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poète symboliste français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pierre Paul Roux, dit Saint-Pol-Roux, né le dans le quartier de Saint-Henri à Marseille et mort le à Brest, est un poète symboliste français.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Pierre Paul Roux |
Pseudonymes |
Saint-Paul-Roux, Daniel Harcoland, Saint-Pol-Roux |
Nationalité | |
Activité | |
Enfant |
Divine Saint-Pol-Roux (d) |
Membre de | |
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Mouvement |
Symbolisme, précurseurs du surréalisme |
Genre artistique | |
Archives conservées par |
Archives municipales de Brest (d) (15S)[1],[2] Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 8931, 1, -)[3] Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet[4] |
Pierre Paul Roux naît le dans le quartier Saint-Henri de Marseille[5],[6], dans une famille d'industriels en produits céramiques. En 1872, à l'âge de dix ans, il est envoyé au collège Notre-Dame des Minimes à Lyon dont il sortira huit ans plus tard bachelier ès lettres. La même année, il s'engage pour un an dans l'armée. Attiré par le théâtre, il écrit sa première œuvre, Raphaëlo le pèlerin, un drame en trois actes[7].
En 1882, il part s'installer à Paris et commence des études de droit, qu'il ne terminera jamais. Il fréquente cependant le salon de Stéphane Mallarmé, pour lequel il a la plus grande admiration[8].
En 1886, il fonde avec Éphraïm Mikhaël et Pierre Quillard une revue du nom de La Pléiade, qui ne reparaît que de manière éphémère en 1889[6]. Il gagne une certaine notoriété, essaie quelques pseudonymes et signe à partir de 1890 « Saint-Pol-Roux ». Il tente de faire jouer une de ses pièces, la Dame à la faux, par Sarah Bernhardt[réf. nécessaire].
Saint-Pol-Roux sera interviewé par Jules Huret en tant que membre du mouvement symboliste[réf. nécessaire]. Il est possible qu’il ait participé à la Rose-Croix esthétique de Joséphin Peladan en 1890[9] mais si tel est le cas, cette collaboration a dû être brève, car il ne figure pas parmi les signataires de l'original du document.
En 1891, il rencontre sa future femme, Amélie Bélorgey (1869-1923). À cause de difficultés financières, Saint-Pol-Roux quitte Paris[7].
Son exil l'amène d'abord à Bruxelles, avant qu'il ne trouve une retraite paisible dans les forêts d'Ardenne, à Poix-Saint-Hubert au lieu-dit « Les Forges », où une discrète plaque rappelle le souvenir de son passage. C'est là, en toute tranquillité, qu'il termine sa Dame à la faux. Après un court retour à Paris, Saint-Pol-Roux quitte la capitale définitivement en 1898. Il l'exècre pour son ostracisme et l'arrogance de la critique littéraire, qu'il ignore avec autant de superbe qu'elle le méconnaît[réf. nécessaire].
Il s'installe ensuite avec sa femme à Roscanvel dans le Finistère, où naît leur fille Divine en 1898. Cette « chaumière de Divine » étant devenue trop petite, il s'installe à Camaret-sur-Mer et fait de la Bretagne le centre de gravité de son œuvre, vivant des subsides que lui a assurés l'opéra Louise, dont il a rédigé le livret pour Gustave Charpentier.
En 1903, il achète une maison de pêcheur surplombant l'océan, au-dessus de la plage de Pen-Hat, sur la route de la pointe de Pen-Hir. Il la transforme en manoir à huit tourelles dont la maison forme le centre, et baptise la demeure « Manoir du Boultous ». À la mort de son fils Cœcilian, tombé en 1914 près de Verdun, il le renomme « Manoir de Cœcilian »[7]. « Face à la mer, l'homme est plus près de Dieu », disait-il[réf. nécessaire].
Il reçoit de nombreux artistes et écrivains comme André Antoine, Victor Segalen, Alfred Vallette, Max Jacob, André Breton, Louis-Ferdinand Céline et même, en 1932, Jean Moulin, alors sous-préfet de Châteaulin. Les membres du mouvement surréaliste le considèrent comme un devancier. André Breton publie son Hommage à Saint-Pol-Roux le dans Les Nouvelles Littéraires, où il revendique Saint-Pol-Roux comme le « seul authentique précurseur du mouvement dit moderne »[7].
Saint-Pol-Roux a été membre de l'Académie Mallarmé de 1937 à 1940.
Dans la nuit du 23 au , 4 jours après l'occupation par les troupes allemandes de la presqu'île de Crozon, le manoir de Cœcilian est ensanglanté par un drame atroce. Un soldat allemand investit le manoir, blesse Divine à la jambe d'une balle de révolver qui lui fait éclater le tibia, tente de tuer son père et tue leur bonne « de trois balles dans la bouche ». Divine dira aussi que le soldat a abusé d'elle, ce qu'elle réfutera par la suite. Saint-Pol-Roux, qui a près de 80 ans, est blessé mais réchappe de la tragédie car le soldat allemand s'enfuit, effrayé par le chien de la maison[10].
Le jour même de l'agression, l'autorité militaire allemande arrête le coupable. Il sera jugé par la cour martiale de Brest, condamné à mort et fusillé.
Le 5 septembre 1944, Divine Saint-Pol-Roux rédige son témoignage manuscrit de l'attentat.
« Après les démarches auprès des autorités allemandes et ma déposition, j'arrivai à l'hôpital civil de Brest 17 heures après le drame, je fus opérée d'urgence, j'y fus soignée jusqu'au 15 avril 1941, pendant toute cette période le docteur Pouliquen et son assistant luttèrent contre l'amputation, je subis quatre opérations ; le 15 avril 1941, l'hôpital ayant été détruit au cours d'un bombardement, je fus dirigée sur la clinique du docteur Pouliquen où je restais huit jours mais Brest devenant peu sûr je fus évacuée sur Camaret où je fus accueillie par les parents de ma servante, n'ayant plus de foyer. Mais mon cas nécessitant encore des soins j'attendis la venue de mon frère pour être transportée à Paris où je fus admise à l'Hôtel-Dieu le 30 octobre 1941 et y demeurai soignée par le professeur Mondor jusqu'au 15 avril 1942[10]. »
Saint-Pol-Roux est cruellement atteint par la mort de leur fidèle Rose et par les souffrances de sa fille.
Alors qu'il fait la navette entre l'hôpital de Brest et Camaret, il apprend un soir d'octobre 1940 que le manoir qui avait déjà été pillé vient d'être à nouveau « visité ». Les diverses pièces du manoir, notamment sa chambre et son cabinet de travail, se trouvent en effet dans le plus grand désordre.
Les manuscrits de plusieurs ouvrages auxquels Saint-Pol-Roux travaille depuis de nombreuses années ont été les uns déchirés, les autres brûlés. Lorsqu'il voit le désastre, il comprend qu'il lui sera impossible de reconstituer son œuvre ; il en éprouve un immense désespoir qui achève de le briser.
Atteint d'une crise d'urémie, il est transporté le à l'hôpital de Brest. Saint-Pol-Roux, « le Magnifique », le « mage de Camaret », meurt le [11],[7].
Saint-Pol-Roux y est enterré aux côtés de son épouse Amélie (1869-1923), et de sa fille Divine (1898-1985).
Théophile Briant[12] raconte : « Il fut enterré le à Camaret, au milieu de cette population côtière qu'il avait conquise et qui, raidie dans ses vêtements de deuil, cachait à peine son indignation des récentes forfaitures. Le cercueil, qui avait passé la nuit à la chapelle Notre-Dame-de-Rocamadour, fut porté à bras par quatre marins langoustiers aux visages de statue qui voulurent arrêter « Monsieur Saint-Pol » devant la tombe encore fraiche de sa servante, avant de le descendre dans la Terre Sainte de Bretagne. »
Saint-Pol-Roux représente l'archétype du « poète oublié ». C'est à ce titre qu'André Breton lui dédie le recueil Clair de terre (ainsi qu'à « ceux qui comme lui s'offrent le magnifique plaisir de se faire oublier ») et que Vercors lui dédie Le Silence de la mer (« le poète assassiné »).
De son vivant même, son œuvre reste méconnue, pourtant publiée dans la revue L'Ermitage et célébrée aussi bien par les symbolistes (notamment Remy de Gourmont) que, plus tard, par les surréalistes qui donnent un banquet à la Closerie des lilas en son honneur en 1925, lequel tourne au pugilat et dont Saint-Pol-Roux s'enfuit, effrayé.
L'universitaire Michel Décaudin raconte ainsi qu'allant lire, dans les années 1950, Les Reposoirs de la procession à la bibliothèque de l'Arsenal à Paris, on lui communiqua un volume dont les pages n'étaient pas coupées : « Il était ainsi resté en rayon plus de cinquante ans sans être consulté »[13].
À partir de la Libération, Divine s'efforce en vain d'empêcher l'œuvre de son père de tomber dans l'oubli. Malgré les études de Michel Décaudin, la parution d'un volume dans la collection « Poètes d'aujourd'hui » des éditions Seghers et les émissions de Jean-Pierre Rosnay à la radio, où il fit dire quelques-uns de ses poèmes, Saint-Pol-Roux reste largement méconnu.
En grande partie grâce au travail de sauvetage, de défrichage et de publication des éditions Rougerie, pendant ces années de « purgatoire », les poèmes, essais et pièces de théâtre rescapés de la barbarie nazie sont édités ou réédités. Une masse considérable de manuscrits inédits (Le Trésor de l'Homme, La Répoétique) a survécu au pillage.
En 2009, une Société des Amis de Saint-Pol-Roux[14] est créée afin de mieux faire connaître et de promouvoir l'œuvre du poète.
À quelques mètres des alignements de Lagatjar, juste au-dessus de la plage de Pen Hat se trouvent les ruines du manoir de Saint-Pol-Roux, alias « Le Magnifique ».
L'édifice était composé de deux pavillons de plan carré liés entre eux par un corps central plus bas. Les pavillons étaient flanqués de tourelles circulaires et coiffés de toits en croupe. Le gros œuvre était en moellon de pierre et ciment avec l'encadrement des baies en brique. En 1944, le manoir, occupé par les Allemands, fut bombardé à plusieurs reprises par l'aviation alliée. Il brûla le 11 septembre 1944, sept jours avant la libération de Camaret.
Il ne reste, au début du XXIe siècle, que quelques vestiges de cette demeure.
Saint-Pol-Roux a tenté de créer une œuvre d'art totale. Ce rêve de la littérature symboliste consistait à créer une œuvre parfaite répondant à tous les sens. Saint-Pol-Roux s'est donc intéressé au genre théâtral et à l'opéra, pendant ses années parisiennes. À la fin de sa vie, il s'émerveille des possibilités artistiques offertes par le cinéma.
Saint-Pol-Roux a également créé la notion d'« idéoréalisme », dans un souhait d'une fusion artistique entre le monde réel et le monde des idées, dans une perspective néoplatonicienne. Il imagine une cosmologie, où la Beauté perdue dans le monde réel doit être révélée par le poète.
Sous le nom de Saint-Pol-Roux
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