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oiseau de proie De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Rapace, ou oiseau de proie, est un nom vernaculaire ambigu qui désigne un oiseau carnivore, au bec crochu et tranchant et possédant des serres. Les rapaces ont généralement une vue remarquable, de plus certaines espèces de vautours ont, chose peu commune chez les oiseaux, un bon odorat. Leurs ressemblances sont de bons exemples de convergences évolutives.
Taxons concernés
Les rapaces diurnes se déclinent en cinq familles, groupées dans deux ordres (Falconiformes et Accipitriformes) selon la classification classique :
Les rapaces nocturnes forment l'ordre des Strigiformes et se divisent en deux familles :
Bien que le terme de rapace continue à être utilisé par les ornithologues et les profanes, sa pertinence scientifique est remise en cause dans la mesure où il ne correspond pas à un taxon précis dans la systématique actuelle et que des analyses génomiques[5] en 2008 bouleversent l'arbre phylogénétique de ces oiseaux[6].
Rapace est un emprunt au latin rapax, rapacis de rapere « emporter précipitamment[7] ». Linné, à l'origine de la classification scientifique des espèces, a regroupé tous les rapaces dans le taxon de Accipitres, composé de la famille des rapaces diurnes de trois genres Vultur, Falcon et Gypaetos et de la famille des rapaces nocturnes comportant un genre Strix. Les autres groupes décrits dans la sixième édition de son Systema Naturæ sont les Grallae c'est-à-dire les échassiers, les pics au sens large, les Anseres — groupe des espèces proches des oies et des canards —, les Gallinae — espèces proches des faisans et de la poule domestique —, les Passeres ou passereaux. Ces groupes faisant miroir à ses six groupes de mammifères.
En français, les noms vernaculaires leur ont été donnés soit en fonction de leur morphologie, soit en fonction de leurs cris, soit en fonction de leurs habitudes de vie, notamment alimentaires. Aussi pour la plupart, leurs noms vernaculaires ne correspondent pas à un taxon valide ; les noms normalisés en revanche, lorsqu'ils ne se basent pas sur les noms vernaculaires, utilisent en principe les mêmes noms au sein du même taxon.
Les appellations de rapaces les plus courantes sont :
Les rapaces sont carnivores, charognards ou prédateurs, que ce soit insectivores, pêcheurs, consommateurs d'oiseaux, de reptiles, de micromammifères (campagnols des champs, taupes, lapins) voire des chauves-souris ou des mollusques plutôt capturés de manière opportuniste[8]. Parmi les prédateurs, on retrouve l'aigle, le faucon et le hibou. Ils disposent de leurs serres pour saisir leurs proies. On les surnomme « oiseaux de proie ». Les autres, comme les vautours et les gypaètes, sont charognards, et se nourrissent de dépouilles d'animaux morts. Seul le vautour palmiste n'est pas carnivore. Certains comme le hibou peuvent s'adapter aux ressources du lieu et du moment pour pallier les dangers auxquels une spécialisation alimentaire trop absolue les exposeraient[8].
En Europe, ce sont la Russie d’Europe (33 espèces nicheuses de rapaces diurnes et nocturnes) et l’Ukraine (29 espèces nicheuses) qui accueillent encore le plus grand nombre de rapaces nicheurs pour tout l'Ouest paléarctique.
La France a également une grande responsabilité en matière de conservation de la nature pour ces espèces, car si de nombreuses espèces y ont fortement régressé ou ont localement disparu, la France métropolitaine accueille encore plus de 60 % des espèces de rapaces nicheurs en Europe (25 espèces sur 40, dont 23 nicheuses régulières), soit le plus grand nombre d'espèces nicheuses d'Europe de l’Ouest après l’Espagne, qui en compte elle 26 espèces.
Les régions Auvergne, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Midi-Pyrénées, grâce à des paysages variés, un climat favorable et un bon degré de naturalité du territoire (pour l'arrière-pays au moins) comptent parmi celles où les rapaces nicheurs sont les plus abondants.
La France d'outre-mer est également responsable[10] de la protection d'un très important patrimoine écologique, parmi les plus riches du monde, incluant une importante faune rapace, notamment en Guyane (80 % des rapaces connus et encore présents dans les DOM-TOM au début des années 2000). Près de 40 % de ces espèces sont rares ou localisées voire endémiques. L’autour à ventre blanc (plus de 2 500 couples) en Nouvelle-Calédonie y est endémique, comme l'est le busard de la Réunion sur l'île de La Réunion ou l’épervier de Frances à Mayotte[11].
Les rapaces en tant que prédateurs supérieurs sont très sensibles à la présence et aux variations d’abondance des proies ou de leurs cadavres (dans le cas des rapaces charognards). Parce qu'ils sont, dans le réseau trophique, situés au sommet de la « pyramide alimentaire », ils sont également sensibles aux taux de polluants ou contaminants bioaccumulés par leurs proies. Les pesticides et métaux lourds sont des causes importantes de disparition ou régression de nombreuses espèces de rapaces. Pour ces raisons, ils sont considérés comme de bons bio-indicateurs de l’état de leur environnement et de son évolution.
Dans une nature préservée, le nombre d'individus présents sur un territoire et la variété en espèces dépendent du nombre de proies disponibles. Mais hormis dans les forêts primaires africaines et quelques endroits relativement épargnés par les pollutions, le nombre de rapaces par hectare est également de plus en plus contrôlé par le degré de contamination de leurs proies ; la contamination par le plomb issu du plomb de chasse est ainsi la première cause de disparition du Condor de Californie et reste une cause importante de saturnisme aviaire pour l'aigle et de nombreuses autres espèces (la mort induite par ingestion de plomb a été décrite pour au moins 15 espèces d’oiseaux de proies diurnes[12],[13],[14]).
D'autres "puits écologiques" peuvent affecter les populations, en particulier les lignes à haute tension et le roadkill qui sont des causes significatives et importantes de mortalité ou blessures graves de rapaces. Le phénomène dit de pollution lumineuse pourrait également affecter certaines espèces, nocturnes notamment.
Les rapaces n'influent sur le nombre de proies disponible que s'il y a prolifération de ces dernières sur un long terme. La diminution des proies est en fait toujours liée à d'autres facteurs, par exemple l'urbanisation, la périurbanisation, la fragmentation écologique du territoire de l'aigle ou diverses formes de pollution. Quand la quantité de proies diminue, le nombre de rapaces diminue, ou l'espèce disparaît localement. Mais elle peut aussi disparaître à cause de la pollution, alors que ses proies sont encore présentes. Ces dernières peuvent alors pulluler et plus facilement véhiculer certaines microbes ou parasites (ex. : tiques véhiculant la maladie de Lyme, échinocoque...). C'est pourquoi les rapaces sont considérés par les scientifiques comme des espèces utiles, à protéger, et de très bons indicateurs biologiques de la qualité des milieux où ils vivent ou devraient vivre.
Oiseaux de proie, les rapaces possèdent les principales caractéristiques anatomiques des oiseaux mais présentent aussi plusieurs adaptations à la chasse (bec pointu, crochu et puissant pour saisir ses proies et déchiqueter leur chair, pattes munies de griffes fortes et recourbées appelées serres, yeux occupant le 2/3 de l’espace du crâne et sont supportés par l'anneau sclérotique).
La majorité des rapaces diurnes possèdent un processus supra-orbitaire de l'os préfrontal développé en une sorte d'arcade sourcilière saillante qui agit comme un pare-soleil[16].
Ils présentent une caractéristique inhabituelle chez les vertébrés supérieurs : ils ont un dimorphisme sexuel inversé de la taille (femelles plus grandes que les mâles) qui semble lié au régime alimentaire et à la compétition intra-sexuelle. Chez les rapaces nocturnes, ce dimorphisme se situe plus souvent au niveau de la masse corporelle que de la taille, et est plus marqué à des moments clefs de l'effort reproducteur où intervient le partage des tâches. Les cas de dimorphisme sexuel de la couleur sont plus rares[17].
Les mâles prédatant d’autres oiseaux sont plus petits et possèdent une plus grande mobilité et efficacité de chasse ainsi que des coûts réduits et des risques liés au vol (collision contre la proie ou un obstacle)[18]. La plus grande taille des femelles serait liée soit à la compétition pour obtenir un mâle plus efficace dans la prédation et qui l'approvisionne en période de couvaison, ou pour obtenir un meilleur territoire vacant, pour produire plus d'œufs, avoir plus d'énergie pour les couver, défendre plus efficacement son nid, ou encore pour se prémunir contre les périodes de pénurie alimentaire quand elle est en période de nidification en se constituant des réserves énergétiques[19],[20].
Le système digestif des rapaces ne leur permet pas de digérer la totalité du corps des animaux qu'ils ingèrent, sauf celui du Gypaète barbu, ce qui explique que presque tous les rapaces rejettent par la bouche des restes sous forme de pelotes de réjection qui contiennent les poils, les os ou la chitine de leurs proies.
Les pelotes sont les traces les plus simples à examiner pour les ornithologues. Elles permettent aux spécialistes d'identifier l'espèce qui les a rejetées ainsi que les espèces consommées. Ces pelotes prouvent par exemple que les milans ne mangent pas les perdrix et que les chouettes mangent essentiellement des petits rongeurs mais aussi des insectes. L'étude des fientes et pelotes permet de connaître précisément les régimes alimentaires et leurs variations annuelles, et aussi de détecter certains parasites ou microbes, mais ces études sont plus difficiles à mener.
Voir aussi : « Les aigles dans la culture », ainsi que « Le condor des Andes et l'homme ».
Si les rapaces sont jugés aujourd'hui majestueux et si leur rôle bénéfique pour l'environnement — notamment pour la non-prolifération des rongeurs ou des passereaux ou l'assainissement des carcasses mortes — n'est plus remis en cause, il n'en a pas toujours été ainsi. La fauconnerie, sport de noble, n'atténuait pas la perception négative qu'avait la population de ces oiseaux. Buffon déclarait : « [...] les oiseaux de proie sont ignobles, immondes et lâches [...] »[réf. nécessaire]. Ceci est peut-être lié à la proximité des rapaces avec la mort, d'abord en tant que prédateurs (pareille mésaventure de considération est arrivée au Loup), mais aussi en tant que charognards (vautours mais aussi aigles). Cette opinion dépréciative s'est aussi appliquée par le passé aux métiers qui avaient affaire avec la mort et conduisaient au rejet des personnes les exerçant comme les « croque-morts » ou les bourreaux.
Néanmoins, ce qui amène à nuancer cette appréhension passée globalement négative et apeurée des rapaces par l'homme, est le fait que l'aigle est une figure fréquente en héraldique, où sa force, la noblesse de son port et la majesté de son vol ont toujours symbolisé les visées expansionnistes et impériales : c'est ainsi que l'aigle se retrouve dans les armoiries de nombreux pays, telles celles de l'Allemagne, du Mexique, de l'Égypte, de l'Albanie, de la Pologne ou encore de l'Autriche. Il était l'emblème des légions romaines (chacune avait son aigle), et il a servi de symbole et d'armoirie pour les Premier et Second Empires français. De même le Grand Condor des Andes était révéré par les civilisations précolombiennes, notamment par les Incas, en tant que messager de transcendance, intercesseur entre la terre et le ciel, car grâce à la hauteur exceptionnelle de son vol, il disparaît parfois de la vue des hommes dans l'azur[21]. De ce fait, il était l'animal-totem du monde d’en haut (Haqay Pacha en quechua) dans la cosmovision andine, et faisait le lien entre le monde des vivants et le divin, emportait l'âme des défunts, et portait les messages des vivants à leurs ancêtres[22]. D'ailleurs, on retrouve le condor dans les armoiries de presque tous les pays andins : Venezuela, Colombie, Équateur, Bolivie, anciennes armoiries du Pérou (1821-1825), et Chili. Enfin c'est l'aigle pêcheur ou Pygargue à tête blanche qui sert de symbole à la nation américaine.
Toujours est-il que les chasseurs tuaient probablement les rapaces dès qu'ils le pouvaient, et ce jusqu'à une époque récente. Si les ornithologues comprennent le rôle des rapaces dans l'écosystème au début du XXe siècle, l'extermination continue. Une distinction est cependant faite entre rapaces utiles et nuisibles, celle-ci est visible dans la première loi internationale sur la protection des oiseaux. On estime que près de quinze mille pygargues à tête blanche sont tuées de 1917 à 1940 aux États-Unis. Des primes étaient même versées en France pour l'abattage des rapaces « nuisibles », on a pu ainsi estimer de deux cent à trois cent mille le nombre de rapaces abattus par an.
En France, il a fallu attendre 1964 pour protéger certaines espèces. Certains chasseurs peu scrupuleux continuent malgré tout à les abattre. En 1972, un nouvel arrêté protège tous les rapaces diurnes et nocturnes en France.
La fauconnerie s'est transformée presque partout avec d'autres objectifs que la chasse (ce qui n'est alors plus considéré comme de la fauconnerie), par exemple des rapaces sont des centres d'attraction destinés à attirer les touristes dans certains parcs à thèmes comme le Château des Milandes[23], le Château de Valkenburg[24], le Château de Bouillon[25], etc.
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