, à la suite d'une réunion à Wiltz (Luxembourg) entre la FSE et les Europa scouts, Pierre Géraud-Keraod (PGK) crée au sein des Guides et scouts d'Europe une association appelée Europa scouts[11] dans un but de rapprochement entre les deux mouvements[12]. L’association reste cependant une structure vide, sans activité. Une seconde rencontre a lieu en 1976, au cours de laquelle Perko et Pierre Géraud-Keraod créent la Confédération européenne du scoutisme chrétien d’Occident (CESCO, ou IEPECA en allemand), qui regroupe la FSE et les Europa scouts[13] ; elle n'a par la suite aucune activité non plus. Dans la revue Maîtrises, à destination des chefs, Pierre Géraud-Keraod décrit ainsi cette seconde rencontre :
« En février 1976, se sont tenues les journées de Vienne qui ont permis les retrouvailles de l’association des Europa scouts et des organisations Guides et Scouts d’Europe. L’équipe de 1952 et celle de 1962 se reconnaissaient avec la joie que l’on devine, dans un même idéal de service et de fraternité. Un accord a été signé le soir même de l’anniversaire de Baden-Powell. Fait significatif : c’est sur la Charte de 1956 que s’est établi l'accord entre les nouvelles associations et les tout premiers protagonistes de l’Idée scoute européenne. »
— Pierre Géraud-Keraod, Revue Maîtrises, deuxième trimestre 1976
Après le départ de Pierre Géraud-Keraod en 1986, le discours des Guides et Scouts d'Europe (GSE) au sujet des Europa scouts évolue considérablement. En 1998, Maurice Ollier, l’un des dirigeants historiques des Guides et scouts d'Europe écrit, toujours dans Maîtrises :
« L’équipe fédérale devait reprendre contact avec les Europa Scouts en 1976 à Vienne pour constater que la FSE n’avait finalement rien de commun avec eux […]. Cette rencontre ne pouvait aboutir à aucun rapprochement. Nous pouvons dire avec assurance que les Guides et scouts d’Europe ne sont en aucun cas les héritiers des Europa scouts autrichiens. Il sera nécessaire de rectifier certaines affirmations que l’on trouve dans les carnets pour nos jeunes. »
— Maurice Ollier, Revue Maîtrises, avril 1998
Après son départ des Guides et scouts d'Europe, Pierre Géraud-Keraod transfèrera le siège de l’association française « Europa scouts » du centre national des Guides et scouts d'Europe à La Flèche[14], faisant de l’association un mouvement à part entière, aujourd’hui affiliée aux Éclaireurs neutres de France. Ces Europa scouts français n’entretiendront jamais de liens avec les Europa scouts autrichiens, avec lesquels ils n’ont donc qu’un lointain rapport historique.
Les Scouts d’Europe originels n’avaient que peu de points communs avec l’Association des Guides et Scouts d'Europe actuelle. En 1962, l’arrivée dans leurs rangs des Scouts Bleimor et de leur fondateur, Pierre Géraud-Keraod, va imposer une pédagogie issue des Scouts de France et une identité religieuse catholique[8].
Les Scouts Bleimor est une association culturelle bretonne identitaire constituée au sein des Scouts de France (SdF) en 1950[15] par Pierre Géraud-Kéraod. Elle regroupe sept groupes scouts en Bretagne et à Paris, dans un contexte d’après-guerre où le nationalisme breton est discrédité pour son soutien à l’occupant nazi. Le 21 août 1962, au cours d’une réunion à Tréguier à laquelle Friedrich Perko est convié, les Scouts Bleimor décident à l’unanimité de quitter les Scouts de France et intègrent les Europa scouts. Le 22 octobre 1962, ils rejoignent les Scouts d’Europe de Jean-Claude Alain et prennent le nom de « Bleimor, association bretonne des scouts d’Europe »[16].
Bleimor regroupe alors environ 250 membres contre une centaine chez les Scouts d’Europe, ce qui leur permet de prendre très rapidement le contrôle de l’association. Dès le 17 décembre 1962, Pierre Géraud-Keraod devient commissaire général à la place de Jean-Claude Alain, qui est forcé à démissionner et quitte le mouvement. Bleimor impose au sein des Scouts d’Europe la pédagogie des Scouts de France, alors même que ce mouvement entame une réforme d’ampleur qui aboutit en 1964 à l’abandon de sa pédagogie historique avec la scission de la branche éclaireur. La loi et la promesse ainsi que les cérémonial sont directement repris des Scouts de France et enrichis d’une mention à l’Europe. Du point de vue religieux, Pierre Géraud-Keraod rejette l’œcuménisme pratiqués par les Scouts d’Europe et impose un catholicisme conservateur. Il crée ainsi un nouveau mouvement catholique à côté des mouvements historiques, les Scouts de France et les Guides de France.
Évincé de l’association qu’il a fondée, Jean-Claude Alain crée un Comité de défense des Scouts d'Europe qui devient en 1963 l’Association française des Scouts d'Europe (AFSE)[17]. Les Scouts d’Europe attaquent en justice cette association pour usurpation de leur nom, de leurs insignes et des titres de leurs revues. Jean-Claude Alain renomme alors l’association Mouvement scout européen (MSE) et change d’insignes, ce qui lui permet de gagner le procès en première instance[18] puis en appel[19].
En 1964, PKG écrit à l'évêque Jean Streiff, secrétaire général de l’apostolat des laïcs :
« Une équipe de chefs et cheftaines catholiques a pris les leviers de commande de l'Association française des Scouts d'Europe le 14 décembre 1962, à l'appel d'un prêtre du diocèse de Paris. […] Nous avons abandonné alors nos préoccupations particulières pour nous consacrer à l'œuvre d'épuration et de redressement qui s'avéraient indispensables pour mettre le mouvement en conformité avec la doctrine et la morale catholiques. […] Pour atteindre ce résultat, nous avons dû exclure les éléments douteux. Nous avons éliminé notamment les dix membres de l'ancien Conseil national à direction orthodoxe. Ces dirigeants, régulièrement évincés sur le plan juridique, n'en ont pas moins relancé trois mois plus tard, une nouvelle organisation de Scouts d’Europe. »
— Pierre Géraud-Keraod, Lettre à Monseigneur Streiff du 10 janvier 1964
En 1963, l’association « Les Scouts d’Europe » prend pour nom « Les Scouts d’Europe (Europa scouts) de la Fédération du scoutisme européen »[20].
Le , l'association est agréée « Jeunesse et éducation populaire » par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Cet agrément est renouvelé en 2004. C'est en 1976 qu'elle prend son nom actuel, « Association des guides et scouts d'Europe » (AGSE).
Le mouvement connait au cours de son histoire plusieurs crises institutionnelles, en particulier en 1968, 1971 et 1982. Elles se traduisent par des départs vers d'autres associations, comme les Scouts unitaires de France, mais aussi par la création de nouvelles associations comme les Scouts Saint Georges en 1968 et Europa scouts en 1986.
En 2001, l'Association des guides et scouts d'Europe signe avec le Comité épiscopal enfance-jeunesse de la Conférence des évêques de France un protocole d’accord reconnaissant l'association comme mouvement d’éducation[21]. Le , le Conseil pontifical pour les laïcs signe le décret reconnaissant l'Union internationale des Guides et Scouts d'Europe comme association privée de fidèles de droit pontifical[22].
Fin 2003, la province d'Île-de-France bénéficie d'une habilitation BAFA par le ministère de la Jeunesse et des Sports, autorisant les stages de formation à délivrer le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur en accueils collectifs de mineurs[23].
En 2004, après un audit du ministère de la Jeunesse et des Sports, l’Association des Guides et Scouts d’Europe bénéficie du renouvellement de son habilitation nationale BAFA. Les stages de formation – appelés Camps Écoles Préparatoires (CEP) – peuvent, au cas par cas, délivrer le diplôme du brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur en accueils collectifs de mineurs[24]. Cet habilitation sera renouvelée en 2015[25].
Une crise importante a lieu au sein de l'association après la publication du motu proprio « Summorum Pontificum » par le pape Benoît XVI en 2007. Celui-ci affirme qu'il n'existe qu'un seul rite romain, dont deux formes peuvent légitimement être employées au sein de l'Église : une « forme ordinaire » et une « forme extraordinaire ». Dans une lettre intitulée « Place au scoutisme » envoyée par les commissaires généraux, l'équipe nationale des Guides et Scouts d'Europe fait le choix de ne pas pratiquer la « forme extraordinaire » au sein du mouvement[26], ce qui provoque l'incompréhension de nombreux adhérents et prêtres de l'association. Alors que la conférence des évêques de France soutient la décision de l'équipe nationale, le cardinal Castrillon Hoyos, président de la commission pontificale Ecclesia Dei, écrit au président de l'Association des Guides et Scouts d'Europe (AGSE) le 14 janvier 2008 : « Après avoir fait une profonde réflexion sur la matière, je me vois dans l’obligation de vous inviter à reconsidérer cette règle normative ; une nouvelle réglementation de votre part devrait prendre acte de ce qui suit : Les prêtres membres d’un mouvement de l’Église ont le droit de célébrer selon la rite tridentin, comme tous les autres prêtres ; ils ne peuvent, certes, imposer cette forme à tout leur mouvement ; d’autre part, les dirigeants de telles associations et mouvements ne peuvent ni imposer, ni empêcher cette forme de la célébration dans leur mouvement. » Cette crise entraîne le remplacement des commissaires généraux du mouvement en 2009 et le passage de cinq unités chez les Scouts et Guides de France[27].
En 2014, l'association accueille pour la deuxième fois l'Eurojam organisé par l'Union internationale des guides et scouts d'Europe à Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois[28]. Celui rassemble 12 500 éclaireuses et éclaireurs de toute l'Europe du 1er au 11 août, avec un pèlerinage à Lisieux, sur les pas de Sainte Thérèse. Le slogan de l'Eurojam était " Venite et videte ", tiré de l'Évangile selon Saint Jean (Jn 1, 39).
En 2018, le mouvement créée une commission, appelée Commission Saint Nicolas, de réflexion et d'information sur les questions de pédophilie, afin que l'AGSE soit une "Maison Sûre", à laquelle les parents puissent confier leurs enfants en toute confiance. Dans ce cadre, le mouvement insiste sur le fait qu'il est indispensable que tous les chefs soient formés et informés sur les points de vigilance, les situations interdites, et les bonnes réactions en cas de doute[29]. L'association compte alors 33 000 membres[30].
Une des caractéristiques du mouvement est l’importance qu'il attache au cérémonial et aux rites. Les uniformes et les symboles sont décrits dans le Cérémonial des Guides et Scouts d’Europe[34].
Le symbole du mouvement se blasonne « D’argent à une croix à huit pointes de gueule, chargée d’une fleur de lys d’or ». Il a été choisi par les fondateurs du mouvement à Cologne en 1956.
La croix rouge évoque l’idéal de l’ancienne chevalerie, le rouge étant la couleur de la générosité et du courage. La fleur de lys symbolise l’idéal des éclaireurs, comme celle qui figurait sur toutes les anciennes cartes pour indiquer le Nord, et ses pointes rappellent les trois vertus principales des scouts : franchise, dévouement et pureté. Les huit pointes figuraient, les huit vertus des béatitudes du Sermon sur la Montagne qu’ils devaient acquérir[35].
L’emblème du mouvement figure principalement sur la croix de promesse, la croix de poitrine, le ceinturon et sur l’étendard du mouvement, appelé Baussant.
Le Baussant est l’étendard des Guides et Scouts d’Europe. Il s’inspire directement de l’étendard des Templiers Son fond est bicolore, blanc à gauche et noir à droite. Comme sur le gonfanon templier, où elles sont superposées, le blanc est symbolique de la pureté et le noir de l'humilité. On peut aussi y voir le symbolisme de la lutte du bien contre du mal. Sur ce fond figure l’emblème du mouvement : une croix de Malte rouge frappée d’une fleur de lys or. Cette bannière a été créée et adoptée en 1966 lors d’un pèlerinage du mouvement à l’occasion de la célébration du millénaire du Mont Saint-Michel.
Selon le cérémonial, la croix représente la foi catholique professée par le mouvement, et ses huit pointes les huit Béatitudes du Sermon sur la Montagne[35]. La couleur rouge rappelle le sang des martyrs.
La fleur de lys est l’emblème universel du scoutisme. Ce symbole, qui indique le nord sur les anciennes cartes, montre la direction à suivre. La fleur de lys rappelle aussi les trois valeurs scoutes de franchise, dévouement et pureté. Un liseré blanc entoure la croix de sorte qu'elle ne soit pas en contact avec la partie noire, symbolisant la victoire du bien sur le mal[Note 4]. C’est sur ce Baussant que les Guides et Scouts d’Europe s’engagent solennellement en prononçant leur promesse.
Le principe de la tenue uniforme est de ne former qu’un seul et même groupe uni, sans différence de styles vestimentaires marquant la provenance ou le niveau social. C'est aussi de montrer l'appartenance au mouvement, à sa troupe, à sa patrouille, ainsi que son engagement et ses capacités. En effet, l'uniforme scout a aussi un caractère informatif sur les compétences et fonctions de celui qui le porte, par les insignes qui y sont cousus.
Sa composition est strictement définie par le Cérémonial des guides et scouts d'Europe. Le dessin des insignes et des badges est protégé par un dépôt à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI).
En 1998, l’association fait face à l’affaire dite « du fichier de la province de Provence », qui connaît un écho national. À la suite du détournement du fichier des adhérents de la province de Provence, des enfants se voient adresser par voie postale à l’automne 1998 différentes publications d'extrême-droite, proche du Front national[36], à caractère raciste et xénophobe, rendant notamment hommage « au génie du IIIe Reich »[37]. Ils reçoivent également un courrier des Légionnaires du Christ. Le père d’un jeune éclaireur au sein d’une patrouille libre, qui a reçu ces publications, contacte la direction nationale, qui reconnaît le 8 décembre qu’une « personne mal intentionnée a transmis à la société éditrice Défi une liste des adresses de certains de nos représentants dans certains départements du Midi ». L'association nationale porte plainte pour détournement de fichier[38]. La Commission nationale de l’informatique et des libertés est également saisie par le père de famille[39] et conclut dans une délibération du 25 mars 1999 que ces envois font suite au détournement d’un fichier de plus de 300 noms au profit de la société Défi[40],[41],[42]. Les scouts d'Europe rejettent le soutien que leur apporte le Front national de la jeunesse en 1999[43].
À l'issue de l'inspection du ministère de la Jeunesse et des Sports consécutives à cette affaire, les scouts d'Europe modifient leurs statuts, sur sa prescription, pour en retirer des dispositions illégales (statut de membres réservé aux personnes de nationalité française et de plus de 18 ans)[37].
En 1982, est lancée une inspection de deux ans pour vérifier la conformité du mouvement à son agrément ministériel[37]. Une image extrémiste du mouvement pourrait avoir été donnée par quelques unités par le port d'uniformes non conformes comportant des effets militaires ou paramilitaire[44].
En 1998, un article de L'Humanité relève dans le compte-rendu d'une assemblée générale du mouvement, l'expression d'une opposition à « la démagogie électoraliste des partis politiques » et aux « idéologies marxistes ou franc-maçonnes »[45].
En 1999, un rapport ministériel constate « des dérives plutôt paramilitaires qu'intégristes dans un nombre très limité de camps »[37].
Cependant, en 2017, dans un contexte où le scoutisme peut encore être perçu comme « paramilitaire » , un responsable des scouts d'Europe atteste que : « le mouvement n’hésite pas à radier un chef s’il est jugé trop éloigné de la pédagogie scoute »[46].
En 1993, l'abbé Pierre de Castelet commet des agressions sexuelles lors d'un camp de colonies de vacances dans les Pyrénées, ce qu'il reconnaitra plus tard[47].
En 2016, trois victimes de l'abbé portent plainte contre André Fort, l'ancien évêque d'Orléans pour non dénonciation d'agression sexuelle sur mineur. C'est le début de l'affaire André Fort. Ces victimes découvrent que l'abbé est toujours en activité, notamment auprès de Scouts d'Europe[48]. En novembre 2018, Pierre de Castelet est condamné à trois années d'emprisonnement dont deux ferme (aucune condamnation n'étant en lien avec son activité chez les Scouts d'Europe)[49].
Sans lien avec l'affaire précédente, en mars 2019, devant le sénat, Michel-Henri Faivre, vice-président du conseil d'administration de l'Association des guides et scouts d'Europe (AGSE), à propos de la diffusion d'images à caractère pornographique auprès d'enfants dans les camps, « affirme avoir effectué trois déclarations au procureur de la République au cours des quatre dernières années » et tenir « un fichier des éléments radiés, dont certains ont été condamnés »[50],[51].
L'agence Scouteuropresse est une société civile de presse[52] appartenant à l'association. C'est elle qui publie les revues de l'association, et manuels de l'association. Le président et les commissaires généraux sont respectivement les directeurs de publication et de la rédaction.
Ces sont des guides illustrés, format A4, composés à partir des articles parus dans la revue Scout d'Europe. Ils résument et rassemblent tout ce qui peut intéresser un scout pour la vie pratique (comme les techniques de froissartage, de cuisine...) et spirituelle, mais aussi l'histoire, la nature. Deux volumes ont été publiés en 1972 et 1978 à l'époque de Perig et Lizig Géraud-Keroad avec des illustrations de Pierre Joubert, puis un troisième en 2012 qui est un complément et une refonte des premiers avec des illustrations d'Emmanuel Baudesson.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.