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ancien pays De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le royaume de Jérusalem, appelé aussi royaume franc de Jérusalem (en latin : Regnum Hierosolymitanum, en ancien français : Roiaume de Jherusalem), est un royaume chrétien fondé au Levant en 1099 au terme de la première croisade et disparu en 1291, avec la chute de Saint-Jean-d'Acre.
1099–1291
Statut | Royaume |
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Capitale |
Jérusalem (1099-1187) Tyr (1187-1191) Saint-Jean-d'Acre (1191-1229) Jérusalem (1229-1244) Saint-Jean-d'Acre (1244-1291) |
Langue(s) | latin, ancien français, arabe |
Religion | Catholicisme |
1095-1099 | Première croisade |
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15 juillet 1099 | Prise de Jérusalem |
25 novembre 1177 | bataille de Montgisard |
4 juillet 1187 | Bataille de Hattin |
2 octobre 1187 | Perte de Jérusalem |
18 février 1229 | Traité de Jaffa |
18 mai 1291 | Chute de Saint-Jean-d'Acre |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Il s'agit de l’État latin d'Orient le plus méridional. Le royaume, à partir du règne de Baudouin Ier, s’étend sur la Terre Sainte, dominant le littoral de Gaza jusqu'à Beyrouth. Vers l’intérieur, le royaume va jusqu’à la vallée du Jourdain. Plus tard, l’autre rive du Jourdain sera occupée jusqu’à la mer Rouge, formant la terre d’Outre-Jourdain.
Le royaume de Jérusalem se partageait en un domaine royal et quatre fiefs principaux. Ces fiefs principaux, ainsi que le domaine royal, avaient eux-mêmes des vassaux.
Les principaux fiefs du royaume de Jérusalem étaient :
Les seigneuries dépendantes du domaine royal étaient :
Il y eut également quelques seigneuries détachées du domaine royal :
Blasonnement : d'argent, à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même.
Selon la tradition, ce blason de la croix de Jérusalem est volontairement à enquerre (il contrevient aux règles héraldiques en disposant un métal directement sur un autre métal (de l’or sur de l’argent)), en hommage aux orfèvres de Terre sainte, passés maîtres dans l'art de sertir les métaux[réf. nécessaire].
Le royaume de Jérusalem est né de la première croisade et de la prise de Jérusalem (). Godefroy de Bouillon en fut le premier souverain, mais se contenta du titre d’avoué du Saint-Sépulcre. Il fallut d’abord combattre une première contre-attaque fatimide, qui fut battue à Ascalon le . Le royaume se limitait aux villes de Jérusalem et Bethléem, au port de Jaffa et à la route reliant Jérusalem et Jaffa.
Plusieurs chefs croisés quittèrent la ville sainte, soit pour se tailler des principautés, soit pour rentrer en Europe. Il ne restait plus que Godefroy, Tancrède de Hauteville, Raymond IV de Toulouse et trois cents chevaliers. Tancrède conquit la plaine de Galilée et fonda la principauté de Galilée.
Godefroy mourut le . Se posa alors la question du statut juridique du nouvel État, liée à celle de la succession. Daimbert de Pise, patriarche de Jérusalem, souhaitait un État théocratique et appela son allié Bohémond, prince d'Antioche. Mais celui-ci venait d’être fait prisonnier par les Turcs et Baudouin, comte d'Edesse et frère de Godefroy, se présenta. Daimbert fut obligé de l’accepter, puis de le sacrer roi de Jérusalem.
Baudouin Ier passa son règne à conquérir le littoral et à repousser les contre-attaques islamiques. Il réussit à faire reconnaître la suzeraineté du royaume de Jérusalem sur les autres États latins d'Orient. Il mourut en 1118 et les seigneurs du royaume lui choisirent comme successeur Baudouin du Bourg, comte d’Édesse et cousin de Baudouin Ier.
Baudouin II renforça la présence franque en Terre sainte et remporta plusieurs victoires, mais ne put s’emparer de la Syrie intérieure, les villes d’Alep et de Damas restant aux musulmans.
Les succès de la première croisade étaient principalement dus aux divisions des musulmans. Foulques d'Anjou, successeur de Baudoin II, parvint à maintenir cet équilibre, mais la Syrie musulmane commençait à s'unifier sous la férule de Nur ad-Din. La deuxième croisade n'eut aucun résultat positif, les croisés ayant attaqué Damas, le seul émirat allié aux Francs.
Les règnes de Baudouin III et d'Amaury Ier sont marqués par la recherche d'alliances auprès de Byzance et de l'Égypte fatimide, mais cette dernière action se solda par un échec qui contribua à l'hégémonie de Saladin sur la Syrie et l'Égypte réunies, prenant le royaume en tenaille.
Baudouin IV le Lépreux, puis Raymond III de Tripoli, régent au nom de Baudouin V, réussirent à tenir Saladin en échec, mais le comportement de Renaud de Châtillon et l'avènement de Guy de Lusignan amenèrent la catastrophe : l'armée franque fut vaincue à Hattin (), le roi fait prisonnier, Renaud de Châtillon exécuté, et Saladin entreprit rapidement la conquête des États latins d'Orient après la prise de Jérusalem le vaillamment défendue par Balian d'Ibelin. Le royaume de Jérusalem se réduisit bientôt au port de Tyr, le comté de Tripoli se réduisit à la ville de Tripoli, au château de Tortose et au Krak des Chevaliers, et la principauté d'Antioche à Antioche et à Marqab.
C'est de Tyr que vint la contre-attaque. Conrad de Montferrat, un homme énergique et résolu, oncle de Baudouin V, y avait débarqué en , mit la ville en état de défense, et repoussa les attaques de Saladin. Pour contrebalancer cette réaction, Saladin délivra Guy de Lusignan, mais Conrad refusa à ce dernier l'entrée de Tyr. Tandis que Conrad épousait Isabelle de Jérusalem pour faire valoir des droits au trône, Guy de Lusignan se mit à assiéger Saint-Jean-d'Acre. Ce siège dura deux ans, les Francs de Lusignan se retrouvant à leur tour assiégés par une armée de secours de Saladin, et en proie à la rivalité entre partisans de Guy et partisans de Conrad. Ce n'est qu'à l'arrivée de la troisième croisade, conduite par Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion, que la ville put être prise.
Philippe Auguste rentra en France, mais Richard resta, fit la conquête de la bande côtière et négocia avec Saladin une paix garantissant aux pèlerins chrétiens l'accès à Jérusalem. Sous la pression des barons, il se résigna à reconnaître Conrad roi de Jérusalem, installant Guy de Lusignan sur le trône de Chypre qu'il venait de prendre aux Byzantins.
Jérusalem était perdue, mais le royaume garda le nom de « royaume de Jérusalem », et son siège fut installé à Saint-Jean-d'Acre. Conrad de Montferrat, son nouveau roi, fut assassiné peu après. Se succédèrent alors les deux maris suivants d'Isabelle, Henri II de Champagne, puis Amaury II de Lusignan, frère de Guy de Lusignan et roi de Chypre. Il parvint à reprendre plusieurs ports et à reconstituer le royaume tout le long du littoral, de Jaffa à Beyrouth (1197). À sa mort, ce fut Marie de Montferrat qui lui succéda, sous la régence de Jean d'Ibelin, le « vieux seigneur de Beyrouth ».
Lorsque Marie eut dix-neuf ans, Jean d'Ibelin la maria à Jean de Brienne. En 1218, celui-ci lança une expédition en Égypte dans le but de négocier la restitution de Jérusalem. Le , il prit Damiette, et le sultan d'Égypte était disposé à échanger la ville contre Jérusalem. Le légat Pélage Galvani s'y opposa et marcha sur Le Caire au moment de la crue du Nil. L'expédition tourna ainsi à la catastrophe et les succès de l'opération furent réduits à néant.
Pour obtenir des secours de l'Occident, Jean de Brienne maria en 1225 sa fille Isabelle II à l'empereur romain germanique Frédéric II de Hohenstaufen, lequel l'écarta du trône. Frédéric II, bien qu'ayant réussi à récupérer Jérusalem par traité, mécontenta les barons et la « guerre des Lombards » éclata entre les impériaux et les barons. Ce n'est qu'en 1232 que les barons l'emportèrent, ne laissant aux impériaux que la ville de Tyr qui fut prise en 1243.
Tout en maintenant la fiction des rois Hohenstaufen, les barons organisèrent un gouvernement collégial, dirigé par Jean d'Ibelin, puis par son fils Balian, mais l'anarchie s'installa. Jérusalem fut reprise par les musulmans en 1244. Saint Louis vint à la tête d'une croisade, mais fut fait prisonnier à Damiette. Après sa libération, il gouverna le royaume de 1250 à 1254 et le réorganisa, mais l'anarchie revint après son départ, aggravée par les rivalités entre les Génois et les Vénitiens (guerre de Saint-Sabas), la double prétention au trône de Hugues III de Chypre et de Charles d'Anjou. Pendant ce temps, le sultan mamelouk Baybars reprenait petit à petit les différentes places fortes du royaume. La dernière place forte franque fut Saint-Jean-d'Acre, qui fut prise le .
Les institutions du royaume, lois initialement non écrites, furent regroupées par Jean d'Ibelin dans les Assises de Jérusalem.
Contrairement à de nombreux pays d'Europe, la puissance féodale s'est d'abord établie, chaque croisé noble cherchant à se tailler un fief en Terre sainte, transposant ainsi le système féodal en Orient, et ce ne fut qu'ensuite que la nécessité de coordonner les opérations militaires établit l'institution monarchique. De ce fait, la véritable souveraineté ne réside pas dans le roi, mais dans le corps de la noblesse réunie en assemblée sous le nom de « Cour des Liges » ou « Haute Cour ». Composée au départ des vassaux direct de la Couronne, elle fut augmentée en 1162 des arrières vassaux. Elle dispose d'une autorité souveraine supérieure à celle du roi, qui n'a que le pouvoir militaire. Avant d'être reconnu et sacré, le roi devait prêter le serment de respecter les coutumes et les Assises du royaume.
La Haute Cour est aussi chargée de régler les litiges intéressant les nobles. D'autres cours jugeaient des affaires concernant le reste de la population :
Certaines institutions judiciaires respectent les usages locaux : la cour du raïs (chef de village) peut juger des causes mineures concernant les indigènes et la cour de la Fonde est un tribunal mixte jugeant les causes commerciales ou celles qui concernent les Syriens.
En revanche, la cour de la Chaîne qui juge les procès maritimes, la cour des Bourgeois ou la Haute Cour, qui juge les nobles, sont composées uniquement de Francs[5].
Les rois de Jérusalem possèdent, au XIIe siècle, quatre baronnies (Jérusalem, Naplouse, Acre et Tyr) et de nombreux villages dans ces seigneuries. Ils tirent la plupart de leurs ressources d’impôts sur le commerce :
Ces ressources permettent au roi d’accorder des fiefs en besants ou fiefs de soudée (500 besants par an pour un chevalier), parfois plus nombreux dans une seigneurie que les fiefs en terre.
Les croisés ont trouvé en Orient une économie monétaire beaucoup plus développée qu’en Occident, ce qui explique l’importance des taxes indirectes, des fiefs-rentes et la frappe de monnaies d’or. Les croisés, s’ils ont importé d’Europe l’organisation rudimentaire qu’ils connaissaient (administration des grands officiers de la couronne), empruntent aussi aux Byzantins[Note 1] et aux musulmans : la Secrète[Note 2] correspond au diwan ; elle sert à la fois de trésor, de chambre des comptes et d’archives où l’on conserve les chartes de donation, le cadastre et la liste des fiefs avec leurs obligations.
L'influence de l'Église catholique latine fut très importante tout au long de l'existence du royaume ; les clercs, avec l'aide des rois et les donations des fidèles, travaillèrent au renforcement de son implantation et de son influence en terre sainte :
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