Il accède en 1505 à la citoyenneté de la ville de Ratisbonne comme «peintre d'Amsberg», du nom d'une localité des environs.
Il devient membre du grand Conseil et maître d'œuvre en 1519, et se consacre à l'aménagement et au renforcement des défenses de sa ville, tout en poursuivant son activité de peintre[2]. Il intègre le Conseil restreint et est nommé architecte de la ville en 1526. Élu bourgmestre en 1528, il refuse cette dernière fonction s'estimant trop accaparé par ses activités artistiques[3].
On ne sait rien de sa formation. Peut-être s'est-il exercé dans l'atelier du peintre miniaturiste Ulrich Altdorfer — probablement son père – actif à Ratisbonne entre 1478 et 1491.[1] Il travaille pour les églises alentour et participe au côté de Dürer, Cranach, Baldung Grien, Burgkmair et Breu à l'illustration des marges du Livre d'Heures de l'empereur Maximilien, aujourd'hui conservé à la bibliothèque municipale de Besançon[4]
Altdorfer fut l'un des premiers peintres et graveurs européens avec Albrecht Dürer à placer le paysage comme thème autonome au centre de son travail, et à composer ses tableaux selon les principes du Weltlandschaft. Il fait partie, avec Wolf Huber, de l'École du Danube[1] Il est par ailleurs habituellement inclus comme graveur dans le groupe des Kleinmeister, ou Petits maîtres allemands.
La Bataille d'Alexandre, commande du duc Guillaume IV de Bavière aujourd'hui à la Alte Pinakothek de Munich, est considérée comme l'un de ses chefs-d'œuvre. Le prétexte de la victoire d'Alexandre sur Darius illustre une vision du monde radicalement neuve. Les centaines d'acteurs affichent un époustouflant catalogue d'expressions, sur fond de coucher de soleil embrasant un paysage d'eau et d'arbres caractéristiques. Le goût du bon vivant se retrouve dans ses personnages grimaçants[2].
En 1535, il représenta la ville de Ratisbonne auprès du roi Ferdinand Ier. Artiste de grande réputation, il meurt à Ratisbonne en 1538[3].
Les Amants, vers 1530, Musée des beaux-arts de Budapest.
Estampes
Le catalogue de ses estampes a été publié par Bartsch en 1808 et complété par Passavant pour l'édition posthume de 1862. La tâche a été continuée par Hollstein en 1954 puis par Robert A. Koch en 1980. Le travail de Hollstein a été repris par Ursula Mielke, Ger Luijten et Holm Bevers en 1997[9].
Quelques estampes
Paysage avec château fort, eau-forte coloriée, Albertina, Vienne, inv. DG1926-1780.
Paysage avec double épicéa, eau-forte, Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-P-OB-2980.
Saint Christophe, xylographie, Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-P-OB-3052.
Vierge à l'Enfant, burin, Rijksmuseum, Amsterdam, inv. RP-P-OB-2941.
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Le plus important ensemble d'œuvres d'Altdorfer se trouve à la Alte Pinakothek de Munich, comprenant notamment La Bataille d'Alexandre, le chef-d'œuvre d'Altdorfer. Cependant, le plus grand ensemble d'œuvres sur papier (gravures et dessins) d'Altdorfer se trouve à Vienne à l'Albertina Museum[10].
Le Musée Wittert à Liège conserve également un ensemble important d’estampes d'Altdorfer[11].
Le musée du Louvre, qui ne possède aucune œuvre d'Altdorfer, propose en 2020-2021 l'exposition «Albrecht Altdorfer, maître de la Renaissance allemande»[12] en collaboration avec le cabinet graphique de l'Albertina de Vienne. Elle rassemble quinze peintures autographes, ses dessins et gravures avec des œuvres d'artistes mises en rapport avec ses travaux[13].
Johann David Passavant, Le Peintre graveur, t.3, Leipzig, , 301-306p.
(en) Robert A. Koch (ed.), «Early German Masters: Altdorfer, Monogrammists (Danube School)», dans The Illustrated Bartsch, vol.14 [ancien vol. 8.1], New York, Abaris Books, (ISBN0-89835-014-X)
(en) F. W. H. Hollstein, Ursula Mielke, Ger Luijten et Holm Bevers, Albrecht and Erhard Altdorfer, Rotterdam, Sound & Vision Interactive, coll.«The New Hollstein German engravings, etchings and woodcuts 1400-1700», (ISBN978-9-075-60705-5)
(en) Jon Rowlands, «Altdorfer», Print Quarterly, vol. VII, no3, 1990
Hélène Grollemund, Olivia Savatier Sjöholm, Séverine Lepape, Albrecht Altdorfer, Maître de la Renaissance allemande, coéditions musée du Louvre/Liénart (ISBN978-2-35906-312-7) (catalogue de l'exposition du musée du Louvre du 1er octobre 2020 au 4 janvier 2021)
Jeanne van Waadenoijen, «Biographies», dans Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, éditions Place des Victoires, (ISBN2-84459-006-3), p.631
Les Dieux comme les hommes: La Renaissance dans la gravure germanique au début du XVIesiècle, Strasbourg, Musées de Strasbourg, (ISBN2-901833-56-X), p.145-146