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théologien protestant et historien de l'Église allemand De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Adolf von Harnack, né le à Dorpat, dans la province balte de Livonie en Russie (aujourd'hui Tartu en Estonie), et mort le à Heidelberg, est un docteur en théologie, en droit, en médecine et en philosophie, et conseiller politique. Adolf von Harnack est considéré comme le théologien protestant et l'historien de l’Église le plus considérable de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle et comme l'un des plus importants théoriciens du nationalisme libéral et protestant allemand.
Naissance | |
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Nationalité | |
Formation |
Université impériale de Dorpat (d) Université de Leipzig |
Activités | |
Père | |
Mère |
Marie Harnack (d) |
Fratrie |
Axel Harnack Otto Harnack (en) |
Conjoint |
Amalie von Harnack (d) |
Enfant |
A travaillé pour |
Université Frédéric-Guillaume de Berlin (- Université de Marbourg (à partir de ) Université de Giessen (à partir de ) Université de Leipzig (à partir de ) Université Humboldt de Berlin |
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Membre de | |
Directeurs de thèse |
Moritz Wilhelm Drobisch, Adolf Ebert (en) |
Distinctions | Liste détaillée Ordre bavarois de Maximilien pour la science et l'art () Médaille Harnack () Bouclier de l'aigle du Reich allemand () Ordre Pour le Mérite pour les sciences et arts (d) |
Il venait de l’univers du luthéranisme germano-balte : son père, Theodosius Harnack, un luthérien marqué par le piétisme des Frères moraves, était professeur de théologie à l’université de Dorpat et contribua au développement du néo-luthéranisme. Il étudia l’histoire de l’Église à l'Université de Dorpat (1869-1872) puis à l'université de Leipzig où il acquit une vue critique sur l’histoire du dogme chrétien grâce à la théologie d’Albrecht Ritschl et où, dès 1874, en tant que maître de conférences, il commença une série de cours où il traitait de sujets particuliers comme les gnostiques et l'Apocalypse, et qui attirèrent beaucoup l'attention, si bien qu'en 1876 il obtint d’être nommé professeur de Faculté à titre extraordinaire. Dans cette même année, il commença en collaboration avec Oscar von Gebhardt (de) et Theodor Zahn la publication d'une édition des travaux des Pères de l'Église, Patrum apostolicorum opera, dont une édition abrégée parut en 1877.
Harnack entendait le protestantisme comme une réforme et une révolution : réforme de l’économie du salut et révolution contre l’autorité de l’Église catholique, contre son appareil hiérarchique grâce à une organisation religieuse indépendante et contre l’Ordo cultuel.
Trois ans plus tard, il fut appelé comme professeur de Faculté chargé de l’histoire de l'Église à l'université de Gießen où, à partir de 1882, il collabora irrégulièrement avec Oscar von Gebhardt (de) aux Texte und Untersuchungen zur Geschichte des altchristlichen Litteratur (« Textes et recherches sur l'histoire de la littérature chrétienne ancienne »), qui paraissait périodiquement avec uniquement des essais consacrés au Nouveau Testament et à la patristique. En 1881, il publia un travail au sujet de la vie dans les couvents, Das Mönchtum - seine Ideale und seine Geschichte (« Le monachisme - son idéal et son histoire », 5e édition 1900) et fut avec Emil Schürer (de) rédacteur de la Theologische Literaturzeitung (« Journal de littérature théologique »).
Dans l’empire wilhelmien, Harnack enseigne à l’université de Berlin ; ses seize leçons sur « L'Essence du christianisme » qu’il prononce au cours du semestre d’hiver 1899/1900, sont suivies par plus de 600 étudiants de toutes les facultés. La publication de L’Essence du christianisme (Das Wesen des Christentums en 1900), traduction française, Fischbacher, à Paris, 1902, nouv. éd. 1907). allait provoquer la réplique d'Alfred Loisy, dans deux livres L'Evangile et l'Église puis Autour d'un petit livre en 1903, publication qui peut être considérée comme l'élément déclencheur de la Crise moderniste.
Harnack devient conseiller politique et entretient de nombreux contacts avec le chancelier Theobald von Bethmann-Hollweg. En collaboration étroite avec ceux qui veulent réformer la bureaucratie de l’État, il représente la ligne moyenne, cherchant à équilibrer les intérêts grâce à des réformes sociales, à éviter les conflits par le consensus, luttant contre la polarisation qui fait s’affronter les points de vue et contre l’aggravation des luttes de classe.
Les valeurs qu’il défend sont celles du libéralisme bourgeois, favorables à une monarchie parlementaire et constitutionnelle ; ce en quoi il s’oppose à la conception politique autoritaire de l’empire dont il surestime la capacité à se réformer.
Sa religion, critique envers la tradition, comprend des idéaux sociaux importants qui sont un symbole du Royaume de Dieu. Il interprète les devoirs d’un chrétien à l’intérieur du monde comme les obligations professionnelles au sein de la communauté. Harnack devient en 1911 président de la Kaiser-Wilhelm-Gesellschaft fondée sur sa proposition et, de 1905 jusqu’à 1921, il est directeur général de la bibliothèque Royale (à partir de 1918 Bibliothèque d'État de Berlin) de Prusse.
En politique extérieure, Harnack défend une entente entre l’Angleterre et l’Allemagne, combat l’impérialisme pangermaniste et prône la modération et le système des compensations. Au cours de la Première Guerre mondiale, dont il est partisan au début[1], il signe le Manifeste des 93 puis oscille entre rhétorique agressive et pessimisme.
À ce moment, sa conception de l'histoire nationale fondée sur la civilisation protestante le conduit à vouloir garantir cette dernière par la création d’États vassaux à l’est. Il interprète la défaite et la révolution de 1918 comme un passage vers la démocratie et le socialisme.
Contre la ligne majoritaire du protestantisme, presque entièrement anti-républicain alors, ce républicain conservateur prend position pour la démocratie sociale.
Il meurt en 1930 après une courte maladie, il était alors professeur d’histoire de l’Église aux universités de Leipzig, de Gießen, de Marbourg et de Berlin. Son manuel en 3 volumes de l’histoire des dogmes (1886-1890) ; plusieurs nouvelles éditions augmentées) est considéré comme la plus importante de ses publications théologiques.
La carrière d'enseignant de Harnack, débutée alors qu'il a 23 ans, s'étend sur près d'un demi-siècle au cours duquel il contribue à la formation d'une multitude de théologiens, d'exégètes, de patristiciens et d'historiens, dont certains sont actifs jusque dans les années 1950, sans que l'on puisse pour autant parler d'une « école de Harnack »[2]. Si il n'a pas à proprement parler formé de disciples, nombre des élèves de Harnack sont devenus ses collaborateurs et l'impulsion que son enseignement a donné à l'essor des études théologiques et à la recherche sur l’histoire du christianisme ancien en Allemagne n'en est pas moins décisive[2] : ainsi, on dénombre parmi ses élèves les théologiens Karl Barth, Dietrich Bonhoeffer, Martin Rade (de), Wilhem Bornemann (de)[3] et Wilhelm Pauck (de)[4], les exégètes néotestamentaires Wilhem Wrede, Martin Dibelius et Karl Ludwig Schmidt, ou encore le philosophe Heinrich Scholz[2] ainsi que l'historien de l'Église Ernst von Dobschütz[3]. Elisabeth Schmitz, enseignante confessante connue pour sa résistance au nazisme, suit également plusieurs de ses séminaires de 1915 à 1918[5].
Dans sa Chronologie der altchristlichen Litteratur, Harnack avait considéré, en 1897, que deux arguments principaux s'opposaient à une datation précoce des Actes, d'une part, l'Evangile de Luc semblait avoir été composé après la destruction de Jérusalem et d'autre part, un délai était nécessaire pour l'élaboration des récits de la Résurrection et de l'Ascension[6]. Il proposait alors une date de rédaction des Actes au plus tôt en 78.
En 1908, dans Beiträge zur Einleitung in das Neue Testament, III, Die Apostelgeschichte, Harnack expose six motifs qui le conduisent à changer d'avis sur la question de la datation, dont le premier est l'interruption du récit des Actes pendant la captivité de Paul à Rome. Il propose alors une date de rédaction des actes peu après 60[7].
En 1911, dans The Date of the Acts and of the Synoptic Gospels, il étend sa réflexion aux évangiles synoptiques et conclut[8] :
Adolf est le frère jumeau du mathématicien Axel Harnack (1851 — 1888).
Le à Leipzig, il avait épousé Amalie Thiersch (Erlangen, - Berlin, ), fille du Professeur de chirurgie Carl Thiersch (de) et de Johanna baronne von Liebig (de), elle-même fille du savant chimiste Justus von Liebig. Ils eurent trois fils et quatre filles.
Son fils Ernst, né en 1888 et qui sera exécuté en 1945 par les nazis pour sa participation à l'attentat contre Hitler du , avait adhéré au SPD.
Son fils cadet Axel (1895 - 1974), était Professeur associé (Privatdozent) à l'Université de Tübingen.
Agnes von Zahn-Harnack (1884 - 1950), sa fille préférée, était une représentante éminente du mouvement féministe et membre du Parti démocrate allemand (Deutsche Demokratische Partei, libéral, fondé en 1918, disparu en 1930).
Les résistants Arvid Harnack, né en 1901, abattu par les nazis en 1942, et Falk Harnack, né en 1913, metteur en scène, mort en 1991, étaient ses neveux.
L'œuvre d'Adolf von Harnack comporte près de 1600 titres dont certains ont un grand retentissement tant en Allemagne qu'à l'étranger, à différentes époques, à l'instar des trois volumes de sa Lehrbuch der Dogmen Geschichte (« Manuel d'histoire des dogmes ») publiés à partir de 1885, du recueil des seize conférences prononcées à l’Université de Berlin pendant l’hiver 1899-1900, éditées sous le titre Das Wesen des Christentums (« L'Essence du christianisme ») ou encore de son Marcion qui, paru en 1921 et sous-titré L’évangile du Dieu étranger, constitue une monographie sur l’histoire de la fondation de l’Église[9].
Citées par Jean Hadot[10] :
autres œuvres
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