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biographe et historien italien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Angelo Fabroni, biographe et historien italien, surnommé le Plutarque italien, né le à Marradi (Toscane), mort le . Il fut prieur de la basilique de Saint-Laurent à Florence, provéditeur de l'Université de Pise, et jouit de la faveur du grand-duc Léopold de Toscane et du pape Clément XIV.
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Angelo Fabroni naquit le 25 septembre 1732 à Marradi, dans le Grand-duché de Toscane ; sa famille y avait été riche et puissante, mais la fortune de son père était bornée, et il était le dernier de onze enfants. Après de premières études, faites dans sa patrie, il obtint en 1750, à Rome, une place dans le collège Bandinelli, fondé par un boulanger de ce nom, pour l’éducation d’un certain nombre de jeunes Toscans. Les élèves de ce collège étaient admis aux cours de celui des Jésuites. Fabroni suivit deux cours de rhétorique, l’un le matin, l’autre le soir. Son professeur du soir, le P. Giuseppe Maria Mazzolari, était excellent, celui du matin, le P. Girolamo Pichi, était le plus inepte des professeurs ; il donnait quelquefois pour devoir à ses écoliers une de ces petites antiennes que l’église chante aux fêtes des Saints. Fabroni aima mieux passer pour inepte lui-même aux yeux d’un maître que de se distinguer dans ce genre de compositions ; mais ayant trouvé, dans la classe du soir, l’occasion de faire un discours latin contre les plagiaires qui se font une réputation aux dépens des auteurs qu’ils ont pillés, ce discours reçut, dans le collège, une approbation générale, et donna de grandes espérances de son auteur. Il était à Rome depuis trois ans, et avait, dès la première année, perdu son père, qui l’avait laissé sans fortune.
Il avait étudié la logique, la physique, la métaphysique, la géométrie, et sentait la nécessité de se livrer à des occupations utiles, lorsqu’il fut présenté au prélat Giovanni Gaetano Bottari, vieillard triste et sévère, qui lui fit cependant un très favorable accueil. Il fut même arrangé entr’eux, peu de temps après, que Fabroni remplirait, pour lui, les fonctions d’un canonicat de Ste. Marie in transtevere. Bottari était un des soutiens du parti janséniste ; pour lui plaire, Fabroni se mit à étudier la théologie, et à traduire en italien des ouvrages français, tels que la Préparation à la mort, du Quesnel, les Principes et règles de la Vie chrétienne, de Letourneux, et les Maximes de la marquise de Sablé ; ce dernier ouvrage était accompagné d’amples Commentaires. Ils parurent tous trois chez Pagliarini, qui était le libraire ordinaire de la secte; ainsi, un élève des Jésuites fit ses premières armes littéraires sous la bannière de Jansénius.
Il remarqua bientôt que les livres qui réussissaient le mieux à Rome étaient écrits en latin ; il s’était habitué, dès sa jeunesse, à écrire élégamment en cette langue : le premier ouvrage latin qu’il publia fut une Vie du pape Clément XII. Elle est fort médiocre, au style près ; mais il serait difficile de la juger plus sévèrement qu’il ne la jugeait lui-même. Le cardinal Neri Corsini en fut cependant si satisfait, qu’il fit les frais de l’impression, et récompensa en outre magnifiquement Fabroni. Peu de temps après, il fut choisi par le maître du sacré palais pour prononcer devant Benoît XIV, dans la chapelle pontificale, un discours latin sur l’Ascension ; le pape, à qui il le présenta, reçut cet hommage avec une bonté particulière, et saisit, peu de temps après, l’occasion de lui faire du bien. La princesse Camille Rospigliosi avait laissé, en mourant, une somme d’argent qui devait être partagée entre des jeunes gens auxquels il était imposé pour condition d’être citoyens de Pise, d’étudier la jurisprudence, et d’avoir pris tons leurs degrés dans cette faculté.
Les ancêtres de Fabroni avaient été admis, dès le commencement du XVIIe siècle, parmi les patriciens de Pise ; il avait fait son droit à Cesena, et y avait été reçu docteur ; enfin, depuis plusieurs années, il joignait l’étude des lois à celle de la théologie ; il demandait donc à avoir part au legs de la princesse ; il éprouvait, de la part de la famille, des refus, que Benoît XIV fit cesser en disant seulement qu’il désirait qu’on ne lui fit pas d’injustice. Fabroni put alors vivre avec plus d’aisance et se laissa, pendant quelques années, entraîner à la dissipation du monde, sans cependant interrompre ses études, ni perdre le goût des bonnes mœurs. La jurisprudence ecclésiastique était toujours l’object particulier de ses travaux ; il étudiait surtout à fond le Jus ecclesiasticum de van Espen ; il resserrait ou étendait le texte de cet auteur, et y faisait des additions et des notes ; enfin, il avait fait, sur ce livre, un nouveau livre qui aurait pu être utile pour l’étude de cette branche du droit ; mais il ne l’a point publié et n’y a jamais mis la dernière main.
Au bout de huit ans, terme auquel expirait le bienfait des Rospigliosi, il quitta enfin ce genre d’étude, qu’il n’avait embrassé que par convenance et par raison, et il se livra entièrement aux belles-lettres. Il prononça en latin, dans l’église de Ste. Marie, l’oraison funèbre du prétendant Jacques François Stuart ; le cardinal d’York, fils de ce prince, présent à cette cérémonie, fut ému jusqu’aux larmes et témoigna, par un présent considérable, sa satisfaction à l’orateur.
Ce fut vers ce temps-là que Fabroni conçut l’idée d’écrire en latin les vies des savants Italiens qui ont fleuri dans le XVIIe et le XVIIIe siècle, ouvrage qui devint, dès ce moment, le principal objet de ses recherches, de ses travaux, et qui a le plus contribué à sa réputation. Il en publia le premier volume en 1766 ; il avait donné, peu de temps auparavant, une traduction italienne des Entretiens de Phocion, de l’abbé de Mably. Cette publication ne fut pas généralement approuvée : à Venise, surtout, quelques patriciens regardèrent l’austérité de mœurs, recommandée aux républiques par Phocion, comme une censure de la licence que le Sénat était accusé d’autoriser parmi le peuple pour le distraire et l’asservir. Ils voulurent faire censurer l’ouvrage et prohiber la traduction ; mais la partie la plus sage du Sénat blâma cette rigueur, et permit qu’on en fît, à Venise même, une seconde édition. Cependant l’admiration de Fabroni pour un philosophe qui enseignait des choses qu’à Rome[1], selon ses propres expressions, on ignore ou l’on méprise ; son éloignement pour les démarches et pour les complaisances qui conduisent aux honneurs, et enfin, s’il faut l’en croire, l’inimitié des Jésuites, à qui ses liaisons avec Bottari le rendaient suspect ; toutes ces causes s’opposaient à son avancement et l’écartaient du chemin de la fortune ; il céda enfin aux instances d’amis puissants qui l’appelaient à Florence ; il s’y rendit en 1767, et le grand-duc Léopold lui donna, comme on le lui avait fait espérer, la place de prieur du chapitre de la basilique de Saint-Laurent.
Il partagea son temps entre les fonctions religieuses de sa place, qu’il remplissait avec beaucoup d’exactitude, et ses travaux littéraires, qui devinrent son seul amusement, ayant dès lors, à la musique près, renoncé aux plaisirs du monde qui prenaient à Rome une partie de son temps. Deux ans après, il obtint un congé pour aller à Rome revoir ses anciens amis. Le cardinal Ganganelli, qu’il avait compté autrefois parmi ses protecteurs, et qui venait d’être élevé au pontificat, lui fit le plus gracieux accueil, le nomma, presque malgré lui, l’un des prélats de la chambre pontificale, et fit, pour le retenir à Rome, les plus grands efforts ; mais Fabroni, attaché par la reconnaissance au grand-duc, qui venait encore de le créer provéditeur de l’Université de Pise et prieur de l’Ordre de Saint-Étienne, résista aux offres et aux instances du pape, sur les promesses duquel il fait d’ailleurs entendre assez clairement qu’il ne fallait pas toujours se fier. Après avoir fait un voyage à Naples, où il fut reçu avec bonté par la reine, et bien vu des gens de lettres et des savants, il retourna directement à Florence. Il profita de son crédit auprès du grand-duc pour obtenir la permission de tirer, des archives de Médicis, des lettres de savants du XVIIe siècle, adressées au cardinal Léopold de Médicis, qu’il publia en deux volumes, et qui jettent beaucoup de lumière sur l’histoire littéraire de ce temps-là. Il engagea un certain nombre de gens de lettres à entreprendre avec lui le journal de’ Letterati de Pise, dont ils firent paraître, par an, quatre volumes, et dont il fournissait lui-même une grande partie. Cette entreprise lui occasionna un surcroît de travail, souvent excessif, et lui attira, comme il arrive toujours, beaucoup de désagréments. Mais il la soutint avec courage, et poussa jusqu’à cent deux volumes la collection de ce journal.
Au milieu des travaux dont il était occupé, il apprit que le grand-duc l’avait choisi pour précepteur de ses enfants. Il craignit que cette faveur n’excitât contre lui l’envie ; et, ne pouvant se soustraire au joug honorable qui lui était imposé, il crut devoir s’éloigner de Florence jusqu’au moment où il devrait entrer dans les fonctions de son emploi. Il demanda donc la permission de voyager. Le grand-duc non-seulement le lui permit, mais lui fit compter, par le trésor de l’Ordre de Saint-Étienne, la somme nécessaire pour son voyage. Fabroni vint à Paris, y fit un assez long séjour, passa en Angleterre, où il ne resta que quatre mois, et revint en France.
A Londres comme à Paris, il vit ce qu’il y avait de plus élevé par rang et de plus distingué dans les sciences, les lettres et les arts. Mais il mettait une grande différence entre le caractère et la manière de vivre des deux nations, et toutes ses préférences étaient pour les français. Il retourna en Toscane dans l’été de 1773 ; le grand-duc avait changé d’avis relativement à l’éducation de ses enfants ; quelle que fût la cause de ce changement, Fabroni s’en félicita, et se trouva heureux de conserver son indépendance. Son Recueil biographique devint plus que jamais son travail de prédilection. Il retoucha, augmenta et publia de nouveau cinq volumes de Vies qui avaient déjà paru. Il en ajouta de nouvelles, qui se suivirent rapidement. Enfin il forma le projet d’écrire, indépendamment de ce Recueil, la Vie de trois grands hommes qui ont fondé la gloire et l’élévation de la maison de Médicis. Il commença par Laurent le Magnifique, remonta ensuite à son aïeul, Cosme l’Ancien, père de la patrie, et redescendit à son fils, le pape Léon X, mais seulement huit ans après avoir publié la Vie de Cosme. Dans cet intervalle il fit un voyage en Allemagne, visita Vienne, Dresde, Berlin, vit les grands, les savants, les académies, et fut à son retour, en 1791, engagé par le grand-duc à écrire l’Histoire de l’Université de Pise. Il en publia trois volumes en moins de quatre ans, sans interrompre ses Vies des savants, ni la composition de sa Vie de Léon X, ni son Journal. Il continua ce dernier ouvrage jusqu’à la première entrée des Français en Italie (1796), qui interrompit les communications entre la Toscane, la Lombardie, Venise, et plusieurs autres états avec lesquels il avait besoin de correspondre pour alimenter son Journal.
Ses autres travaux souffrirent aussi des circonstances publiques. Cependant à Lucques, où il alla passer deux mois, en 1800, il écrivit encore les Vies de deux savants (Beverini et Tabarrani) ; mais il sentit les premières atteintes de douleurs de goutte, qui augmentèrent bientôt, au point de lui interdire toute espèce de travail. Lorsqu’elles lui laissaient quelqu’intervalle, il revenait aux objets habituels de ses études. Mais en 1801, il se fit en lui un changement de goûts et de volontés ; il dit adieu aux occupations littéraires, et se livrant exclusivement à celles qui avaient la religion pour objet, il n’écrivit plus que des ouvrages de dévotion, tels que, pour la Fête de Noël, en 1801, pour Notre-Dame de Bon Secours. en 1803. A cette dernière époque de vie. il se reprochait quelques légèretés et quelques traits de passion qui lui étaient échappés dans ses écrits ; il se repentait surtout d’avoir dit, en parlant des Jésuites, qu’ils étaient comme les cochons, qui, lorsque vous en avez blessé un, fondent tous ensemble sur vous ; et il est vrai que cela n’était digne, ni d’un aussi bon chrétien, ni d’un aussi élégant écrivain. C’était dans la Vie d’Apostolo Zeno qu il avait écrit cette phrase ; et, par un oubli des bienséances, presque incroyable dans un homme tel que lui, il avait dédié et adressé cette Vie au célèbre Tiraboschi, son ami, qui avait été jésuite, et qui, malgré la douceur de son caractère, ne put pas n’en être point offensé.
Aux vacances de l’Université de Pise, Fabroni se retira dans une solitude auprès de Lucques, appelée S. Cerbon, chez les Franciscains réformés, uniquement occupé, pendant un mois, de sa fin qu’il sentait approcher. De retour à Pise, il ne fit plus que souffrir, et voir s’accroitre chaque jour les progrès de son mal. Il expira enfin 22 septembre 1803, après avoir rempli tous les devoirs de la religion. Ses obsèques furent faites avec magnificence dans l’église de S. Étienne, et sa sépulture décorée d’une inscription honorable. On en a gravé une autre plus-étendue an dessous de son buste en marbre, placé à Pise, dans le Campo-Santo. On a dû aussi en mettre une en son honneur dans le nouvel hôpital de Marradi sa patrie, pour la fondation duquel il avait donné le premier une somme d’environ trois mille écus, et auquel il avait procure des libéralités considérables, tant de la part des princes de Toscane, que de ses plus riches concitoyens.
Les principaux ouvrages de Fabroni sont :
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