Élection présidentielle roumaine de 2025

élection présidentielle en Roumanie De Wikipédia, l'encyclopédie libre

L'élection présidentielle roumaine de 2025 a lieu les et afin d'élire le président de la Roumanie[1].

Faits en bref Type d’élection, Corps électoral et résultats ...
Élection présidentielle roumaine de 2025
(1er tour)
(2d tour)
Type d’élection Élection présidentielle
Corps électoral et résultats
Inscrits 18 008 480
Président
Sortant
Ilie Bolojan (intérim)
PNL
Fermer

Le scrutin a lieu à la suite de l'invalidation de l'élection présidentielle de 2024 par la Cour constitutionnelle, en raison d'accusations d'ingérence russe en faveur du candidat pro-russe Călin Georgescu. Par ailleurs, le président sortant Klaus Iohannis, dont le mandat a été prorogé en conséquence et qui est menacé de destitution par le parlement, démissionne le . Le président du Sénat, Ilie Bolojan, assure ainsi l'intérim jusqu'à l'élection.

La candidature de Călin Georgescu, favori du scrutin, a été invalidée.

Contexte

Résumé
Contexte

Fonction présidentielle

La Constitution roumaine de 1991 donne à son président une place essentielle dans le cadre d'un régime semi-présidentiel.

Élu au suffrage universel direct dans un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, il nomme aux fonctions civiles et militaires, est le chef des armées et le représentant de la Roumanie à l'international, désigne le Premier ministre, peut dissoudre la Chambre des députés, qui en retour ne peut, si elle veut le destituer, que provoquer un référendum (ce qui a été tenté deux fois contre Traian Băsescu mais a échoué). Le Parlement (Chambre des députés et Sénat) peut également l'accuser de haute trahison et le faire renvoyer devant la Haute cour de cassation et de justice.

Invalidation du scrutin précédent

Călin Georgescu (à gauche) et Elena Lasconi (à droite)

À partir du , des milliers de personnes manifestent dans les rues contre Călin Georgescu, arrivé en tête de l'élection présidentielle roumaine de 2024 devant Elena Lasconi[2]. Le 26, le Conseil national de l'audiovisuel de la Roumanie demande à la Commission européenne d'ouvrir une enquête sur des soupçons d'utilisation inappropriée de TikTok pour promouvoir la candidature de Georgescu. Pour sa part, Lasconi, qui a été la cible de faux comptes publiant sous ses publications des appels à voter pour son concurrent, saisit six institutions étatiques dont la justice et les services de renseignement, qu'elle appelle à enquêter sur la campagne de Georgescu. La viralité acquise par les publications de Georgescu ne serait pas possible sans argent selon des experts, alors que la loi fixe un plafond à ne pas dépasser, et que Georgescu affirme ne pas avoir dépensé d'argent[3]. En réaction, TikTok affirme être « extrêmement vigilant » face aux manipulations du réseau social pour des raisons politiques[4]. Le , la commission électorale (AEP) annonce saisir le procureur au sujet de l'origine des fonds ayant servi à promouvoir la candidature de Georgescu sur TikTok [5]. Elle appelle aussi à vérifier si les comptes d'influenceurs ont reçu des fonds de comptes de campagne de candidats, et à enquêter sur les affiches de campagnes placardées qui ne contiennent pas l'identification de leurs commanditaires[6]. De leur côté, deux influenceurs admettent avoir été payés. L'un d'eux affirme cependant que le but était d'appeler à voter lors du scrutin sans soutenir de candidat, et de décrire le candidat idéal, puis que de faux comptes sont venus poster des appels à voter pour Georgescu sous ces publications[7].

Le Conseil suprême de la défense nationale (CSAT) se réunit le [8]. Celui-ci dénonce une cyberattaque contre le processus électoral[9] et réclame des « mesures urgentes »[10]. Peu avant, la Cour constitutionnelle est saisie de deux demandes d'annulation du premier tour émanant de deux candidats. Le recours de Sebastian Constantin Popescu dénonce le financement de la campagne de Georgescu. Celui de l'homme politique d'extrême droite Cristian Terheș dénonce les appels à voter de l'USR en faveur de Lasconi, après la clôture de la campagne officielle, notamment en direction des électeurs de la diaspora au Canada et aux États-Unis, où le vote avait encore lieu après la clôture des bureaux de vote en Roumanie, ainsi que la faible différence de voix entre Ciolacu et Lasconi. Il soupçonne aussi la comptabilisation de voix d'Orban en faveur de Lasconi. Il dénonce également l'usage de bots pour promouvoir la candidature de Georgescu le jour du vote. La Cour constitutionnelle rejette la première car déposée hors délais, et ajourne le traitement de la seconde au lendemain tout en réclamant des documents au CSAT. En attendant, la Cour ordonne le recomptage de l'ensemble des suffrages[11],[12]. La commission électorale annonce que le recomptage sera achevé le [13]. Pour sa part, s'il soutient la demande de recomptage, Ciolacu annonce que s'il est repêché, il se retirera de la présidentielle[14]. Le jour même, l'autorité de régulation du secteur des médias et du numérique (Ancom) propose le blocage de TikTok durant le déroulement de l'enquête[15],[16]. Le , la Cour constitutionnelle ajourne l'audience au 2 décembre[17]. Le recours est alors rejeté[18].

Selon une enquête d'Antena 3 CNN, réalisée par la journaliste d'investigation Carmina Pricopie, l'équipe de campagne de Georgescu a commencé à se réunir dès 2023 sur Telegram, puis 5 000 comptes de soutien à Georgescu ont été créés par une entreprise qui a ensuite disparu[19].

Marcel Ciolacu se montre favorable à un gouvernement du PSD avec le PNL et l'USR, les instances de son parti indiquant cependant que celui-ci n'annoncera le nom du candidat qu'il soutiendra qu'à l'issue des législatives[20]. Celles-ci devraient profiter à l'USR et à l'extrême droite[21]. Le , le PSD ne donne initialement pas de consigne de vote[22].

Le , avec l'accord du président Klaus Iohannis, le CSAT déclassifie des documents qui montrent l'implication de la Russie dans une manipulation du scrutin en faveur de Georgescu. Ainsi, deux semaines avant le scrutin, 25 000 comptes TikTok, difficiles à identifier, ont participé à cette campagne. Leurs utilisateurs se sont coordonnés sur Discord et Telegram pour échapper aux politiques de modération de la plateforme. De plus, la société sud-africaine FA Agency a incité des influenceurs à faire campagne pour Georgescu, et ont été payés, notamment par l'influenceur Bogpr, qui a déboursé un million d'euros. Par ailleurs, des cas d'achats de voix sont aussi à relever, ainsi que des attaques informatiques semblables à celles peu avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Aussi, des sectes d'extrême droite, criminelles et religieuses, qui ont par le passé propagé des discours pro-russes, antisémites, anti-OTAN ou anti-Ukraine, ont également participé à la campagne[23],[24]. Le ministère roumain des Affaires étrangères a également informé les autres chancelleries occidentales[25]. Le parquet général dit examiner ces éléments[26], avant d'ouvrir une enquête le lendemain[27]. Le jour même, le PSD, l'UDMR, le PNL et l'USR annoncent la signature d'un accord de coalition pour former le prochain gouvernement et pour soutenir la candidature d'Elena Lasconi au second tour[28]. Ciolacu soutient lui-même la candidate et affirme que cette décision fait suites aux révélations de la journée[29].

Le , la Cour constitutionnelle reçoit quatre recours en annulation du scrutin[30]. Elle annule le scrutin le 6 décembre[31],[32]. Georgescu était alors favori du second tour selon des sondages[33],[34].

Parmi les candidats, seul le battu Marcel Ciolacu a salué la « seule bonne solution » face à un résultat « faussé par l’intervention de la Russie ». Călin Georgescu dénonce un coup d'État et appelle à rester confiant, tandis que Elena Lasconi condamne la décision de la Cour, affirmant qu’elle était « illégale, immorale et qu’elle écrase l’essence même de la démocratie »[35].

Selon le politologue Costin Ciobanu, cette annulation « historique et sans précédent » va « polariser » encore plus la société et « soulève de sérieuses questions sur la solidité des institutions », alors que l’analyste Cristian Pirvulescu indique à l’AFP que la cour a pris « une décision de bon sens » face à « un coup d'État dans les urnes »[35]. Le 9 Mars 2025, la candidature de Calin Georgescu aux élections prévues en 2025 est rejetée par la commission électorale, arguant qu'elle ne "remplit pas les conditions de légalité", et qu'elle "viole l'obligation de respecter la démocratie"[36]. Georgescu annonce faire appel de cette décision[37].

Gouvernement Ciolacu II

Thumb
Marcel Ciolacu en 2022.

Bien qu'en net recul, le PSD arrive en tête des élections parlementaires roumaines de 2024 et obtient 22 % des voix. L'AUR, arrivée seconde, obtient 18 % des voix. Avec deux autres partis d'extrême droite, le bloc nationaliste est le premier bloc du pays, et totalise 32 % des voix, triplant le seul score de l'AUR en 2020. On pense initialement que le choix du Premier ministre dépendra des résultats de la présidentielle[38].

Le 4 décembre, le PSD, l'UDMR, le PNL et l'USR annoncent la signature d'un accord de coalition pour former le prochain gouvernement et pour soutenir la candidature d'Elena Lasconi au second tour[28]. Ciolacu soutient lui-même la candidate et affirme que cette décision fait suites aux révélations sur l'interférence russe sur le scrutin via TikTok[29].

Les négociations se poursuivent, mais s'enlisent, l'USR hésitant à entrer au gouvernement[39]. Face aux désaccords, Ciolacu annonce le que son parti n'entrera pas au gouvernement, mais qu'il votera en faveur de la confiance à un gouvernement PNL-USR[40]. Lasconi s'oppose alors à un tel gouvernement, préférant former une coalition avec le PSD[41]. Le président Iohannis s'oppose lui-même à un gouvernement minoritaire[42].

Les négociations reprennent le [43], aboutissant le [44], avant la signature d'un accord le lendemain[45]. Pour sa part, l'USR décide d'être dans l'opposition[46]. Le , le nouveau gouvernement est investi avec 240, soit six de plus que les 234 requises[47].

Démission de Klaus Iohannis

Klaus Iohannis (à gauche) et Ilie Bolojan (à droite)

Confronté à une procédure de destitution soutenue par le bloc d'extrême droite composé de l'Alliance pour l'unité des Roumains (AUR), de S.O.S. Roumanie (SOS), et du Parti de la jeunesse (POT), ainsi que par l'Union sauvez la Roumanie (USR), le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, annonce le qu'il démissionnera le « afin d'épargner à la Roumanie et aux citoyens roumains une crise »[48]. La motion était alors en mesure d'être adoptée par le ralliement de quelques parlementaires du bloc pro-européen[49],[50]. Celle-ci a par ailleurs abouti à la troisième tentative, après avoir obtenu le ralliement de l'USR[51].

Jusqu'à l'élection de mai, c'est alors le président du Sénat, Ilie Bolojan, qui assure l'intérim.

Invalidation de la candidature de Călin Georgescu

Le 9 mars 2025, la commission électorale roumaine rejette la candidature de Călin Georgescu à l’élection présidentielle de mai 2025, l'empêchant ainsi de participer à ce nouveau scrutin[52]. Celui-ci dénonce sur X « un coup direct porté à la démocratie dans le monde ». Il fait appel du rejet de sa candidature[53], appel aussitôt rejeté, le 11 mars, par la Cour constitutionnelle[54].

Mode de scrutin

Le président de la Roumanie est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Est élu le candidat qui réunit la majorité absolue des suffrages du total des électeurs inscrits sur les listes électorales. À défaut, un second tour est organisé entre les deux candidats arrivés en tête, et celui recueillant le plus de suffrages est déclaré élu[55],[56].

Les résultats sont validés par la Cour constitutionnelle[57]. Le président élu prête ensuite serment devant la Chambre des députés et le Sénat, réunis en séance commune[58].

Candidats

Résumé
Contexte

Validés

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Candidats à l’élection présidentielle roumaine de 2025
Candidat Fonctions Logo de campagne Parti
Thumb
Crin Antonescu
(65 ans)
Président du Sénat (2012-2014)
Ministre de la Jeunesse et des Sports (1997-2000)
Thumb

România, Înainte!
Roumanie, en avant!

PNL
Thumb
Nicușor Dan
(55 ans)
Maire de Bucarest (depuis 2020) Thumb

România Onestă
Roumanie honnête

Indépendant
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Enregistrés

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Candidats à l’élection présidentielle roumaine de 2025
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Thumb
Victor Ponta
(52 ans)
Premier ministre (2012-2015) Thumb Pro Romania
Thumb
Elena Lasconi
(52 ans)
Maire de Câmpulung (depuis 2020) Thumb USR
Thumb
Diana Iovanovici Șoșoacă
(49 ans)
Députée européenne (depuis 2024)
Sénatrice (2020-2024)
Thumb S.O.S. Roumanie
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Candidats à l’élection présidentielle roumaine de 2024
Candidat Fonctions Parti
Thumb
Călin Georgescu
(63 ans)
Indépendant
Thumb
Maria Marcu
Indépendant
Thumb
Petru Mîndru
OR
Thumb
Ion Popa
Indépendant
Fermer

Notes et références

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