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branches de l'organisation armée terroriste islamiste, formée en Irak et en Syrie De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L’État islamique en Libye constitue l'une des branches de cette organisation armée terroriste islamiste, d'idéologie salafiste djihadiste et originellement formée en Irak et en Syrie.
État islamique en Libye | |
Idéologie | Salafisme djihadiste, panislamisme |
---|---|
Objectifs | Expansion au Maghreb du califat proclamé par l'État islamique Instauration de la charia |
Statut | Actif |
Fondation | |
Date de formation | |
Actions | |
Zone d'opération | Libye |
Organisation | |
Chefs principaux | • Abou Nabil al-Anbari (tué le 13 novembre 2015) • Abou Ali al-Anbari (2015-2016) |
Membres | 1 000 à 5 000 hommes (2015-2018)[1],[2],[3] |
Allégeance | État islamique |
Répression | |
Considéré comme terroriste par | États-Unis[4] Canada(3 février 2021)[5] |
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Sa formation remonte au sous le nom de Majilis Choura Chabab al-Islam (en arabe : مجلس الشورى الشباب الإسلام, « Al-Majilis ach-Choura ach-Chabab al-Islam », Conseil consultatif de la jeunesse islamique), peu avant le début de la deuxième guerre civile libyenne, conflit qui a profondément déstabilisé ce pays d'Afrique du Nord. Le , ce groupe fait allégeance à l'État islamique.
À partir de cette date, il revendique trois provinces couvrant l'ensemble du pays : la province de Cyrénaïque (Wilayat Barca), la province du Fezzan (Wilayat Fezzan) et la province de Tripolitaine (Wilayat Tarabulus). Dans les faits, le groupe est essentiellement présent dans la ville de Syrte où il ne contrôle plus que quelques quartiers en bord de mer[6]. Il a été chassé en de Derna où il avait tenté de s'implanter[1].
Plusieurs groupes ayant fait allégeance à l'État islamique sont actifs dans le monde musulman en dehors de l'implantation principale du groupe en Irak et en Syrie. Cependant la branche libyenne revêt pour cette organisation une importance unique comme le démontre l'intensité des contacts entre le centre de Daech au Moyen-Orient et la filiale libyenne.
Le Majilis Choura Chabab al-Islam (MCCI) est créé le , au lendemain de la première guerre civile libyenne, par des djihadistes libyens de retour de Syrie où ils étaient regroupés au sein de la brigade Al-Battar crée en 2012 pour soutenir l'État islamique. Le 3 octobre, le groupe libyen prête allégeance à l'État islamique et en fait l'annonce le 31 octobre. Ce serment d'allégeance est accepté par Abou Bakr al-Baghdadi dans un communiqué rendu public le 13 novembre[1],[7].
En 2014, le MCCI prend progressivement le contrôle d'une partie de la ville de Derna. La zone de Derna devient alors le premier territoire contrôlé par l'État islamique hors d'Irak et de Syrie[1]. Le MCCI y dispose d'une mosquée, d'un tribunal islamique et d'une police[7]. Cependant un autre groupe djihadiste, le Majlis Choura al-Mujahidin, occupe également une partie de la ville. L'EI a compté jusqu'à 1100 combattants dans la ville[8].
La ville de Syrte, berceau du clan Kadhafi est restée loyale au dictateur libyen pendant toute la durée de la guerre civile. Dernier bastion du régime, elle subit d'intenses dommages lorsqu'elle est assiégée en , bataille au cours de laquelle Kadhafi trouve la mort[9]. En raison de cette fidélité au régime, la ville est mise à l'écart après la guerre et perd de son influence. Les djihadistes profitent de cette situation pour s'implanter dans la cité. Ansar al-Charia y implante une cellule et, après la proclamation du califat par Daech en , un petit nombre de combattants étrangers liés à l'organisation gagne Syrte.
L'EI prend Syrte aux forces du Bouclier de la Libye, une milice islamiste, en [8]. L'organisation officialise sa présence en organisant un défilé de véhicules aux couleurs de l'EI et en déclarant que la cité fait désormais partie du califat. Le groupe local d'Ansar al-Charia se divise sur la position à adopter face à l'EI et la majorité de ses membres prête allégeance au « calife »[10],[11]. L'EI parvient à faire de nombreux émules dans la population locale discriminée en raison de sa fidélité au régime Kadhafi. Ceci permet à l'organisation de renforcer son contrôle sur Syrte. Certains habitants voient là l'occasion de prendre une revanche sur Misrata la grande cité voisine située à 250 km à l'ouest dont les milices ont constitué l'un des fers de lance de la rébellion anti-Kadhafi[12].
L'expansion de l'État islamique se poursuit ensuite en tache d'huile autour de Syrte. En , une colonne de 40 véhicules du groupe rentre dans la bourgade voisine de Nofaliya qui tombe aux mains de l'EI[13]. Nofaliya est brièvement reprise par les forces du Congrès général national le [14] mais l'EI parvient à en reprendre le contrôle[15],[16]. En , les troupes de l'EI à Syrte montent une nouvelle offensive, elles s'emparent de la base aérienne de Ghardabiya (en) et d'autres infrastructures dont des centrales électriques et certaines installations de la Grande Rivière Artificielle, un projet d'irrigation pharaonique de l'ère Kadhafi[17],[18],[19]. Quelques jours plus tard, le groupe revendique un attentat suicide faisant cinq morts et huit blessés dans la ville portuaire de Misrata dont les milices ont attaqué les forces de l'EI[20]. En , les forces de l'EI prennent le contrôle d'Harawa, à 46 km à l'est de Syrte[21].
Tandis que l'EI accroit son extension autour de Syrte, le groupe connait des revers à Derna. Le , l'émir de la brigade des martyrs d'Abu Salim et son numéro 2 y sont assassinés par les hommes de l'État islamique. Des combats s'engagent alors dans la ville entre l'EI et le Conseil des moudjahidines de Derna, une coalition de groupes djihadistes rivaux fondée par Abu Salim et proche d'Al-Qaïda. Après 10 jours d'affrontements et plusieurs dizaines de morts, l'EI est chassé du centre de Derna[22],[23]. Le , le groupe reconnaît ses revers[24]. Quelques jours plus tard, un chef de l'EI aurait été pendu sur la place publique à Derna[25]. Après avoir contrôlé la ville pendant huit mois, l'EI doit donc se replier mais le groupe reste actif dans la zone de Fatayeh, à proximité de Derna et des combats continuent de l'y opposer avec les forces djihadistes établies dans la cité[8].
En , un autre soulèvement contre l'EI éclate à Syrte. Plusieurs groupes de résidents se coordonnent pour attaquer les troupes de l'organisation. Cependant, l'EI parvient à mater rapidement la révolte en faisant appel à des renforts stationnés à Nofaliya, à 150 kilomètres à l'est de Syrte. La répression fait de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de morts selon les sources[26].
Le , l'État islamique lance une offensive à l'est de Syrte. Les djihadistes s'emparent de Ben Jawad et attaquent ensuite des terminaux pétroliers à Ras Lanouf, Marsa El Brega et al-Sedra. Début janvier, l'EI reçoit également l'allégeance de combattants à Ajdabiya[27],[28].
Le , Daech lance une attaque maritime contre le port pétrolier de Zuetina (en) avec 3 embarcations. Les Gardes des Installations Pétrolières (GIP) ayant été avertis à l'avance, ils sont préparés à repousser l'attaque. Ils endommagent sérieusement l'un des bateaux, encore au large, forçant ainsi les deux autres à battre en retraite pour remorquer le vaisseau endommagé[29]. Les GIP parviennent ainsi à repousser l'assaut sans subir la moindre perte.
Le , une vaste offensive anti-EI est lancée par les forces libyennes fidèles au gouvernement d'union nationale (GNA)[30]. Dès lors, et en l’espace d’un mois, l'EI voit son territoire se rétracter significativement.
Le , le port de la ville de Syrte est repris par les forces progouvernementales libyennes, un important lieu stratégique[31]. Les forces progouvernementales encerclent maintenant les jihadistes dans un secteur de 5 km2 entre le centre et le nord de la ville.
Le , l'EI est finalement vaincue à Syrte après six mois de combats[32].
Après leur défaite à Syrte, les djihadistes de l'État islamique — dont les forces sont estimées entre quelques centaines et 3 000 hommes — se dispersent dans le territoire libyen, mais une bonne partie d'entre-eux se rassemblent dans le sud-ouest du pays, dans la région d'Oubari, alors théâtre d'un conflit entre les Touaregs et les Toubous[33],[34].
Peu après la défaite de Syrte, l'État islamique revendique l'attentat de Manchester, l'attaque perpétré par un djihadiste Libyen, formée par l'État islamique en Libye avant de rejoindre l'Europe[35].
Les djihadistes ont fait sortir de Syrte, au moins, une centaine de combattants aguerris. Les djihadistes s'implante au sud de Syrte, et dans le nord du Fezzan. Les djihadistes revendique leur première attaque le [36].
Le , Amaq diffuse une vidéo, montrant des djihadistes tenant un checkpoint au sud de Syrte, vers Al-Juffrah. Dans ce document, Sahayat Majri, un avocat et ancien vice-président de la haute commission électorale nationale libyenne, appelle à l'aide[36].
Le , l'État islamique diffuse une première vidéo longue de la wilayat Barqah. Première vidéo depuis la chute de Syrte qui résume l'activité récente du groupe.
Les Américains frappent un camp du groupe, près de Syrte, 17 combattants sont tués. En réponse, l'État islamique attaque le complexe judiciaire de Misrata le [37],[38].
En 2018, les attaques de l'État islamique s'intensifient, preuve que le groupe a terminé sa réorganisation après la chute de Syrte. Le nombre de combattants est alors estimé à 800 hommes.
Le , deux hommes équipés de ceintures explosives attaquent la haute commission électorale nationale libyenne, l'attaque fait 14 morts et 50 blessés, dont deux officiers de police[39].
Le , l'État islamique met en ligne une nouvelle vidéo longue de plus de 26 minutes dans la wilayat al-Barqah. Peu après l'EI diffuse plus de 200 noms de membres de la coalition al-Bunyan al-Marsous, cibles potentielles pour des assassinats ciblés.
Le , quatre assaillants s'en prennent au bâtiment de la National Oil Corporation à Tripoli, plusieurs personnes tués, l'attentat est condamnée par la France[40].
Le , l'État islamique prend d'assaut le quartier général du Ministère des affaires étrangères à Tripoli. Trois personnes dont un diplomate sont tuées, plus de 21 personnes sont blessées dont plusieurs grièvement[41].
Soutenu par des tribus arabes locales, l'État islamique contrôle des points d'accès pour les migrants arrivant en Libye sur leur chemin vers l'Europe. Cela facilite le recrutement de combattants étrangers.
L'EI reste non seulement présent dans le Fezzan, mais aussi dans le désert autour de Syrte, vers Bani Walid et le Wadi Zamzam. Bani Walid est le secteur des Warfalla, une des plus importantes tribus libyennes, qui soutient l'organisation djihadiste[36].
En , le Département d'État des États-Unis, estime que l'État islamique compte entre 1 000 et 3 000 combattants en Libye[2]. Un rapport de l'ONU daté de estime que les forces de l'État islamique comptent entre 2 000 et 3 000 hommes en Libye, dont 1 500 concentrés dans la zone de Syrte[8]. Le , le général David M. Rodriguez, commandant des forces américaines en Afrique, déclare que l'EI compte désormais 4 000 à 6 000 hommes en Libye[42].
La direction de la branche libyenne de l'État islamique est dominée par des émissaires étrangers, du Golfe et d'Iraq, envoyés sur place par la maison mère[43]. Parmi les combattants du groupe, on compte aussi un nombre significatif d'étrangers, surtout venus d'Afrique et notamment des Soudanais, Tunisiens, Algériens, Égyptiens, Maliens, Marocains et des Mauritaniens[8]. La présence de djihadistes européens à Syrte a été rapportée mais reste à confirmer. En , deux Français souhaitant rejoindre l'EI en Libye ont été arrêtés à la frontière tunisienne[12].
Selon un rapport de l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient publié en , les Tunisiens ont formé la très grande majorité des combattants étrangers de l'État islamique en Libye avec 1 500 combattants. Selon le rapport, 300 Marocains, 130 Algériens, 112 Égyptiens et 100 Soudanais ont également rallié l'EI, de même que 900 hommes venus d'Afrique subsaharienne, majoritairement en provenance du Sénégal, du Ghana, du Mali, du Niger, et du Tchad. Il y aurait eu également 66 Français dans les rangs du groupe djihadiste[44].
Le , un rapport de l'ONU estime que l'État islamique compte encore 3 000 à 4 000 hommes en Libye[45]. Fin 2018, un rapport de l'Africom donne une estimation plus faible avec 400 à 700 combattants[46].
En , Abou Nabil al-Anbari — surnommé « Wissam Najm Abd Zayd al Zubaydi » et peut-être également « Abu al-Mughirah al-Qahtani »[47] — arrive d'Irak pour prendre la tête de la branche libyenne de l'État islamique. Il est tué près de Derna la nuit du 13 au par une frappe aérienne américaine[48],[49]. Il est remplacé par un autre Irakien, Abou Ali al-Anbari, qui se rend en Libye, par bateau depuis la Syrie, et arrive à Syrte en [12],[50],[49]. Il retourne ensuite en Syrie et en Irak[51]. En 2016, les États-Unis le tuent lors d'un raid aérien[52],[53].
Parmi les autres chefs figurent : Tourki Moubarak al-Binali, dit « Abou Soufian », Abu Abdellah al-Ouerfalli, Abou Mohamed Sefaxi et Abou Talha al-Libi[49].
L'EI en Libye ne contrôle pour le moment pas de ressources pétrolières[8].
Outre ses opérations de nature plus directement militaire visant à s'assurer le contrôle de certaines zones du territoire libyen, l'organisation État islamique a aussi commis un certain nombre de massacres et d'assassinats, y compris dans des zones qu'elle ne contrôle pas. Certains de ces actes ont eu un grand retentissement médiatique et ont fait l'objet de vidéos de propagande.
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