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L'expédition de Charles Quint contre Alger les 21-25 octobre 1541 est un grave échec. Un corps expéditionnaire de 25 700 hommes et 516 navires réussit à débarquer[1], mais la tempête disperse les navires, entraîne des pertes en vivres et en munitions. L'empereur doit rembarquer sans pouvoir prendre la ville turque.
Date | 19 octobre au 2 novembre 1541 |
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Lieu | Portes D'Alger, mers et les plaines |
Casus belli |
• Croisade de Paul III de 1540 • Tentative de reconquérir Alger |
Issue | Victoire décisive et tactique de la Régence d'Alger, mais la retraite de Charles Quint est un léger succès. |
Changements territoriaux |
• Chute de Bougie 1555 • Koukou vassale en 1542 • Soumission des tribus Algérienne |
Régence d'Alger | Sainte Ligue et le Royaume de Koukou |
Beylerbey Hasan Agha | Empereur Charles Quint Mohammed bel Qadi |
5 000 Algéro-Maures 2 000 Citoyens et Juifs 1 500 Janissaires 1 000 Raïs de Barbarie 600 Cavaliers Kabyles 80 Canons |
25 700 Fantassins 12 300 Matelots 2 000 Cavaliers 2 000 Kabyles (retraite) 516 Navires 200 Canons |
2 000 Fantassins Dégâts causés au port |
10 000 Fantassins 183 Navires 17 Galères 2 000 Prisonniers Espagnol |
Guerre vénéto-ottomane (1537-1540)
Neuvième guerre d'Italie
Guerres entre les Ottomans et les Habsbourg
Batailles
Bataille de Prévéza - Siège de Malte - Bataille de Lépante - Siège de Famagouste - Bataille de Djerba - Siège de Castelnuovo - Bataille de Lépante
L'expédition est organisée par l'empereur pour s'assurer le contrôle de la Méditerranée occidentale. À cette rivalité stratégique, s'ajoute en arrière-plan la rivalité religieuse traditionnelle entre le Christianisme catholique et Islamisme sunnite.
Confiant de son succès par la prise de Tunis en 1535, Charles Quint décide d’attaquer Alger et d’en finir avec le pirate Barberousse qui sème la terreur en Méditerranée. Plusieurs de ses alliés mettent en garde l'empereur d'attaquer tard dans l'année : aucune entreprise navale d'importance ne doit se faire entre septembre et mars. Mais l'empereur passe outre.
Toutes les nations de la Méditerranée occidentale hormis la France, allié du sultan Soliman, participent à cette expédition (Alger est alors une ville de l'Empire ottoman).
En Espagne, la préparation des forces est confiée à Cortes et en Italie à Ferdinand de Gonzague. l'expédition impériale est composée d'une troupe de 12 300 matelots et 23 000 combattants : 6 000 espagnols et siciliens, 5 000 italiens, 6 000 allemands, 3 000 volontaires de toutes nationalités, 150 chevaliers de Malte, 200 gardes de la Maison de l'Empereur, 150 officiers nobles dont le célèbre Hernán Cortés et 2 000 cavaliers. La défense de la ville est assurée par 1 500 janissaires et 6 000 morisques réfugiés récemment amenés d'Espagne avec des renforts de pirates, kabyles, arabes et berbères.
Le 20 octobre 1541, la flotte est devant Alger. Le beylerbey Hasan Agha (seigneur Hassan en turc) commande Alger, en l'absence de Barberousse. Il réunit les principaux habitants de la ville, les gens de loi, les imams des mosquées, la secte des Janissaires et les chefs des zaviés à se rendre à l’hôtel du gouvernement et sous un ton énergique déclare :
Quoi qu’il en soit, le 19 octobre, le saheb el nadour (l’officier de la lunette) vint annoncer à Hassan que l’on découvrait à l’horizon une flotte immense. Hassan parcourt aussitôt à cheval les divers quartiers de la ville, examine minutieusement tous les préparatifs, assigne à ses officiers les positions qu’ils doivent occuper; puis il se rend à la porte Bab-Azoun, où il pensait que commencerait l’attaque, et monte à la batterie qui défendait cette partie des fortifications. De là, son œil pouvait embrasser toute l’étendue de la baie, le rivage et les premières crêtes du Sahel, qui commençaient à se couronner de burnous blancs. Dès que les divers chefs de poste aperçurent Hassan sur la plate-forme de la batterie, ils s’empressèrent de le saluer par une décharge générale de leurs armes à feu. Le grand drapeau national d’Alger, formé de trois bandes de soie, rouge, verte et jaune, se déploya majestueusement au-dessus de la porte de Bab-Azoun, tandis que les tours, les forteresses, les remparts, se hérissaient d’armes, se pavoisaient de drapeaux de diverses couleurs, la plupart chargés de symboles mystiques ou de versets du. Coran. Les Algériens étaient remplis de confiance car une prédiction avait dit que les Espagnols seraient détruits dans trois expéditions différentes, dont une commandée par un grand prince, et qu’Alger ne serait prise que par des soldats habillés de rouge (La dernière partie de cette étrange prédiction ne devait s’accomplir que trois siècles plus tard les pantalons garance et les retroussis rouge des habits de nos soldats justifièrent, en 1830, aux yeux de cette population fanatique, le pronostic de la devineresse).
Le 21 octobre, la flotte impériale, complètement ralliée, se trouvait dans la baie d’Alger; le 23 seulement, elle put opérer son débarquement. On choisit cette partie de la plage qui avoisine la rive gauche d’El-Harrach, située au pied des hauteurs qui dominent la plaine de Mustapha. Monté sur la poupe de la Réale, qui portait l’étendard impérial, Charles-Quint dirigea cette opération. Toutes les galères, pavoisées de leurs couleurs nationales, étalaient leurs rames et disputaient de vitesse pour faire arriver les transports mouillés au large et les rapprocher du rivage, tandis que les bateaux plats prenaient les soldats et les déposaient à terre. Sur la plage, on voyait une multitude compacte d’Arabes, les uns à pied, les autres à cheval, défier les Espagnols en élevant leurs armes au-dessus de leur tête, et en agitant les pans de leurs burnous. Leur nombre augmenta surtout lorsque le débarquement commença, ils tentèrent même de s’y opposer; mais les galères qui s’étaient rapprochées de terre soutinrent cette opération difficile par des bordées bien nourries, qui forcèrent les Arabes de se tenir à distance. Aussitôt que l’infanterie fut entièrement débarquée, Charles-Quint, qui avait toujours présente à l’esprit sa conquête de Tunis, envoya à Hassan un parlementaire pour le sommer de se rendre. « Dis à ton maître, répondit celui-ci à l’officier espagnol, qu’Alger s’est déjà deux fois illustrée par la défaite de Francisco de Vero et de Hugues de Moncade, et qu’elle espère acquérir une gloire nouvelle par celle de l’empereur lui-même. » L’intimidation étant restée sans effet, il fallut songer à agir. Le 24 octobre, l’armée de Charles-Quint, divisée en trois corps, se porta sur Alger.
La première division, ou l’avant-garde, se composait des Espagnols commandés par Ferdinand de Gonzague; les Allemands formaient le corps de bataille; ils étaient commandés par l’empereur ayant pour lieutenant le duc d’Albe; l’arrière-garde, composée de la division italienne, des chevaliers de Malte et des volontaires, était sous les ordres de Camille Colonna. L’avant-garde occupait la gauche, c’est-à-dire le haut de la plaine; l’arrière-garde suivait le bord de la mer, et le corps de bataille gardait le centre. Dès que l’armée impériale se mit en mouvement, les Arabes ne cessèrent de la harceler, si bien qu’après six heures de marche elle n’avait pas avancé d’un mille; le soir elle prit position à El-Hamma, sans toutefois pouvoir goûter un seul instant de repos, car les Arabes continuèrent leurs escarmouches pendant toute la nuit.
Le 25, l’armée, après une marche difficile, constamment entravée par les attaques partielles des Arabes, parvint néanmoins à gagner les hauteurs qui dominent la ville. L’avant-garde se porta jusqu’auprès du ravin de Bab-el-Oued, et Charles-Quint s’établit, avec le corps de bataille, sur la même colline du Coudiat-el-Saboun où en l’année 1518 Hugues de Moncade avait pris position, et où fut construit plus tard le fort de l’Empereur. Son arrière-garde formait l’aile droite, et occupait tout l’espace compris depuis le pied des montagnes jusqu’au bord de la mer au cap Tafoura, là où est aujourd’hui le fort Bab-Azoun. La position était on ne peut plus avantageuse. Par cette manœuvre on avait isolé les Arabes de la ville, et des ravins profonds les tenaient éloignés de l’armée, il n’y avait plus qu’à commencer les travaux du siége. Charles-Quint fit débarquer sa grosse artillerie, et ordonna en même temps à la flotte de s’embosser le plus près possible de la place, afin de pouvoir la canonner simultanément par terre et par mer. Ni l’empereur ni ses généraux ne comptaient sur une longue résistance : les murs d’enceinte étaient très faibles, et l’artillerie des Algériens peu nombreuse; mais Alger avait pour elle de plus puissants auxiliaires : c’est-à-dire les orages qui jusque là l’avaient protégée, grâce au mauvais choix de la saison pendant laquelle on était chaque fois venu l’attaquer.
Dès l’après-midi du 25, le ciel était devenu tout à coup orageux, et de larges gouttes d’eau avaient humecté la terre. Vers le soir, le temps devint glacial; la pluie tomba en abondance, ruina les chemins, grossit les torrents, et les soldats sans abri étaient transis de froid. Pendant la nuit, survint une violente rafale : on entendait les câbles se rompre avec fracas; les navires chassaient sur leurs ancres, s’entrechoquaient les uns les autres, et finissaient par couler à fond. Cette nuit fut terrible pour l’empereur; sa douleur était poignante, mais rien ne trahissait au dehors ses émotions intérieures, et, constamment entouré de ses généraux et de ses principaux officiers, il s’efforçait de les rassurer par son calme apparent.
Au point du jour, un brouillard épais couvrait la plage et la pleine mer; la pluie n’avait pas cessé; il était impossible de rien distinguer à une faible distance. En ce moment de crainte et d’incertitude, on entendit, vers le bas de la montagne, non loin des murs d’Alger, des cris tumultueux: c’étaient les janissaires et les Maures, qui, profitant de l’orage et de la pluie, venaient attaquer l’armée impériale jusque dans ses retranchements. Les soldats de Charles-Quint coururent aux armes; mais leurs mousquets tout mouillés les servaient mal : les Maures, au contraire, armés d’arcs en fer, leur envoyaient une grêle de flèches qu’ils ne pouvaient éviter, le vent et la pluie leur battant au visage. Pour faire cesser cette lutte inégale, les Italiens et les chevaliers de Malte, car c’était l’arrière-garde qui se trouvait ainsi attaquée, voulurent combattre corps à corps; mais leurs ennemis, plus agiles et connaissant mieux les chemins, les esquivaient en se repliant sur Alger. Cette escarmouche se continua jusqu’aux portes de la ville. Alors les Turcs et les Maures, se voyant en sûreté, montent sur les remparts, et aux nuées de flèches font succéder des décharges de mousqueterie. Les Italiens, surpris et effrayés, se mettent à fuir; les chevaliers conservent seuls leurs rangs, et, malgré une nouvelle sortie, ils se replient en bon ordre.
A la vue du danger que court cette partie de son armée, l’empereur vient en personne, accompagné de ses fidèles Allemands, rétablir le combat. Les chevaliers, à leur tour, se sentant appuyés, reprennent l’offensive; ils chargent, quoique à pied, les cavaliers turcs; ils les refoulent dans les rues étroites et tortueuses du faubourg Bab-Azoun, et les pressent avec une telle vigueur qu’ils seraient entrés dans Alger avec eux, si Hassan Aga, pour prévenir ce danger, n’eût sacrifié une partie de son armée en faisant fermer précipitamment les portes. C’est à ce moment que le chevalier Ponce de Balagner, qui tenait déployé l’étendard de l’Ordre, furieux de se voir arrêté dans sa poursuite, se jeta contre la porte et y enfonça son poignard.
Bientôt après, les janissaires et les Maures, ralliés par Hassan, se précipitaient sur cette brave milice, qui formait l’arrière-garde pendant que l’armée chrétienne se retirait dans ses retranchements. Les chevaliers de Malte, après tant d’efforts, étaient trop accablés de fatigue pour résister à cette nouvelle attaque; ils voulurent néanmoins tenir tête à l’ennemi, et on les vit se former en bataille dans les gorges étroites qui avoisinent le pont des Fours. Mais leur courage ne servit qu’à illustrer ce lieu, qui depuis a retenu le nom de Tombeau des Chevaliers !
Ce fut au retour de ce déplorable engagement que la brume, venant à s’éclaircir, dévoila à l’armée de Charles-Quint les désastres de la nuit. Cent cinquante navires de diverses grandeurs étaient brisés sur la plage ou bien coulés à quelque distance, ne laissant apercevoir que l’extrémité de leur mâture. Presque tout ce qu’ils contenaient avait été submergé, et les hommes avaient péri, soit dans les flots, soit sous le yatagan des Arabes. La grosse artillerie, tout le matériel du siége, étaient perdus, car, avant que les ordres donnés par Charles-Quint eussent pu recevoir un commencement d’exécution, les bateaux de transport avaient été engloutis. Les soldats, qui n’avaient ni vivres ni tentes, contemplaient avec effroi le désastre de la flotte; leur douleur s’accrut encore lorsqu’ils virent les bâtiments qui avaient échappé à la tempête mettre à la voile et gagner le large. L’amiral se portait sur le cap Matifou. « Mon cher empereur et fils, écrivait André Doria à Charles-Quint en l’instruisant de cette manœuvre, l’amour que j’ai pour vous m’oblige à vous annoncer que, si vous ne profitez pour vous retirer de l’instant de calme que le ciel vous accorde, l’armée navale et celle de terre, exposées à la faim, à la soif et à la fureur de l’ennemi, sont perdues sans ressource. Je vous donne cet avis parce que je le crois de la dernière importance. Vous êtes mon maître, continuez à me donner vos ordres, et je perdrai avec joie, en vous obéissant, les restes d’une vie consacrée au service de vos ancêtres et de votre personne. » Cette lettre décida l’empereur à lever le siége. Voici les principales dispositions qu’il prit pour assurer sa retraite la prévoyance et le sang-froid qu’il mit à ordonner tous les détails de cette difficile opération l’honorent à la fois comme prince et comme guerrier.
Charles-Quint décida que l’artillerie et les bagages seraient abandonnés, que les chevaux de trait serviraient à la nourriture de l’armée jusqu’au moment où il serait possible de recevoir des vivres de la flotte ; puis il fit rassembler les blessés ainsi que les malades, et les établit au centre de la colonne. Sur les deux flancs il plaça les divisions allemande et italienne, et réserva pour l’arrière-garde les troupes qui avaient conservé le plus d’énergie: c’étaient les Espagnols et les chevaliers de Malte; la cavalerie fit aussi partie de ce poste d’honneur. Ainsi s’achemina vers le cap Matifou cette armée naguère si brillante et si pleine d’espérance; sa marche fut lente, pénible, semée d’obstacles. Les pluies avaient détrempé le sol et considérablement enflé les torrents. Les soldats, énervés par la disette, pouvaient à peine se tenir sur ce terrain fangeux; les Arabes les harcelaient avec une rage féroce, se précipitant comme une nuée d’oiseaux de proie sur ces malheureux qui tombaient de fatigue, et les massacraient sans pitié.
Les janissaires ne dépassèrent pas les rives d’El-Harrach; ils retournèrent vers Alger, où de plus riches dépouilles les attendaient, laissant aux Arabes de la plaine et du Sahel le soin de poursuivre et d’inquiéter l’armée chrétienne. Ceux-ci s’acquittèrent si bien de leur tâche, que plus de deux mille cadavres jalonnèrent l’espace qui s’étend depuis Tafoura jusqu’à Matifou. Une fois arrivé en présence de la flotte, Charles-Quint pressa l’embarquement; mais, malgré ses soins et sa diligence, il perdit encore un grand nombre de soldats, et ne parvint à ramener en Espagne que la moitié de son monde. Les conséquences de cette désastreuse expédition ont pesé pendant plus de trois siècles sur l’Occident, car c’est à la terreur que répandit dans tous les états de la chrétienté la nouvelle de cette fatale défaite qu’il faut attribuer la résignation avec laquelle l’Europe supporta si longtemps l’insolence des Barbaresques jusqu’au jour enfin où la France, prenant en main la cause de la civilisation, vint chasser les pirates de leur repaire et venger le grand empereur. Cette victoire des algérois fut considérée par ceux-ci comme un don de Dieu.
Hassan-Agha expédia une galiote pour porter la nouvelle de la victoire à la Sublime Porte. Khaïr-ed-din pacha, l’introduisit dans le sérail du sultan. Le sultan lui donna une magnifique pelisse et un khattichérif qui l’établissait gouverneur à Alger avec le titre de pacha. Après le désastre de Charles Quint en 1541, Alger, devint le port le plus puissant de la rive Sud de la Méditerranée.La défaite de l'Empereur sera accueillie avec une joie immense par la France et son roi, Francois Ier, alors ennemi déclaré du Habsbourg. En avril 1542, Hassan Agha entreprend de châtier le roi de Koukou qui a fourni 2 000 hommes à Charles Quint. Il envoie un corps de 3 000 Turcs armés de mousquets, 2 000 cavaliers arabes, 2 000 fantassins berbères et douze pièces d'artillerie, la plupart de petit calibre et montées sur affûts. Devant les armes à feu, le roi de Koukou donne une grosse somme d'argent et du bétail et promet de se soumettre dorénavant au tribut annuel, livrant son fils en otage[3].
Au mois de juillet 1542, une tentative des Algérois contre Bougie est repoussée. La ville sera finalement prise en 1555 par le beylerbey Salah Raïs. Mais alors qu'il s’apprête à délivrer Oran et Mers el-Kébir de l'emprise espagnole avec l'aide de la flotte du Sultan, ce dernier meurt de la peste en 1556[4].
LE MIRACLE DU BÂTON DE OUALI DADA (Le tombeau de ce saint se trouve dans l'enceinte du sanctuaire de Sidi-Abd-er-Rahman ; il est encore l'objet de la vénération des fidèles sunnite, surtout des janissaires pendant la période ottomane.)
Le souvenir de Ouali Dada, saint homme d'origine turque et que sa titulature funéraire nous donne pour un çoûfi (Équivalent musulman de moine, ermite. Le çoûfi se distinguait par le vêtement de laine (çoûf) qui était le costume des mystiques, des ascètes et de ceux vivant en confrérie.), est attaché à l'un des faits les plus marquants de l'Histoire d'Alger. Le 23 octobre 1541, Charles-Quint, ayant débarqué ses troupes sur la rive gauche de l'Harrach, s'était avancé à travers la plaine et avait gravi la hauteur du Koudiat es-Saboun d'où il menaçait Alger. L'armée, qui comptait des Espagnols, des Italiens, des Allemands, et des Français, était très forte. Les Algérois, dit-on, songeaient à capituler. C'est alors que Ouali Dada, ayant parcouru la ville pour relever les courages défaillants, entra dans la mer jusqu'à la ceinture et, la frappant du bâton qu'il tenait à la main, souleva la terrible tempête...
Au sein de la population avait couru d’innombrables légendes : "Le soir de la bataille par exemple, on avait vu s’éclairer le sanctuaire de Sidi Betka, mort pourtant depuis plusieurs années, et l’on avait colporté bien d’autres prodiges, comme quoi que c’était Sidi Ouali Dada s’avançant dans la mer en frappant les flots de son bâton pèlerin lequel avait soulevé les vagues à des hauteurs monstrueuses, ou bien le fait de Sidi Bouguedour qui avait lancé, une à une dans l’eau, tout un stock de poteries entreposé au port, et que chaque assiette cassée correspondait à un bateau coulé".
On sait le reste. La pluie diluvienne et le vent glacé paralysèrent les assiégeants, qui n'avaient pu être ravitaillés. Les Algérois firent une sortie et culbutèrent ceux qui étaient les plus voisins de la mer. C'étaient des Italiens, qui refluèrent en désordre sur le gros de l'armée. Les chevaliers de Malte, Villegaignon, Savignac et les autres, rétablirent la situation. Cependant il fallait battre en retraite, se rembarquer au milieu de la tourmente, qui, après une accalmie, devenait d'heure en heure plus furieuse. Une partie de la formidable armada, qui comptait plus de cinq cents navires, se brisa sur la côte ou sombra au large. Événement considérable. Le désastre de Charles-Quint allait, pendant longtemps, décourager l'Europe. Alger réputée invincible, allait connaître une prospérité qu'elle n'aurait pas osé espérer jusque-là. Ouali Dada put en voir les effets. Il mourut en 1554 et, pendant ces treize années de sa vie on ne signale aucun fait notable. Mais cela importe peu. Il avait eu son heure historique. Ce que le peuple d'Alger rapportait de lui pouvait lui mériter la vénération unanime, car, au moment des plus grandes épreuves, il avait, avec son bâton, fixé le destin de la cité.
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