Andrée Borrel ( - ) fut une agent secret français, pendant la Seconde Guerre mondiale. D' à fin 1941, elle utilisa sa maison de Canet-Plage comme maison sûre pour le réseau d'évasion Pat Line. Contrainte de fuir, elle passa quelques mois à Lisbonne, où elle travailla dans un bureau de la France libre. Parvenue en Angleterre, elle fut recrutée par le SOE, section F, puis entraînée et envoyée en mission en France, où elle fut la première femme à être parachutée par le SOE, en même temps que Lise de Baissac. Elle assura alors, auprès de Francis Suttill, la fonction de courrier du réseau Prosper-PHYSICIAN basé à Paris. Après neuf mois d'action clandestine, lors de l'effondrement du réseau fin , elle fut arrêtée par les Allemands. Déportée au camp de Natzweiler-Struthof, elle y fut exécutée à l'âge de 24 ans.
Service historique de la défense - site de Caen (d) (AC 21 P 27427, AC 21 P 628978) Service historique de la Défense - site de Vincennes (d) (GR 16 P 74769, GR P 28 4 385 232) Archives nationales du Royaume-Uni (HS 9/183)
Andrée Raymonde Borrel naît[N 1] le à Paris 8e, quitte l'école à quatorze ans et travaille dans une boulangerie puis dans un bazar pour aider sa famille[1]. Sa sœur aînée la présente comme un «garçon manqué». En 1939, membre de la Fédération française féminine de cyclisme, elle se classe 5e de la course Pontoise-Meru-Pontoise[2]. Elle s'engage peu après dans la guerre civile en Espagne et rentre à Paris au début de la Seconde Guerre mondiale[1].
Sa mère et elle déménagent à Toulon où elle devient membre de l'Association des Dames de France, soignant les soldats blessés dans un hôpital à Beaucaire. À l'armistice, elle rejoint le Réseau Pat O'Leary dirigé par le médecin belge Albert Guérisse[N 2]. Elle s'occupe d'un des derniers refuge avant les Pyrénées, près de Perpignan mais fin 1941, une partie de la filière est trahie et elle doit elle-même fuir à Lisbonne puis en Grande-Bretagne en [1].
Le , elle est parachutée avec une autre agente, Lise de Baissac, près de Bois Renard (sur la commune de Saint-Laurent-Nouan[3] dans le Loir-et-Cher) où elle est réceptionnée par Pierre Culioli et Yvonne Rudellat[4]. Elle se dirige vers le nord de Paris pour organiser l'arrivée de Francis Suttill le 1er octobre dont elle devait devenir le courrier dans le réseau Prosper-PHYSICIAN[5]. Avec le temps, elle prend une place importante dans le réseau, tenant les conversations pour Suttill dont le français n'est pas très bon. Sous leur commandement, le réseau devient le plus important de la Section F du SOE[6]. Sans que le réseau ne le découvre, une liste avec des membres du réseau tombe aux mains de l'Abwehr qui se met en action en [7]. Le , elle est arrêtée dans un appartement parisien avec Gilbert Norman, le radio du réseau, par la police allemande[8].
Arrestations de Gilbert Norman et d'Andrée Borrel
[Sources: Guillaume, p.74; Maloubier, p.160-161]
Entre minuit et minuit 15, on sonne à la grille du jardin, 75, boulevard Lannes. Nicolas Laurent se lève et va ouvrir la porte à un jeune homme, qui demande à parler à Gilbert de la part d'«Archambault». Nicolas Laurent rentre, réveille Gilbert Norman et lui annonce qu'on le demande. L'heure insolite de cette visite les inquiète tous les deux; mais, quand Nicolas Laurent ajoute: «On vous demande de la part d'Archambault», Gilbert rassuré se lève aussitôt. «Archambault» est le pseudo de Gilbert Norman, ignoré du couple Laurent. Gilbert Norman a dû conclure de cette phrase «de la part d'Archambault» que le visiteur était un messager important. Il met donc sa robe de chambre et va ouvrir la porte du jardin; quinze hommes se précipitent sur lui et l'arrêtent.
L'entrée principale de l'immeuble au 96, avenue Henri-Martin, ne semble pas avoir été occupée par les Allemands. Au dire de Nicolas Laurent, les quinze hommes, qui vinrent en deux voitures, étaient aux aguets boulevard Lannes, et d'ailleurs, n'auraient pu encercler le pâté de maisons qui occupe un périmètre d'environ 300 m. Si l’inquiétude de Gilbert n'avait pas été entièrement dissipée par le nom d’Archambault, il aurait pu facilement, sinon s'échapper par la porte de l'avenue Henri-Martin, peut-être surveillée, mais tout au moins s'enfuir par les toits et trouver refuge dans un autre immeuble, au lieu de descendre spontanément recevoir cet insolite et mystérieux visiteur.
Puis les Allemands arrêtent Andrée Borrel, Nicolas Laurent et sa femme Maud.
On raconte qu'elle resta muette aux interrogatoires, méprisant ses interrogateurs[9]. Elle est envoyée au centre pénitentiaire de Fresnes où elle reste pendant un an avant d'être envoyée avec sept autres femmes agentes du SOE dans la prison civile pour femmes de Karlsruhe[10].
Rapport d'après-guerre sur les efforts pour localiser Andrée Borrel. Elle a été identifiée comme une agent secret de S.O.E., le rapport a donc été étiqueté «SECRET» (haut de page).
Le , elle est sortie de sa cellule et envoyée au camp de concentration de Natzweiler-Struthof pour un «traitement spécial» avec trois autres agentes, Sonia Olschanezky, Vera Leigh et Diana Rowden[11]. Le soir-même, elles sont emmenées une à une dans une baraque voisine où on leur injecte une dose mortelle de phénol avant de transporter leur corps dans les fours crématoires[10]. Lors du procès de Natzweiler, un ancien prisonnier qui s'occupait du chargement des fours raconta qu'un des corps se débattit et cria lorsqu'on le mit dans le four[10],[12].
Une plaque, placée à l'intérieur du crématorium, inaugurée en 1975 par le Premier ministre Jacques Chirac, y est dédiée à Andrée Borrel et aux trois autres femmes agents du SOE exécutées en même temps qu'elle, Diana Rowden, Vera Leigh et Sonia Olschanezky.
Le Centre Européen du Résistant Déporté y a été inauguré le par le Président Jacques Chirac, accompagné par le ministre de la Défense, MmeMichèle Alliot-Marie, et par le Ministre Délégué aux Anciens Combattants, M. Hamlaoui Mekachera. Après avoir déposé une couronne «à la Mémoire des Martyrs et Héros de la Déportation», ils sont descendus jusqu'au crématorium.
À la mairie du 9earrondissement de Paris, 6 rue Drouot, le nom d’Andrée Borrel figure parmi ceux qui sont gravés sur une plaque de la cour d’entrée, à la mémoire des habitants combattants des guerres de 1914-18 et 1939-45 morts pour la France.
Vue d'ensemble du monument érigé à la mémoire d'Andrée Borrel et Marie-Lise de Baissac sur la commune de Saint-Laurent-Nouan au lieu-dit Bois-Renard, lieu de leur parachutage dans la nuit de 24 au 25 septembre 1942. Inauguré le 25 septembre 2022. Monument érigé à la mémoire d'Andrée Borrel et Marie-Lise de Baissac sur la commune de Saint-Laurent-Nouan (Loir-et-Cher) au lieu-dit Bois-Renard, lieu de leur parachutage dans la nuit de 24 au 25 septembre 1942. Inauguré le 25 septembre 2022. Coordonnées GPS: 47.664599,1.600769.
Brian Stonehouse, agent SOE et peintre, qui a vu Andrée Borrel et les trois autres femmes au camp de concentration de Struthof juste avant leur mort, a peint une aquarelle poignante des quatre femmes, accrochée au Club des Forces spéciales à Londres le [23].