Abbaye Notre-Dame d'Évron
abbaye située en Mayenne, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L'abbaye Notre-Dame de l'Épine d'Évron est une ancienne abbaye bénédictine fondée au VIIe siècle à Évron, aujourd'hui dans le département de la Mayenne en France. L'abbatiale, dans son état actuel, associe des constructions s'étageant du Xe siècle au XIIe siècle ; les bâtiments conventuels datent du XVIIIe siècle. Elle est devenue église paroissiale depuis la Révolution avec la démolition de l'église Saint-Martin qui la jouxtait. Cette basilique mineure dépend du diocèse de Laval, elle est au centre du doyenné du Pays des Coëvrons et de la paroisse Notre-Dame en Coëvrons. L'abbaye est depuis 2014 le siège et le centre de formation de la Communauté Saint-Martin chargée du ministère de la basilique et de la paroisse[1].
Abbaye Notre-Dame de l'Épine d'Évron | |||
Présentation | |||
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Culte | Catholique romain | ||
Dédicataire | Notre-Dame | ||
Type | Abbaye | ||
Début de la construction | v. Xe siècle | ||
Fin des travaux | v. XVIIIe siècle | ||
Style dominant | roman - gothique flamboyant, classique pour le couvent | ||
Protection | Classé MH (1840, basilique) Inscrit MH (1987, abbaye) |
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Site web | Abbaye d'Évron - Communauté Saint-Martin | ||
Géographie | |||
Pays | France | ||
Région | Pays de la Loire | ||
Département | Mayenne | ||
Ville | Évron | ||
Coordonnées | 48° 09′ 24″ nord, 0° 24′ 12″ ouest | ||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Pays de la Loire
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Évron n'eut jamais d'autres seigneurs que les abbés sous la suzeraineté du comte du Maine[2]. François Ier leur reconnaît en 1519 « droit de baronnie, haute justice et juridiction », en vertu de leur première fondation[3].
La basilique Notre-Dame de l’Épine fait l’objet d'un classement au titre des monuments historiques par liste de 1840[4] et en pour la chapelle Saint-Crépin[5]. L'ancien logis abbatial datant de la fin du XVe siècle et du XVIe siècle, pour ses façades et toitures, l'ancien logis abbatial du XVIIe siècle, les vestiges de la chapelle Saint-Michel, le bâtiment mauriste du XVIIIe siècle, la terrasse et les jardins à la française font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du [4].
La fondation de l'abbaye est documentée par le testament de saint Hadouin évêque du Mans daté de 642 qui lui accorde de nombreuses dotations et en particulier plusieurs villas au sens médiéval du terme entre la villa rupiacus du Mont Rochard et le bourg d'Aurion. Elle s'appuie sur un récit légendaire rapporté en détail au IXe siècle dans les actes des évêques du Mans : le pèlerin et l'épine. Un pèlerin de retour de terre sainte avec une relique du lait de la Vierge s'endort à l'ombre d'une aubépine après y avoir accroché sa besace contenant l'objet précieux. À son réveil l'arbre a grandi et son bagage est inaccessible. Les prières de saint Hadouin à Notre Dame font ployer l'aubépine qui dépose la relique dans les mains de l’évêque, il y voit une injonction à une fondation dédiée à Notre-Dame. Composée de moines bénédictins originaires de saint Vincent du Mans et de La Couture, elle devient un important lieu de pèlerinage. L'abbaye et l'ancien bourg d'Aurion disparaissent après les invasions bretonnes et normandes[6],[7].
La refondation à la fin du Xe siècle est documentée par deux chartes : l'acte de subordination de l'abbaye Notre-Dame d'Evron à l'abbaye Saint-Père de Chartres (985 ?) du Cartulaire d'Aganon (cartulaire de l'abbaye Saint-Père de Chartres) et l'acte de restauration de l'abbaye d'Evron (989) d'après une copie tardive du cartulaire de l'abbaye d'Evron. L'abbaye est de nouveau dotée de nombreux domaines. La reconstruction de l'abbatiale débute dès la fin du Xe siècle, la crypte repérée en 1865 et redécouverte en 1985 est datée de cette époque. La nef romane (les quatre premières travées) et la tour porche sont des éléments de cette première construction. Elle permet d'accueillir un groupe de moines de l'abbaye Saint-Père de Chartes.
L'identification du restaurateur fait l'objet d'une controverse entre historiens depuis la fin du XIXe siècle ; le nom cité dans les deux chartes citées plus haut est Robert, vicomte de Blois, mais l'abbé Angot dénonce une falsification privant Raoul vicomte du Maine de cette restauration, il est suivi par la majorité des historiens jusqu'à ces derniers temps. Plus que l'histoire de l'abbaye c'est le jeu diplomatique entre le comté de Blois, le comté du Maine et l'Anjou qui est en cause ; cette question est réévaluée par Sebatien Legros en 2013 qui penche plus pour le vicomte de Blois[8]. À partir de cette époque outre un lieu de pèlerinage très fréquenté cette abbaye bénédictine devient la plus importante abbaye du Bas-Maine avec la fondation de plus de vingt-deux dépendances prieurales[9]. Cette refondation fait de l'abbé d'Evron seigneur et baron d'Evron avec droit de justice. Seuls les abbés commendataires institués à partir de 1482 revendiquent d'en porter le titre[10].
L'abbé Angot a établi que Raoul III de Beaumont fut en 985-989 le restaurateur de l'abbaye d'Évron. On a voulu lui ravir cet honneur au profit du vicomte de Blois, mais, quoique la tentative ait réussi, le fait est contre toute vraisemblance et démenti par de nombreux monuments.
Le restaurateur de l'abbaye d'Évron est nommé dans deux chartes : l'une, du Cartulaire de Saint-Père de Chartres, qu'on peut dater de 985 ; l'autre, qui porte la date de 989, extraite du chartrier d'Évron, mais que nous ne connaissons que par des copies du XVIIe siècle. Dans l'état actuel de ces pièces, ce personnage est nommé Robert, ou Robert de Blois, ou Robert, vicomte de Blois. L'abbé Angot prouve que cela est faux, que les chartes ont été falsifiées, l'une avant 1073, l'autre au XIIIe siècle.
Le comté du Maine était parfaitement constitué à la fin du Xe siècle. Il n'avait rien à voir avec les comtes de Blois, qui ne pouvaient rien y revendiquer, et qui de fait n'y prétendirent jamais, si l'on excepte la prétendue restauration d'Évron, pour laquelle, sous leur autorité, leur vassal ou vicomte aurait concédé des domaines nombreux au centre même du pays manceau.
Le soupçon de la supercherie vint à l'abbé Angot en étudiant les documents généalogiques de la famille des vicomtes du Maine, nommés plus tard vicomtes de Beaumont, où il apparaît que tout le territoire de Sablé, la Charnie, Sainte-Suzanne, Évron, la lisière du Haut et du Bas-Maine, la forêt de Pail, c'est-à-dire tout le pays où se trouvent les possessions de l'abbaye, appartenaient dès la fin du Xe siècle aux vicomtes du Maine. La restauration de l'abbaye ne pouvait donc venir que d'eux seuls.
Pour Évron, nous avons même un document plus exprès que les autres dans une concession de foire et marchés en 994. Dira-t-on que les droits des comtes et vicomtes de Blois peuvent avoir existé sans qu'on en sache la cause ? Mais si les documents qu'on invoque sont évidemment falsifiés, on doit leur refuser toute créance.
L'abbé Angot appuie sa thèse sur 4 textes :
Restauration par les vicomtes de Blois ? voyons donc les documents :
Convention entre Robert et les religieux de Saint-Père de Chartres pour la réorganisation de la vie conventuelle en l'abbaye d'Êvron. (985) Cet acte est une notice incorrecte. Il contient comme la charte de 989 des faits qui s'enchevêtrent. Celui de 989 fait mention de la restauration matérielle de l'abbaye et de la restitution de ses domaines, et même de la remise de l'acte aux premiers moines, toutes choses antérieures à l'accord des deux monastères. Cet accord est rappelé lui-même à la fin de l'acte de 989.
La pièce[11],[12] qu'on donne comme rédigé en 985 par laquelle l'abbaye de Saint-Père s'engageait, en vertu de pourparlers poursuivis sous deux de ses abbés, Guibert et Gisbert, à fournir un supérieur et des moines pour organiser le monastère d'Évron sous la règle de saint Benoît, ne doit donc être classée que la seconde.
Celle qui contient les conventions n'est pas sans présenter aussi des marques de fausseté. C'en est une que la clause de sujétion de Notre-Dame d'Évron envers Saint-Père de Chartres qui semble avoir été dotée bien moins richement, conditions qui n'ont jamais été réalisées, et qui ne sont pas mentionnées dans le dernier paragraphe de l'acte signé en 989. Il en est de même de l'affectation des diminutifs par lesquels on désigne l'abbaye d'Évron : oratiunculum, monasteriolum, coenobiolum, termes méprisants que rien ne justifie. L'obligation de ne pas élire d'abbé, mais d'en recevoir un de l'abbé de Saint-Père, n'est dans la charte de 989 qu'un simple engagement gracieux des religieux d'Évron de ne pas chercher ailleurs qu'à Saint-Père de Chartres un abbé, dans le cas où ils n'auraient pas chez eux de sujet éligible.
Si ces divergences ne sont pas des signes évidents de fausseté pour la charte de 985, les signatures m'en semblent contenir une preuve certaine. Elles sont toutes à sept ans de distance, les mêmes que celles de la charte de dotation de Saint-Père de Chartres. Or la fondation d'Évron est le fait d'un simple fidèle du comte de Blois, celle de Saint-Père est de la comtesse Liutgarde de Vermandois, veuve de Thibault le Tricheur. Il n'y a pour différencier les deux listes que la suppression dans celle d'Évron de deux noms trop notables pour ne pas attirer l'attention et l'admission de deux autres personnages. Mais tous les nobles d'un rang inférieur, soit treize, sont les mêmes de part et d'autre, sauf Vidgerius et Erembertus de la liste Chartraine, qui sont supprimés pour faire place à Robert, le restaurateur supposé, dont le nom est accompagné de la mention : qui hanc conscriptionem fieri jussit.
LISTE CHARTRAINE (978) Odo, comes ; Hugo, sanctae Bituricensis ecclesiae archiepiscopus ; Odo, Carnotensis presul ; Letgardis, comitissa qui (sic) largita est ; Emma, comitissa Pictavae urbis ; Landricus ; Hilgaudus ; Suggerius ; Rotrocus ; Arduinus ; Fulcherius ; Teudo ; Widgerius ; Erembertus ; Hugo de Aloia ; Gelduinus ; Avesgaudus ; Isaac.
LISTE ÉVRONNAISE (985) S. Hugonis ducis ; Odonis, comitis ; Hugonis, sanctae Bituricensis ecclesiae archipresulis ; Lotgardis, comitissae ; Bertae, comitissae ; Gaufridi, vicecomitis ; Hugonis de Villa Aloya ; Huberti ; Avesgaudi ; Fulcherii ; Landrici ; Hilgaudi ; Roberti, qui hanc conscriptionem fieri jussit ; Suggerii ; Rotroci ; Harduini ; Teudonis ; Gilduini ; Isaac.
Ce qui rend le rapprochement plus frappant, c'est que trois des témoins ne figurent au Cartulaire que dans ces deux chartes. Les signatures du second acte sont empruntées au premier. Elles sont fausses et l'acte qu'elles devraient confirmer ne mérite aucune confiance.
La remarque faite par M. Lot, pour prouver l'insignifiance du gouvernement d'Hugues Capet, qu'on n'a jamais fabriqué de diplôme faux sous son nom, n'est donc pas justifiée pour le Maine, où les deux diplômes que nous possédons de l'abbaye d'Évron sont au moins remaniés.
Comment s'est faite la falsification ?
La charte de 985 se trouve dans le livre le plus ancien du Cartulaire de Saint-Père, compilé en 1073 par un moine nommé Paul. Tout ancien qu'est ce cartulaire, il est donc de cent ans postérieur à la rédaction primitive. Il faut en conclure que le faux est antérieur à cette date, à moins que la pièce en question n'y ait été insérée après coup, ce qui n'est pas impossible, car elle est la dernière du chapitre. Mais la falsification peut plus naturellement s'être faite dans les cent ans qui séparent la rédaction primitive et sa transcription. Le moine Paul, au lieu d'un original sincère, n'a peut-être enregistré qu'une pièce remaniée.
La substitution d'un nom à un autre, Robert à Raoul, n'est pas par elle-même nécessairement frauduleuse. Elle peut venir d'une interprétation du rédacteur, qui aurait remplacé le second, absolument inconnu dans son Cartulaire, par le premier désignant un personnage cité dix fois en la compagnie du comte Eude ; ou même par le fait que le nom ne figurait dans le texte que par son initiale, qui prêtait à la confusion. Mais l'intention frauduleuse se démasque nettement dans l'usurpation au nom de l'abbaye de Saint-Père d'une prééminence sur celle de Notre-Dame d'Évron, démentie par un autre document.
La pièce contient des invraisemblances qui sont démenties par un document qui permet de la contrôler. Elle donne à l'abbaye de Saint-Père droit de nommer à l'avenir les abbés d'Évron, assujettit ces derniers à une soumission et subordination constante, ce qui ne s'est jamais vu, ce qui n'a laissé aucune trace dans l'histoire d'Évron, et ce qui est contredit par le second document qui parle seulement du droit pour l'abbaye chartraine de fournir à l'abbaye d'Évron un supérieur si elle n'en avait pas de capable parmi ses membres. En troisième lieu, les signatures de l'acte sont fausses. Ce premier document est donc entaché de fausseté. C'est l'introduction de ce nom, Robert, vicomte de Blois, dans la charte au lieu de Raoul, vicomte du Mans, qui a permis le démarquage de celle de 989 et toutes les fraudes subséquentes.
La charte de 989 : Restauration par Robert, vicomte de Blois, de l'abbaye d'Évron, avec l'assentiment du comte de Chartres, Eude Ier.
La charte de restitution des biens de l'abbaye d'Évron existe en trois copies, prises sur deux exemplaires du chartrier que nous n'avons plus, mais qu'à certains indices on peut croire avoir été remaniés au XIIIe siècle.
Le premier transcripteur fut Dom Ignace Chevalier, moine de l'abbaye, qui constitua en 1668 un Cartulaire de N.-D. d'Évron ; le second fut le copiste de Louis Gaignières, qui fit sous une autre forme le même travail quelques années plus tard ; et le troisième est Dom Housseau, dont la copie est incomplète. Les variantes de ces trois copies sont, sauf une seule, sans importance[13],[14],[15].
La charte de 989, indiquée dans les Annales Bénédictines[16], a été imprimée par François-Augustin Gérault[17] et par Thomas Cauvin[18], avec quelques lacunes dans les pièces annexes de la charte. Les deux auteurs ne font aucune observation sur le document. M. Lex, dans son Étude sur Eude Ier, comte de Blois[19], le déclare carrément invraisemblable et faux, se fondant sur ce fait que, parmi les signataires, se trouve un nommé Robert, qu'on donne comme le premier des fils d'Eudes Ier de Blois, comte de Blois, et qui n'est connu dans aucun document authentique[n 1]. La démonstration de M. Lex, comme il le dit, est appuyée sur la critique de des deux actes de 985 et 989, faite par Arthur Giry à l'École pratique des hautes études ()[n 2]. M. Lot, dans son Histoire de Hugue Capet, cite la même charte comme preuve de la reconnaissance par Eude de Blois de la royauté d'Hugues Capet[n 3].
Voyons maintenant les irrégularités du document.
L'abbé Angot avait déjà fait remarquer[20] que, dans le préambule, le texte est falsifié aux passages où il est question du prétendu restaurateur Robert, car on l'y qualifie vicomte de Blois, et il ne l'était pas, puisque les chartes de Saint-Père de Chartres, qui le citent dix fois à la même époque, ne lui donnent pas ce titre.
Plus loin, on ajoute : « Desolationi cum subjaceret, tandem ex legatione parentum suorum predicto Blesensi Roberto, ex beneficio senioris sui Odonis comitis, ad quem hereditario jure pertinebat, predictus locus, Deo volente, in suum dominium devenit ». Ce qui veut dire sans doute qu'Évron, pendant qu'il était encore dans l'état de dévastation où l'avaient laissé les Normands, avait appartenu héréditairement au comte Eudes Ier, puis qu'il avait été donné aux parents de Robert de Blois, lesquels l'avaient légué à leur fils.
Tout ceci est impossible. À la rigueur, on pourrait dire que le comte de Blois avait possédé, tout à fait accidentellement, le territoire contenant les anciennes possessions de l'abbaye, assez de temps pour en faire don à son vicomte, quoiqu'il n'y en ait nulle trace dans l'histoire. Mais, l'avoir eu d'héritage, l'avoir cédé au père et à la mère de Robert, qui l'auraient transmis à leur fils, cela suppose une période trop longue pour qu'on n'en connaisse pas quelques vestiges.
Le nom qui est donné ici au prétendu restaurateur, Robert de Blois, Blesensis Robertus, ne convient pas au personnage, qui n'était pas de la famille de Blois. On verra au contraire que toutes ces circonstances s'appliquent très bien à un autre vicomte.
Vient maintenant la raison spéciale que M. Lex invoque pour arguer de faux notre charte et qu'il tire des signatures[n 4].
Le diplôme de restauration d'Évron est falsifié dans les endroits où la dotation est attribuée à Robert, qu'on qualifie maintenant Robert de Blois, vicomte de Blois, ou même fils du comte de Blois ; dans celui où l'on affirme qu'Eude avait eu d'héritage les domaines concédés, et les avait donnés aux parents de Robert ; car cela supposerait de nombreuses transmissions, qui ne pouvaient manquer de laisser des traces dans l'histoire.
Le document est faux encore dans l'énumération des biens cédés à la nouvelle abbaye, qui, sauf une trentaine d'articles, ne sont que des latinisations barbares, ou même des mots français bien postérieurs à l'époque de l'acte original.
Le diplôme donné au nom de Hugues Capet dont l'intervention est mentionnée dans le texte, porte aussi des preuves évidentes de fausseté. Robert, le prétendu restaurateur, y figure comme fils du comte Eude. Et l'on ne peut pas supposer que le scribe a interverti ici les noms et que Robert désigne le fils du roi Hugue, comme M. le comte A. Bertrand de Broussillon a été tenté de le croire, car dans ce cas le donateur, Robert, vicomte de Blois, ne figurerait pas au nombre des témoins[n 5].
Les autres personnages sont désignés par un nom d'origine comme cela ne s'est pratiqué beaucoup plus tard qu'au Xe siècle[n 6].
Ces traces de faux ne sont rien auprès des grossières erreurs contenues dans le texte lui-même. Il ne faut pourtant pas dire que le document est entièrement faux. Il contient au contraire un fonds parfaitement authentique qui ne pouvait être rédigé ni plus tôt ni plus tard que la fin du Xe siècle. Les articles concernant les paroisses, les églises avec ou sans villas, terres cultivées ou incultes, champs, prés, bois, cours d'eau, ressemblent absolument aux documents de la même époque : le testament de l'évêque Mainard[21], la charte de la comtesse Ledgarde en faveur de l'abbaye Saint-Père de Chartres et quelques autres. Cinquante ans avant cette origine de la féodalité ou cinquante ans plus tard, les conditions sociales n'étaient plus les mêmes, et les chartes qui en reflètent l'image ne ressemblent plus à celle-ci. On peut dire qu'à ce point de vue et nettoyée des passages falsifiés, la charte de restauration d'Évron est fort précieuse.
Il est remarquable aussi que les dons faits à l'abbaye depuis sa restauration ne figurent jamais dans ce document, comme on s'y attendrait dans une pièce apocryphe. Plusieurs noms de lieux, comme Montuch = Montoire, Lith =Loir, traduisent des mots qui existent encore dans la Sarthe, avec la même forme, preuve que le document est rédigé en partie sur de bons manuscrits. On peut aussi expliquer plusieurs fautes de copie par de mauvaises lectures et non par des falsifications ; par exemple, Montmetery pour Montméart, Quantaportas pour Landepoutre, etc. Le grand nombre de domaines attribués à l'abbaye, et qui ne semblent pas lui avoir appartenu, peut encore avoir son explication dans les bouleversements qui accompagnèrent les débuts de la féodalité. Tout cela milite en faveur de l'authenticité d'une bonne partie du document.
Mais ce qui peut être regardé comme des indices et des preuves de falsification, c'est d'abord :
Il est bien certain en tous cas que, tel qu'il est, ce document ne peut avoir été écrit au Xe siècle. Sa fausseté certaine autorise à rejeter l'intervention dans les affaires du Maine de personnages qui lui sont parfaitement étrangers comme le comte et le vicomte de Blois.
Ce qui précède prouve la fausseté des deux chartes concernant l'origine d'Évron, et spécialement l'attribution frauduleuse de la restauration de l'abbaye à Robert, vicomte de Blois ; mais ne démontre pas à qui doit en revenir le mérite.
Les deux premiers documents concernant la restauration d'Évron étaient faux, ou du moins falsifiés ; le principal motif de cette manœuvre était d'attribuer à un vicomte de Blois les droits de restaurateur qui appartenaient à un vicomte du Maine. Il faut maintenant prouver directement ce dernier point.
Il existe pourtant déjà une indication assez précise dans ce fait que les biens rendus ou donnés à l'abbaye de saint Hadouin faisaient partie des domaines du vicomte du Maine.
L'abbé Angot l'a exposé précédemment, et il affirme de nouveau que celui qui était seigneur de la Charnie, d'Évron, devait être le second fondateur du monastère qui a fait la gloire de cette contrée.
Restauration par les vicomtes du Maine Les faussaires n'ont eu pour le déposséder qu'à remplacer le nom du vicomte du Maine par celui de Robert, et, pour rétablir la vérité, l'abbé Angot n'a qu'à écarter l'intrus et à rappeler le véritable bienfaiteur.
Preuves Une phrase déjà citée de la charte de 989 y suffirait. On y voit qu'Eude de Blois aurait possédé les domaines de l'abbaye d'Évron à titre héréditaire ; qu'il les aurait donnés aux parents de son vicomte et ceux-ci à leur fils. Ces biens seraient donc passés au moins en quatre mains étrangères au Maine, ce qui est impossible, car l'histoire en garderait des traces. Or il n'existe, pas de mention d'un territoire manceau possédé par Thibault le Tricheur, ni par Eude de Blois, son fils, ni par les premiers vicomtes connus de ce comté. Si cela était possible, à la rigueur, pour un temps très court, il n'en est certainement plus de même quand il s'agit d'une longue période d'années et de maintes transmissions de propriété.
La charte de 989 restituant à l'abbaye d'Évron les domaines et bénéfices qu'elle possédait avant sa ruine, est suivie de deux annexes qui ne sont autre chose que deux confirmations par les papes Jean XVI (985-996) et Benoît VIII (1012-1024). La première avait été sollicitée par le restaurateur lui-même ; la seconde par son fils, du « même nom que lui. ». La plupart de ces circonstances ne conviennent pas à Robert, vicomte de Blois : il ne paraît en effet avec ce titre de vicomte qu'en 996. Il vivait encore en 1015 et fut remplacé par son fils, nommé Hervé, avant 1023. Celui-ci, devenu veuf, se fit moine vers 1050, et eut comme fils et successeur Gedouin[22]. Toutes ces conditions au contraire se rencontrent justifiées de tous points dans la généalogie des vicomtes du Mans : Raoul, le restaurateur, fut en fonction de 967 à 1003 au moins, et mourut très vieux. Raoul IV de Beaumont-au-Maine, son fils, témoin en 994, est connu comme vicomte en 1010 environ, et mourut avant 1040. D'une part, tout concorde : chronologie, noms du fils et du père ; de l'autre, au contraire, tout est en désaccord avec les dates et les données historiques.
Comment et pourquoi ont été faits les faux ?
On avait dans la charte de 985 substitué le nom de Robert, qui n'y est désigné que comme fidèle du comte Eude de Blois et non comme vicomte, à Raoul, vicomte du Mans. Cette erreur ou cette fraude a été la cause de toutes les falsifications postérieures.
La charte de 985 a été falsifiée avant 1073
Les signatures fausses sont une preuve de ces supercheries, qui ont donné le moyen de commettre celles de la seconde charte de 989.
Les vicomtes de Blois, descendants de Robert, ne semblent pas avoir laissé de postérité après le XIe siècle. La falsification a pour but de favoriser une autre famille de vicomtes de Blois, connue aux XIIe siècle et XIIIe siècles, sans rapport peut-être avec la première, mais voulant quand même s'y rattacher[n 8].
C'est pourquoi on affirme dans ce nouveau texte que Robert, vicomte de Blois et même fils du comte Eude, est bien le restaurateur d'Évron ; et la famille de Lisle qui se croit ou se dit son héritière, représentée par Renaud de Lisle, obtient dans l'église abbatiale la place d'honneur pour lui, en 1277, et de grandes tombes effigiées pour son père et sa mère, son grand'père et sa grand'mère.
L'abbé Angot évoque deux hypothèses :
L'abbé Angot croit plutôt que l'invention vint des moines, car la charte ne fut pas seulement remaniée pour doter du titre de restaurateur l'ancêtre de Renaud de Lisle, mais encore pour donner une nouvelle forme à l’émunération des domaines de l'abbaye. L'obtenait-il gratuitement des religieux, ou par de libérales aumônes destinées à la reconstruction de l'église monumentale ? L'une et l'autre opinion sont admissibles[n 9]
Ce travail de corrections frauduleuses, dont on se rendra compte en lisant les annotations de la charte de 989, doit dater du XIIIe siècle. Il fallait au moins deux cents ans pour que les lecteurs ignorassent la généalogie de personnages aussi connus que les comtes de Blois et même celle des rois de France.
Ce n'est non plus qu'à une époque tardive que pouvaient être créés des mots étranges comme ceux qu'on décore de terminaisons en iacus contre toutes les règles et toute raison, et qu'on publie tant d'autres formes latinisées du français non compris, ou laissées même entièrement françaises[n 10]
Un seul point présente quelques difficultés : comment les vicomtes du Maine ou de Beaumont, comme on les appelait alors, se laissèrent-ils dépouiller de leur privilège de fondateur ou de restaurateur d'une abbaye qui était dans leurs domaines ? C'est qu'en réalité ils ne l'étaient pas.
Pour les moines, le fondateur était saint Thuribe, successeur de saint Julien du Mans, ou plus historiquement saint Hadouin, au VIIe siècle. Le restaurateur n'était qu'un bienfaiteur dont on n'usurpa le titre qu'au XIIIe siècle. À cette époque, les vicomtes de Beaumont n'avaient rien à réclamer, n'ayant jamais rien possédé.L'évêque du Mans Hildebert de Lavardin constate la dégradation de la vie monastique et la réforme est mise en œuvre en 1123 par l'abbé Daniel dit le chauve originaire de l'abbaye de Marmoutier qui vient sur l'intervention de l'abbé de saint Vincent du Mans[25].
En 1252, la nouvelle abbatiale après son agrandissement et la construction du chœur gothique est consacrée par Geoffroy de Loudon évêque du Mans qui à la même époque fait construire le chœur de la cathédrale Saint-Julien du Mans[10].
L'exercice du droit seigneurial et l'exploitation du foncier de l'abbaye passe par les institutions habituelles d'une grande seigneurie, moulins à ban et four à ban, halles[n 11], recueil de la mense et des dîmes entreposées dans une grange située au nord de l'enceinte du couvent et détruite par un incendie en 1881, bailli exerçant en son nom les droits de haute, moyenne et basse justice avec pilori et prisons[7]. Cet exercice fait l'objet d'aveux de suzeraineté comme en 1332 celui du seigneur de Sablé ou en 1405 du comte d'Alençon pour la châtellenie de Torigné ou même en 1646 par Jacques Vassé[10]. C'est aussi l'occasion de querelles judiciaires[n 12].
En 1482, l'abbaye d'Évron passe sous le régime de la commende et le premier abbé commendataire est François de Châteaubriant qui succède à Jean de Favières : ses armes figurent sur le portail sud de la basilique qui est l'entrée principale des laïques. Après une période où il délaisse le monastère, il en devient un des grands bienfaiteurs offrant reliques et reliquaires, obtenant des indulgences et finançant des stalles pour le chœur qui disparurent juste avant la révolution en 1780.
Pendant les guerres de Religion, après avoir été pillée une première fois elle subit une deuxième attaque en 1562 conduite par Hercule Saint-Aignan des Marais. Avertis à temps, les religieux se mettent en sûreté au château du Rocher, dans lequel René de Bouillé leur offre un refuge avec leur trésor, la relique de la Sainte-Vierge et même le Saint-Sacrement, oublié dans la précipitation de la fuite, et que Jean Livet, va, au péril de sa vie, retirer du tabernacle quelques instants avant l'arrivée de l'ennemi. Les archives seules sont lacérées, brûlées ou dispersées le long des chemins.
En 1577, l'abbaye voit des soldats catholiques ravir tout ce qu'elle possédait de précieux. Ce sont les troupes de Louis de Bussy d'Amboise qui cette même année pillent les faubourgs du Mans[26].
À la suite de ces attaques l'abbaye est fortifiée : la tour porche romane est transformée avec hourds et mâchicoulis, fermeture des grandes ouvertures en petites meurtrières, le bas des grandes fenêtres ogivales est muré, un profond fossé est creusé autour de l'abbatiale et du couvent, les traces des deux pont-levis sont encore visibles au-dessus du portail sud et près du logis de l'abbé. Dès lors il n'y a aucune attaque et les fossés sont comblés à partir de 1616.
En 1726, la première pierre du nouveau monastère est posée par l'évêque du Mans Charles Louis de Froulay sur les plans de Guillaume de La Tremblaye moine architecte, la construction est confiée au maître maçon Jacques-Laurent Bayeux, seule la moitié de la construction prévue est réalisée faute d'argent mais suffit aux douze moines qui à l'époque constituent la communauté de ce monastère (p. 11)[7].
À la sortie de la Révolution en 1800 l'abbatiale est rendue au culte paroissial (l'abbaye est devenue paroisse en mai 1791 et l'église Saint-Martin démolie par la municipalité en 1793 ), la cérémonie de réconciliation est célébrée par l'évêque du Mans M. Renard en 1801. En 1803 le préfet Harmand remet le couvent aux sœurs de la chapelle au Riboul ou sœurs de la charité, appelées depuis sœurs de la charité de Notre-Dame d'Évron depuis qu'elles ont fait du couvent leur maison mère[27]; la donation du couvent est confirmée par un décret impérial en 1808[10]. La grande flèche élevée en 1606 au-dessus de la croisée du transept penche dangereusement depuis une tempête en 1836, elle est démontée en 1901 ce qui donne aujourd'hui une silhouette caractéristique à la basilique entre la flèche tronquée et le clocher porche fortifié[6].
Le une petite porte sur la face sud au niveau du clocher-porche est brisée à coup de hache pour permettre l'inventaire faisant apparaître, pour certains, l'image merveilleuse de Notre Dame de l'épine.
La chute d'une pierre de la voûte du chœur en 1974 impose une série de travaux de restauration et permet des fouilles archéologiques avec en particulier le dégagement de la crypte en 1985. En 2016, le pignon du transept sud et sa verrière sont restaurés, sa partie basse, murée au moment de la fortification, est de nouveau garnie de vitraux[28].
Les religieuses revendent le couvent en à la Communauté Saint-Martin qui y a transféré sa maison-mère et sa maison de formation (auparavant situées à Candé-sur-Beuvron) durant l'été 2014[29],[30].
Pour apprécier les différents éléments et époques de la construction de l'abbatiale, le point de vue face à la façade sud, de la place de la basilique devant le portail, permet une vue détaillée à l'exclusion de la chapelle Saint-Crépin accolée au nord du chœur et la crypte enfouie dessous. L'ensemble est orienté avec un petit décalage axial nord-est sud-ouest. L'abbatiale romane avant son agrandissement mesurait environ 70 m et 25 m de large, actuellement sans inclure la chapelle Saint-Crépin accolée au nord du chœur les mesures sont de 75 m sur 30 m environ[n 13] et la hauteur sous voûte de la partie gothique est de 24 m.
Construit probablement peu de temps après la nef romane au XIIe siècle, il se présente comme une tour carrée avec contreforts d'angle percé à l'origine en hauteur de grandes baies avec arc en plein cintre. Fortifié au XVIe siècle les baies sont remplacées par des petites meurtrières et le sommet de la tour coiffé de hourds et muni de mâchicoulis comme à la même époque dans le sud-ouest. Au XVIIIe siècle, à la construction du nouveau couvent à l'extrémité occidentale, il est intégré dans cette construction et une grande ouverture est percée au sud pour éclairer un escalier monumental desservant l'étage du couvent et la tribune de l'orgue. L'entrée occidentale est intégrée dans les bâtiments conventuels.
La nef romane du XIe siècle, initialement à trois vaisseaux comporte quatre travées. Elle est couverte par une charpente lambrissée posée au XVIe siècle, primitivement elle était voûtée, le bas-côté méridional a gardé sa voûte. Le bas-côté septentrional est détruit au début du XVIIe siècle avec l'ancienne chapelle de l'infirmerie par l'abbé Bellot pour la construction d'un palais abbatial. Les ouvertures romanes au-dessus du bas-côté sont agrandies avec des ogives au XVe siècle. À la Renaissance l'entrée principale pour les laïques est aménagée au niveau de la quatrième travée : sous un arc de type roman figurent les armes des comtes de Blois, maison de Châtillon, bienfaiteurs de l'abbaye et celle de François de Châteaubriant premier abbé commendataire (1485-1519). Surmontant cette porte restent les deux rainures des poutres du pont-levis installé au XVIe siècle lors de la fortification de l'abbaye.
À droite de cette porte en retour d'angle un arc roman est la trace de l'ancien transept roman. Au XIIIe siècle l'abbatiale est agrandie avec destruction des transepts et du chœur roman, deux travées gothiques plus hautes et plus larges sont ajoutées au moment de la construction du nouveau chœur et des nouveaux transepts. De l'extérieur comme de l'intérieur la jonction entre la partie romane et la reconstruction gothique est marquée par un mur et un arc diaphragme, au sommet de ce pignon, regardant vers l'ouest est placée une statue de Notre-Dame venant de l'ancienne église Saint-Martin. La consécration de cette nouvelle abbatiale est célébrée en mais les travaux, en particulier pour les transepts et les deux travées de la nef, seront terminés un peu plus tard.
Les transepts en style gothique flamboyant comme la nef gothique et le chœur sont à deux étages avec un clair-étage permettant un bel éclairage. Le pignon du transept sud est orné de trois statues : Notre-Dame encadrée de deux anges. Une balustrade orne la nouvelle nef, les transepts et le chœur. le chœur intègre un déambulatoire avec sept chapelles rayonnantes sans séparation visible à l'extérieur, ce parti pris architectural est peu fréquent.
Construite au XIIe siècle sur le vœu d'un pèlerin de retour de Compostelle elle est située sur le flanc nord du chœur ; elle était primitivement séparée de l'abbatiale avant que les travaux du XIIIe siècle avec l’élargissement du chœur la rende contiguë avec une porte de communication donnant à l'est du transept nord. Cette chapelle à nef unique de quatre travées et abside semi-circulaire en cul de four mesure 27 m sur 12 m[n 13], elle est voûtée en totalité, voûtée d'arêtes pour les travées et en cul-de-four pour l'abside, les arcs sont en cintre brisé malgré l'époque faisant évoquer une influence arabo-musulmane, les peintures murales, le Christ en majesté de l'abside, sont réputées du XIIIe siècle[31]. La première travée est transformée au XVIe siècle en salle du chapitre puis en sacristie et en chartrier de l'abbaye. Initialement sous le vocable de Notre-Dame, elle prend le vocable de saint Crépin patron des cordonniers, les habitants interprétant le décor des voussures de l'arc en cintre brisé de la porte des laïques située sur le flanc nord comme des semelles de chaussures[5].
Soupçonnée dès 1865 elle est redécouverte en 1985 et bénéficie d'une étude archéologique. Crypte haute sous le chœur surélevé de l'église romane elle est rasée à la construction au même niveau que la nef du chœur gothique. Nef à trois vaisseaux et quatre travées et se terminant par une abside semi-circulaire, elle mesure 11,50 m sur 6,25 m, des fragments de polychromie sont décelés, une datation précise au cours des fouilles de 1985 et 1990 permet de fixer sa construction à la fin du Xe siècle soit dès la refondation. Depuis ces travaux archéologiques une dalle en béton permet l'accès malgré le rétablissement du dallage de l'église supérieure[32],[33].
Les vitraux datent de trois époques différentes : le XIVe siècle pour les vitraux du chœur à l'étage, XIXe siècle pour les chapelles rayonnantes réalisés par le carmel du Mans et XXe siècle pour les verrières des transepts ; celle du transept sud est l'œuvre de Maurice Rocher en 1951 pour le 10e anniversaire de l'élévation en basilique[34].
L'orgue : initialement placé dans le bas de la nef, un orgue est attesté depuis la fin du XVIe siècle, le buffet actuel du premier quart du XVIIe porte les armes de l'abbé Mortier, il est déplacé en tribune en 1666 et refait par Thomas Alport. Renouvelé complètement par Goydadin en 1877 il est restauré en 1964 par Beuchet-Debierre pour le buffet et par Roethinger pour l'instrument avec 20 jeux et 142 notes. Son accès se fait par l'escalier monumental du XVIIIe dans le couvent développé dans la tour porche romane. Il est classé monument historique en 1958[35],[36].
Les tapisseries : quatre tapisseries d'Aubusson du XVIIe siècle, figurant des scènes de l'ancien testament : Le Sacrifice d'Abraham, L'Échelle de Jacob, Loth et ses filles quittant Sodome, Agar et Ismaël, sont visibles dans la chapelle Saint-Crépin[37]. Une autre tapisserie, le baptême du Christ orne les Fonts baptismaux en granit du XVe siècle au bas de la nef[38], elle est constituée de trois médaillons du XVe siècle rapportés sur une pièce probablement du XIXe siècle[39],[40]
Les statues : outre les éléments de l'architecture, une riche statuaire en matériaux variés, calcaire polychrome, bois, terre cuite du Mans allant du XIIIe au XVIIIe siècle ornent la nef, les transepts gothiques, le chœur, les chapelles rayonnantes et la chapelle Saint Crépin. Une Vierge de pitié en calcaire polychrome du XVe siècle[41], plusieurs Vierges à l'Enfant en calcaire polychrome, une crucifixion en bois du XIIIe siècle[42] sont particulièrement bien conservés et restaurés. Plusieurs tombeaux et enfeus sculptés de personnages laïques ou de religieux abbés, la plupart déplacés, font également l'objet d'un classement aux monuments historiques[43].
Le maître autel de 1782 : en 1781 l'abbé Barbier réaménage le chœur, remplace les stalles du début du XVIe siècle, installe les nouvelles[44] avec le trône abbatial[45] plus dans l'abside et achète un nouveau maître-autel orné d'une mise au tombeau sculptée par Felix Lecomte, cette œuvre, commandée initialement pour la cathédrale de Sées, est récusée en raison d'une tache dans le marbre avant d'orner la basilique[46],[7]
Les reliques sont rassemblées dans la chapelle saint Crépin avec le trésor. Après le pillage de l'abbaye pendant les guerres de Religion François de Chateaubriand en 1515 obtient du pape Léon X plusieurs reliques pour l'abbaye. Il fait également refaire le reliquaire du lait de la Vierge, relique fondatrice. Cette œuvre d'orfèvrerie en vermeil est réalisée en 1516, son dessin est attribué à Simon Hayneufve[47]. L'autre pièce majeure est la Vierge à l'Enfant, statue reliquaire du voile de la Vierge du XVe siècle en argent repoussé sur bois dont le socle en ébène est changé à la fin du XIXe siècle[48]. Ces deux pièces exceptionnelles ont été exposées à plusieurs reprises dans des expositions nationales ou internationales[49]. Deux bustes reliquaires en cuivre sont réalisés à Angers en 1644, l'un figurant un pape, saint Léon, patronyme du pape donateur de relique en 1515, l'autre figurant un évêque, saint Hadouin, évêque du Mans fondateur de l'abbaye[50]. Deux autres œuvres retiennent l'attention : la statue de Notre Dame de l'épine du XIIIe siècle en chêne polychrome et décorée de plaques d'argent, d'émaux, de turquoises, de grenats et de pâtes de verre[n 14],[51] et deux bas-reliefs en bois polychrome du début du XVIe siècle représentant le miracle du pèlerin et de l'épine[n 15],[52],[53],(p. 28 et 31)[7].
Construit initialement au nord de l'abbatiale, il subit plusieurs modifications. L'abbé commendataire Claude Belot au début du XVIIe siècle fait détruire le bas-côté nord de l'abbatiale et la chapelle Saint-Michel de l'infirmerie qui lui est accolé pour construire son logis abbatial (p. 51)[10]. En 1726, devant le mauvais état des bâtiments conventuels au nord, est commencée la construction du nouveau couvent à l'ouest sous l'impulsion du prieur régulier dom Patron. La construction de style néoclassique englobe le clocher-porche et l'entrée principale de l'abbatiale ; la tour est profondément transformée à l'intérieur pour y loger un majestueux escalier éclairé par une large baie ouverte au sud desservant l'étage mais aussi la tribune de l'orgue. La façade aux larges et nombreuses ouvertures donne sur une terrasse et un grand jardin rectangulaire à la française. En raison de sa ressemblance avec l'abbaye aux Hommes de Caen, le plan est attribué à Guillaume de La Tremblaye moine bénédictin et sa construction au maître maçon Jacques Laurent Bayeux. La construction est arrêtée en 1744, suffisante pour les douze moines qui l'occupent à l'époque. Les jardins à la Le Nôtre de 150 m sur 120 m[n 13] sont aménagés en 1775[7].
A l'époque médiévale l'abbaye comprend l'église Saint-Martin qui existait déjà à la refondation de l'abbaye en 989, située au sud de l'abbatiale sur l'emplacement de la place de la basilique elle mesure environ 30 m et sert d"église paroissiale, elle est démolie en 1793[6], l'abbatiale devient alors en 1800 église paroissiale quand elle est rendue au culte. Une porte de l'église donnait dans les halles construites le long de sa face sud. Le cimetière était situé de 1225 à 1750 entre l'église Saint-Martin et l'abbatiale[54]. L'enceinte de l'abbaye est double, à l'intérieur elle part de la tour porche, la façade sud de l'abbatiale avec les marques du pont-levis du portail et la baie sud du transept partiellement murée, à l'est les bâtiments abbatiaux avec le deuxième pont-levis et la tour du logis de l'abbé défendue par des meurtrières et ornée d'un cadran solaire. La deuxième enceinte extérieure se reconnaît à certains vestiges, au sud le porche surmonté d'une construction qui sert de prison à la Révolution, à l'est un porche en face de l'entrée à pont-levis. Entre les deux, ce qui est aujourd'hui la place de l'abbatiale correspond aux fossés comblés en 1616[55]. La grange dîmeresse au nord de l'enceinte, bâtiment de plus de 600 m2 est détruite par un incendie en 1881, une ruelle de la Grange-Dîmeresse en marque l'endroit[56].
Abbés commendataires :
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