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croisé, prince d'Antioche et seigneur d'Outre-Jourdain De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Renaud de Châtillon, né vers 1120 et mort le à Hattin, est un chevalier croisé d'origine française qui est prince d'Antioche de 1153 à 1160 ou 1161. Il se fait remarquer par la violence de ses actions et ses raids de pèlerins musulmans. Capturé à la suite d'un raid, il reste emprisonné pendant 15 ans, période pendant laquelle il est évincé de son titre de prince d'Antioche.
Renaud de Châtillon | |
Renaud de Châtillon faisant torturer Aimery de Limoges, le patriarche d'Antioche. Guillaume de Tyr, XIIIe siècle. | |
Fonctions | |
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Prince d'Antioche avec Constance d'Antioche | |
– (10 ans) |
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Prédécesseur | Raymond de Poitiers Constance d'Antioche |
Successeur | Bohémond III d'Antioche |
Seigneur d'Hébron | |
– (10 ans) |
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Prédécesseur | Onfroy II de Toron |
Successeur | Conquis par Saladin |
Seigneur d'Outre-Jourdain avec Étiennette de Milly | |
– (10 ans) |
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Prédécesseur | Miles de Plancy Étiennette de Milly |
Successeur | Onfroy IV de Toron |
Biographie | |
Date de naissance | v.1120 |
Date de décès | |
Lieu de décès | Hattin |
Conjoint | (1) Constance d'Antioche (2) Étiennette de Milly |
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Sceaux de Renaud de Châtillon. | |
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En 1175, ayant proposé ses services au roi Baudouin IV de Jérusalem, celui-ci lui octroie la seigneurie d'Hébron. Il se marie la même année à Étiennette de Milly et devient seigneur d'Outre-Jourdain. Il garde ces deux titres jusqu'à sa mort à la bataille de Hattin.
La jeunesse de Renaud de Châtillon est très mal connue, car il n'attire l'œil des chroniqueurs qu'après son arrivée en Terre sainte. Sa date de naissance est elle-même incertaine : si la plupart des sources situent sa naissance probablement aux alentours de l'année 1120[1], certains historiens, comme Bernard Hamilton, proposent la date de 1125[2].
Concernant l'ascendance de Renaud de Châtillon, l'hypothèse traditionnellement posée par les historiens était qu'il était le fils d'Henri Ier, seigneur de Châtillon (aujourd'hui Châtillon-sur-Marne), et d'Ermengarde de Montjay[3].
Toutefois, un courant historiographique plus récent se rattache à l'étude faite en 1989 par l'historien Jean Richard, qui postule qu'il est en fait le fils d'Hervé II de Donzy, seigneur/baron de Gien, de Châtillon (Châtillon-sur-Loing, aujourd'hui Châtillon-Coligny) et de Donzy[4],[5],[6] et aurait donc pour frère aîné Geoffroy III de Donzy.
La condition de cadet de Renaud de Châtillon le prédestine a priori à une vie près de sa famille, sous la coupe de son aîné. L'appel au pèlerinage armé que constituent les croisades leur ouvre, à lui et ses pareils, des espoirs de se tailler un nom, une fortune, voire la gloire dans les États latins d'Orient. Même après son départ pour la Terre sainte, il restera proche des intérêts de sa famille, comme en témoigne une lettre qu'il adressera en 1155 ou 1156 au roi de France Louis VII, pour lui demander de rectifier une confiscation de patrimoine dont sa famille aurait été victime[7].
Renaud de Châtillon prend la croix et part pour la Terre sainte au moment de la deuxième croisade, arrivant à destination en 1147[8], dans des conditions que les sources contemporaines ne précisent pas. Si les rois et les grands barons quittent la Terre sainte en janvier 1148, Renaud de Châtillon y reste et s'attache vraisemblablement à la maison du roi de Jérusalem, Baudouin III. Les chroniques de Guillaume de Tyr le décrivent comme faisant partie des chevaliers « soldés », c'est-à-dire payés pour leur service[9], argument que Guillaume de Tyr utilise contre Renaud.
Parmi les difficultés que rencontraient à l'époque les États latins d'Orient se trouvait la vacance du pouvoir de la principauté d'Antioche. Après la mort du prince d'Antioche, Raymond de Poitiers, à la bataille d'Inab en 1149, sa femme, Constance d'Antioche, refuse tous les prétendants proposés par Baudouin III, comme elle refuse aussi ceux proposés par le basileus Manuel Ier Comnène, qui n'a pas oublié que la principauté d'Antioche lui est soumise et voit là l'opportunité de rapprocher la principauté de l'empire byzantin[10].
Après avoir passé quelques mois à Antioche pour convaincre Constance de se remarier, Baudouin III quitte la ville pour aller faire le siège d'Ascalon à partir du 25 janvier 1153. Renaud de Châtillon, resté à Antioche, rejoint le roi quelques semaines après et participe brièvement au siège d'Ascalon[1], au cours duquel il fait la demande au roi de la main de Constance d'Antioche[10]. Si certains chroniqueurs, comme Guillaume de Tyr, indiquent que Constance s'était fiancée avec lui en cachette, d'autres, comme Ernoul, en font une idée de Baudouin III. Quoi qu'il en soit, le roi approuve cette union.
Renaud retourne alors à Antioche au printemps 1153 pour épouser Constance, devenant par ce mariage prince d'Antioche. Par ce mariage, Renaud s'affranchit de sa condition de chevalier soldé et devient alors le dirigeant d'une cité considérable. Dotée de murailles imposantes construites par Justinien Ier, Antioche est alors une cité tournée vers le commerce, que sa situation favorise, et est le siège de plusieurs patriarcats (grec, jacobite, arménien et latin). Elle se situe cependant en marge des États latins, ce qui lui confère une certaine vulnérabilité.
Ce mariage rebat les cartes de l'influence à l'intérieur même d'Antioche. Aimery de Limoges, fait patriarche d’Antioche par Raymond de Poitiers et qui tient cette charge depuis quinze ans, voit d'un mauvais œil ce mariage, qui diminue son influence sur la princesse. Il ne fait pas mystère de son mépris pour Renaud de Châtillon, ce nouveau venu. Renaud réagit en le faisant arrêter et jeter en prison. Pour certains historiens, comme Steven Runciman, le motif pourrait bien être également financier, Aimery de Limoges étant décrit par les chroniqueurs comme étant riche[11]. Le patriarche, homme déjà âgé, est alors torturé. Renaud ne s'arrête pas là : après avoir enduit ses blessures de miel, il enchaîne le patriarche au sommet d'une tour et le fait exposer au soleil et aux insectes[12][13]. Le patriarche aurait accepté de payer pour mettre fin à ses tourments[11]. L'émoi est alors très important : Aimery de Limoges est en effet très respecté, ayant défendu Antioche à de nombreuses reprises. Baudouin III envoie immédiatement l'évêque d'Acre et le chancelier de Jérusalem faire libérer l'infortuné, qui rejoint alors Jérusalem où il est accueilli à bras ouverts et où il restera quelques années en exil.
Le nouveau prince d'Antioche est toutefois rapidement attiré dans le tourbillon des luttes en Cilicie. En effet, depuis 1143, Thoros II, prince d'Arménie, a entrepris de reconstituer son royaume, défait par les Byzantins de Jean II Comnène près de vingt ans avant. Rendu furieux de cette situation, le basileus Manuel Ier Comnène envoie en 1152 un contingent dirigé par son cousin Andronic Comnène faire le siège de la ville de Mamistra, mais Thoros II défait les troupes byzantines[14]. En 1154, Manuel Ier fait appel aux turcs seldjoukides de Mas`ûd Ier, qui attaquent à leur tour Mamistra et tentent même de pousser jusqu'à Antioche : ils sont arrêtés et défaits par les Arméniens, soutenus par les templiers venant de la forteresse de Baghras.
Manuel Ier se tourne en désespoir de cause vers Renaud de Châtillon, sur la base du serment d'allégeance que lui doivent les princes d'Antioche, lui promettant des sommes importantes prélevées sur les trésors byzantins s'il voulait bien s'attaquer aux Arméniens[13]. La raison en est toute trouvée : les Arméniens contestaient la demande des Francs de remettre les châteaux pris aux Byzantins aux Templiers, ce qui concerne notamment la forteresse de Baghras, qui tenait la frontière entre la Cilicie et la Syrie. En 1155, Renaud de Châtillon part donc en campagne contre les Arméniens. Ce qu'il s'y passa n'est pas clair : certains chroniqueurs indiquent que Renaud défit les Arméniens près d'Alexandrette, remettant alors les places fortes aux templiers, tandis que d'autres, dont Michel le Syrien, indiquent que Renaud fut défait et que Thoros II remit les forteresses aux templiers, contre serment de secourir les Arméniens en cas de besoin[13].
Il est certain qu'au retour de Renaud à Antioche, Manuel Ier refuse de payer, car les Arméniens n'ont pas été anéantis, et n'envoie aucune rétribution au prince d'Antioche[15]. Les Templiers sortent également renforcés des affrontements, occupant la forteresse de Baghras, celle de Trapezac, celle de la Roche-Guillaume et celle de la Roche de Roissel ; ils occupent également certains ports dans le sud du golfe d'Alexandrette[16].
Se basant sur le refus du basileus Manuel Ier Comnène de lui payer les sommes convenues, Renaud de Châtillon décide de lancer un raid contre Chypre, alors un thème byzantin (thème de Chypre)[13]. Il conclut un accord avec son adversaire, Thoros II, qui lui aussi a beaucoup à reprocher à Manuel Ier Comnène, pour conduire ce raid. Selon Steven Runciman, Renaud de Châtillon utilise les sommes soutirées à Aimery de Limoges pour financer son attaque. Les projets de Renaud et de Thoros ne passent pas inaperçus : les sources laissent entendre que des seigneurs des États latins, voire le roi Baudouin III en personne, avertissent les Byzantins de leurs intentions, pour ne pas se les mettre à dos[13].
Renaud de Châtillon et Thoros débarquent à Chypre au printemps 1155. Malgré les avertissements aux Byzantins, ceux-ci sont trop accaparés par la situation ailleurs dans l'Empire pour opposer une défense importante. De fait, Renaud et Thoros défont sans difficultés la garnison byzantine, puis ravagent systématiquement l’île[17]. En cette époque où la piraterie contre Byzance est chose ordinaire, la violence de cette razzia indigne cependant tous les chroniqueurs : même les chroniqueurs arméniens, favorables à Thoros II et hostiles aux grecs, comme Grégoire le Prêtre ou le connétable Smbat, s'indignent devant la cruauté de l'attaque. Les champs cultivés sont brûlés, les troupeaux massacrés, les églises, les palais et les couvents pillés et incendiés, les femmes (y compris les moniales) violées, les vieillards et les enfants égorgés, les hommes riches emmenés en otage et les pauvres décapités. Les habitants de l'île doivent acheter à leurs bourreaux les moyens de subsistance avant que ceux-ci ne rembarquent pour Antioche. Avant de quitter l’île avec son butin, Renaud fait rassembler tous les prêtres et les moines grecs et leur fait couper le nez et les oreilles avant de les envoyer à Constantinople.
Très vite, les violences de Renaud le rendent odieux à ses voisins alépins, aux Byzantins et à ses propres sujets.
Pendant les trois années qui suivent le raid sur Chypre, Renaud est aux côtés du roi Baudouin III de Jérusalem dans divers combats contre les forces musulmanes, ce qui lui permet en 1158 de reprendre la ville d'Harim à Saladin.
L'empereur Manuel Ier Comnène, forcé d'abandonner ses ambitions en Méditerranée occidentale, y gagne d'avoir les mains libres en Orient. Les princes francs d'Orient désirent son alliance et Baudouin III de Jérusalem épouse la nièce de l'empereur. Ce dernier réunit une importante armée, reconquiert la Cilicie sur les Arméniens et prend ses quartiers d'hiver à cent cinquante kilomètres d'Antioche. Renaud de Châtillon, conscient que les autres princes francs désapprouvent sa conduite à Chypre et que Manuel Ier lui en tient rigueur, prend les devants et demande, prosterné, pieds nus et la corde au cou, le pardon de l'empereur. L'empereur le lui accorde et, en avril 1159, fait à Antioche une entrée pacifique, mais destinée à rappeler la vassalité d'Antioche envers Byzance.
Le , Renaud est fait prisonnier par les soldats turcs au cours d’une opération de pillage. Nur ad-Din le tient emprisonné à Alep (peut-être dans la citadelle[18]) durant seize ans.
Pendant sa captivité, Constance d'Antioche meurt et Bohémond III d'Antioche, fils du premier mariage de Constance, hérite d'Antioche.
Grâce à un échange de prisonniers, Renaud est libéré en 1176 par As-Salih Ismail al-Malik, le fils de Nour ad-Din Mahmûd. Selon d'autres sources, en tant que beau-père de l'impératrice Marie d'Antioche, il est racheté pour la somme extraordinaire de 120 000 dinars d'or.
Il propose alors ses services au roi Baudouin IV de Jérusalem. En récompense, le roi de Jérusalem lui donne la seigneurie d'Hébron. En épousant la jeune veuve de Miles de Plancy, Étiennette de Milly, dame d'Outre-Jourdain, il devient seigneur de Montréal et d'Outre-Jourdain. Il tient notamment les forteresses de Kerak et de Chawbak, base de ses raids contre les caravanes passant dans les environs.
Appuyé sur ces forteresses, il multiplie les raids militaires sur les garnisons ou les caravanes logistiques. Allié des Templiers, il exerce sur la cour de Jérusalem une influence grandissante. Il est partisan d’une politique de conquête face aux musulmans.
Contrairement aux chroniqueurs francs, qui semblent vouloir minimiser son rôle en cette occasion, mais conformément à tous les chroniqueurs musulmans, on pense maintenant que c'est Renaud de Châtillon qui commande l'armée des croisés lors de la célèbre bataille de Montgisard ()[19].
En 1181, malgré une trêve conclue entre Baudouin IV de Jérusalem et Saladin, il pille une caravane se rendant à la Mecque. Saladin s’en plaint à Baudouin IV de Jérusalem, qui ne trouve pas la force de sévir contre son vassal (il est alors en pleine crise dans sa maladie, la lèpre). Saladin, fou de rage, aurait déclaré qu'il tuerait Renaud de Châtillon de ses propres mains.
En 1182, il mène une expédition en mer Rouge, pille les ports du Hedjaz et menace les villes saintes de l'Islam, La Mecque et Médine avec l'intention de voler le corps de Mahomet[20] et mettre à sac la Kaaba et le tombeau du prophète de l'Islam[21]. En chemin, il coule un bateau de pèlerins musulmans se rendant à Jeddah. Tandis que Renaud, chargé de butin, remonte vers ses terres, ses hommes continuent à sillonner la mer Rouge et pillent le Hedjaz ; Le frère de Saladin, al-Adel, gouverneur en Égypte, lance contre eux une flotte qui écrase les pillards. Certains d’entre eux sont conduits à La Mecque pour y être décapités en public.
En 1183, Saladin multiplie alors les raids sur son territoire. Il assiège la forteresse de Kérak, à l'exception du secteur où se déroulent les noces de la demi-sœur de Baudouin IV et du beau-fils héritier de Renaud. La forteresse n'étant pas encore tombée à l'approche de l'armée de secours du roi de Jérusalem Baudouin IV, Saladin lève prudemment le siège.
Baudouin IV de Jérusalem meurt en 1185 de la lèpre qui le ronge depuis son adolescence. Sibylle, sœur de Baudouin IV et mariée à Guy de Lusignan, est prétendante au trône de Jérusalem. La régence du royaume de Jérusalem au nom de Baudouin V, fils de Sybille et de son premier mari Guillaume de Montferrat, est dévolue à Raymond III de Tripoli.
À la mort de Baudouin V en 1186, un coup d'État mené par Josselin III de Courtenay fait couronner Guy de Lusignan et Sybille à Jérusalem.
Raymond III de Tripoli, outré, va jusqu'à négocier avec Saladin. Renaud de Châtillon est en fait, le vrai maître de Jérusalem[22].
En 1187, Renaud de Châtillon viole la trêve avec Saladin en faisant attaquer une caravane allant d'Égypte à Damas. La trêve rompue, Saladin engage la guerre contre le royaume de Jérusalem. La bataille entre les deux armées a lieu le à Hattin et les Francs sont vaincus. Renaud de Châtillon, ainsi que Guy de Lusignan sont prisonniers de Saladin. Saladin traite Guy avec courtoisie mais fait couper la tête de Renaud de Châtillon. Cette défaite totale marque la fin du royaume de Jérusalem[22].
De son premier mariage (1153) avec Constance d'Antioche (1127 † 1163), il a :
De son second mariage (1177) avec Étiennette de Milly, dame d'Outre-Jourdain, il a :
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