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L'éternuement est une expiration brusque et bruyante, semi-autonome ou involontaire (réflexe au niveau cortical) par le nez et la bouche, provoquée par un mouvement subit et convulsif des muscles expirateurs (notamment les muscles intercostaux) en raison d'une irritation des muqueuses nasales ou de leur mise en contact avec un corps étranger.
1er type d'éternuement | |
Enregistrement d'un éternuement | |
2e type d'éternuement | |
Enregistrement d'une série d'éternuements de bébé |
Le site du dictionnaire Larousse définit l'éternuement comme une « expulsion brusque et brutale de l'air par le nez et la bouche, provoquée par une excitation de la muqueuse des voies respiratoires supérieures »[1]. Le site du CNTRL reprend ces termes en précisant qu'il s'agit d'un « mouvement subit et convulsif des muscles respiratoires »[2].
L'éternuement correspond donc à un mécanisme de défense de l'organisme et permet à chaque individu qui éternue d’expulser du nez des particules, des agents irritants ou des microbes qui pourraient causer une infection[3]. La sternutation en est le terme médical et désigne plus particulièrement une série d'éternuements à répétition[4]. On qualifie de sternutatoire ce qui provoque l'éternuement[5]. Certaines personnes ont tendance à éternuer en passant de l'ombre au soleil, ou quand elles regardent une source de lumière vive : on parle alors de réflexe photo-sternutatoire.
L'onomatopée française qui correspond à l'éternuement est « atchoum » (« achoo » en anglais, « hastschi » en allemand et « etciù » en italien.)
Présenté comme un réflexe incontrôlable et brusque, l'éternuement concerne tout le monde, en tout lieu et à tout moment. La vitesse de l'expulsion des postillons (ou gouttelettes respiratoires) et autres corps depuis le nez et la bouche de la personne qui éternue a longtemps été estimée à une vitesse très rapide (supérieure à 350 km/h)[6]. En fait, cette vitesse est beaucoup plus basse, de l'ordre de 15,3 m/s, soit un maximum de 55 km/h[7].
Généralement présentée comme une réaction normale de l'organisme, il existe plusieurs causes à l'éternuement, tel que le rhume (dit aussi rhume de cerveau, autrefois dénommé coryza) ou une rhinite allergique (dite aussi rhume des foins), plus rarement un état grippal[8] mais lorsqu'elle est plus ou moins répétée, cette réaction peut être liée à un encombrement nasal (poussières), à la présence d'un élément allergène (pollen, poils d'animaux), à un parfum ou une odeur trop forte, à une polypose nasale, ou à la lumière de forte intensité (dénommé réflexe photo-sternutatoire[9], dont la cause probable serait une anomalie congénitale touchant les signaux nerveux dans le noyau du cinquième nerf crânien appelé nerf trijumeau).
Inoffensif chez un individu en bonne santé, l'éternuement contribue à la propagation par la bouche et le nez de divers microbes aérotransportés via des gouttelettes infectieuses d'aérosol, notamment dans l'environnement et l'air intérieur[10]. Un éternuement peut projeter environ 40 000 gouttelettes jusqu'à 1 m de distance (gouttelettes d'une taille variant généralement de 0,5 à 5 µm)[11]. Un allergique ou un malade enrhumé ou grippé peut éternuer des dizaines de fois par heure sans pouvoir se laver les mains à chaque toux ou éternuement.
Une pratique courante était de mettre la main devant la bouche quand on éternue ou tousse ; ce geste protège l'entourage immédiat des micro-gouttelettes chargées de virus[12] ou bactéries, dans l'instant, mais ces microbes expulsés sont alors abondamment présents sur la peau des mains. La recommandation d'utiliser les mains à cette fin est récemment tombée en désuétude[13] car inappropriée en termes d'hygiène : en effet les mains deviennent alors la principale source d'une contagion très efficace, via notamment les poignées de main, les poignées de portes, rampes d'escalier, la robinetterie...
Les microbes sont ensuite facilement dispersés sur divers objets (qui deviennent alors des fomites).
Tant que possible, il est donc maintenant recommandé de se moucher dans des mouchoirs en papier jetables (puis les jeter dans une poubelle appropriée), et de toujours éviter de se contaminer les mains en toussant ou éternuant dans le creux du coude, le bras plié devant soi dans les deux coudes, les deux bras croisés devant soi, les mains disposées sur les côtés (en arrière ou contre les épaules), sans non plus trop empêcher l'expulsion de l'air. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, de nombreux gouvernements et instances nationales ont publié des fascicules sur ce sujet[14].
En contexte de risque contagieux, la période infectieuse étant difficile à situer précisément, embrasser, serrer les mains ou tout autre contact physique est à éviter, de même que fréquenter des lieux publics ou privés où se trouvent d'autres personnes ou approcher de trop près d'autres personnes sans masque (l'OMS recommande une distance minimale de 1 mètre et de se laver régulièrement les mains). Attention aussi aux contacts avec les objets potentiellement infectés. L'hygiaphone est devenu rare, Il est donc utile de tenir ses distances lorsque l'on doit s'adresser à quelqu'un. Ces comportements-barrière protègent l'individu et ceux qui vivent autour de lui.
Ils sont nombreux ; en voici quelques-uns dont l'efficacité reste à démontrer[15].
L'efficacité (relative) de ces méthodes reposerait sur différents moyens d'agir ou rétro-agir sur le système neurovégétatif (orthosympathique / parasympathique) impliqué dans le réflexe d'éternuement. Certaines personnes trouvent en outre agréable ou utile d'éternuer, et ne souhaitent pas s'en empêcher[16].
Plusieurs cas cliniques ont été rapportés dans la littérature médicale qui montrent qu’il peut être dangereux de réprimer un éternuement[17]. Plusieurs études ont par ailleurs montré que la pression est d’autant plus élevée que l’on cherche à résister à l’expulsion de l’air lors d’un effort d'éternuement. Empêcher un éternuement en obstruant les narines et en fermant la bouche peut multiplier la pression de 5 à 24 fois par rapport à un éternuement ordinaire[17].
Les complications sont variées, pouvant siéger au niveau intracrânien, intrathoracique, oculaire, ainsi qu’au niveau du larynx ou des oreilles. Elles peuvent également être vasculaires. Ont été décrits la survenue d'une thrombose veineuse cérébrale (variété d'AVC), fracture du cartilage thyroïde (rupture de la "pomme d'Adam"), emphysème orbitaire (pénétration d’air dans les tissus de l’orbite), présence d’air intracrânien (pneumocéphalie), présence d’air dans l’oreille interne (pneumolabyrinthe), chylothorax (par rupture du canal thoracique qui véhicule la lymphe), déchirure du diaphragme et les muscles intercostaux, dissection aortique (fissure de la paroi interne de l'aorte)[17].
Chez Hippocrate, l'éternuement (πταρμόν), associé à l’idée d’évacuation spontanée des humeurs, une « purge du cerveau », était synonyme de rétablissement de la santé. Le monde grec antique a développé une sémiologie du corps humain dans laquelle les éternuements prennent une place particulière. Contrairement à la toux, Aristote attribue une origine divine aux éternuements[18]. On essayait, rapporte Aristote, de ranimer les mourants en leur donnant un médicament qui les fasse éternuer ; et s' ils ne pouvaient, c'est qu'ils étaient perdus (Problèmes XXXIII, 9)[19]. Dans Les problèmes d'Aristote, la section. XXXIII. Du nez[19] :
« Le pet est le vent qui sort du bas des intestins et le rot vient du ventre d'en haut tandis que l'éternuement vient de la tête. C'est parce que cette dernière région est la plus sacrée que nous vénérons comme sacré le vent qui en sort. »
Un sternutatoire est une substance ou un remède destinés à être introduits dans le nez, dont la vertu spéciale consiste à pouvoir produire l’éternuement. C'est un élément de la médecine humorale, qui concevait que le cerveau renferme le mucus, appelée pituite ou flegme, et qui s'évacuant en coulant, formait différents catarrhes, que l'on comprend généralement aujourd'hui comme une inflammation, soit des rhumes, des conjonctivites ; des bronchite et des entérites, etc., mais qui avait dans l'Antiquité jusqu'à la Renaissance une signification physiologique plus large. La dyscrasie des humeur. particulièrement la pituite, pouvait influer sur le caractère et le tempérament : on employait des sternutatoires pour purger le cerveau et rétablir la crase ; la crase (κρασία) galénique (de Claude Galien au IIe siècle qui pérennise le travail d'Hippocrate) servait à définir le tempérament justement équilibré[20]. Hippocrate considérait comme évident que l'on puisse évacuer à volonté l'une des quatre humeurs constitutives de la nature de l'homme ; la pharmacopée hippocratique est dès lors très riche en remèdes purgatifs, diurétiques, vomitifs, expectorants, sternutatoires, etc.
Les sternutatoires ont par la suite trouvé un usage récréatif (particulièrement le tabac à priser), jusqu'à la Révolution française qui en a proscrit l'usage en société[21].
Chez les grecs anciens, qui voyaient facilement des présages dans le moindre événement, l'éternuement inexpliqué peut être perçu comme un signe des dieux[27].
Durant l'époque romaine, l'expression d'usage était: « Que Jupiter te conserve », transformée par les chrétiens en « Que Dieu vous bénisse » car éternuer était de bon ou mauvais augure, selon les circonstances[28].
Ainsi, dans le chant XVII de l'Odyssée, Homère écrit : « Elle parla ainsi, et Télémaque éternua très fortement, et toute la maison en retentit. Et Pénélope se mit à rire, et, aussitôt, elle dit à Eumée ces paroles ailées : — Va ! Appelle cet Étranger devant moi. Ne vois-tu pas que mon fils a éternué comme j’achevais de parler ? Que la mort de tous les Prétendants s’accomplisse ainsi, et que nul d’entre eux n’évite la mort ! ».
Chez les musulmans, la personne qui éternue doit dire : « El Hamdouli'Allah ( "Louange à Dieu") », Si une personne l'a entendu dire cette phrase, il doit alors lui répondre : « Rahimaka Allah », qui signifie « Dieu te protège »[29],[30]. Enfin, celui qui a eternué doit répondre « Yahdîkum Allah wa Yuslihu Bâlakum », qui signifie « que Dieu vous guide vers le bon chemin et dissipe vos soucis »[31].
Selon le Dictionnaire historique de la langue française, l’expression « À vos souhaits », formule familière de politesse adressée à quelqu’un qui éternue. Cette tradition serait apparue en français vers 1835[32], mais elle serait cependant plus ancienne.
Pour les mêmes raisons, un anglophone va déclarer « God bless you » (Dieu vous bénisse) et un hispanophone va lancer « Jésus »[33].
Il serait impossible d'éternuer les yeux ouverts. En réalité, la science n'est pas aussi catégorique sur le sujet et il semble que ce réflexe puisse être contré par certaines personnes[34]. Et contrairement à une autre idée reçue, il ne s'agirait pas d'empêcher que les yeux soient éjectés de leur orbite sous l'effet de la pression, ce qui n'est pas possible[35], mais de protéger l'organisme de corps étrangers susceptibles d'entrer par les yeux.
De même, d'autres phénomènes, telles les flatulences, restent possibles lors d'un éternuement, contrairement à certaines idées reçues[réf. nécessaire].
Comme le poil à gratter, la poudre à éternuer est un produit irritant les muqueuses nasales conçu pour diffuser rapidement dans l'air ambiant et provoquer l'éternuement des personnes qui le respirent, habituellement pour leur faire une farce.
Les éternuements ne sont pas limités aux humains ou même aux mammifères. De nombreux animaux, y compris des chats[36], chiens[37] Poulets[38] et iguanes[39]. Les chiens sauvages africains utilisent les éternuements comme forme de communication, en particulier lorsqu’ils envisagent un consensus dans une meute sur la chasse ou non[40].
On peut notamment observer chez la coquille Saint-Jacques, tout comme beaucoup d’invertébrés, l'action d'un bruit involontaire lorsqu'elle expulse les petites particules et divers excréments qui la gênent à l’intérieur de sa coquille et ne cherche pas à transmettre un message à ses congénères. Cette observation permet de définir cette action comme un éternuement. Les variations acoustiques de ce comportement permettent de définir la nature des éléments filtrés ; et ses enregistrements permettent de surveiller les changements environnementaux par des moyens non intrusifs[41],[42].
L'éternuement inversé (ou « l'éternuement à l'envers », « rétroéternuement »), observés chez certains animaux domestiques et plus particulièrement chez le chien se présente sous la forme de crises impressionnantes, pendant lesquelles le chien inspire par le nez, la gueule fermée et cou tendu, avec un ronflement intense évoquant le grognement du cochon. L'origine de ce comportement est inconnu[43] même si certains spécialistes évoquent la présence d’un corps étranger souvent d’origine végétale, une tumeur, polypes voire la présence de parasites au fond du pharynx[44].
Le Rhinopithèque de Stryker est surnommé le « singe qui éternue » : cela vient du fait qu'en temps de pluie, l'animal est beaucoup plus sensible à l'humidité en raison de l'absence de nez[45].
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