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défaite des Britannique à Saint-Domingue face aux forces de Toussaint Louverture De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'armistice du 30 mars 1798 permit à Toussaint Louverture de régler les détails de la retraite de l'armée anglaise de Saint-Domingue[1], avant l'entrée triomphale du général noir et de son armée d'ex-esclaves dans Port-au-Prince le [2]. L'armistice avait pour objectif les négociations par lesquelles il fut décidé que les Anglais quitteraient leur dernier bastion du nord du pays, le Môle-Saint-Nicolas, le 31 août 1798.
Cinq mois plus tard, jour pour jour, comme prévu, le 31 août 1798, les Britanniques abandonnaient Saint-Domingue à la victoire de Toussaint Louverture, qui devra cependant se retourner vers un autre front, au sud, où l'ex-général français Rigaud a rassemblé une armée de mulâtres avec l'aide de planteurs français, pour le combattre.
L'armistice met fin à une guerre de libération qui a fait plus de 10 000 morts et a duré quatre ans : depuis le [3],[4] et le traité de Whitehall, les Anglais profitaient de la lucrative fiscalité sur les plantations de sucre de Saint-Domingue, tandis que depuis le Toussaint Louverture avait lancé une offensive.
L'armistice fut signé avec le général anglais Thomas Maitland, seulement trois jours après l'arrivée, le , de Hédouville, envoyé du directoire, qui doit repartir dès le 23 octobre de la même année[2], qui avait pour mission d'inciter discrètement Toussaint Louverture à engager son armée dans l'attaque de la Jamaïque et des États-Unis, ce que ce dernier se gardera bien d'effectuer, pour éviter de perdre tout crédit et une partie de son armée. Au contraire, le général noir se rapprochera du général anglais Thomas Maitland pour l'inciter lui aussi à faire du commerce[5].
L'armistice du 30 mars 1798 a été signé peu après l'arrivée début mars 1798 du jeune général Thomas Maitland à la tête de l'armée anglaise[6], qui a reçu pour instruction de limiter les pertes anglaises, d'autant que le mois de mars 1798 voit une vague de désertions chez les Noirs enrôlés par les troupes anglaises, qui perdent plusieurs forts[7].
Dès la mi-1798, le secrétaire d'État américain Timothy Pickering confirme que les États-Unis accepteraient la reprise des relations commerciales en cas de victoire de Toussaint Louverture, scénario devenu alors très probable, et en novembre 1798 Toussaint Louverture envoie Joseph Bunuel rencontrer les principaux marchands de Philadelphie[8] pour négocier la reprise des affaires, tandis que l'État américain s'est donné les moyens de reconstruire une marine de guerre, afin d'écarter les français installés à Cuba, parmi lesquels Pierre et Jean Lafitte, qui alimenteront la piraterie des années 1800 dans la Caraïbe.
le , le docteur Edward Stevens, nommé officiellement consul général des États-Unis en avril 1799, signe la convention commerciale tripartite de 1799, associant anglais, américains et haïtiens.
L'arrivée à Cuba de réfugiés de Saint-Domingue après l'armistice du 30 mars 1798 en voit beaucoup devenir corsaires lors de la quasi-guerre, ce qui donne un premier coup de fouet au trafic commercial à Cuba comme le montrent les valeurs produites par le port de Santiago de Cuba entre 1797 et 1801, une partie venant des prises des corsaires français attaquant les navires américains commerçant avec Saint-Domingue[9]:
Année | 1797 | 1798 | 1799 | 1800 | 1801 |
Tonnage | 32,5 | 46,1 | 76,5 | 84 | 116,6 |
Toussaint Louverture se retrouve lui à la tête d'un pays beaucoup plus puissant qu'aujourd'hui, qui assurait en 1790 la moitié de l'offre mondiale de café et de coton et le tiers du sucre, pour une très forte rentabilité. Les exportations de l’île se comparaient favorablement avec celles des États-Unis, qui allaient à 15 % vers Saint-Domingue, malgré une population blanche de seulement 40 000 habitants[10]. Le commerce passe par près de 500 navires et le Massachusetts compte à lui seul 60 distilleries, transformant la molasse des Antilles en rhum. L’armée et le revenu annuel de Saint-Domingue étaient plus grands que ceux d’aucune puissance européenne de second rang. Les deux villes principales de la colonie, le Cap Français et le Port Républicain (Port-au-Prince), étaient presque aussi grandes que New York. Le Cap Français était incomparablement mieux construit qu’aucune ville américaine[11].
Cette richesse s'était fortement accrue dans les quinze dernières années précédant la révolte noire, en particulier après la guerre d'indépendance américaine qui permit aux planteurs blancs de s'approvisionner en produits américains meilleur marché qu'avant[12] et vit Saint-Domingue, pourtant pas plus grande que l'Irlande, produire deux fois plus que toutes les colonies anglaises réunies[13]. Dans la dernière décennie, les esclaves arrivent au rythme de 30 000 à 40 000 par an[14], et sur les treize ports capables de faire du commerce international, deux contrôlent la moitié du trafic des denrées[15].
La plupart arrivent après avoir passé au moins quinze ans sur le sol africain et une majorité sont des prisonniers de guerre[16] du Congo où avait lieu une très violente guerre civile[14], ce qui fait que les esclaves de Saint-Domingue sont les plus jeunes et les plus formés au combat de toute la Caraïbe, selon la contribution à un colloque de l'historienne Anna Maria Oliveira.
Malgré cela, Napoléon envoya son beau-frère, le général Leclerc, à la tête de l'expédition de Saint-Domingue, la plus puissante armée qui avait jamais traversé l’Atlantique, pour soumettre Toussaint Louverture, en recevant le soutien écrit du président américain élu en 1800 Thomas Jefferson.
Les réactions des propriétaires d’esclaves du sud des États-Unis ont influencé la politique de Jefferson face à Haïti, surtout après les conspirations d’esclaves dans la région de Richmond en 1800 et 1802 (Gabriel Plot et Easter Plot). La découverte de préparatifs pour une insurrection provoqua une grande peur parmi la population blanche de Virginie, et déclencha en réaction une campagne de terreur contre les rebelles. La loyauté de Jefferson envers les planteurs de Virginie se manifeste dans une lettre à Rufus King, où Jefferson soulignait la vulnérabilité du sud de son pays, en disant: "The course of things in the neighboring islands of the West Indies appears to have given a considerable impulse to the minds of the slaves in different parts of the US."[17]. Pendant des décennies, les politiciens du sud des États-Unis vont s'exprimer en termes très agressifs contre Haïti, attitude qui contrasta avec celle de la Grande-Bretagne[18].
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