Traductologie
science de l'interprétation et de la traduction De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La traductologie, en tant que science, étudie le processus cognitif et les processus linguistiques inhérents à toute reproduction (traduction) orale, écrite ou gestuelle, vers un langage, de l'expression d'une idée provenant d'un autre langage (signes vocaux (parole), graphiques (écriture) ou gestuels). Quand ce travail ne porte pas sur des textes, on parle aussi de « transposition intersémiotique » ou « transmutation » (Jakobson)[1].
Brian Harris de l'Université de Montréal en a donné une définition simple en 1973 ; il s'agit pour lui de toute référence à l'analyse linguistique du phénomène de traduction[2], mais à l’inverse de ce qu’on lit parfois, ce n’est pas Brian Harris ni Jean-René Ladmiral qui auraient forgé le terme de traductologie[3][réf. nécessaire]. Harris le reconnait lui-même dans son article « What I really meant by "Translatology" ». Selon Harris, ce terme aurait été utilisé pour la première fois en 1968 par trois chercheurs belges: R. Goffin, P. Hurbin et J.-M. Van der Merschen.
En un sens élargi, toute pratique réflexive sur la traduction relève de la traductologie. Dans cette acception, on parle également de traductographie.
Il s'agit aussi d'un exercice universitaire inscrit dans les programmes des facultés de langues vivantes, mais généralement à partir de la troisième année d'études, du moins en France, et dans les études supérieures menant au doctorat en plusieurs pays.
Le mot « traductologie » est composé de traductio (« la traduction » en latin de la Renaissance) et du grec ancien logos (l'« étude » ou la « science »). « Science de la traduction » est l'équivalent communément admis de l'anglais « translation studies ». La traductologie a reçu plusieurs appellations éphémères : « sciences de la traduction », « translatologie », etc. Le mot « traductologie » a été inventé en 1973 par René Goffin, professeur de l'ISTI (Institut Supérieur des Traducteurs et Interprètes) [4][réf. nécessaire].
L'histoire de la traduction a fait l'objet de nombreuses études. Au gré des multiples études spécifiques et générales sur l'histoire de la traduction, celle-ci est devenu un genre à part entière au sein de la traductologie, avec ses propres courants et méthodes[5]. Les études s'intéressent ainsi tantôt à l'histoire de la traduction du point de vue de la pratique, tantôt à l'évolution de la réflexion théorique, ou encore étudient la vie et l’œuvre des traducteurs ou les traités et préfaces qui précèdent les traductions afin de décrire une certaine évolution historique[5]. Enfin, certains chercheurs choisissent de relier l'histoire de la traduction à son contexte sociopolitique, quand d'autres la décrivent, par opposition, comme une activité universelle pratiquée dans toutes les langues et dans toutes les cultures[5].
Une réflexion approfondie sur la spécificité de la traduction littéraire (en particulier poétique) se trouve déjà chez Dante Alighieri, surtout dans son Convivio, I, VII [6].
La théorie interprétative, ou « École de Paris » compte aujourd'hui de nombreux promoteurs, en particulier dans le monde francophone. Elle a été développée au sein de l'ESIT à Paris, essentiellement grâce à Danica Seleskovitch et Marianne Lederer[7]. Seleskovitch s'est inspirée de son expérience en tant qu'interprète de conférence pour mettre au point un modèle de traduction en trois temps : interprétation, déverbalisation, réexpression[7]. On s'attache ici particulièrement à la question du « sens », considéré comme de nature « non verbale » : il concerne aussi bien l'explicite (ce que le locuteur a dit) que l'implicite (ce qu'il a tu). Un « bagage cognitif » très important (connaissance du monde, du contexte, du « vouloir-dire » de l'auteur) doit donc être possédé par le traducteur pour saisir ce sens[7]. La question de la « perception » est ici prépondérante : perception de l'outil linguistique (interne) puis de la réalité (externe). Le processus de traduction passe donc ici par une étape intermédiaire, celle de la déverbalisation[7]. C'est un processus dynamique de compréhension puis de réexpression des idées[8].
Jean Delisle a par la suite fait évoluer l'idée de la théorie interprétative en ayant recours à l'analyse du discours et à la linguistique textuelle[8].
La théorie sémiotique de la traduction a été notamment développée par le professeur italien Ubaldo Stecconi. En se fondant sur la théorie des signes de Charles Sanders Peirce, Stecconi affirme que la traduction est une forme particulière de la sémiotique[9].
La théorie du skopos fut développée par les linguistes allemands Hans Joseph Vermeer et Katharina Reiß. Selon cette théorie, le facteur le plus important à prendre en compte dans la traduction d'un texte est la fonction qu'aura le texte cible (ou: destinataire), appelée le skopos. Il faut adapter la traduction au lectorat ciblé ainsi qu'à l'objectif et à l'utilité qu'aura ce texte.
Les trois points suivant sont des principes importants de cette théorie:
La théorie de la traduction comme polystème a été développée par le professeur israélien Itamar Even-Zohar[11].
La traductologie s'intéresse aux problématiques suivantes :
Sur l'adhérence à la forme même du texte d'origine (au prix de libertés prises avec les signifiés du texte destinataire) - signifiant, rythme, valeur[12] Le texte destinataire, ici (comme chez W. Benjamin), n'a pas à s'adapter à une supposée réception d'un lectorat.
Le droit est écrit de manière très différente selon les époques et les pays[13]. À travers l'histoire, les juristes ont toujours été confrontés aux difficultés liées à la diversité linguistique du monde[14]. Les traducteurs juridiques ont dû, par exemple, transposer le droit romain, écrit en latin, dans de nombreuses autres langues afin de permettre sa diffusion et sa compréhension. Parfois, ils ont également dû traduire un droit coutumier formulé oralement dans une langue locale vers un droit écrit dans une autre langue.
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