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savant et voyageur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Antoine Thompson d'Abbadie, né à Dublin le et mort à Paris le , est un voyageur, explorateur, géographe, linguiste, astronome, mécène et membre de l'Académie des sciences, dont il fut le Président en 1892.
Président Académie des sciences | |
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Maire de Hendaye | |
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Jean-Baptiste Dantin (d) Jean-Baptiste Dantin (d) |
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Antoine d'Abbadie ou Anton Abadia |
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Arnaud-Michel d'Abbadie d'Arrast (d) |
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Virginie Vincent de Saint-Bonnet (d) |
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Euskal Pizkundea (d) |
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Le père d'Antoine, Michel Arnauld d'Abbadie (1772-1832), mort à Paris du choléra, descend d'une ancienne famille d'abbés laïcs[Note 1] d'Arrast[Note 2], commune du canton de Mauléon. En 1791, pour éviter les suites de la Révolution, Michel Arnauld émigre d'abord en Espagne, puis en Angleterre et Irlande ou il est armateur et fait l'importation de vins d'Espagne. Il épouse Eliza Thompson of Park (1779-1865), fille de médecin, le 18 juillet 1807 à Thurles dans le Comté de Tipperary[1].
Antoine d'Abbadie, né le 3 janvier 1810 à Dublin, est le deuxième enfant et fils aîné d’une fratrie de six enfants[2] :
Le père d'Antoine, rentré en France en 1820, avait obtenu de Louis XVIII l'adjonction de d'Arrast à son nom patronymique d'Abbadie[Note 3]. Antoine avait fait des recherches généalogiques[1] ; ses ancêtres n'étaient pas nobles et il refuse d'ajouter d'Arrast à son nom patronymique. C'est seulement en 1883 qu'Ardauld, Charles et son fils Arnauld Michel ont demandé à ajouter légalement d'Arrast à leur nom patronymique[3].
Comme dans toute « histoire de famille » les causes de la brouille sont certainement multiples, avec des non-dits et acrimonies. Ce qui est frappant est la dichotomie entre la face publique d'Antoine, où il est très humaniste, et la face privée, où il rompt ses relations avec ses deux frère et en moindre mesure avec ses sœurs, sauf avec Julia, la religieuse. Les relations entre Antoine et ses deux frères sont décrites par Goyhenetche, d'après une étude de leur correspondance[1].
En 1857, Antoine se brouille définitivement avec Charles. Il y a déjà de grandes divergences entre eux sur le plan politique, mais la rupture arrive quand Charles épouse une protestante, Marie-Augustine-Émilie-Henriette Coulomb, et devient lui-même protestant. Leur mère, catholique irlandaise n'acceptera jamais un tel mariage et Antoine, qui a reçu l'éducation de sa mère, suit la désapprobation maternelle. Leur sœur Sélina, qui est religieuse, supplie Charles de reprendre le bon chemin avant de mourir. Les deux autres sœurs, Elsa et Julia, tentent d’apaiser la situation, sans succès.
La rupture avec son frère Arnauld arrive en 1864. Ses causes sont complexes. Depuis leur enfance Arnauld et Antoine avaient une relation fusionnelle. Leur séjour de douze années en Éthiopie a renforcé cette relation. Le fait qu'Antoine puisse briser totalement cette relation sans influence extérieure paraît invraisemblable.
En 1863, Antoine et Virginie présentent à Arnauld une jeune américaine, Elisabeth West Young. Élisabeth visite l'Europe avec sa mère et sa sœur. Les fiançailles ont eu lieu rapidement et Élisabeth, d'une famille protestante, se convertit au catholicisme avant leur mariage. La mère d'Arnauld et d'Antoine approuve le mariage. Pourtant, Antoine a employé tous les moyens pour l'empêcher.
Pendant son séjour en Abyssinie, Arnauld s'était déjà marié vers 1846 avec une éthiopienne, Waleta Rafaël, dont il a eu une fille, Maïtena de Kaisowane. Le couple est très probablement marié selon le rite de l'église éthiopienne et Arnauld considère qu'il n'est plus libre de se marier en France. En 1864, Arnauld prend conseil auprès des instances épiscopales en France qui estiment que, son mariage éthiopien n'étant pas reconnu par Rome, il est libre de se marier.
Il est possible qu'Antoine, très rigoriste, ne soit pas du même avis, d'où son opposition au mariage, qu'il considère comme bigame. Cependant, à plusieurs reprises il avance un autre motif : Elisabeth West Young n'a pas reçu l'approbation de son père pour son mariage, étant donné que celui-ci est resté aux États-Unis pendant que son épouse et leurs filles ont fait le tour d'Europe, la Guerre de Sécession qui faisait rage aux États-Unis rendant toute communication difficile. L'argument d'Antoine pour s'opposer au mariage semble plus que légère.
Sa mère oblige Antoine et Virginie à assister au mariage. Sur son lit de mort en 1865, elle tente de réconcilier les trois frères, en vain.
Il y a aussi un facteur plus insidieux qui empoisonne les relations entre Arnauld et Antoine ; c'est l'attitude de Virginie. Elle entretient des sentiments haineux et tient des propos très désobligeants envers Arnauld, son épouse et leur neuf enfants. Dans la correspondance avec Arnauld, on voit qu'Antoine est tiraillé entre son amour fraternel pour Arnauld et son amour pour son épouse. Leurs relations cessent complètement vers 1870 ; Antoine suit la ligne de conduite dictée par Virginie.
Il semble que Virginie aurait fait des avances à Arnauld, qui les aurait refusées…[Note 4] La citation de William Congreve : « L'Enfer n'a pas de fureur qui égale celle d'une femme dédaignée » semble très à propos pour illustrer cela.
Antoine et Virginie, sans enfant, ne lèguent rien de leur fortune aux enfants de Charles et d'Arnauld. Ce dernier, ruiné à la suite du scandale de Panama, meurt en 1893, laissant sa veuve et neuf enfants démunis.
Une version plus romanesque de la brouille entre les deux frères est évoquée dans un roman écrit par un des arrières-petits enfants d'Arnauld d'Abbadie d'Arrast, Benoît de Saint Chamas : "le Géographe et l'Astronome", nouvelle publiée dans le recueil les "Contes de l'alphabet".
Michel d'Abbadie revient en France avec sa famille vers 1820. Il se fixe d'abord à Toulouse, où il veille à l'éducation de ses enfants. Tous sont confiés aux soins d'une gouvernante : « J'ai été élevé, nous dit d'Abbadie, avec mes sœurs, à l'anglaise, toute la journée, toute la nuit dans un dortoir, avec une servante qui veillait scrupuleusement sur nous ; et à peine, chaque soir, avions-nous une heure, une seule heure, non pour converser avec nos parents par un familier tutoiement, mais, en entendant tout au plus quelque petit conte de papa, pour être relégués à nos jeux dans un coin de la salle, et répondre à toute question par des Vous, des oui Monsieur, des oui Madame. »
Antoine reste trois ou quatre ans à la maison, « Loin du martinet d'un maître d'études de pensionnat ». Mais, à 13 ans, il est envoyé au collège où il déploie une ardeur exceptionnelle. Encore enfant, il manifeste une curiosité insolite pour l'inconnu qui l'environne : « Qu'y a-t-il au bout du chemin ? demandait-il à sa gouvernante. — Une rivière, mon ami. — Et après la rivière ? — Une montagne. — Et après la montagne ? — Je ne sais pas, je n'y suis jamais allée. — Eh bien j'irai voir », réplique l'enfant. (Antoine d'Abbadie garde toute sa vie cette curiosité insatiable. Il assimile très rapidement les langues et parle anglais, italien, allemand, latin, grec, hébreu, arabe, berbère et au moins cinq langues éthiopiennes.)
En août 1827, il obtient son baccalauréat et retourne à Toulouse pour devenir étudiant en droit. Ses plus proches amis à cette époque sont Pierre Étienne Simon Duchartre, Bernard-Adolphe Granier de Cassagnac et Léonce Guilhaud de Lavergne. Ces jeunes gens parlent souvent de leurs projets d'avenir. Antoine d'Abbadie sait exactement ce qu'il veut devenir : explorateur en Afrique ! Son projet est d'étudier les civilisations chrétiennes d'Abyssinie, de les aider à survivre face à un Islam conquérant et, accessoirement, de chercher les sources du Nil.
En 1828, sa famille s'installe à Paris, rue Saint-Dominique, et Antoine consacre les six années suivantes à la préparation de son projet, par la lecture des récits des voyageurs et l'étude des langues, des religions et de la littérature. Il suit également des cours de Droit, Géologie, Minéralogie, Astronomie et Histoire naturelle à la Faculté.
Sa préparation n'est pas seulement intellectuelle ; il se prépare également physiquement aux fatigues et aux privations qui attendent les explorateurs : il est très habile en escrime, en gymnastique et en course à pied. C'est un nageur exceptionnel. Il pratique également des privations alimentaires.
Il se rend en Irlande, son pays natal, en 1835, à la fin de ces années d'apprentissage.
Antoine d'Abbadie meurt en 1897 à Paris, 120 rue du Bac, dans la maison où mourut Chateaubriand. Il obtient que son corps repose en terre basque, sous l'autel de la chapelle de son château. Son épouse Virginie meurt en 1901. Elle repose également dans la crypte, sous l'autel.
En janvier 1896, dans une donation entre vifs, Antoine d'Abbadie stipule que, lors du décès de son épouse, l'Académie des sciences entrera en possession de sa fortune : c'est-à-dire le château d'Abbadia et plus de 300 ha de terres, dont la rente annuelle est estimé à 40 000 fr.
Il impose une condition : dans les cinquante ans, un catalogue de 500 000 étoiles doit être dressé en sa mémoire (un rapport de ces travaux sur le catalogue est donné par Jean-Eudes Arlot[13].)
Dans la séance du 27 janvier 1896, le président Alfred Cornu remet à Antoine d'Abbadie une médaille portant sur une face l'image d'Arago et sur l'autre la mention de la donation faite et les remerciement de la Compagnie.
Le château est toujours la propriété de l'Académie des sciences. C'est un musée ayant obtenu en 2011 le label Maisons des Illustres[14].
Antoine d'Abbadie est très attaché à son identité basque et à la préservation de la langue et de la culture basque. En 1836, à l'âge de 26 ans, il publie avec Augustin Chaho l'ouvrage Études grammaticales sur la langue basque, dédié « aux Basques des 7 provinces », en basque : Zazpi Uskal Herrietako Uskalduner. Il poursuit ses travaux sur la langue jusqu'à sa mort (voir ci-dessous). La popularité de la devise Zazpiak Bat lui est attribuée.
En 1851 Antoine d'Abbadie lance les fêtes euskariennes[15] à Urrugne. Ces fêtes[16],[17],[18], dont il fut toute sa vie le grand mécène, sont organisées à travers le Pays basque de France et d'Espagne pour stimuler la renaissance de la langue et de la culture basque.
La mort d'Antoine d'Abbadie en 1897 n'interrompt pas cette tradition et les fêtes perdurent encore une trentaine d'années.
En 1892 Antoine d'Abbadie reçoit un makila d'honneur et le surnom d'« Euskaldunen Aïta » ou « Père du peuple basque ». Ce makila est enterré avec lui dans le crypte du château d'Abbadia.
Le début du XIXe siècle marque l'essor de l’exploration de l’Afrique par les pays européens en quête d'empires coloniaux. Au début, on se limite à la reconnaissance des grands fleuves. La géographie, la géodésie, la géologie et l’ethnographie de vastes régions africaines restent totalement inconnues ; ainsi le triangle : Harar-Magadoso-Cap Guardafui de la Corne de l'Afrique est blanc sur les cartes de 1840.
Le territoire à explorer est énorme. Antoine se limite à l’Abyssinie, dont les quatre provinces représentent plus de 300 000 km2. Les conditions de pénétration sont extrêmement difficiles :
Les deux frères, en compagnie du père Sapeto, débarquent à Massaoua en février 1838 et arrivent à Gondar le 20 mai 1838[Note 7]. Par tactique, le trio se dissocie, Arnauld, le guerrier et le diplomate, retrouve souvent le frère scientifique, mais il est souvent seul, menant une vie d’aventures[19].
Antoine n'est pas simplement un explorateur scientifique. Il ne faut pas oublier qu'il est issu d'une famille d'abbés laïcs. Il l’a dit lui-même, sans les Événements de 1793, il signerait : « Antoine d’Abbadie, Abbé lai d’Arrast en Soule ». On peut voir en lui un croisé scientifique. Antoine d'Abbadie va dans les montagnes éthiopiennes aussi pour aider la religion chrétienne en déclin, menacée par un Islam conquérant[20],[Note 8].
Antoine se fond dans la population : il circule en habits traditionnels, pieds nus (les chaussures sont portées par les juifs et les lépreux), avec un équipage réduit. Il possède une connaissance approfondie des langues locales. Son bilan est impressionnant :
À la fin de l'année 1846, après une longue période de silence des frères, leur mère s’inquiète. Elle demande des informations par le biais du Vatican. Avec l’accord du vice-roi d’Égypte Méhémet Ali, Charles, le troisième frère, part à leur recherche. Ils se retrouvent le 18 juin 1847 et un an après, le 4 octobre 1848, les trois frères d’Abbadie quittent l’Éthiopie pour rentrer en France.
Antoine d'Abbadie n'est pas considéré comme l'un des savants français majeurs du XIXe siècle, mais plutôt comme un « amateur éclairé », du fait qu'il n'a jamais occupé de poste universitaire. Certes, il n'a pas fait de découverte scientifique majeure mais, quand on examine ses travaux, on est forcé de constater que, par son acharnement, son obsession pour les détails, sa recherche de la précision, il a apporté des avancées importantes dans :
Antoine d'Abbadie voyage également pour faire des observations astronomiques (Norvège, 1860 : éclipse totale du soleil ; Espagne, 1867 : éclipse totale ; Algérie : éclipse totale ; Antilles, 1882-1883 : observation du transit de Vénus, où il utilise avec succès la photographie astronomique).
Les publications d'Antoine d'Abbadie sont divisées en sept groupes ; dans chaque groupe, elles sont classées par ordre chronologique.
Géographie
Cartes
Antoine d'Abbadie, après ses voyages en Éthiopie, rapporte en France 271 manuscrits. Cette collection, après son décès, passe à l'Académie des sciences, qui la met en dépôt en 1901 à la Bibliothèque nationale de France.
Un premier catalogue est fait par Antoine d'Abbadie lui-même en 1859 :
Un deuxième catalogue, plus détaillé, est publié par Marius Chaine en 1912 :
L'examen des documents est entrepris et publié entre 1912 et 1915 par l'orientaliste Carlo Conti Rossini :
Carlo Conti Rossini publie, en 1925, des manuscrits 254-256[23] et Luigi Fussella en 1953 l'analyse critique[24].
Les manuscrits éthiopiens ont été numérisés par la Bibliothèque nationale de France et sont consultables[25] sur Gallica.
Une description des manuscrits à la Bibliothèque nationale est faite en 2010 par Wion et Bosc-Tiessé[26].
Tout au long de son séjour en Éthiopie et dans la Corne de l'Afrique, Antoine d'Abbadie tient un carnet de voyage où il note tout. Ces carnets sont conservés à la Bibliothèque nationale. Dix-sept tomes ont été numérisés et sont disponibles[27] sur Gallica :
La transcription de ces carnets en format texte est ouverte au travail collaboratif : « Carnets d'Antoine d'Abbadie », sur Transcrire.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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