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ouvrage en prose d'Ossip Mandelstam De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Voyage en Arménie (en arménien : Այցելություն Հայաստան ; en russe : Путешествие в Армению) est un ouvrage en prose du poète russe acméiste Ossip Mandelstam, écrit après son séjour en Arménie en 1930. Le poète a travaillé sur les textes de ce récit en 1931-1932. Dès 1933, la revue Zvezda en assure la publication[1]. Les textes en prose ont été précédés d'un cycle de poèmes intitulé Arménie rédigés en partie à Tbilissi.
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Mandelstam a rêvé longtemps d'Arménie avant de s'y rendre[2]. Le premier projet concret de voyage en Arménie de Mandelstam date de la mi-. Nikolaï Boukharine, membre du Bureau politique, mais aussi ami, conseiller et protecteur du poète en disgrâce, intervient depuis Moscou auprès du vice-président du Sovnarkom de la République socialiste soviétique d'Arménie, Azkenaz Mravian (1886-1929), pour faciliter ce voyage projeté de Mandelstam en écrivant : « C'est une personne très instruite qui pourrait vous apporter du bien. Il suffit de le laisser seul et de le laisser travailler. Il écrirait un ouvrage sur l'Arménie et il est prêt à apprendre la langue arménienne. Mais la réponse du est : « Attendre ! ». La raison en est la mort subite de Mravian [3].
Durant l'hiver de 1930, le désir de quitter Moscou, ville où le poète est harcelé sans fin et où il est soupçonné d'activités contre-révolutionnaires et interdit de publication (sauf les traductions), reprend Mandelstam. Boukharine cherche à agir en trouvant d'autres appuis. Et cette fois, l'Arménie accepte, mais sans départ possible avant [1]. Ses appuis politiques lui proposent de partir plus tôt vers l'Arménie, mais en passant par Soukhoumi en Abkhazie où il pourra profiter de la datcha du gouvernement en attendant de poursuivre vers l'Arménie. Le séjour à Soukhoumi avec son épouse Nadejda Mandelstam débute aux premiers jours d'[4],[5]. Après Soukhoumi, ils poursuivent leur route vers Tiflis en Géorgie où ils arrivent le . Le peintre arménien Martiros Sarian et l'architecte Alexandre Tamanian accueillent Mandelstam, l'aident dans ses démarches et l'introduisent dans leurs cercles d'amis. Le voyage a duré en tout sept mois dont cinq en Arménie d'avril à [1].
Le choix de l'Arménie n'est pas un caprice touristique, un hasard pour Mandelstam. Pour lui, le monde européen et la pensée européenne sont nés en Méditerranée. C'est là qu'a commencé l'histoire dans laquelle il a vécu et la poésie dans laquelle il a existé. Les cultures de la mer Noire et du Caucase, il les rattache à la Méditerranée. Son arrivée en Arménie est comme un retour au pays natal. Après un long silence qui avait précédé son arrivée, les poèmes sont revenus à lui en Arménie et ne l'ont plus quitté. Son système thématique du récit est très naturel : il s'agit d'amitié, de science, de passion intellectuelle. Il finit par reconnaître clairement à quel point ce voyage était bon et nécessaire pour lui[1]. Voici comment il s'exprime à ce propos : « Rien de plus instructif et réjouissant qu'une immersion dans une société de race profondément différente qu'on estime, pour laquelle on éprouve sympathie et, bien qu'étranger, fierté. La vie des Arméniens faite de plénitude, leur primitive douceur, leur ossature noble, courageuse, leur inexplicable aversion pour toute métaphysique et leur merveilleuse intimité avec le monde des réalités, tout cela me parlait : toi, reste vigilant, n'aie pas peur de ton époque, ne biaise pas »[6].
Le Voyage en Arménie est à la fois un récit de voyage et un évènement biographique dans la vie de Mandelstam. Il est divisé en fragments comme suit :
Serena Vitale rapporte que « Peu avant de quitter pour toujours l'Arménie« », les époux Mandelstam ont été à Chouchi « un village du Nagorny Karabagh[24] qui avait été dévasté une dizaine d'années auparavant par un sanglant pogrom musulman » (Massacres de Chouchi)[25].
Le texte du Voyage a été très mal accueilli par les fonctionnaires soviétiques. On a reproché à Mandelstam de ne pas évoquer les efforts de l'Arménie pour promouvoir le communisme. Même son ami Victor Chklovski lui fit des reproches[26]. Le rédacteur de la section littéraire de la revue Zvezda, César Volpé, perdit sa place pour avoir publié Voyage en Arménie[27].
Nadejda Mandelstam rapporte que dans un article non signé de la Pravda le Voyage en Arménie était qualifié de prose de laquais. Le directeur des éditions d'État Tchétchanovksi conseillait à Mandelstam de renier son Voyage en Arménie ; sinon il serait amené à la regretter…[28],[29].
Il n'aurait écrit, selon les autorités, aucune ligne sur le présent de l'Arménie qui se développe, suivant les officiels, à un rythme impétueux en construisant avec bonheur le socialisme[30]. C'était l'époque de la littérature de mission en URSS où des écrivains célèbres ou des inconnus étaient détachés dans les lieux de l'édification socialiste pour rendre compte du succès du premier plan quinquennal[31].
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