En 1581, il était choriste de la cathédrale Sainte-Croix. Le , grâce à son motet sur l'antienneDum Aurora[1], pour chœur à 5 voix, construit en deux parties (selon une pratique de cette époque), il remporta la «harpe d'argent» au Puy de musique d’Évreux, un important concours annuel de composition musicale créé par Guillaume Costeley, auparavant organiste du roi[2].
En 1588, Fourdy est reçu chanoine semi-prébendé, sur la 32estalle de l'église Saint-Aignan, signe qu’il est devenu le maître de musique de la collégiale. Le , on le reçut chanoine de résidence, sur la 31estalle. Il ne se retira qu’en 1633 (cette année-là, son successeur, Liphard Benoît, sera installé sur la stalle 30).
Le , les deux hommes signèrent un accord, au sujet de «tous et chascuns les Livres et pappiers de Musique manuscriptz ou aultres quelsconques [ajouté: «dud[it] art de musique»] qui sont en la possession d’icelluy Fourdi, sans en rien reserver, le tout à prendre et recepvoir par led[it] Benoist après le deces dud[it] Fourdi et non autrement»[3].
Abraham Fourdy mourut le suivant[4]. Actuellement, ses œuvres semblent malheureusement toutes perdues.
Il chantait (ténor) avec accompagnement de luth, car on trouve son nom (« Fourdy 1623 ») au côté de celui de « Hecquin 1623 », qui était un étudiant chanteur, baryton, originaire d'Arras[5]: leurs deux noms sont inscrits sur un recueil de pièces pour chant et luth publié aux Pays-Bas en 1601 et conservé à la Médiathèque d'Orléans[6].
Le manuscrit 486 de la Médiathèque d'Orléans précise (f. 36v): Hac die anno D[omi]ni 1637. obiit d[omi]nus Abraham Fourdy hujus eccl.[esiæ] can.[onicus] et suæ ætatis unus ex o[mn]ibus musicis expertissimus magister, qui suo testato ordinavit unam missam solemnem deffunct.[orum] pro salute animæ suæ quotannis celebrandam, pro qua dedit 200 l[ibras] t[uronenses] in emptionem reditus annui et post missam d[icetu]r « Subvenite... » ... Jacet in capella S[anc]ti Anthonii...: « Ce jour, dans l'année du Seigneur 1637e, mourut maître Abraham Fourdy, chanoine de cette église. [Il fut] un maître très expert parmi tous les musiciens de son temps. Par son testament il ordonna une messe solennelle des défunts, pour le salut de son âme, à célébrer chaque année. Il donna pour cela 200 livres tournois, pour l'achat d'une rente annuelle. Après cette messe on dira [le répons] Subvenite... Il repose dans la chapelle Saint-Antoine... ». Texte latin cité également (de manière un peu approximative...) dans Herluison et Leroy 1897 p. 783 (note 2).
Il s'agit de Florida sive Cantiones, è quamplurimis præstantissimorum nostri ævi musicorum libris selectæ. Ad testudinis usum accommodatæ... (« Bouquet fleuri, ou Chants tirés de très nombreux livres des musiciens les plus remarquables de notre temps. Adaptés pour l'usage du luth ») par Joachim van den Hove. Utrecht: Salomon de Roy et Jean Guillaume de Rhenen, 1601. RISM 160118. Médiathèque d'Orléans: C 3466 (voir f. 14v), exemplaire inconnu du RISM. L'ouvrage contient des fantaisies instrumentales, des madrigaux de 4 à 10 voix, ainsi qu'un motet, des chansons et des danses, le tout d'auteurs italiens, français, flamands, réduits pour dessus et basse, avec tablature pour un luth ou parfois deux luths. Le volume, qui a manifestement beaucoup servi, a appartenu aux étudiants de la « Nation germanique de l'université d'Orléans ». Ceux-ci, et ceux des trois autres « Nations », étaient liés à la collégiale Saint-Aignan, qui louait les services du chœur lors d'offices célébrés dans l'église, pour les fêtes annuelles de cette « Nation » ou lors de la visite de personnalités étrangères. On peut voir à Paris BnF (Mss.): Ms. fr. 25185, un Album amicorum rassemblant les blasons en couleur d'étudiants allemands et franc-comtois issus de la « Nation germanique » de l'Université d'Orléans ([4]-117-[9] f.). Sous ces blasons, les élèves de Guillaume Morel, maître de luth et maître à danser orléanais, ont écrit leur nom entre 1622 et 1631.
François Turellier, Un musicien dans la ville. Abraham Fourdy, maître de musique de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans (XVIe-XVIIe s.): Un interprète compositeur, entre plain-chant, polyphonie et divertissements pour voix et luth en usage dans la "Nation germanique" de l'université (d'Orléans), Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais, T. XXII, N° 173, 1er trimestre 2015, pp. 51-66.
Théodose Bonnin et Alphonse Chassant. Puy de musique, érigé à Évreux, en l’honneur de madame Sainte Cécile. Publié d’après un manuscrit du XVIe siècle. Évreux: Impr. Ancelle fils, 1837. Numérisé sur Google books. Réédition: Genève, Minkoff, 1972 (coll. La Vie musicale dans les provinces françaises, vol. II).
Henri Herluison et Paul Leroy. Notes artistiques sur les auteurs dramatiques, les acteurs et les musiciens dans l'Orléanais, in Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des Départements, 21 (1897), p. 766-795.
Cornelia M. Ridderikhoff et Hilde de Ridder-Symoens, Les livres des procurateurs de la Nation Germanique de l’ancienne Université d’Orléans. 1444-1602. Tome I. Premier livre des procurateurs. 1444-1546. Première partie. Texte des rapports des procurateurs, Leyde, E.J. Brill, 1971, XXXI-390 p.
H. de Ridder-Symoens, Detlef Illmer, C. M. Ridderikhoff, Id. Seconde partie. Biographies des étudiants. 1444-1515, Id., 1978, 3 vol. Vol. 1, CXXXV-354 p. ; Vol. 3, ibid., 1985, VIII-204 p. et planches : Tables.