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aide d'urgence et ponctuelle mise en place lors d'une situation de crise exceptionnelle ou de catastrophe naturelle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L’aide humanitaire est une aide d'urgence et ponctuelle mise en place lors d'une situation de crise exceptionnelle ou de catastrophe naturelle. On distingue souvent à ce titre l'aide humanitaire (ou aide d'urgence) et l'aide au développement.
Selon l'anthropologue Sylvie Bodineau, l’aide humanitaire, de manière large, se définit par des opérations d'assistance matérielle et humaine pour venir en aide à des personnes subissant les contrecoups de catastrophes naturelles et de guerres[1].
L'aide humanitaire peut prendre diverses formes : don d'argent, envoi de marchandises et équipements de première nécessité, envoi de personnel faisant des interventions sur place, renforcement des acteurs locaux. Cette aide peut provenir de diverses sources comme :
L'aide humanitaire est souvent confondue ou reliée avec l'aide au développement. Toutefois, d'après Bodineau, alors que la dernière est axée sur le moyen ou long terme, la première a une temporalité du court terme et dans l'urgence. Les deux types d'intervention partagent toutefois les ressources organisationnelles et ont des origines semblables, à savoir de l'aide de pays occidentaux remontant à la suite de la Seconde Guerre mondiale visant à protéger des populations considérées vulnérables[1].
Depuis les années 1990, en lien notamment avec l’effondrement du bloc soviétique et la globalisation, selon Atlani-Duault, les règles définissant l’humanitaire et le développement changent profondément. Elle se caractérisent notamment par le caractère international, professionnel et institutionnel des agences et des interventions[4].
Si le caractère positif de l'aide humanitaire pour les populations qui en bénéficient dans des situations de grande incurie semble de prime abord difficilement contestable, un certain nombre de critiques du secteur et de l'action humanitaire se sont fait jour avec les retours d'expérience de terrain plus nombreuses à partir des années 1990.
Pour Damiano Matasci et Marie-Luce Desgrandchamps, l'aide humanitaire aurait une « matrice coloniale »[5]. Le discours civilisateur justifiant les politiques coloniales européennes se retrouverait dans une version légèrement édulcorée dans les discours fondant les politiques de coopération post-coloniales, dès les années 1960[5].
La diffusion de l'aide humanitaire implique presque toujours de traiter avec des autorités locales qui sont parfois parties prenantes sinon à l'origine même de la crise à laquelle le secteur humanitaire prétend apporter une réponse. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, l'aide humanitaire apportée à la population somalienne a contribué à faire naître une « culture de l'aide » obérant les capacités de développement endogènes du pays, et a contribué au maintien de la dictature de Siyad Barre[6]. À la même époque, des acteurs humanitaires ont assez directement contribué à la scission de l'Érythrée avec la Somalie. Les organisations humanitaires essentiellement européennes réunies dans l'Eritrea Inter Agency Consortium (EIAC) ont ainsi focalisé l’envoi de secours et d'aide au développement vers les régions sous contrôle du mouvement de libération de l’Érythrée et du Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE), jusqu'à l'indépendance du pays en 1993[7].
Pour le sociologue Alain Accardo, « l'essor sans précédent des associations humanitaires doit sa vigueur au fait que le malaise moral des classes moyennes s'est considérablement accentué avec le reflux des espérances révolutionnaires et l'abandon du projet politique de transformation des rapports sociaux »[8],[9].
Les statistiques communiquées par l' Aid Worker Security Database[10] (AWSD) sont inquiétantes : en 2021, 468 travailleurs humanitaires ont subi des violences majeures dans l'exercice de leur mission à travers le monde, comme des attaques à main armée, des fusillades, des kidnappings, etc. Tous n'ont pas eu la chance de s'en sortir indemne : 141 de ces travailleurs humanitaires ont perdu la vie, le bilan le plus grave depuis 2013. Cette année là, selon un rapport de l'ONU publié en 2014, le nombre d'humanitaires victimes d'incidents s'élevait à 460 cas contre 274. Parmi ces victimes, il y a eu, 155 personnes tuées, 171 blessées et 134 kidnappées. Les premiers chiffres analysés par les principales ONG pour 2022 démontre que le danger reste omniprésent pour les travailleurs humanitaires[11].
L’aide humanitaire peut être abordée comme un sujet d’études anthropologiques. On peut l’analyser en termes de gouvernementalité comme chez Pandolfi[12] ou Agier[13], d’économies morales comme avec Fassin[14] ou encore dans le rapport à l’autre telle Saillant[15]. De plus, une nouvelle approche est proposée par Goodale et Merry[16] pour mettre en place une anthropologie critique et engagée des droits humains. La plupart des études sur l'anthropologie de l'humanitaire relèvent le caractère politique, voire militaire, des interventions humanitaires. Ce champ disciplinaire défait l'idée d'une certaine neutralité des organisations humanitaires, sans pour autant chercher à les déstabiliser. Il est plutôt question de faire ressortir la complexité du contexte social, politique et économique dans lequel travaillent ces organisations[1]. Faire ressortir l'historicité de la pensée humanitaire occidentale est une des stratégies utilisées pour ce faire.
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