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La transmission des ordres dans la marine à voile, c'est-à-dire aux différentes composantes d'une Armée Navale est un problème de première importance pour son commandant. Des manœuvres de plus en plus complexes et la présence de flottes de plus en plus nombreuses va imposer l'utilisation de systèmes très élaborés de transmission des ordres.
Au cours du XVIIe siècle, vont apparaître « les premières méthodes sérieuses de signalisation entre bâtiments à la mer »[1]. Les signaux sont faits, de jour, avec des pavillons dont la forme, le motif ou l'emplacement, indiquent la référence à un ordre, dont le libellé exact est à rechercher dans un ouvrage imprimé et distribué au préalable par le commandant en chef à tous ses capitaines.
Dans un premier temps, les signaux sont définis par l'amiral. Chacun d'eux renvoie à un article de la liste des ordres qu'il a prévu. Au fil du temps, les besoins liés à la direction des flottes vont conduire à augmenter le nombre de signaux. La complexification croissante en résultant va mener à la création de codes numériques désignant une lettre, un mot, une phrase voire un ordre complet, et ne réclamant l'usage que de quelques pavillons. Ce système de transmission des ordres ne s'effacera qu'avec l'apparition de la radiotélégraphie.
La nuit, les signaux sont visuels ou sonores, effectués par l'intermédiaire de lanternes, de trompettes ou de coups de canons. Il en est de même en cas de brume.
Jusqu'au XVIe siècle, le besoin de diriger les armées navales est peu criant. D'abord par le nombre de navires à diriger, ensuite par l'absence de manœuvres sophistiquées. La tactique est de se rapprocher de l'ennemi pour le combattre en mêlée.
Le développement de l'artillerie, puis l'augmentation des effectifs engagés, va développer le besoin de contrôler les mouvements des navires, de diriger leurs actions.
Dans un premier temps, les ordres de mouvements se bornent à devoir imiter ceux du navire amiral. Dans un second temps, l'organisation en plusieurs corps, comme une armée terrestre, et le besoin de leur adresser des ordres particuliers, va conduire à développer des procédures de plus en plus précises en utilisant des moyens assez rudimentaires.
Une personne crie du bateau voisin les ordres à transmettre. Son principal avantage est de ne nécessiter aucun outil technologique. Il faut par contre que les deux interlocuteurs soient proches l'un de l'autre.
On utilise un bateau servant à transmettre les messages d'un navire à l'autre. On utilise notamment ce moyen pour augmenter la portée à laquelle on peut envoyer les messages (notamment avec les porte-voix). Exemples de navires messagers :
Il s'agit, dans ce cas d'effectuer une manœuvre sortant de l'ordinaire et devant attirer l'attention de celui auquel est destinée l'information. L'avantage est d'être visible à grande distance (par exemple, un mouvement de voile, de par la taille celle-ci, sera plus visible qu'un pavillon bien plus petit) ; l'inconvénient réside dans le nombre limité de mouvements possibles et donc de messages pouvant être passés[4].
Pour donner un exemple, le 20 novembre 1759, l'escadre anglaise est à la recherche de l'escadre française, dans les parages de Belle-Île. Le signal convenu en cas de découverte par les navires éclaireurs est de laisser fasseyer les voiles de perroquet. C'est ce que fera la frégate HMS Maidstone à 8 heures 30, déclenchant l'action qui aboutira à la défaite française des Cardinaux[5].
Les pavillons sont de grande taille[7], de différentes formes. À côté des pavillons carrés, on trouve des flammes[8], des pennons[note 3] voire, chez les Britanniques, des flammes nouées en leur milieu.
Pour flotter au mieux dans le vent, les pavillons sont fait en toile légère (étamine)[9].
Instrument privilégié pour la transmission des ordres pendant la nuit, le fanal est une grosse lanterne que l'on accroche à tel ou tel endroit du gréement. L'emplacement et le nombre des fanaux arborés font référence à un ordre.
Si, dans un premier temps, le fanal ne sert qu'à protéger un flambeau, l'utilisation de plaque de mica, puis de verre coloré, vont permettre d'augmenter la diversité des feux et, partant, la quantité d'ordres possibles. Selon Jean Boudriot, le fanal à signaux est garni d'une bougie, de cire jaune, d'une livre de poids[note 4],[10].
Ce dispositif se compose d'une planchette au long de laquelle est creusée une gouttière, avec une cavité à son extrémité[11]. La poudre est répandue dans la cavité et la gouttière[11]. L'inflammation « provoque un nuage emflammé visible de fort loin »[11].
Une composition, anglaise, comprend une livre de poudre pour 6 onces de farine[12]. Vers la fin du XVIIIe siècle, des feux de couleur bleue sont utilisés. Ils sont fabriqués avec 7 livres de salpêtre, 1 livre douze onces de soufre et 8 onces de bleu d'orpiment[12].
Elle se compose d'un cylindre en carton, garni d'un mélange d'artifice, et surmonté d'un pétard. La fusée est fixée sur une tige longue de 5 pieds (1.60 mètre environ)[11].
Un vaisseau de 74 canons en embarque 4 caisses de 36[11]. Il y en a de plusieurs types comme les « fusées en étoiles », les « fusées en pluie » et les « fusées en sarmentaux »[11].
Elles sont tirées à l'aide d'un chevalet composé de deux tringles, permettant de régler l'angle de tir[11]. Généralement, cela est fait du gaillard d'arrière[11].
On utilise différents instruments pour transmettre un message. Chaque marine ayant ses préférences. On trouve comme outils utilisés :
Un message pourra ainsi être codé par le nombre de notes produites ou leur fréquence, par exemple.
Le ou les coups de canons peuvent être partie intégrante de l'ordre transmis, ou servir à appuyer l'ordre. Son emploi est cependant aléatoire en cas de combat. Cela se vérifiera, entre autres, lors du combat des Cardinaux. Il est aussi prévu deux significations possibles, selon que les coups de canons sont tirés à intervalle court ou long.
Il s'agit des ordres qui sont transmis en faisant appel à plusieurs modes de transmission en même temps. Un exemple peut être pris dans l'utilisation de coups de canons associés à l'envoi de pavillons ou de fanaux.
Il s'agit du code morse habituellement utilisé en radiotélégraphie, transmis par signaux lumineux[note 5].
C'est l'outil électrique directionnel (donc discret car il n'est visible que du navire vers lequel le projecteur est dirigé) qui permet de transmettre les signaux lumineux du code morse dont la procédure lumineuse s'appelle le Scott. Les messages en Scott peuvent être aussi transmis en FVTH (Feu Visible sur Tout l'Horizon). Ce moyen de transmission optique en bout de vergue est plus rapide car il dessert plusieurs destinataires en même temps, mais moins discret car il peut être intercepté par tout navire à proximité[note 5].
Chaque marine a ses procédures propres mais qui sont en fait des variantes d'un même système de signalisation.
Il y a peu d'exemples connus de système élaboré de transmission d'ordres jusqu'au XVIe siècle. Pour deux raisons au moins. En premier, parce que la tactique est limitée à un ensemble de combats individuels. Chaque navire se trouve un adversaire et le combat[1],[16]. En second, parce que la taille des flottes opposées permet au vaisseau amiral d'être vu de tous[16].
Un exemple peut être donné avec les instructions de l'amiral espagnol Alonso de Chaves (es) (aux environs de 1530)[17] : « The captain-general should encourage all in the battle, and because he cannot be heard with his voice he should bid the signal for action to be made with his trumpet or flag or with his topsail »[note 8].
La situation change au XVIIe siècle, quand la manœuvre et le combat en groupe deviennent la règle. Le général de l'Armée Navale a besoin d'un système de transmission des ordres à des vaisseaux qui peuvent être très éloignés. Les vaisseaux naviguent en ligne de file et, bien que l'amiral soit généralement placé au milieu de celle-ci, il faut transmettre les ordres le long de cette file longue de plusieurs kilomètres.
Au XVIIe siècle, les amiraux ne disposent que d'un recueil d'« Instructions ». C’est-à-dire un ensemble de règles imaginées par l'amiral et présentées sous forme d'articles. Les plus anciens codes de signaux conservés datent de 1630[15]. Ils concernent les galères[15],[note 9].
Il ne s'agit pas de documents officiels, mais chaque amiral constitue son propre recueil[18]. En 1731, Duguay-Trouin[Qui ?] fait imprimer son propre recueil chez Mallard, imprimeur à Toulon, et en distribue un exemplaire à chacun de ses capitaines[19]. Il peut aussi reprendre un système existant en y apportant des suppléments, des commentaires.
On fait référence à un article et les destinataires doivent en déduire la pensée de leur chef. Les références sont données par des coups de canon, selon le nombre et la fréquence, ou par des mouvements de voile (mis à contre, ferlée, etc.)
Dans les situations simples, le système est valable, mais si la situation qui se présente n'a pas été prévue au préalable, rien ne peut plus être transmis. C'est alors que l'on trouvera, dans les relations du combat, l'envoi des canots du navire amiral pour porter des ordres, voire l'appel des frégates à passer sur l'arrière dudit vaisseau pour que soit donné au passage le message, par porte-voix, qui devra ensuite être hurlé de la même façon au vaisseau destinataire[note 10].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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