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livre d'artiste de 1934 de Max Ernst De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une semaine de bonté ou Les sept éléments capitaux est un « roman-collage[1] » surréaliste de Max Ernst, publié en cinq fascicules entre avril et décembre 1934 par la galeriste Jeanne Bucher, à Paris.
Une semaine de bonté ou les sept éléments capitaux | |
Auteur | Max Ernst |
---|---|
Genre | Surréalisme |
Éditeur | Jeanne Bucher |
Lieu de parution | Paris, France |
Date de parution | avril-décembre 1934 |
Type de média | Livre d'artiste, « roman-collage »[1] |
Série | 5 |
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Max Ernst a déjà réalisé deux romans-collages : La Femme 100 têtes (1929) et Rêve d'une petite fille qui voulut entrer au Carmel (1930). Lors d'un séjour de trois semaines en à Vigoleno (it), en Italie, chez Maria Ruspoli, duchesse de Gramont, il découpe des illustrations provenant de différents livres puis les assemble en collages. Une autre invitée de la maison, Valentine Hugo, réveillée par le bruit « bruit bizarre et assez régulier » des ciseaux de l'artiste, a raconté ces souvenirs trente ans plus tard :
Dans cette chambre était Max Ernst. Par la porte fermée, un petit claquement métallique résonnait sèchement. Je ne comprenais pas, mais je compris le jour où, feuilletant un gros livre en très mauvais état pris dans une bibliothèque — c'était Le Paradis perdu avec les grandes images de Gustave Doré — je m'aperçus que les gravures étaient pour la plupart détachées et de grands morceaux découpés[1].
Le travail sur les collages s’est poursuivi dans le sud de la France, chez Valentine et Roland Penrose. C’est sans doute lors de ce séjour que le peintre britannique s’est engagé à financer la publication[2].
Parmi les gravures sur bois ayant servi de sources à l'artiste, le spécialiste Werner Spies a notamment pu identifier des romans-feuilletons des années 1880 comme Les Damnées de Paris de Jules Mary, ou Martyre ! , d'Adolphe d’Ennery[1], mais bien des détails sont empruntés à des publications de vulgarisation scientifique de la même époque (comme les femmes atteintes de crises d'hystérie, d'après des photographies prises par Jean-Martin Charcot à l'Hôpital de la Salpêtrière[3]), ou encore aux gravures de Gustave Doré pour Le Paradis perdu de Milton.
182 des collages réalisés par Max Ernst à l’été 1933 sont sélectionnés et photographiés, puis publiés en cinq cahiers entre avril et décembre 1934 par la galeriste parisienne Jeanne Bucher[1]. Chaque cahier, tiré à 800 exemplaires, comporte une couverture de couleur spécifique, et le seul texte est constitué par les titres (comportant un jour de la semaine, un « élément » et un « exemple ») et les épigraphes.
Alors qu’exposée, chaque planche révèle l’hétéroclite de sa composition par les différentes teintes de papier des éléments découpés , la photographie et l’impression écrasent délibérément ces indices, et Max Ernst a pris soin de masquer les jointures comme les signatures des dessinateurs et graveurs [2].
Les épigraphes sont des citations d’amis dada et surréalistes de Max Ernst (Jean Arp, André Breton ou Paul Éluard, Benjamin Péret, Tristan Tzara), mais aussi de leurs précurseurs issus du romantisme frénétique (Pétrus Borel) ou du symbolisme (Alfred Jarry, Marcel Schwob)[2], voire de fous littéraires, comme le Vicomte de Permission.
À l'origine, la série devait être publiée en six livrets, mais face aux faibles ventes des quatre premiers, Jeanne Bucher convainquît Max Ernst de rassembler les trois derniers jours en un seul volume, comme elle l'écrit dans sa correspondance avec Roland Penrose :
Après avoir bien réfléchi, je sens que nous nous devons à nous-mêmes d’aller jusqu’au bout, car, si nous ne pouvons espérer couvrir nos frais, du moins sera-t-il possible de vendre des ouvrages entiers, tandis que ce sera impossible si nous n’avons qu’un ouvrage inachevé[2].
Volume | Couleur du livret | Jour de la semaine | Élément | Exemple |
---|---|---|---|---|
Premier livret | Violet | Dimanche | La boue | Le lion de Belfort |
Deuxième livret | Vert | Lundi | L'eau | L'eau |
Troisième livret | Rouge | Mardi | Le feu | La cour du dragon |
Quatrième livret | Bleu | Mercredi | Le sang | Œdipe |
Cinquième livret | ||||
Jaune | ||||
Jeudi | Le noir | Le rire du coq L'île de Pâques | ||
Vendredi | La vue | L'intérieur de la vue | ||
Samedi | Inconnu | La clé des chants | ||
Les collages originaux sont exposés pour la première fois au Museo de Arte Moderno (en) en à l'initiative de Paul Éluard, à l'exception de cinq planches, probablement jugées indécentes[1],[4].
Rachetée par Daniel Filipacchi au travers de sa société « Isidore Ducasse Foundation »[5],[4], la collection n'est plus présentée au public jusqu'en 2008, date à laquelle Werner Spies parvient à convaincre la fondation de lui prêter les œuvres pour une série d'expositions passant à l'Albertina de Vienne du au [6], au musée Max Ernst (de) à Brühl du au , à la Kunsthalle de Hambourg du au , à la Fundación cultural MAPFRE de Madrid du au et au musée d'Orsay de Paris du au [1]. La presse française est enthousiaste à la redécouverte des collages : pour Beaux Arts magazine, « si, du surréalisme, il ne fallait retenir qu'une œuvre, ce serait celle-là »[7].
Le film documentaire en noir et blanc de 18 minutes Une semaine de bonté ou les sept pêchés capitaux, réalisé par Jean Desvilles en 1961, met en scène l'œuvre de l'artiste[8].
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