Le comte Patrice de La Tour du Pin, né le à Paris et mort dans la même ville le [3], est un poète français du XXe siècle.

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Patrice de La Tour du Pin
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Patrice Arthur Élie Humbert de La Tour du Pin Chambly de La CharceVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Père
François de La Tour du Pin Chambly de La Charce (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Genre artistique
Distinctions
Œuvres principales
La Quête de joie
Psaumes de tous mes temps[1]
Une somme de poésie[2]
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Biographie

Patrice de La Tour du Pin est le troisième enfant et le second fils de François de La Tour du Pin Chambly de La Charce (1878-1914), lieutenant au 298e régiment d'infanterie, et de Brigitte O'Connor (1880-1948).

En ligne paternelle, il descend de René de La Tour du Pin Gouvernet, d'une des plus anciennes et puissantes famille du Dauphiné et à l'origine de plusieurs dauphins de Viennois, tandis que sa mère est une descendante de Condorcet.

Il n'a que trois ans lorsque son père est tué à la Bataille de la Marne, au début de la Première Guerre mondiale. Patrice grandit avec sa sœur et son frère aîné, entre Paris et le Bignon-Mirabeau dans le Gâtinais, élevé par sa mère et sa grand-mère.

Poète et mystique catholique discret, résolument non médiatique, il entre en dialogue avec tous les milieux de son temps, y compris la pensée athée.

Il fait ses études à Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine, puis au lycée Janson-de-Sailly, et entre à l'École libre des sciences politiques.

Il s'est fait particulièrement connaître à ce moment-là par la publication de La Quête de joie, écrit en 1930 à 19 ans et publié en 1933 à compte d'auteur aux éditions de la Tortue, après que Supervielle en eut en vain proposé le manuscrit à La Nouvelle Revue française. Dans ce recueil, c'est en particulier le poème « Enfants de septembre » qui le rendit célèbre. Puis paraissent dans la collection des Cahiers de Barbarie dirigés à Tunis par Armand Guibert L'Enfer (1935) et Le Lucernaire (1936). Il commence aussi à publier des poèmes qu'il rassemblera dans Une somme de poésie : Le Don de la Passion en 1937 dans le Cahiers des poètes catholiques[4], les Psaumes en 1938 chez Gallimard, La Vie recluse en poésie en 1938 chez Plon, Les Anges en 1939 à Tunis… On peut donc dire que cette œuvre poétique représente un cas unique d'œuvre d'un jeune auteur français révélée à la métropole par l'une de ses colonies !

L’Académie française lui décerne le prix Maurice-Trubert en 1938.

Mobilisé dès le début de la Seconde Guerre mondiale, il est fait prisonnier pendant la Drôle de guerre le et est interné à l'Oflag IV-D. Il reste en Allemagne trois ans. Chaque jour de sa captivité, il continuait à rédiger ses poésies (qui deviendront la première partie de la Somme) ; ce fut la période de sa vie la plus productive, au cœur même de l'enfermement. À son retour, il épouse sa cousine Anne de Bernis Calvière, et continue à publier la Somme de poésie.

Après la guerre, il vit avec sa femme Anne et leurs quatre filles au Bignon. Il continue à travailler discrètement sur la Somme qui ne sera publiée dans son entier en trois volumes qu'en 1981-1983.

Il s'installe en 1963 à Paris où il publie le Petit Théâtre crépusculaire, le début du troisième tome de Une somme de poésie.

Il publie encore en 1970 Une lutte pour la vie (pour lequel il reçoit le Grand prix catholique de littérature) et en 1974 Psaumes de tous mes temps, quatre-vingt-dix psaumes de sa propre composition[5].

Il meurt à Paris le à l'âge de 64 ans. Son épouse est décédée en 2015 à 94 ans. Il repose dans l'enclos familial des O'Connor près de leur chapelle du cimetière du Bignon-Mirabeau.

Processus de traduction

Il a joué aussi, on le sait peu, un grand rôle dans la rédaction de la traduction de la Bible pour la liturgie catholique francophone, après la décision de Vatican II d'utiliser les langues vernaculaires pour la messe. Il participa particulièrement à partir de 1964 à la rédaction des psaumes dans le cadre de l'Association épiscopale liturgique pour les pays francophones. Il a aussi rédigé un grand nombre des premiers chants liturgiques post-conciliaires pour la liturgie catholique du bréviaire en langue française, mis en musique pour beaucoup par Didier Rimaud et Joseph Gelineau. Son chant le plus remarqué reste sans conteste Amour qui planais sur les eaux (cote SECLI KP72-1)[6],[7]. Ses chants se prêtent mieux au milieu monastique, mais il n'est pas rare de les entendre aussi lors des assemblées dominicales[8].

Œuvres

  • La Quête de Joie, Paris, éd. de la Tortue, 1933.
  • D'un aventurier (Les Cahiers des poètes), éd. R. Debresse, année 1935, 16 p., (ASIN B0017ZCISY).
  • L'Enfer. Tunis, éditions de la revue Mirages, collection "Les Cahiers de Barbarie" (n°7), 1ère série, 1935 (poème précédemment publié dans la revue Mirages en 1934). Rééd. avec des lithographies d’Élie Grekoff, Paris, Éditions de Cluny, 1949.
  • Le Don de la Passion suivi de Saint Élie de Gueuce, Paris, éd. La Pléiade / Bruxelles, Éditions Universelles, coll. "Cahiers des poètes catholiques", 1937 (date réelle 1938).
  • La Vie recluse en poésie (suivi de Présence et poésie, par Daniel-Rops), Paris, Plon, collection "Présence", 1938 (rééd. 1952).
  • Psaumes, Paris, Gallimard, coll. "Métamorphoses" (n°5), 1938.
  • Le Lucernaire. Tunis, éditions de la revue Mirages, coll. "Les Cahiers de Barbarie" (no 13), 2ème série, 1936, 82 pp.
  • Les Anges. Tunis, éd. Monomotapa, 1939 (repris dans Une somme de poésie en 1946). (ISBN 2070237605).
  • La Quête de joie, Paris, Gallimard, 1939 (ISBN 2070237613) - Prix Mallarmé (que l'auteur a refusé).
  • Deux chroniques intérieures, Paris, éd. P. Seghers, 1945.
  • La Genèse, Neuchâtel, éd. Ides et Calendes, 1945.
  • Les Concerts sur Terre, Paris, éd. R. Laffont, 1946.
  • Les Contes de Soi, Paris, éd. R. Laffont, 1946.
  • Le Jeu du Seul, Paris, Gallimard, 1946.
  • Une Somme de poésie, Paris, Gallimard, 1946, (ISBN 2070237621).
  • La Contemplation errante, Paris, Gallimard, 1948, (ISBN 207023763X).
  • Bestiaire fabuleux, Paris, Darantière, 1950 (poèmes écrits sur des gouaches de Jean Lurçat).
  • Noël des eaux, avec cinq aquarelles de Marguerite Louppe), Neuchâtel, éd. Ides et Calendes, 1951.
  • Pépinière de sapins de Noël, illustrations de Jacques Ferrand), Paris, Gallimard, 1957 (rééd. 2000).
  • Le Second Jeu (Une Somme de poésie, II), Paris, Gallimard, 1959, (ISBN 2070237656).
  • Petit théâtre crépusculaire (Une somme de poésie, III, 1ère partie) Paris, Gallimard, 1963, (ISBN 2070237664).
  • La Quête de Joie suivi de Petite somme de poésie, préface de Maurice Champagne, Paris, Gallimard, collection "Poésie/Gallimad", 1967, (ISBN 2070301583).
  • Une Somme de poésie, III, Le Jeu de l'homme devant Dieu, 2e partie : Carême et temps pascal ; Une lutte pour la vie, Paris, Gallimard, 1970, (ISBN 2070271498), Grand prix catholique de littérature 1971.
  • Concert eucharistique, Paris, Desclée & Cie, 1972.
  • Lettres de faire-part, Paris, La Compagnie Typographique, 1974 (ouvrage de bibliophilie à tirage limité de 88 exemplaires, 73 p.).
  • Psaumes de tous mes temps, Paris, Gallimard, 1974, (ISBN 2070288072).
  • Une somme de poésie, Paris, Gallimard, 1981 :
  • Lettres à André Romus, présentation par Luc Estang, avant-propos d'André Romus, Paris, éd. du Seuil, 1981, (ISBN 2020058936).
  • Carnets de route,1, préface de Joseph Gelineau, Paris, Plon, 1995, (ISBN 2259182216).
  • Poèmes choisis, édition présentée par Claude Arnaud, Emmanuel de Calan et Jean-Matthieu de l'Épinois, Paris, Gallimard, 2010, (ISBN 978-2070131129).
  • Correspondance avec Armand Guibert, éd. établie, annotée et présentée par Marie-Josette Le Han, préface d'Isabelle Renaud-Chamska, Brest, Cahiers du Centre d'étude des correspondances et journaux intimes, 2022, (ISBN 978-2955519578).

Études sur Patrice de La Tour du Pin

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Armand Guibert, Jean Amrouche, Anne Denis-Dagieu et Camille Bégué : Patrice de La Tour du Pin. Tunis, éd. de la revue Mirages, 1934, 136 pp.
  • Daniel-Rops, L'oeuvre grandissante de Patrice de La Tour du Pin, (suivi du poème Les Anges de P. de la Tour du Pin), Paris, Desclée De Brouwer / Bruxelles, Éditions Universelles, 1942.
  • Anne Biéville-Noyant, Patrice de La Tour du Pin, Paris, éd. de la Nouvelle Revue, 1948.
  • Eva Kushner, Patrice de La Tour du Pin, Paris, éd. Seghers, coll. "Poètes d'aujourd'hui" (n°79), 1961.
  • Colloque Patrice de La Tour du Pin, tenu à la Sorbonne le 21 et , sous la direction d'Yves-Alain Favre, éd. A.-G. Nizet, 1983, 189 p., (ISBN 978-2707810342).
  • Patrice de La Tour du Pin : La Quête de joie au cœur d'Une somme de poésie, actes du colloque au Collège de France, 25-, réunis par Isabelle Renaud-Chamska, éd. Droz, Genève, 2005.
  • Approches de l’incommunicable, par Albert Béguin, Esprit no 128, 1946 (p. 881-888).
  • Jacques Gauthier, Patrice de La Tour du Pin, quêteur du Dieu de joie, Mediaspaul, , 188 p. (ISBN 978-2712202927). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • La Théopoésie de Patrice de La Tour du Pin, par Jacques Gauthier, éd. Bellarmin, Montréal / éd. du Cerf, Paris, 1989[9]Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Marie-Josette Le Han, Paradigme biblique et expérience poétique : L'exemple de Patrice de La Tour du Pin, Presses Universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2848671413).
  • L’Univers singulier de Patrice de La Tour du Pin, par Daniel Leuwers, La Nouvelle Revue Française, 355, juillet-août 1982 (p. 159-163).
  • Luca Pietromarchi, Les Anges sauvages : La quête de joie de Patrice de La Tour du Pin, Honore Champion, , 304 p., (textes et études, vol. 37) (ISBN 978-2745305527).
  • Éloge de La Quête de Joie suivi de Petite somme de Poésie, Maurice Champagne, 251 p., (ISBN 978-2070301584)Document utilisé pour la rédaction de l’article.

« Ce qui intéresse Patrice de La Tour du Pin dans l'acte de poésie, ce n'est pas le génie de l'incantation, mais l'apprentissage de sa vérité intérieure. ».

Quelques citations

« Tout homme est une histoire sacrée.

Notre base n'est pas la poésie, notre base est l'homme... Que deviendrait le chant loin des hommes, que signifie le plan propre à la poésie ? à quoi sert-il de s'aventurer sur le prétendu plan de l'art pur, sinon pour acquérir certaines richesses techniques et pour explorer sans vraiment coloniser ? que veut dire cette pureté ? Vous qualifiez les domaines avec des termes qui ne conviennent qu'aux âmes ; et l'amour inclinera vers le froid...

Quoi que vous fassiez dans votre œuvre, vous vous faites vous-mêmes. Vous avez tracé des allées intérieures où vous vous êtes engagés... Quoi que vous fassiez, vous aurez appliqué ces heures de votre vie, vous aurez nuancé votre éternel...

Tous les pays qui n'ont plus de légende Seront condamnés à mourir de froid... (La Quête de Joie, p. 25)

Dieu ne demande pas l'impossible, il le donne. »

Extrait

Tout HOMME est une histoire SACRÉE
C'est sur cette sentence que je voudrais fonder une vie recluse en poésie et le livre qui la signifiera ;

elle est comme l'inscription d'une pierre mise à jour en me creusant, la pierre d'assise d'une sorte de cloître intérieur à bâtir.

Je l'appellerai Tess sans mettre aucun symbolisme dans ce nom, simplement pour le plaisir de nommer.

Et demeurant dans l'univers poétique dont la genèse a été écrite, je retiens d'elle les courants principaux qui me constituent,

sans les remettre en question, mais j'y ajoute le besoin de comprendre et d'ordonner, celui-là même qui les a distingués.

Au chapitre où j'en suis de mon histoire, je crois que la construction de Tess s'impose pour sauvegarder mon unité et poursuivre la réalisation du livre.

— Patrice de La Tour du Pin, La vie recluse en poésie (SP1, 195-196)[10].

Notes et références

Voir aussi

Liens externes

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