Alain Mabanckou, né le à Pointe-Noire (république du Congo), a été élevé par sa mère, Pauline Kengué, vendeuse de bananes au marché, et Roger Kimangou, un père adoptif réceptionniste dans un hôtel. Son père biologique a quitté sa mère lorsqu'elle était enceinte[4]. Alain a pris le nom de son oncle René Mabanckou[5]. Alain Mabanckou passe son enfance dans la ville côtière de Pointe-Noire, plus précisément dans le quartier de Tié-Tié[6]. Il découvre la lecture d'abord à travers les San Antonio et SAS abandonnés par les coopérants français, que son père lui rapporte de l'hôtel[7].
Il obtient un baccalauréat en lettres et philosophie au lycée Karl-Marx. Il s'oriente alors vers le droit, sa mère souhaitant qu’il devienne magistrat ou avocat. Après un premier cycle de droit privé à l'université Marien-Ngouabi à Brazzaville (République du Congo), il obtient une bourse d’études et s'envole pour la France à l'âge de 22 ans[8]. Il emporte déjà dans ses affaires quelques manuscrits, des recueils de poèmes pour la plupart, qu'il commencera à publier trois ans plus tard. Il étudie à l'université de Nantes, puis à Paris XII et à Paris-Dauphine[9].
Écrivain en résidence en 2002, il enseigne la littérature francophone à Ann Arbor (Michigan USA) pendant trois ans avant d'être embauché en 2006 par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) où il est jusqu'à ce jour professeur titulaire (Full Professor) de littérature francophone. Sur proposition d'Antoine Compagnon, il est élu comme professeur invité au Collège de France à la Chaire de Création artistique pour l'année universitaire 2015-2016, devenant ainsi le premier écrivain à occuper ce poste depuis sa création en 2004[11]. Le 17 mars 2016[12], il y prononce sa leçon inaugurale intitulée Lettres noires: des ténèbres à la lumière[13], devant des invités comme la ministre des Outre-Mer George Pau-Langevin, la ministre de la Culture Audrey Azoulay, la secrétaire générale de la francophonie Michaëlle Jean, l’écrivain et diplomate Henri Lopes ainsi que l’écrivain et académicien Dany Laferrière[14].
Depuis 2021, il dirige la collection Points Poésie chez Éditions Points[15]. Il est également chroniqueur à L'Obs[16]. En 2021, il devient un de 12 inaugural Royal Society International Writers[17].
À la suite de la parution de son premier roman, Bleu-Blanc-Rouge, en 1998, Alain Mabanckou ne cesse de publier avec régularité, aussi bien de la prose que de la poésie. C'est surtout le roman qui le révèle au grand public, avec notamment Verre cassé, unanimement salué par la presse, la critique et les lecteurs; puis Mémoires de porc-épic qui lui vaut en 2006 l'obtention du prix Renaudot. Les deux romans sont parus aux éditions du Seuil, respectivement en 2005 et en 2006, grâce aux efforts conjugués d'Émilie Colombani et de Patrick Grainville[18].
En 2004 paraît à Montréal une anthologie des écrits poétiques d'Alain Mabanckou sous le titre Tant que les arbres s’enracineront dans la terre, reprise en 2007 chez Points-Seuil, ainsi que le livre qu’il consacre à l’écrivain James Baldwin, Lettre à Jimmy (Fayard), à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort de l’écrivain américain.
En 2008, Alain Mabanckou traduit de l'anglais au français le jeune prodige des lettres américaines, Uzodinma Iweala, d'origine nigériane, auteur de Beasts of No Nation, paru en français sous le titre Bêtes sans patrie aux éditions de l'Olivier.
Paru en 2010, le roman Demain j'aurai vingt ans marque son entrée dans la collection Blanche des éditions Gallimard. Cette œuvre est couronnée par le prix Georges-Brassens 2010 et classée parmi les grands romans de la rentrée littéraire française 2010[20].
Dans un entretien donné à Evene.fr, il souligne que «le danger pour l'écrivain noir est de s'enfermer dans sa «noirceur», comme dirait Frantz Fanon»[3]. Il ne s'agit pas de tomber dans le piège de l'affrontement basique entre la civilisation noire et blanche. L'autocritique est essentielle si l'on veut ensuite poser un regard juste sur le reste du monde». C'est ce qui se dégage dans son essai Le Sanglot de l'homme noir, paru chez Fayard en et classé dans les meilleures ventes d'essais et documents[21]. Cependant Alain Mabanckou n'envisage pas d'écrire sans mettre en scène le Congo: «On ne demanderait pas à Gabriel García Márquez de s’extraire de sa Colombie qui constitue la toile de fond de tous ses romans.»[22]
Lumières de Pointe-Noire paraît en aux éditions du Seuil dans la collection Fiction & Cie. Ce récit de souvenirs autobiographiques obtient un accueil favorable de la critique et se classe parmi les vingt meilleures ventes de romans en France[23].
En 2017, son nom entre officiellement dans le Petit Larousse des noms propres 2018[25]. En 2018, un cocktail littérature-musique en association de l’écrivain avec l’un de ses compatriotes Jackson Babingui, le place haut sur la scène internationale francophone du Tarmac à Paris[26]. En 2019, sort le Dictionnaire enjoué des cultures africaines aux éditions Fayard, dans lequel Mabanckou et Abdourahman Waberi proposent une mythographie du continent africain[27]. Sa vision de la vie aux États-Unis, où il vit depuis 2005, apparaît dans le récit d'essais Rumeurs d'Amérique, éditions Plon en 2020.
Mabanckou est membre de plusieurs jurys littéraires, dont celui du Booker Prize en 2022[28].
Le , Alain Mabanckou remet le prix « Courage et la liberté d'expression » au nom du PEN American Center(en) à Charlie Hebdo[29].
En 2018, il refuse de participer au projet d'Emmanuel Macron de réflexion autour de la langue française et de la francophonie et s'adresse au président de la République dans une lettre ouverte où il appelle notamment à plus d'ouverture pour dépasser les origines coloniales du concept de francophonie et où il dénonce également l'indulgence de la francophonie «institutionnelle» envers «les régimes autocratiques, les élections truquées, le manque de liberté d’expression»[30]
Le 6 mars 2021, il publie une vidéo sur son compte Twitter pour critiquer ceux qui estiment que l'œuvre de la poétesse afro-américaine Amanda Gorman ne devrait être traduite que par des personnes noires : «La littérature grandit parce qu'elle traverse les frontières. La littérature ne devrait pas être tributaire d'une certaine couleur[31].»
1995: L'Usure des lendemains, Ivry, Nouvelles du Sud (ISBN2-87931-037-7); nouvelle édition augmentée, Paris, éditions Ménaibuc, 2005 (ISBN2-911372-82-4)
1997: Les arbres aussi versent des larmes, suivi de Versets, Paris/Montréal, L'Harmattan, coll.«Poètes des cinq continents», no155(ISBN2-7384-5220-5)
1999: Quand le coq annoncera l'aube d'un autre jour, L'Harmattan, Paris/Montréal, L'Harmattan, coll.«Poètes des cinq continents», no242(ISBN2-7384-8298-8)
2004: Tant que les arbres s'enracineront dans la terre, Œuvre poétique complète, Montréal, Mémoire d'encrier, coll.«Poésie» no7(ISBN2-923153-11-1); réédition, Paris, Points noP1795, 2007 (ISBN978-2-7578-0657-9); réédition, Paris, Points, coll.«Poésie» noP4612, 2017 (ISBN978-2-7578-6652-8)
2016: Lettres noires: des ténèbres à la lumière, Paris, coédition Collège de France/Fayard, coll.«Leçons inaugurales au Collège de France» no263, 2016 (ISBN978-2-213-70079-3)
2013: L'Afrique qui vient (en collaboration avec Michel Le Bris), nouvelles, Paris, éditions Hoëbeke, coll.«Étonnants voyageurs», 2013 (ISBN978-2-84230-461-4)
Albums illustrés
2000: L'Enterrement de ma mère, éditions Kaléidoscope, coll.«Fiction française», 2000 (ISBN82-05-28440-7)
2012: Black Bazar, album de rumba congolaise, produit par Alain Mabanckou, avec les musiciens Modogo Abarambwa et Sam Tshintu[35].
2013: Black Bazar — Round 2, album produit par Alain Mabanckou d'après les compositions du guitariste Popolipo Beniko et du bassiste Michel Lumana, auxquelles se mêlent des sonorités de dancehall[36]
Prix et nominations
* Prix de la Société des poètes français, 1995 pour L'Usure des lendemains
Léa Nyingone, «Démocratie balbutiante? L’engagement de l’écrivain-intellectuel africain contemporain: Une lecture des Cigognes sont immortelles d’Alain Mabanckou», dans Margareta Kastberg Sjöblom, Alpha Barry et Andrée Chauvin-Vileno (dir.), Nouvelles voix/voies des discours politiques en Afrique francophone, vol.1, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN978-2-84867-989-1, DOI10.4000/books.pufc.53086, lire en ligne), p.139-154
(en-US) «2016 Puterbaugh Fellow Alain Mabanckou - Puterbaugh Festival of International Literature & Culture», Puterbaugh Festival of International Literature & Culture, (lire en ligne, consulté le )
Lydie Moudileno, Parades postcoloniales: la fabrication des identités dans le roman congolais: Sylvain Bemba, Sony Labou Tansi, Henri Lopes, Alain Mabanckou, Daniel Biyaoula, Paris, éditions Karthala, 2006, 160 p. (ISBN978-2-84586-541-9).
Gaël Ndombi-Sow, Système littéraire francophone et posture d'écrivain: le cas d'Alain Mabanckou, Colloque de l'Université d'Anvers, .
(de) Kian-Harald Karimi, «Afrikanische Passagen zwischen Gestern und Heute: Auf den Spuren urbanen Lebens von Mongo Betis La ville cruellebis Alain Mabanckous Black Bazar», in: Ursula Hennigfeld (s/dir.) Nicht nur Paris. Metropolitane und urbane Räume in der französischsprachigen Literatur der Gegenwart, Bielefeld (Transkript), 2012, Lettre, p.125-152, (ISBN9783837617504).
Servilien Ukize, La Pratique intertextuelle d'Alain Mabanckou. Le mythe du créateur libre, Paris, L'Harmattan, 2015, 246 p. (ISBN978-2-343-04494-1).
«Médiation médiatique et posture de l’écrivain francophone: l’exemple de Mabanckou dans le champ littéraire à Paris», dans Audrey Alvès et Maria Pourchet (éd.), Les Médiations de l’écrivain. Les conditions de création de la création littéraire, Paris, L’Harmattan, 2011, p.201-226.
Buata B. Malela, «Posture controversée et discours littéraire: Miano et Mabanckou dans le dispositif médiatique», Romanica Silesiana, no7, Presses de l’Université de Silésie à Katowice, 2012, p.248-259.
Buata B. Malela, «Ce que la musique populaire fait au roman contemporain: Black Bazar d’Alain Mabanckou», Interculturel francophonies, no25 («Alain Mabanckou, ou la vocation cosmopolite»), Lecce, 2014, p.243-266.
Buata B. Malela, La réinvention de l'écrivain francophone contemporain, préface de Paul Aron, Paris, Éditions du Cerf, coll. «Cerf Patrimoines», 2019.
Patrick Armand Ouadiabantou, Le Langage populaire ou l'esthétique narrative chez Alain Mabanckou, Paris, L'Harmattan, 2023, 354 p.
Léa Nyingone, «Démocratie balbutiante? L’engagement de l’écrivain-intellectuel africain contemporain: Une lecture des Cigognes sont immortelles d’Alain Mabanckou», dans Margareta Kastberg Sjöblom, Alpha Barry et Andrée Chauvin-Vileno (dir.), Nouvelles voix/voies des discours politiques en Afrique francophone, vol.1, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN978-2-84867-989-1, DOI10.4000/books.pufc.53086, lire en ligne), p.139-154.