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Aldrich Hazen Ames, né le à River Falls[1] dans le Wisconsin est un officier de la Central Intelligence Agency (CIA) connu pour avoir été une « taupe » du KGB soviétique puis du SVR russe de 1985 à son arrestation par le FBI en 1994. Le , il est condamné à perpétuité pour espionnage.
Naissance | |
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Nom de naissance |
Aldrich Hazen Ames |
Nationalité | |
Formation |
Université de Chicago (jusqu'en ) Université George-Washington (licence) (jusqu'en ) McLean High School (en) |
Activités |
Espion, agent dormant, agent du gouvernement |
Père |
Carleton Cecil Ames (d) |
Conjoint |
Rosario Casas Dupuy (d) |
A travaillé pour | |
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Condamné pour |
Espionnage () |
Condamnation |
Life imprisonment without the possibility of parole (d) |
Lieu de détention |
Federal Correctional Institution, Terre Haute (en) |
Aldrich (surnommé « Rick ») Ames ressent très tôt le désir d'être un agent de la CIA. Son père, lui-même agent, alors en poste à Rangoon (Birmanie), lui sert de modèle. Très jeune, il commence à se former au complexe de « la Ferme », où étaient formés les futurs agents de la centrale américaine. Et c'est là, raconte-t-il, « qu'on lui a raconté qu'il faisait partie d'un service d'élite, vital à la survie des États-Unis … et que l'on était autorisé à mentir, tricher et tromper »[2].
Entré en 1962 à la CIA, Aldrich Ames gravit lentement les échelons, d'abord à Langley au siège de la centrale puis à l'étranger en tant qu'officier traitant. De 1969 à 1972, Ames est d'abord en poste en Turquie, se mariant avec Nancy Segebarth, elle aussi au service de la CIA. Il recrute une étudiante proche de Deniz Gezmiş dont il obtient les noms des membres du Devrimci Gençlik (ou Dev-Genç)[3].
Il rentre ensuite au quartier général de la CIA où il est affecté à la division URSS-Europe de l'Est de la direction des Opérations de la CIA. À ce titre, il a donc à s'intéresser, directement ou indirectement, à plusieurs informateurs soviétiques importants tels qu'Alexandre Ogorodnik, fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères recruté à Bogota (arrêté le à Moscou par le KGB, Ogorodnik se suicide en avalant une capsule de poison) ou bien encore Arkady Chevtchenko, numéro 2 de la représentation soviétique à l'ONU, qui fait défection en 1978[4]. Ames bénéficie alors d'une nouvelle promotion avec sa mutation à la station de la CIA à New York.
Puis, de 1981 à 1983, il est envoyé à Mexico. À son retour, il est nommé chef de section à la division contre-espionnage pour le département Europe de l’Est-URSS, puis officier de la CIA à Rome à partir de 1986 jusqu'en 1989. Les promotions s'enchaînent : de chef de la section Europe de l’Ouest à la Division Union soviétique/Europe de l’Est de la direction des Opérations de la CIA à son retour de Rome, il devient chef de la section Tchécoslovaquie de à . De à , il est membre du groupe chargé de l'analyse concernant l'URSS au centre de contre-espionnage (Counterintelligence Center) de la CIA, puis chef du groupe de travail sur le KGB de septembre à . À partir de et jusqu'à son interpellation, Ames travaille au centre anti-drogue (Counternarcotics Center) de la CIA.
Sa carrière de taupe commence dès 1985. Avec davantage d'attention, ses collègues auraient dû détecter certains signes avant-coureurs. Alors en poste à Mexico, Ames divorce et fait la connaissance de Mme Rosario Casas, citoyenne colombienne devenue une informatrice rétribuée de la CIA[5]. Il accumule les dettes de jeu et boit beaucoup trop. Toutefois, il ne fait l'objet d'aucune enquête de sécurité.
À Washington, Ames franchit le pas. En , il prend contact avec les représentants du KGB camouflés parmi le personnel diplomatique en poste. En échange de 50 000 $, il leur fournit les noms de trois agents doubles envoyés délibérément au KGB par la CIA. Devant l'importance de leur recrue, le KGB lui fournit un contact (Sergueï Chouvakhine[5]) spécialement chargé de récupérer les sacs contenant les documents et les disquettes qu'Ames leur transmet. Dès lors, Ames dans ses différentes affectations, ne cesse de transmettre à Moscou de nouvelles informations. Cette source sera tellement précieuse pour le KGB que celui-ci n'hésite pas à lui verser, en espèces ou en diamants, la somme totale de 4,6 millions de dollars, ainsi qu'un terrain au bord d'une rivière pour y faire construire plus tard une datcha.
Aldrich Ames a révélé nombre d'opérations menées par la CIA ciblant l'URSS, dont deux opérations techniques et au moins 25 citoyens du bloc soviétique travaillant pour la CIA[6] :
En , Aldrich Ames trahit deux autres agents qu'il avait personnellement traités à New York à la fin des années 1970 :
Ames a aussi fourni au KGB les identités de centaines d'agents de la CIA d'autres nationalités de par le monde[10].
Les enquêtes menées pour déterminer la cause de la perte d'autant d'agents sont extrêmement lentes. Ames subit deux passages de routine au détecteur de mensonge sans que sa trahison ne soit détectée. Et pourtant, les éléments suspects deviennent de plus en plus importants : son train de vie excédant largement son salaire annuel officiel de 60 000 dollars américains. En effet, figurent parmi ses dépenses :
À ceux qui s'étonnent du train de vie affiché et assumé par Ames, celui-ci répond que sa femme avait fait un héritage en Colombie.
Il semble qu'Ames ne soit démasqué que grâce à la trahison d'un officier du SVR. Baptisé du nom de code « Avenger », cet officier informe la CIA en 1993 de la présence d'une taupe au sein de l'Agence, donnant assez de détails pour orienter l'enquête sur Ames[11].
À l'occasion d'un échange d'espions en 2010, la firme américaine spécialisée dans le renseignement Stratfor rapporte une rumeur selon laquelle l'un d'entre eux, Alexandre Zaporojsky, avait donné des informations aux Américains ayant contribué à l'arrestation d'Aldrich Ames et de Robert Hanssen[12].
En 2019, il était incarcéré à l'« Institution correctionnelle fédérale de Terre Haute (en) »[13], dans l'Indiana.
Les remous de l'affaire Ames ont été nombreux.
Ouvrages sur l'affaire Ames :
Autres livres :
Aldrich Ames est un personnage secondaire important du roman Icon de Frederick Forsyth (1996). Forsyth y livre aussi une biographie assez documentée du célèbre espion.
En 1998, le réalisateur John C. Mackenzie a tourné un téléfilm de 95 minutes sur l'affaire Ames. Le titre original en était : Aldrich Ames: Traitor Within ; le titre français, Aldrich Ames, agent trouble. Le scénariste, Michael Burton, est resté relativement proche des faits réels. La musique a été confiée à Mark Ryder, la photographie à Walter Mcgill. Les acteurs principaux étaient Dwight Mcfee, Elizabeth Peña, Timothy Hutton et Joan Plowright.
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