Alfred Einhorn est né à Hambourg, le . À la mort de ses parents, il est recueilli et élevé par des proches à Leipzig. Il étudie la chimie à l’université de Leipzig, puis à l’université de Tübingen où il suit l'enseignement de Lothar Meyer et où, en 1878, il est reçu docteur pour des travaux sur les cétones accomplis sous la direction de Wilhelm Staedel.
En 1882, il rejoint l’équipe d’Adolf von Baeyer au laboratoire de chimie de l’université de Munich. En 1885, il s'absente une première fois pour concourir avec succès à l'habilitation de l'École polytechnique de Darmstadt, qu'il obtient avec une thèse sur les β-lactones. Rentré aussitôt à Munich, il repart dès l'année suivante pour Aix-la-Chapelle où il est également habilité et où il enseigne pendant quelques années.
En 1891, il revient à Munich et s'y installe définitivement. Il se marie avec Margaret Daniel, fille de Daniel Hoïbaurats, de Schwerin, dont il n'a qu'un fils qui mourra en 1913 à l'âge de dix-sept ans. C'est à Munich que, sous la direction d'Einhorn, Richard Willstätter, futur récipiendaire du prix Nobel de chimie, obtient le doctorat en 1894[1] avec une thèse sur les dérivés de la cocaïne dépourvus d'azote. C'est encore à Munich, en 1904, que Einhorn découvre la Novocaïne. C'est là qu'il meurt, le .
Au début du XXe siècle, l’anesthésique le plus efficace reste la cocaïne, et ses effets secondaires, dont la toxicité, stimulent partout la recherche d’un médicament moins difficile à manier. Entre autres chimistes, Fourneau en France[2],[3] et Einhorn en Allemagne s'attellent à cette tâche. Einhorn synthétise plus de cent composés nouveaux. Certains d'entre eux, découverts en 1897 et 1898 avec le pharmacologiste Robert Heinz, sont actifs, comme l'orthoforme et le néo-orthoforme[4], mais aucun n'est soluble dans l'eau, sauf la nirvanine[5], mais qui se révèle localement irritante[6].
En , Ernest Fourneau dépose le brevet de la stovaïne, premier anesthésique local de synthèse réellement exploitable, soluble et non irritant[7],[8]. Un an plus tard, avec Emil Uhlfelder, Einhorn aboutit à la synthèse de l'acide 4-aminobenzoïque ß-diéthylaminoéthyle, breveté en [9],[10], mis en vente par Hoechst en 1905 sous le nom commercial de Novocaïne et introduit en chirurgie l'année suivante par Heinrich Braun[11].
La novocaïne se révèle nettement plus sûre et plus efficace que la cocaïne. Certes, ses effets sont moins importants et elle peut provoquer des allergies sévères, mais, la stovaïne mise à part[12],[13],[14], aucun médicament ne présente à l'époque autant d'avantages que la novocaïne qui devient une référence dans le domaine de l’anesthésie locale. Bien que largement remplacé par la lidocaïne, le médicament d'Einhorn est encore employé aujourd’hui, principalement en dentisterie. La stovaïne, quant à elle, est restée en usage pendant quarante ans, jusqu'à l'arrivée du penthotal[15].
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1898: (en) «On the Acylation of Alcohols and Phenols in Solution of Pyridine», Liebigs Ann., vol.301, , p.95-101, avec Friedrich Hollandt.
1899: (en) «On the Chemistry of Local Anesthetics», Münchener medizinische Wochenschrift(de), vol.46, , p.218-220.
1900: «Ueber die Glycocollverbindindungen des Ester aromatisiher Amido- und -Amidooxysauren», Liebigs Ann., vol.311, , p.125-131, avec Max Oppenheimer.
1904: «Ueber das Pyrogallol», Ber. Dtsch. chem. Ges., vol.37, , p.113-114, avec Jesaiah Cobliner et Hermann Pfeiffer.
1905: «Ueber die N-Methylolverbindungen der Säureamide [Erste Abhandlung.]», avec Eduard Bischkopff, Bruno Szelinski, Gustav Schupp, Eduard Spröngerts, Carl Ladisch et Theodor Mauermayer, dans Liebigs Ann., vol.343, no2-3, p.207-305.
1908: «Die Methylolverbindungen des Harnstoffs», avec Alexander Hamburger, dans Ber. Dtsch. chem. Ges., vol.41, no1, p.24-28.
1909: «Ueber neue Arzneimittel», dans Liebigs Ann., vol.371, no2, p.125-131.
1909: «Ueber den p‐Aminobenzoësäurediäthylamino‐und‐piperidoäthylester», avec Emil Uhlfelder, dans Liebigs Ann., vol.371, no2, p.131-142.
1911: «Zur Kenntnis acylierter Salicylsäuren», avec Leo Rothlauf et Rudolf Seuffert, dans Ber. Dtsch. chem. Ges., vol.44, no3, juillet-décembre, p.3309-3313.
Sur Einhorn
(en) Joel Leonard Dunsky, «Alfred Einhorn: The Discoverer of Procaine», dans Journal of the Massachusetts Dental Society, vol.46, no3, 1997, p.25-26(ISSN0025-4800).
(de) Hans Loewe, «Vom Cocain zum Novocain, dans Arzneimittelforschung, vol.6, 1956, p.43-50.
(de) Wilhelm Prandtl, «Das Chemische Laboratorium der bayerischen Akademie der Wissenschaften in München», dans Chymia, vol.2, 1949, p.81-97.
(de) Emil Uhlfelder, «Alfred Einhorn», dans Berichte der Deutschen chemischen Gesellschaft, vol.50, 1917, p.668-671.
(de) Hermann Wichelhaus(de), «Sitzung vom 23. April 1917: Alfred Einhorn», Ber. Dtsch. chem. Ges., vol.50, no1, , p.668-672 (résumé).
(en) Arthur Greenberg, From Alchemy to Chemistry in Picture and Story, John Wiley and Sons, Hoboken, New Jersey, janvier 2007 (ISBN978-0-471-75154-0), p.628-629.
Jean-Pierre Fourneau, «Ernest Fourneau (1872-1949)», dans Compte rendu de la séance publique annuelle de l'Académie nationale de pharmacie, Paris, , p.60-61.
Christine Debue-Barazer, «Les Implications scientifiques et industrielles du succès de la Stovaïne: Ernest Fourneau (1872-1949) et la chimie des médicaments en France», Gesnerus, vol.64, nos1-2, , p.38-41 (lire en ligne, consulté le ).
Théodore Tuffier, «Chirurgie de l’estomac», dans Alfred Ricard (dir.) et Eugène Rochard (dir.), Bibliothèque de chirurgie contemporaine, Paris, O. Doin, .
Barthélémy Drevon, «De la firme Poulenc à l'Institut Pasteur: Ernest Fourneau, fondateur de la chimie thérapeutique française», Mémoires de l'Académie de Lyon, vol.3, , p.43.
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes: