L'armée dite de Châlons est une unité militaire française qui combattit durant la guerre franco-prussienne de 1870. Mise sur pied au camp de Châlons le à partir d'éléments de l'armée du Rhin dont elle est issue, elle sera engagée dans les combats sanglants de Beaumont et Sedan et disparaitra lors de la capitulation du .
À la suite de la succession d'aventures malheureuses début août de l'armée du Rhin à Wissembourg, Frœschwiller-Wœrth et Forbach, l'impératrice Eugénie, nommée régente en l'absence de Napoléon III, convoque les deux chambres le . Ces dernières décident la destitution du cabinet Ollivier au profit du général de Montauban, comte de Palikao[1]. Trois jours plus tard, sous la pression de l'opinion publique, de l'opposition et d'une partie de l'armée, l'empereur décide par décret de confier le commandement de l'armée du Rhin au maréchal Bazaine[2].
Le , l'empereur se rend à Châlons et, lors d'un conseil de guerre réduit, décide de la nomination de Bazaine comme généralissime des armées françaises, du général Trochu en tant que gouverneur de Paris et de Mac Mahon comme commandant de l'armée de Châlons[3]. Ainsi, cette nouvelle armée constituée des éléments disponibles ou en cours d'acheminement, comprenait le 1ercorps, qui avait rejoint le camp de Châlons entre le 14 et le , le 5ecorps du général de Failly, dont l'ordre du de rejoindre l'armée fut contrarié par la présence de l'ennemi à Saint-Dizier, le 7ecorps du général Douay, dont la formation à Belfort fut perturbée par les besoins en renfort du 1ercorps lors des combats précédents, et enfin le 12ecorps de formation récente, constitué à partir des régiments d'infanterie encore disponibles, de régiments de marche formés par les 4ebataillons laissés dans les dépôts et de régiments de la Garde. Après de multiples péripéties, les quatre corps d'armée se trouvent finalement rassemblés à Reims le [4].
Tandis que Mac Mahon souhaite se retirer sur Paris afin de reconstituer son armée, l'impératrice et le gouvernement, qui redoutent les conséquences d'un retour sur la capitale de l'empereur, le convainquent de secourir Bazaine qui vient de se retrancher sur Metz après deux nouveaux engagements à Rezonville et Saint-Privat les 16 et . Sous la pression, et trompé par une dépêche de Bazaine lui précisant son intention de s’échapper de Metz par le nord[5], Mac Mahon se décide le à quitter Reims et à marcher vers le nord-est afin de passer la Meuse entre Sedan et Verdun.
Tandis que les quatre corps de Mac Mahon se dirigent vers le nord-est, l'armée allemande, fort de ses succès récents, se réorganise en deux groupes:
En face de Metz, la Ire armée, quatre corps de la IIe et une division,
Opposées à l'armée de Châlons, la IIIe armée, constituée de cinq corps, est associée à une nouvelle armée, l'armée de la Meuse ou IVe armée, comprenant trois corps d'armées et quatre divisions de cavalerie[6]. L'ensemble représente environ 188 000 fantassins, 36 000 cavaliers et plus de 810 pièces d'artillerie[7],[8].
La progression de l'armée françaises est lente et cette dernière finit par être rattrapée par les troupes allemandes avant même d'avoir franchi la Meuse. Les Allemands, qui se dirigeaient vers Paris, ont deviné l'intention de Mac Mahon et ont obliqué dès le en direction du nord. Le 29, après un premier contact à Nouart avec le XIIe corps saxon, le 5ecorps de de Failly bivouaque sans précaution à Beaumont. Aux alentours de midi et demi, le , les premiers obus s'abattent sur les campements[9]. Trois corps d'armées allemands vont fondre sur les troupes de Beaumont: le Ier corps bavarois à gauche, le IVe corps prussien au centre et le XIIe corps d'armée saxon à droite. Malgré la résistance de l'infanterie[10] et les reprises de combats à Mouzon, malgré une charge héroïque du 5ecuirassiers[11] le corps de de Failly est battu et doit retraiter sur Sedan.
La bataille de Beaumont a pour conséquence le renoncement du maréchal de Mac Mahon à venir secourir Bazaine à Metz. Contraint, il replie dès le au soir ses différents corps d'armée sur les villes de Bazeilles et Sedan[12].
Les Allemands n'attendent pas et dès le 31, le Ier corps bavarois du général Von der Tann affronte le 12ecorps et s'empare du pont de chemin de fer qui enjambe la Meuse au sud de Bazeilles[13]. Le lendemain, le , les IIIe et IV armées allemandes attaquent ensemble l'armée de Mac Mahon positionnée dans les deux villes. Le maréchal est blessé dès 6 heures du matin[14] alors qu'il cherche à rejoindre le commandant du 12ecorps, le général Lebrun, attaqué par le Ier corps bavarois à Bazeilles. D'abord remplacé par le général Ducrot, le commandement de l'armée échoit finalement, sur ordre du ministère de la guerre, au général Winpffen, récemment nommé à la tête du 5ecorps d'armée. L'ordre de repli sur Mézières donné par Ducrot est contredit par le nouveau commandant qui souhaite une victoire. L'armée allemande finit par encercler l'ensemble de l'armée qui se replie sur la citadelle de Sedan[15]. Au matin du , Napoléon III fait hisser le drapeau blanc: c'est la capitulation. Le général Winpffen, dont la démission est refusée par l'empereur, signe l'acte au château de Bellevue[16]. Cette bataille, qui voit l’anéantissement de l'armée de Châlons, a coûté 124 000 hommes à la France[17].
Du 3 au , date à laquelle ils sont transférés en Allemagne, 83 000 prisonniers sont parqués sur la presqu’île d'Iges dans des conditions telles que ce camp improvisé prendra le nom, suivant les auteurs, de «camp de la misère» ou «camp de la faim»[18].
Le , l'armée de Châlons est constituée de quatre corps d'armée et de réserves d'artillerie et de cavalerie, elle comprend environ 105 000 fantassins, 14 709 cavaliers, 393 pièces d'artillerie et 76 mitrailleuses. Le lieutenant-colonel Rousset en donne une décomposition estimative par grande unité[19]:
Intendant général: intendant général Vigo-Roussillon
1er corps d'armée
Le 1ercorps d'armée est commandé par le général Ducrot, son chef d'état-major est le colonel Robert. Le général Ducrot, ancien chef de corps de la 1redivision, succède au maréchal de Mac Mahon qui vient de prendre le commandement de l'armée de Châlons. Le général Frigola commande l'artillerie.
1redivision d'infanterie
La 1redivision du 1ercorps d'armée est sous les ordres du général Wolff
Cette dépêche, datée du 19 août et expédiée par Bazaine à l'issue des combats de Saint-Privat, se terminent par « (...) Je compte toujours prendre la direction du nord, et me rabattre ensuite par Montmédy sur la route de Sainte-Menehould à Châlons (...) ». Reçue par Mac Mahon au matin du 22 août, ce message l'amena à changer le mouvement de l'armée et à se diriger sur Montmédy comme il l'écrivit à Bazaine le jour même «Reçu votre dépêche du 19. Suis à Reims; me porte dans la direction de Montmédy (...)» In Histoire générale de la guerre franco allemande - 1870-1871, Tome 2, pages 147, 158 et 159.
La IIIe armée allemande est sous les ordres du Prince royal de Prusse. Elle comprend les Ier et IIe corps bavarois ainsi que les IVe,Ve et VIe corps. La IVe armée allemande est sous les ordres du Prince royal de Saxe. Elle comprend les XIIe et IVe corps et la Garde prussienne. In La guerre de 1870, pages 38 et 39.
Ces chiffres, contrairement à ceux de l'armée française, ne comprennent que les combattants et n'incluent pas les troupes du train, du service de santé, les infirmiers, etc.
Lors des combats du 7ecorps à Warniforêt, le général Bretteville est blessé tandis que le général Morand est tué. Le lieutenant-colonel Pallier du 68e, le colonel de Béhagle du 11e de ligne périssent à Beaumont. Le colonel Berthe du 86e et le lieutenant-colonel Demange du 88e de ligne sont grièvement blessés. Ce dernier, amputé de la cuisse, meurt le 12 septembre à l'hôpital de Mouzon.
Le 5ecuirassiers appartenant au 12ecorps est envoyé au secours du 5ecorps. Il est décimé et perd son chef de corps le colonel de Contenson, In La guerre franco-allemande, tome 2 page 251.
Les 124 000 hommes se décomposent en: 3 000 tués, 14 000 blessés, 21 000 prisonniers durant la bataille, 83 000 prisonniers lors de la capitulation ainsi que 3 000 soldats désarmés en Belgique. Parmi les tués, cinq généraux: Guyot de Lespart, Margueritte, Girard, Liédot et Tilliard, In Histoire générale de la guerre franco allemande - 1870-1871, tome 2 page 360.
L'ordre de bataille proposé ci-après provient majoritairement de l'ouvrage du lieutenant-colonel Rousset, Histoire générale de la guerre franco allemande - 1870-1871, tome 2, appendice pièce no3, pages 515 à 519.
Le colonel de Vendeuvre est nommé général le 25 août 1870 pour commander la 1rebrigade de la division Lichtlin. Le 1ercuirassiers est alors commandé par le chef d'escadrons Picard.