Le mouvement français de statactivisme plaide pour la mobilisation des statistiques en soutien aux mouvements et agendas sociaux[1].
Le programme des statactivistes français est de «lutter contre» aussi bien que de «lutter avec» les nombres, en utilisant une variété de stratégies possibles[2],[3]:
- Pratiquer le «judo statistique». Il s'agit d'une stratégie de légitime défense, dans laquelle les mesures existantes sont «jouées» comme le prescrit la loi de Goodhart ;
- Dénoncer l'insuffisance ou le biais ou l'injustice des indicateurs et mesures existants, par exemple à partir des statistiques officielles de la pauvreté ou des inégalités[4];
- Développer des indicateurs alternatifs pour remplacer ceux ci-dessus;
- Identifier les contextes et problèmes sociaux invisibles pour les statistiques existantes
Le statactivisme appartient intellectuellement à la tradition de la sociologie des nombres[2],[5],[6],[7]. À la suite d'Alain Desrosières et de Theodore M. Porter[8], les statactivistes utilisent la statistique comme un «outil de faiblesse», qui offre aux membres faibles de la société l'opportunité d'agir contre leur oppression en rendant visible l'injustice.
I. Bruno, E. Didier, and T. Vitale, “Editorial: Statactivism: forms of action between disclosure and affirmation,” Open J. Sociopolitical Stud., vol. 2, no. 7, pp. 198–220, 2014.
I. Bruno, E. Didier, and J. Prévieux, Statactivisme. Comment lutter avec des nombres. Paris: Zones, La Découverte, 2014.
I. Bruno, E. Didier, and T. Vitale, “Special Issue. Statistics and Activism,” Particip. Conflict. Open J. Sociopolitical Stud., vol. 7, no. 2, 2014.
P. Concialdi, “Le BIP40: alerte sur la pauvreté,” in Statactivisme. Comment lutter avec des nombres, I. Bruno, E. Didier, and J. Prévieux, Eds. Zones, La Découverte, 2014, pp. 199–211.
A. Desrosières, The politics of large numbers : a history of statistical reasoning. Harvard University Press, 1998.
E. Didier, America by the numbers : quantification, democracy, and the birth of national statistics. MIT press, 2020.
A. Desrosières, “Statistics and social critique,” Open J. Sociopolitical Stud., vol. 7, no. 2, pp. 348–359, 2014.
T. M. Porter, Trust in Numbers: The Pursuit of Objectivity in Science and Public Life. Princeton University Press, 1995.