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roman de Laurence Sterne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme (The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman), souvent abrégé en Tristram Shandy, est un roman de Laurence Sterne, publié en neuf volumes et sur une dizaine d'années à partir de 1759.
Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme | |
Une des illustrations de l'ouvrage par Henry William Bunbury, datée de 1773. | |
Auteur | Laurence Sterne |
---|---|
Pays | Angleterre |
Genre | Roman |
Version originale | |
Langue | Anglais |
Titre | The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman |
Éditeur | Ann Ward (vol. 1–2), Dodsley (vol. 3–4), Becket & DeHondt (vol. 5–9) |
Lieu de parution | Londres |
Date de parution | 1759 |
Version française | |
Traducteur | M. Frénais |
Éditeur | Ruault |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1776 |
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Par sa modernité et sa truculence, ce roman, souvent considéré à l'égal des œuvres de Rabelais et Cervantes, très connu dans le monde anglo-saxon, est considéré comme une œuvre majeure de la littérature anglophone et occidentale. Victor Chklovski y voit « le roman le plus caractéristique de la littérature universelle »[1].
Le texte se présente comme une tentative d'autobiographie de Tristram Shandy, qui sert en fait de prétexte à la chronique d'une grande maison campagnarde où se croisent pêle-mêle membres et amis de la famille, domestiques ou voisins, et de leurs débats passionnés et parfois véhéments autour de nombreuses questions qui vont de l'art à l'art de la guerre et de l'amour à l'obstétrique, en passant par la religion et l'éducation.
Derrière la trame romanesque et son enchaînement de digressions, apparaissent alors diverses grandes thématiques qui s'interpellent et se font écho, telles que la création, l'impuissance ou la maîtrise du temps, qui dévoilent en filigrane la réflexion de l'auteur à travers les sujets évoqués par les protagonistes et lui permettent d'exposer son sens exacerbé de la liberté de l'écrivain : « Il faudrait savoir à la fin si c'est à nous autres écrivains de suivre les règles, ou aux règles de nous suivre ! ».
Le texte de Laurence Sterne multiplie les allusions et références aux grands penseurs et écrivains des XVIIe siècle et XVIIIe siècles. Alexander Pope, John Locke ou Jonathan Swift apparaissent ainsi comme ses principales influences dans l'écriture de Tristram Shandy.
On s'aperçoit facilement que la satire de Pope et de Swift constitue la plus grande part de l'humour de Tristram Shandy, mais les sermons de Swift et l'Essai sur l'entendement humain de Locke forment le cadre intellectuel que Sterne explora dans son roman.[réf. souhaitée] {Sterne était très au fait de la science et de la philosophie de son époque,} et les paragraphes sur l'obstétrique et les fortifications, par exemple, montrent qu'il maîtrisait les sujets principaux de ces domaines.
Quatre œuvres ont principalement influencé Tristram Shandy, au point d'éclipser les autres références[réf. souhaitée] : Rabelais, Cervantes, les Essais de Montaigne et John Locke. Sterne avait déjà écrit un texte appelé A Rabelaisian Fragment (Un Fragment rabelaisien), qui témoigne de la connaissance qu'il avait de cet auteur[2]. Mais il n'est pas besoin de cette œuvre de jeunesse pour voir l'influence que Rabelais a exercée sur Tristram Shandy, que de multiples allusions rendent évidente, comme l'humour paillard, particulièrement en ce qui concerne le corps. La première scène de Tristram Shandy, où l'on voit la mère de Tristram interrompre son père pendant le coït qui entraînera la conception de Tristram, témoigne de la dette que Sterne a envers Rabelais.
L'ombre de Cervantès est tout aussi présente dans le roman de Sterne. Les fréquentes références à Rossinante, le personnage d'Oncle Toby (qui ressemble à Don Quichotte par bien des manières) et la description que fait Sterne de l'humour « cervantesque » de ce personnage, la composition même de Tristram Shandy et son genre, tout cela doit beaucoup à la seconde partie du roman de Cervantès et démontre l'influence de l'écrivain espagnol.[réf. souhaitée]
Le roman utilise brillamment les théories de John Locke sur l'empirisme[réf. souhaitée], c'est-à-dire sur la manière dont nous nous servons de ce que nous savons de nous-mêmes et du monde par des associations d'idées qui proviennent de nos cinq sens. Sterne se montre tour à tour respectueux et satirique à l'égard des théories de Locke.[réf. souhaitée]
Font également partie de l'intertexte du roman l’Anatomie de la mélancolie (Anatomy of Melancholy) de Robert Burton, La Bataille des livres (Battle of the Books) de Jonathan Swift, ainsi que Les Mémoires de Martin Scriblerus (The Memoirs of Martinus Scriblerus).
Le roman a été publié entre 1759 et 1767, en neuf volumes : les volumes 1 et 2 en 1759, les volumes 3 et 4 en 1761, les volumes 5 et 6 en 1762, les volumes 7 et 8 en 1765 et le volume 9 en 1767.
La première édition française date de 1776, chez Ruault.
Si le livre connut un succès immédiat auprès du public britannique et très vite européen, une partie de la critique se montra réservée sur ce qu'elle considérait comme un simple jeu d'esprit élaboré et ingénieux.[réf. souhaitée] Ainsi, Samuel Johnson en 1776 affirmait : « Aucune chose bizarre ne dure. Tristram Shandy n'a pas résisté au temps » (« Nothing odd will do long. Tristram Shandy did not last »[3]). Au XIXe siècle, Tristram Shandy fut considéré comme démodé dans sa patrie.[réf. souhaitée]
La fortune du roman fut plus heureuse sur le continent.[réf. souhaitée] Diderot honore lui-même sa dette à son égard et s'en inspire pour écrire Jacques le fataliste. Les romantiques allemands Jean Paul et E.T.A. Hoffmann, ou encore le Français Charles Nodier se sont eux aussi clairement inspirés du Tristram.[réf. souhaitée] Le Brésilien Joaquim Maria Machado de Assis le cite comme inspiration de son Bras Cubas. Le premier volume plait énormément à Nietzsche qui l'évoque dans ses premiers écrits[4].
Le roman fut également très apprécié en Russie.[réf. souhaitée] Les théoriciens russes Victor Chklovski et Mikhaïl Bakhtine le considéraient comme le roman le plus important de la tradition occidentale.[réf. souhaitée]
Les modernistes tels que James Joyce redécouvrirent la richesse du texte, appréciant notamment son caractère réflexif.[réf. souhaitée]
Les traductions suivantes sont rangées par ordre chronologique de première parution :
Dans un article intitulé Qui a peur de Tristram Shandy ? paru en octobre 2006 dans le journal Le Monde , Sylvie Martigny et Jean-Hubert Gailliot, gérants des éditions Tristram, attaquent avec virulence la traduction de Charles Mauron (1946), alors choisie par le ministère de l'Éducation nationale pour le concours de l'agrégation de lettres modernes, comme étant : « le pensum le plus appauvrissant et anti-shandéen qui se puisse concevoir », ajoutant que Mauron dépouille « le texte de Sterne de ses attributs les plus remarquables », et que « cette vieille traduction réussit le tour de force d'en donner une version ennuyeuse, fautive et incomplète, de nature à faire fuir tout lecteur innocent ».
Un mois plus tard, dans les mêmes colonnes du Monde, la fille de Charles Mauron réplique par un droit de réponse intitulé Une défense de Charles Mauron , dans lequel elle s'insurge contre les « appréciations négatives » au « caractère particulièrement abrupt et méprisant » portées à l'encontre de la traduction de son père.
Tristram Shandy a été adapté en 1996 en bande dessinée par le dessinateur Martin Rowson[8].
La première adaptation connue au cinéma est de 2006 : Tournage dans un jardin anglais (A Cock and Bull Story), film britannique réalisé par Michael Winterbottom, écrit par Martin Hardy, avec Steve Coogan, Rob Brydon, Kelly Macdonald, Naomie Harris et Gillian Anderson.
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