recueil de formules pharmaceutiques qui a été remplacé par le terme pharmacopée. De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Antidotaire (formes latines: Antidotarium, Antidotarius) est un terme ancien qui désigne notamment un recueil médiéval de recettes de médicaments; plus tard, on désigne un tel ouvrage de pharmacie par son synonymepharmacopée.
Ce nom latin d'antidotarium (du grec αντι , contre et διδομι donner) viendrait du mot «antidote», parce que dans les temps antiques, les médecins avaient de gros livres de recettes d'antidotes (contrepoisons) contre les empoisonnements des rois, nombreux à cette époque. Ainsi, le nom mithridate vient du roi éponyme Mithridate comme le verbe «mithridatiser» ou la «mithridatisation»[1]. Ce terme est cité par Pline l'Ancien[2] et Aulu-Gelle[3]. «Antidotum» prend ensuite le sens de «spécialité pharmaceutique».
Émile Littré, dans son Dictionnaire de la langue française, en donne la définition suivante: «Mot qui, dans l'ancienne médecine, avait passé du sens de livre des antidotes à celui de livre des médicaments»[4]. L'antidotarium était aussi appelé «dispensatorium» (dispensaire) et «pharmacopea» (pharmacopée). La dispensatio était l'acte de peser et choisir les drogues et les ingrédients de la composition, et précède la confectio ou préparation du médicament[5].
Les médecins arabes, avec par exemple les travaux de Abu Muhammad Ibn al-Baitar et Al-Biruni, sont pionniers en matière de pharmacologie et de médecine. Les noms de traités de pharmacologie sont variés, le mot «Aqrabadhin» ou «Grabadin» correspond à celui d'antidotaire. Les antidotaires côtoyaient les traités de pharmacognosie, les herbulari et les thesauri de plantes, les luminaria (sing. luminare)[6] et pharmacopae, flores de la médecine, matières médicales, recettes de médicaments, secrets merveilleux, méthodes, traités, recueils[Note 1] et les arbolaires[7],[8]. Les formules y sont classées par ordre alphabétique. On y trouve les grandes formules de médicaments connus, comme la thériaque et bien d'autres recettes, comme le diacalamentum[Note 2], ou le diamargariton à base de perles, contre la toux et les maux de cœur[Note 3].
Les antidotaires étaient étudiés aux facultés de Médecine, en particulier à celle de Paris: Les listes de médicaments étaient issues d'ouvrages plus anciens, grecs ou arabes, mais aussi de nouvelles recettes constituées au cours des compagnonnages d'apothicaires, qui notaient sur un carnet ou un livret les formules découvertes au cours de leur périple[9].
Le Grabadin: ou «antidotaire Pseudo-Mésué», un des six ouvrages indispensables à l'apothicaire. L'Antidotaire de Sabur ibn Sahl ou Aqrabadhin القراباذين[Note 4].
L'Antidotarium magnus, ou Grand Antidotaire. Le manuscrit enluminé du Grand Antidotaire de 1190 fut découvert par Alfons Lutz dans l'abbaye bénédictine d'Engelberg. Il est conservé à la bibliothèque de l'université de Bâle.
Le Liber iste de Plaetarius qui est postérieur et en découle.
L'étude des antidotaires du haut Moyen Âge est comprise dans le projet Theorema ou «Thesaurus par ordinateur des recettes médicales anciennes» débuté en 1980 par le PrLouis Delatte de l'Université de Liège, «Thesaurus praesalernitanus», au Laboratoire d'Analyse statistique des Langues anciennes, projet qui comprend un ensemble de recettes médicales anciennes et antérieures à l'école de Salerne, dépassant largement le cadre des antidotaires[12],[13],[14].
Pour une liste de tous ces ouvrages pharmaceutiques par ordre alphabétique des auteurs voir la «Biobibliographie pharmaceutique» Eugène-Humbert Guitard: Eugène-Humbert Guitard, «Biobibliographie pharmaceutique», Revue d'histoire de la pharmacie, vol.27, no106, , p.103-124 (lire en ligne) et Eugène-Humbert Guitard, «Biobibliographie pharmaceutique (suite et fin)», Revue d'histoire de la pharmacie, vol.27, no107, , p.171-188 (lire en ligne).
Composé de poudre de perles, et comme souvent, d'épices en nombre, girofle, cannelle, galanga, muscade, zédoaire, styrax, gingembre, ivoire, musc, nard, cardamome, camphre… Comprendre et maîtriser la nature au Moyen Âge (in: «Mélanges d'Histoire des Sciences», Librairie Champion) p.454.
Il y avait deux antidotaires Nicolas célèbres plus un troisième, le petit Nicolai et le grand Nicolai, celui de Myrepsos. On connaît par les titres des ouvrages, quatre Nicolas pharmacologistes: Nicolas de Salerne, Nicolas d'Alexandrie, Nicolas Praepositus, et Nicolas Myrepsos. Cependant il semble qu'il n'en ait existé que deux, d'une part «Nicolas Myrepsos d'Alexandrie», d'autre part Nicolas «Praepositus de Salerne». Le «Grand Nicolas» ou L'Antidotarium Nicolai, le Δυναμερόν de Nicolas Myrepsos, en latin De compositione medicamentorum de 2 656 formules, donc qualifié de «grand antidotaire», fut rédigé vers le XIVesiècle. Chaque recette était accompagnée de son utilisation. On pense que c'était le livre que tout apothicaire devait obligatoirement posséder dans son officine et le livre officiel d'enseignement à la faculté de médecine de Paris au XIIIesiècle, puis par arrêt de Jean le Bon du 13 août de 1359 que «tout apothicaire et espiciers de Paris auront l’Antidotaire de Nicolas corrigé» et de «jeter les autres médecines trop salées» 41efeuillet du Livre vert des ordonnances des pharmaciens, Chéreau, de l'Antidotaire Nicolai[lire en ligne].
Pétrone, Apulée, Aulu-Gelle: œuvres complètes avec la traduction en français (trad.du latin), J. J. Dubochet et Compagnie, coll.«Auteurs Latins: avec la traduction en français», (lire en ligne), chap.XVI («Le sang des canards du Pont est un contre-poison. Habileté de Mithridate dans la confection des antidotes»), p.709.
Danielle Jacquart, Danièle James-Raoul et Olivier Soutet, Par les mots et les textes: mélanges de langue, de littérature et d'histoire des sciences médiévales offerts à Claude Thomasset, Presses Paris Sorbonne, coll.«Travaux de stylistique et de linguistique françaises / Études linguistiques», , 896p. (ISBN9782840503576, lire en ligne), p.55-67.
Eugène-Humbert Guitard, «Histoire sommaire de la littérature pharmaceutique des origines à 1800: Conférences-leçons à l'usage de MM. les Etudiants en Pharmacie. 2econférence: du XIIIesiècle à la fin du XVIe», Revue d'histoire de la pharmacie, vol.24, no93, , p.249-263 (lire en ligne).
Eugène-Humbert Guitard, «Histoire sommaire de la littérature pharmaceutique des origines à 1800: Conférences-leçons à l'usage de MM. les Etudiants en Pharmacie», Revue d'histoire de la pharmacie, vol.23, no92, , p.185-207 (lire en ligne)
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Jean Barbaud, Le manuel thérapeutique de poche d'un médecin de Prague en 1432, vol.79, coll.«Revue d'histoire de la pharmacie» (no288), (DOI10.3406/pharm.1991.3108, lire en ligne), p.7-14.
L. Delatte et R. Helleux, Recettes médicales et ordinateur: le projet Theorema, vol.68, coll.«Revue d'histoire de la pharmacie» (no246), (DOI10.3406/pharm.1980.2703, lire en ligne), p.155-160.
Carmélia Opsomer et Marc Binard, Matériaux pour une histoire quantitative de la pharmacopée présalernitaine, janvier 1989, | disponible sur http://orbi.ulg.ac.be/jspui/handle/2268/71309.
C. Opsomer Halleux, Le traitement informatique des recettes médicales du Haut Moyen Âge, Université de Liège, Actes du congrès international "Informatique et Sciences humaines", Belgique [lire en ligne].
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Nicolas de Salerne et Paul Dorveaux, «L'antidotaire Nicolas: deux traductions françaises de l'"Antidotarium Nicolai: l'une du XIVe siècle, suivie de quelques recettes de la même époque et d'un glossaire, l'autre du XVe siècle, incomplète, publiées d'après les manuscrits français 25,327 et 14,827 de la Bibliothèque Nationale.», Paris, H. Welter, 1896.,
Pierre Bachoffner, «L'antidotaire Nicolas, témoin de la pharmacie et de la médecine médiévales: Dietlinde Goltz, Mittelalterliche Pharmazie und Medizin dargestellt an Geschichte und Inhalt des Antidotarium Nicolai, mit einem Nachdruck der Druckfassung von 1471», Revue d'histoire de la pharmacie, Paris, Société d'histoire de la pharmacie, vol.65, no235, , p.294-295. (ISSN0035-2349, lire en ligne),
Jean Barbaud, «Platearius et l'Antidotaire Nicolas», Revue d'histoire de la pharmacie, Paris, Société d'histoire de la pharmacie, no312 «Actes du XXXIe congrès international d'histoire de la pharmacie (Paris, 25-29 septembre 1995)», , p.301-305. (ISSN0035-2349, lire en ligne),
Mireille Ausécache, «Manuscrits d'antidotaires médiévaux: quelques exemples du fonds latin de la Bibliothèque nationale de France», Médiévales, Vincennes, Presses universitaires de Vincennes, no52 «Le Livre de science, du copiste à l’imprimeur», , p.55-74. (ISSN1777-5892, lire en ligne).