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poétesse française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Amélie Murat, née le à Chamalières et morte le à Clermont-Ferrand, est une romancière et poète française.
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Laure Marie Amélie Murat est née à Chamalières et est morte à Clermont-Ferrand, dans le quartier de Montferrand[1].
Georges Desdevises du Dezert écrit[2] : « M. Murat, son père[3], était d'origine paysanne. Sa mère, une demoiselle Filz[4], était arrière-petite-fille d’un préfet de l'Empereur. » La grand-mère d'Amélie, G.-A. Filz (1821-1903), « une femme très instruite, assez bas-bleu », est la fille de Toussaint Danse[1],[5],[6], percepteur, issu de Claude VII Danse de Boisquenoy (1744-1835)[7], écuyer, conseiller et secrétaire du roi[8], maison et couronne de France près le Parlement, marié dans l'Aisne à Geneviève Hélène de Grobignac[9].
Amélie Murat naît dans une vieille maison du vieux Chamalières[N 1]. Elle a une sœur, Jeanne, de deux ans son aînée. Elle perd sa mère à quatorze mois, puis son père à quatre ans ; élevée par sa grand-mère maternelle, elle étudie avec sa sœur au Couvent Notre-Dame de Chamalières[10]. Desdevises du Dezert rapporte qu'Amélie Murat est une élève moyenne mais qui apprécie tellement la poésie qu'elle devint « le poète ordinaire du pensionnat, célébrant les fêtes et les anniversaires ; les compliments aux autorités ecclésiastiques lui étaient confiés »[2].
« Car à la verité les Poëtes sont sacrez, et ont quelque chose de divin en eux, que le reste du peuple n’a pas, mesme que selon la verité, l’on dict que le Poëte naist poëte. » — Pierre de Laudun d'Aigaliers, L’Art poétique françois, Paris[11].
Elle quitte l'école en 1898, à l'âge de 16 ans sans diplôme et, pendant dix ans, se forme seule par ses lectures, notamment Verlaine, Rimbaud et Samain dont l'influence profonde se remarquera dans son œuvre[12]. Et elle écrit[13]. À dix-neuf ans, elle fait plusieurs voyages avec sa sœur et sa grand-mère, d’abord à Lyon et en Suisse, puis sur la Côte Basque. À 21 ans, elle perd ses deux grand-mères[N 2]. Malgré une jeunesse assombrie par des deuils successifs, Amélie Murat exprime son espoir en la vie dans ses premiers recueils[10], et dépeint la nature de son pays telle que sa souche paysanne paternelle la ressent - sans l’idéaliser ; même si poètes et critiques décelèrent du Lamartine dans ses premiers recueils[12]. Le journal Le Temps évoque même une hérédité de sa famille avec celle d'Alphonse de Lamartine[14].
Climat grand parental maternel d’Amélie Murat
Une circonstance datant de juste avant la Révolution rapproche les deux familles, la grand-mère maternelle du grand poète tout comme le bisaïeul paternel d’Amélie ayant chacun la charge d’éduquer les deux fils ainés de Philippe Egalité[15] au Palais-Royal[16]. La première, de 1773 à 1779 : Madame Desroys, née Marguerite Gavault, mère d’Alix de Lamartine ; le second entre octobre 1783 et 1789 : François-Etienne Filz[17],[18] (beau-frère d'Étienne Bézout). Lamartine, de ce fait, est resté proche des descendants Filz ; veuve à 35 ans de Louis Etienne Filz, Laure Gémeau — sœur du général Gémeau et mère de deux enfants de 17 et 10 ans — devint l’épouse de Fortuné Leydet avec qui le poète partageât une amitié des plus solides au Parlement. « Voyez le général Leydet, mon excellent ami » écrit-il au comte Guigue de Champvans[19]. Prévu pour être témoin de Lamartine dans un duel avec M. Thiers[20],[N 3], de Laidet était en effet un vaillant : André Castelot écrit dans son Napoléon III « On admire la belle résistance du général Leydet, qui montre dans cette circonstance [Coup d'État du 2 décembre 1851] une énergie morale qui avait survécu à l'affaiblissement de ses forces physiques ».
Plus près de la petite orpheline de 14 mois qu’était Amélie, sa grand-mère maternelle Adélaïde Geneviève Robertine Filz, née Danse, elle-même cousine de Jean Charles Gabriel Danse était très lettrée[2]. Elle l’éleva. A son décès Amélie avait 20 ans — largement le temps pour l'enfant prodige en poésie de s'affirmer à son contact. « Dans Le Poème de l’eau (Livre de poésie, p. 9) Amélie Murat fait parler le lac et rappelle explicitement Lamartine : Je suis, − conte le Lac − le miroir romantique / embué par la fraîche haleine du matin […][21]. Le rayonnement du poète familier brillait. La tante d’Amélie, sœur de sa mère, Marie Sahutié, née Filz (1880-1966) — secrétaire du Comité lamartinien de Paris dirigé par Georges Maurisson — a légué aux bibliothèques (municipale et universitaire) de Dijon tous les documents et livres qu’elle avait rassemblés pendant 40 ans par attachement pour l'ami passionnant, proche de son grand-père par alliance[22]. Le «penser» du célèbre écrivain s’est donc transmis en patrimoine, et ce jusqu’à l'Auvergnate du Puy de Dôme, comme la nomme Robert Sabatier[23].
« Avec le temps, la poésie d'A. Murat mûrit et atteignit une forme bien personnelle »[12].
L’affection qu'elle porte à sa sœur est réciproque et, très attachées à leur Auvergne natale[24], elles conservent un appartement à Chamalières tout en séjournant chaque année à Paris chez leur oncle[N 4],[10]. Avide de lire, Amélie Murat est particulièrement attirée par la poésie du Belge Georges Rodenbach, de l’Italien Gabriele d'Annunzio et de l’Indien Rabindranath Tagore. Elle s'installe à Paris à 20 ans et commence à fréquenter des cercles littéraires, où elle rencontre des personnalités comme Henri de Régnier et Pierre de Nolhac[25]. En 1907, elle remporte le prix Femina[26]. Elle est alors considérée comme pensive et distinguée et a lu Huysmans et Pascal[27]. L'année suivante, des poésies d'elle sont lues en public par des actrices de la Comédie Française[28]. Appréciée, l’œuvre d'Amélie Murat trouve facilement un éditeur, et en 1908, à vingt-six ans, elle publie son premier recueil de vers, D’un cœur fervent, chez Sansot. S’y dessinent les courants que suivra l'esprit du poète durant toute sa vie. Dans la forme parnassienne, livrer — avec lyrisme et musicalité symbolistes[N 5] — la pensée génératrice de ses poèmes en termes recherchés.
Amélie Murat et sa sœur vendent leur maison de Chamalières pour s’installer dans le quartier de Passy, un petit appartement au 7 rue Lekain. À la suite de la publication de son second recueil Le Livre de poésie en 1912, les écrivains Pierre de Bouchaud, Frédéric Plessis et Camille Gandilhon Gens d'Armes l’introduisent dans les milieux littéraires parisiens[27] ; elle est membre du comité de La Veillée d'Auvergne de Paris[29], participe sur invitation aux matinées poétiques[30], dîners et thés littéraires[31],[32]. Elle côtoie Hélène Picard[N 6], Charles Grandmougin et Juliette Adam, chez qui elle rencontre Maurice-Pierre Boyé, avec qui elle noue une amitié qui durera jusqu'à sa mort[N 7]. Dans les années 1920, Amélie Murat tient un salon dans son appartement, rue Lekain, où se retrouvent Maurice-Pierre Boyé, Marie-Louise Vignon, Henriette Charasson, Geneviève Duhamelet, Herminie de La Brousse de Verteillac, Isabelle Sandy, André Foulon de Vaulx, André Dumas, Ernest Prévost, Camille Gandilhon Gens d'Armes et Georges-Louis Garnier, ainsi que le docteur Jean Heitz, père de Georges Heitz, directeur de L'Ermitage[33],[N 8].
Amélie Murat partage son temps entre Paris et l’Auvergne à laquelle elle reste très attachée[34]. « Les deux sœurs revenaient chaque année passer la belle saison à Royat dans une toute petite maison à demi-cachée, sous les roses, près de l'école communale. [Amélie Murat] aimait vagabonder par les bois de la Pauze et du Creux d'Enfer, à s'asseoir dans l'herbe le carnet et le crayon à la main »[2]. À Royat, elle retrouve des connaissances : Paul Hazard, Gabrielle Reval et Fernand Fleuret[35]. Durant la saison thermale, elle y tient une librairie, La Plume d’or[36], créée en 1926 à son intention par le romancier Jean Ajalbert, et financée par Auguste Rouzaud, fondateur à Royat de la chocolaterie La Marquise de Sévigné. Située dans le parc thermal du Haut-Royat, cette boutique contenait au rez de chaussée les œuvres d'auteurs auvergnats contemporains et autres[27],[37]. Quelques dames de la société clermontoise s'indignent de voir Amélie Murat se faire marchande et ne la reçoivent plus que le matin[2]. La poétesse continue cependant à tenir sa librairie pendant la saison thermale[2]. À la faveur de la renommée nationale et internationale de la station et bénéficiant de la fidélité et de l’admiration de ses relations parisiennes, Amélie Murat convertit rapidement ce lieu en un véritable salon littéraire qu’elle anime de la même façon que chez elle à Paris, et où se rencontrent entre autres Maurice Barrès, le cardinal Alfred Baudrillard[36], Pierre de Nolhac[38],[39] et Jean Ajalbert, Maurice Maeterlinck, Paul Bourget, Henri Pourrat et Anna de Noailles.
Pendant la Grande Guerre, les deux sœurs Murat restent à Paris, mais à la fin du conflit Amélie attrape la grippe espagnole. Dès lors, sa santé ne cesse de se dégrader[2]. En 1920, une déception amoureuse marque la poétesse. Elle perd sa sœur, âgée de 46 ans, quelques années plus tard[N 9]. Amélie Murat vit alors dans la pauvreté[40],[41]. Puis, à la suite d'une congestion pulmonaire survenue en 1933, elle passe ses derniers hivers à Vence dans le Midi. Les gens de lettres[Lesquels ?] se montrent généreux pour la malade et lui facilitent le séjour là-bas sans alarmer sa fierté[2]. Sentant ses forces décliner, elle écrit Le Chant de la vie (1935), Du Bonheur quand même (roman resté inédit[42]) et Vivre encore (1937). Maurice-Pierre Boyé écrit : « N’est-il pas en effet, significatif et poignant, dans un tel état de chose, d'âme et de chair, que ses derniers recueils s'intitulent ainsi et qu'elle ait donné à son dernier recueil posthume, édité par le fidèle Charles Forot, cet axiome goethien : Poésie, c'est délivrance ? »[35]. En 1938, son état de santé s'aggrave et elle interrompt ses travaux. Hospitalisée à Durtol[43] puis dans une clinique de Montferrand que dirige une de ses amies d'enfance, elle y meurt le 8 mars 1940, à 58 ans. Elle est inhumée au cimetière de Chamalières[44] près de ses grands-parents paternels, de ses parents et de sa sœur Jeanne. Henriette Charasson et Marie-Louise Vignon, une de ses plus fidèles amies, écrivent des articles en son hommage dans la presse[N 10].
Une association, le Cercle Amélie Murat, a fait réaliser son buste par une sculptrice en 1956. Il est aujourd'hui situé dans le Parc Thermal, à Chamalières[45]. La médiathèque de Chamalières porte son nom. Le prix Amélie-Murat, décerné par la ville de Clermont-Ferrand, récompense chaque année un recueil poétique.
Lauréate du concours Femina 1907, tournoi annuel de poésie organisé par la revue Femina, créée en 1905 par l'éditeur Pierre Laffite[46], les prix se succèdent. Son recueil Bucoliques d'été a été couronné du prix François-Coppée de l’Académie française en 1921 ; Chants de minuit et Le Chant de la vie ont reçu le prix Jules-Davaine de l'Académie française en 1926 et 1935[47]. En 1930, pour Solitude, ce fut le prix Jean-Moréas. La Société des gens de lettres lui décerna en 1922 le prix Alfred de Musset pour son roman La Maison heureuse et en 1935 le prix de la Fondation Henri Bergson pour l'ensemble de son œuvre, prose et poésie[48],[49]. Admise à la Société des poètes français en janvier 1910, parrains Auguste Dorchain et André Foulon de Vaux[50]
Décoration
Robert du Corail, dans le Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne 1932, s'exprime ainsi[52] :
« L'originalité de l’œuvre d'Amélie Murat sera donc moins la beauté de la nature qui la séduira à la façon d’Anna de Brancovan, comtesse de Noailles, que le tableau d’une intimité où son cœur puisse se fixer et s’épanouir. Un hymne à la terre natale est une exception dans son œuvre. On l’y découvre avant tout elle-même, analysant les nuances de ses émotions et les ferveurs de ses tendresses. Qu’ils soient des cris de douleur ou des chants d’apaisement, ils marquent le sceau de sa destinée. Une pensée dominante se dégage de l’œuvre de Mlle Amélie Murât : la recherche de l’amour absolu et du bonheur qui fuit. Désir, ferveur, regret, c’est elle tout entière. À la joie éphémère, elle espère cependant parfois qu’une autre joie plus durable succédera enfin, et c’est en Dieu qu’elle voudrait la chercher. Sa poésie très humaine est émouvante. Attentive à la beauté de la forme, elle évite les extravagances de style et les mystères de l’inintelligible. Elle dit et touche juste en gardant toujours un sens profond de l’art. »
Amélie Murat, que la nature avait créée mince et fragile, est une écrivaine prolifique et touche-à-tout : poésies, romans, critiques, conférences ; « c’est comme poète qu’elle a conquis sa place dans le monde des Lettres » — G. Desdevises du Dézert[53].
« Un talent sûr, personnel, une haute inspiration, une gravité peu commune » — Marguerite Henry-Rosier[54].
Henri Bremond écrit dans son Manuel de la littérature catholique[55] « Poète admirable du cœur féminin, Amélie Murat a élevé une œuvre d'un art très sûr, d'une qualité rare, d'une parfaite noblesse. »
Du au , Colette confie sa rubrique à Amélie Murat dans le quotidien Le Matin, soit 11 numéros[57][source insuffisante] :
Quelques traces :
Amour de page, pièce en 2 actes, 1 prologue et en vers (Fonds théâtre de l'Odéon, Paris cote Col-376)[66].
« Amélie Murat, la première de nos poétesses d’aujourd’hui (un peu moins de génie peut-être qu’Anna de Noailles mais combien plus de talent !) » Louis Chaigne[67].
Amélie Murat est une fine poétesse chrétienne qui préfigure, en quelque sorte, Marie Noël. Son œuvre exprime un indiscutable talent. Il y a dans ses poèmes des questionnements éternels et l’aveu d’une âme souvent rebelle[68].
.« Précisément je faisais remarquer, il y a peu de temps, que les seuls livres, ou presque, qui me touchaient à quelque profondeur, parmi ceux qui paraissent aujourd'hui, étaient des livres de femmes. (...) et tout à l'heure encore, de toute une anthologie de poètes modernes, trouvés par hasard, ce qui me frappait le plus, c'étaient encore des vers d'une femme : Madame Amélie Murat. Bref, je crois que, en matière de poésie, c'est toujours de femmes que je recevrai le plus, parce qu'elles surtout y ont « le chant profond », de nos jours où la mode est ailleurs. » Henry de Montherlant[69].
A propos du Sanglot d’Ève, « Le pathétique des sentiments éclate dans la belle coulée de vers éloquents qui eussent réconcilié Verlaine avec l’éloquence en matière de poésie. Rarement un vers n’a pas sa totalité humaine de substance pensée ou sentiment et jamais aucun ne déçoit par la faiblesse de l’art et la vanité du trait. Cette poésie drue et lumineuse fait d'Amélie Murat non seulement l'un des meilleurs poètes d'aujourd'hui, mais l'un de ceux qui sans rien trahir des mérites féminins et des particularités du sexe, donnent au terme de « viril » toute sa portée morale. » Hector Talvart[70].
« Il nous a suffi de lire, un beau jour, quelques vers d’Amélie Murat pour que cette poétesse s’imposât immédiatement à notre sympathie. C’est qu’elle n’écrit pas pour la galerie ; nous sentons que, douée d’une âme exceptionnellement sincère, elle chante parce qu’elle n’eut pu vivre sans chanter, parce qu’elle est née pour cette tâche sacrée. En outre, formée à la bonne école, Amélie Murat connait toutes les ressources de son art, bannit les fautes de gout, et, grâce à son instinct de la mesure, demeure profondément humaine, quelque intimes que soient les joies et les douleurs dont elle nous fait l’aveu. » Albert Marchon[71].
« Le talent de Mlle Murât est oratoire et pathétique ; il est de tradition latine et française (...) œuvre d'harmonie. Logique des idées et des sentiments (...) éloquence du style et plénitude des vers. À un spiritualisme très ferme, qui est de nature et d'éducation, s'allie une sensualité délicate, une sensualité d'artiste. L'élévation d'une pensée toute nourrie de foi, la foi catholique, n'empêche pas que le poète ait le sentiment de la nature, le goût des tendresses humaines, et n'accepte l'apport de l'âme païenne en ce qu'elle a de beau et d'éternel. La perfection de la forme, l'abondante floraison d'images qui revêt de magnificence une pensée habituellement sévère et un souffle de passion contenue qui anime en profondeur, qui embrase intérieurement tant de poèmes. » Frédéric Plessis[72].
« La poésie de Mme Amélie Murat ne se distingue pas seulement (de celle de Mme de Noailles, par exemple), par le classicisme de la forme, la clarté et la netteté de l’expression, mais surtout par l’élévation, la noblesse des sentiments et des pensées qu’elle exprime généralement. »[73]
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