L'élection générale québécoise de 1944 s'est déroulé le afin d'élire les députés de la 22e législature à l'Assemblée législative du Québec (Canada). Il s'agit de la 22e élection générale depuis la confédération canadienne de 1867. L'Union nationale, dirigée par Maurice Duplessis, est porté au pouvoir en défaisant le gouvernement libéral sortant du premier ministre Adélard Godbout et forme un gouvernement majoritaire.

Faits en bref 91 sièges de l'Assemblée législative (Majorité absolue : 46 sièges), Type d’élection ...
Élections générales québécoises de 1944
91 sièges de l'Assemblée législative
(Majorité absolue : 46 sièges)
Type d’élection Élection législative
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 865 396
Votants 1 345 550
72,13% en diminution 4,9
Votes exprimés 1 329 959
Votes nuls 15 591
UN  Maurice Duplessis
Voix 505 661
38,02%
en diminution 1,1
Sièges obtenus 48 en augmentation 33
PLQ  Adélard Godbout
Voix 523 316
39,35%
en diminution 14,2
Sièges obtenus 37 en diminution 33
BPC  André Laurendeau
Voix 191 564
14,4%
Sièges obtenus 4 en augmentation 4
FCC  Romuald-Joseph Lamoureux
Voix 33 986
2,56%
en augmentation 2,1
Sièges obtenus 1 en augmentation 1
Assemblée législative
Diagramme
Premier ministre
Sortant Élu
Adélard Godbout
PLQ
Maurice Duplessis
UN
Fermer

Il s'agit également de la première élection où les femmes peuvent exprimer leur droit de vote au Québec[1].

Contexte

Le Parti libéral avait remporté l'élection générale précédente en grande partie grâce à l'aide des libéraux fédéraux qui avaient unis leurs forces pour défaire le gouvernement de Maurice Duplessis. Ce dernier, opposé à la participation canadienne à la Seconde Guerre mondiale, avait déclenché l'élection en promettant de s'opposer à l'effort de guerre du Canada. Le premier ministre du Canada, William Lyon Mackenzie King, promet que la conscription ne sera jamais imposée.

Toutefois, le , King tient un plébiscite national demandant aux Canadiens de lui permettre de revenir sur sa promesse et d'imposer la conscription si nécessaire. Le plébiscite donne un résultat favorable à 63,7 % dans l'ensemble du Canada, mais défavorable à 71,2 % au Québec. La conscription ne sera appliquée qu'à partir de 1944, ce qui déclenche une crise de la conscription.

Un nouveau parti fait son apparition sur les scènes fédérale et provinciale : le Bloc populaire canadien, nationaliste et anti-conscriptionniste. Il remporte 4 sièges lors de ce scrutin, et fera également élire 2 députés à la Chambre des communes lors de l'élection fédérale l'année suivante.

Mais le sentiment anti-conscriptionniste joue surtout en faveur de Duplessis, qui réussit à faire passer Godbout pour un pantin du gouvernement libéral fédéral. Bien que le Parti libéral ait reçu plus de votes, l'Union nationale revient au pouvoir. Duplessis demeurera ensuite au pouvoir jusqu'à sa mort en 1959, remportant facilement la victoire lors des trois élections générales suivantes.

En , le nombre de sièges passa de 86 à 91 après un long débat.

David Côté, un candidat de la Fédération du commonwealth coopératif, socialiste, réussit à se faire élire dans Rouyn-Noranda dans une lutte à six candidats ; toutefois, il quitte le parti pour siéger en tant que député indépendant à partir de . L'indépendant René Chaloult est également élu.

Lors de cette élection, les Québécoises peuvent voter pour la première fois à une élection au niveau provincial. Le gouvernement d'Adélard Godbout avait rendu la chose possible, en dépit de l'opposition de l'Union nationale et de l'archevêque de Québec, Mgr Villeneuve[2]. Par cette loi, le nombre d'électeurs inscrits avait augmenté de façon significative (passant de 753 310 en 1939 à 1 865 396 en 1944). Le Québec était la dernière province canadienne à accorder ce droit.

Campagne

Ce sont cinq principaux partis qui prennent part à cette course à la gouvernance du Québec en 1944. Les techniques de propagande sont multiples : on parle surtout de distribution de pamphlets et de publicités radiophoniques servant à la diffusion de ses idées, mais dans tous les cas, on n’hésite pas à dénigrer l’adversaire pour parfaire sa propre image.

Bien que la victoire ne se soit que réellement disputée entre le Parti libéral et l’Union Nationale, il n’en demeure pas moins que d’autres partis, à leur manière, ont tout de même trouvé le moyen de tirer leur épingle du jeu au niveau de leurs tactiques communicationnelles respectives.

La Fédération du Commonwealth coopératif, pour sa part, a ancré sa campagne autour de la démonstration du caractère fondamentalement désuet du système capitaliste en place qui était à l’époque, selon ses membres, à la base des mauvaises conditions de vie de la population québécoise. À travers la distribution de pamphlets notamment, leurs adhérents s’afféraient à la diffusion de l’idée d’une réforme sociale et économique de la société. Cependant, le fait de ne présenter que 24 candidats et donc, de ne compétitionner que pour environ le quart des sièges de la province a joué en leur défaveur alors que le parti n’aurait jamais pu former le gouvernement[3].

Le Bloc populaire, quant à lui, cherchait à dénoncer vigoureusement le support du gouvernement de Godbout à l’endroit du fédéral lors de son dernier mandat. Que ce soit lors d’allocutions à la radio ou lors de diverses rencontres, on ne se gênait pas pour se positionner en désaccord avec le contrôle économique qui était induit par l’impérialisme canadien de l’époque. Le parti capitalisait ainsi sur la possibilité de changer les lois pour faire valoir sa vision alternative[3].

Non seulement du côté du Bloc populaire mais également chez celui des unionistes, la stratégie de campagne reposait beaucoup sur le fait de faire de la guerre et donc par extension, la conscription, l’enjeu central de ces élections, ce qui a contribué à placer Adélard Godbout et son équipe libérale dans une position plutôt précaire bien contre leur gré[3].

D’ailleurs, le chef du Parti libéral du Québec, pour tenter de contrer cette campagne de salissage à son égard, tentait surtout de rappeler à la population tous les bons coups de son gouvernement au cours des dernières années. Bons coups que l’opposition tentait plutôt de changer en mauvais en l’accusant, par exemple, d’avoir créé la conscription de l’éducation avec la loi sur l’instruction obligatoire. Les tentatives de Godbout pour s’attirer de la sympathie ne se montraient que très peu efficaces : il est arrivé qu’il ait eu à se présenter devant des assemblées houleuses auprès desquelles la présence de sécurité était requise et où il se voyait confronté à de grandes huées[4]. Plus encore, l’arrivée des électrices au scrutin est venue changer la donne puisqu’elles étaient en nombre majoritaire dans de multiples comtés : plusieurs d’entre elles attribuaient la responsabilité de la guerre aux libéraux, ce qui les plaçait évidemment en défaveur par rapport aux autres partis[4]. Également, toujours dans le but d’influencer les gens, Gobdout a eu recours à des stratégies de propagande, comme les annonces dans les journaux par exemple, qui lui ont autant permis de venter ses accomplissements passés que de dénigrer l’aspirant premier ministre Duplessis. Sur ce dernier point, un cas à mentionner est celui de La Palme présente Displicuit Naus Tuus. Il s’agit d’une brochure remplie de caricatures réalisées par La Palme. Celle-ci servait à se moquer de Duplessis, notamment à travers la critique de ses actions et une volonté de dévoiler au grand jour ses véritables motivations, mais également en l’illustrant littéralement de manière grotesque[5].

Enfin, au sein du parti de Maurice Duplessis, on assiste à une professionnalisation de la communication politique : il se dote de personnel politique permanent qui gère sa campagne en adoptant une perspective à plus long terme. Très semblablement à ses opposants, le chef de l’Union Nationale opte pour des allocutions à la radio, des publications dans les journaux, de la distribution de brochures et des assemblées politiques comme principaux moyens de faire sa propagande. Il se distingue tout de même par l’utilisation d’un journal de parti – Le Temps – qui devient un outil de communication de masse[6]. Alors qu’il s’oppose fermement à l’idée de la conscription, le contexte veut qu’il se place en position de défenseur des droits de la population. Plus globalement, on peut parler d’une stratégie de mise en image de Duplessis[7] : on utilise sa photo en plan rapproché ainsi qu’un buste en plâtre à son effigie pour se créer des représentations tangibles de l’aspirant premier ministre[7].

Dates importantes

Résultats

Union nationaleLibéralBloc pop.FCCInd.
48 sièges37 sièges4 sièges1 siège1 siège
^
majorité

Résultats par parti politique

Davantage d’informations Partis, Chef ...
élections précédentes • Résultats des élections générales de 1944 • élections suivantes
Partis Chef Candidats Sièges Voix
1939 Élus Nb  % +/-
     Union nationale Maurice Duplessis 91 15 48 505 661 38 %  %
     Libéral Adélard Godbout 90 70 37 523 316 39,3 %  %
     Bloc populaire André Laurendeau 80
-
4 191 564 14,4 %  %
     Commonwealth coopératif Romuald-Joseph Lamoureux 24
-
1 33 986 2,6 %  %
     Union des électeurs 12
-
-
16 542 1,2 % -
     Libéral indépendant 7
-
-
8 656 0,7 % -
     Ouvrier indépendant 2
-
-
8 355 0,6 % -
     Ouvrier progressiste 3
-
-
7 873 0,6 % -
     Union nationale indépendant 3
-
-
6 775 0,5 % -
     FCC indépendant 1
-
-
3 015 0,2 % -
     Candidat du peuple 1
-
-
2 583 0,2 % -
     Nationaliste indépendant[8] 1
-
-
2 124 0,2 % -
     Bloc populaire indépendant 1
-
-
156 0 % -
     Indépendant[9] 17 1 1 19 353 1,5 % -
Total 333 86 91 1 329 959 100 %  
Le taux de participation lors de l'élection était de 72,1 % et 15 591 bulletins ont été rejetés.
Il y avait 1 865 396 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection.
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Résultats par circonscription

Notes et références

Liens externes

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