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Les partis politiques allemands jouent dans la vie politique un rôle nettement plus important que dans d'autres pays comme la France et la Suisse. Le référendum n'existe pas au niveau fédéral et quasiment pas au niveau régional et les grands partis, relativement stables depuis la Seconde Guerre mondiale, organisent la vie politique.
L'existence et le rôle des partis politiques de l’Allemagne sont prévus par l'article 21 de la Loi fondamentale de 1949[1]. Le même article prévoit que ces partis devront « respecter la structure libre et démocratique de la République fédérale d'Allemagne ». Cette disposition permet l'interdiction par le Tribunal constitutionnel fédéral (cour constitutionnelle) des partis politiques jugés dangereux pour le système politique. Cette procédure a été utilisée dans les années 1950 pour interdire le KPD et le SRP puis sans succès dans les années 2000 contre le NPD. Les mouvements « anticonstitutionnels » (Verfassungswidrig), notamment les partis d'extrême droite et d'extrême gauche font également l'objet d'une surveillance par le Verfassungschutz mais contrairement aux autres organisations, les partis politiques ne peuvent être interdits par le ministre de l'Intérieur.
Après l'adoption de la Loi fondamentale, le rôle des partis politiques a été renforcé dans les décennies suivantes par une série de jugements[1]. Le financement public des partis politiques a également été progressivement augmenté, que ce soit pour les dépenses de campagne, les indemnités des parlementaires ou la création de fondations comme la Fondation Konrad-Adenauer[1]. Cette situation permet aux quatre partis politiques dominants, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et sa consœur bavaroise, l'Union chrétienne-sociale (CSU), le Parti social-démocrate (SPD) et le Parti libéral-démocrate (FDP), pendant les années 1960 et 1970, de recruter la plupart des nouveaux actifs en politique, de nommer leurs membres à la tête de nombreuses institutions et de compter un nombre croissant de fonctionnaires dans leurs rangs[1]. Durant les années 1970, le niveau de satisfaction vis-à-vis de ces partis commence toutefois à baisser et l'engagement dans des mouvements politiques non-partisans à augmenter[1].
Tableau actualisé au .
Partis | Idéologie | Députés | Députés européens | Ministre-président | Députés régionaux | |
---|---|---|---|---|---|---|
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) | Social-démocratie / Social-libéralisme | 207 | 16 | 7 | 459 | |
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) | Démocratie chrétienne / Libéral-conservatisme | 152 | 23 | 6 | 513 | |
Alliance 90 / Les Verts | Écologie politique | 118 | 21 | 1 | 320 | |
Parti libéral-démocrate (FDP) | Libéralisme | 92 | 5 | 0 | 75 | |
Alternative pour l'Allemagne (AfD) | Extreme-droite | 79 | 9 | 0 | 242 | |
Union sociale allemande (CSU) | Démocratie chrétienne | 45 | 6 | 1 | 85 | |
Die Linke | Gauche antilibérale / Socialisme | 28 | 5 | 1 | 127 | |
Fédération des électeurs du Schleswig du Sud | Défense de la minorité danoise | 1 | 0 | 0 | 4 | |
Bündnis Deutschland | Libéralisme | 0 | 1 | 0 | 12 | |
Électeurs libres | Centrisme | 0 | 2 | 0 | 37 | |
Die PARTEI | Satirique | 0 | 2 | 0 | 0 | |
Volt | Fédéralisme européen | 0 | 1 | 0 | 0 | |
Parti des pirates | Inclassable (Défenseurs des Libertés fondamentales) | 0 | 1 | 0 | 0 | |
Parti écologiste-démocrate | Écologisme de droite | 0 | 1 | 0 | 0 | |
Parti des familles d'Allemagne | Politique familiale | 0 | 1 | 0 | 0 | |
Total | 736 | 96 | 16 | 1 898 |
Le système politique allemand et en particulier le système des élections au Bundestag (le parlement fédéral) a conduit à la formation de deux grands partis de gouvernement (le groupe CDU/CSU et le SPD) à côté desquels subsistent plusieurs partis moins importants qui jouent un rôle important en participant aux coalitions (notamment le FDP et les Verts). Il existe enfin quelques petits partis qui obtiennent parfois des mandats dans les parlements régionaux. Ces partis défendent souvent une idéologie radicale (partis d'extrême droite notamment) ou représentent un groupe particulier (comme le GB/BHE) ou un vote de protestation. Enfin, le PDS, devenu Die Linke en 2007, successeur du SED, le parti unique de la RDA, occupe une place à part, représenté au Bundestag depuis la réunification mais tenu à l'écart du pouvoir à l'échelon fédéral par les autres partis.
L'élection du Bundestag au scrutin proportionnel plurinominal est mitigée par la « barre des 5 % » qui empêche les partis les plus petits de participer au partage des sièges et évite ainsi le morcellement du parlement. L'élection de la moitié des députés au scrutin uninominal majoritaire à un tour laisse cependant une place à un vote personnalisé. À côté des deux partis principaux, existent divers petits partis qui peuvent être porteurs d'une idéologie particulière (comme le FDP, Die Linke ou les Verts) ou des intérêts d'un groupe restreint (comme le GB/BHE).
À côté des six (sept en différenciant la CDU et la CSU) partis représenté au Bundestag, qui sont tous représentés au Parlement européen et dans plusieurs parlements régionaux, certains petits partis n'ont que quelques élus dans l'un ou l'autre de ces parlements.
Parti | Revenus (millions d’euros) |
Cotisations | Dons | Financement public | Patrimoine | Autre | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Parti social-démocrate (SPD) | 170,1 | 29,7 % | 7,7 % | 27,3 % | 9,8 % | 25,5 % | |
Union chrétienne-démocrate (CDU) | 151,6 | 28,7 % | 18,3 % | 28,8 % | 3,1 % | 21,1 % | |
Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) | 39,8 | 25,4 % | 15,8 % | 29,6 % | 1,3 % | 27,9 % | |
Parti libéral-démocrate (FDP) | 29,3 | 20,5 % | 29,7 % | 30,7 % | 5,7 % | 13,4 % | |
Alliance 90 / Les Verts | 25,4 | 21,3 % | 14,3 % | 38,3 % | 1,4 % | 24,7 % | |
Die Linke | 21,0 | 44,2 % | 9,5 % | 37,5 % | 1,0 % | 7,8 % | |
Moyenne | 28,3 % | 15,88 % | 32,03 % | 3,72 % | 20,07 % |
Le financement des partis politiques est encadré depuis 1967 par une législation particulière la Parteiengesetz. En plus des dons et cotisations les partis politiques allemands reçoivent un financement important de la part de l'État. Pour accéder à ce financement un parti doit avoir recueilli au minimum 0,5 % des voix à une élection nationale ou 1 % à une élection régionale. Le montant des subventions est ensuite calculé en se basant sur le nombre de voix obtenues aux différentes élections et sur les ressources propres dont dispose le parti. Dans tous les cas le financement public doit rester en dessous d'une limite absolue, fixée en 2005 à 133 millions d'euros par an.
Comme d'autres pays d'Europe, l'Allemagne a été touchée par plusieurs scandales liés au financement des partis politiques. Le plus gros des scandales récents est l'affaire du financement de la CDU d'Helmut Kohl dans les années 1990 (CDU-Spendenaffäre). Le parti avait mis en place un système de financement des campagnes électorales de candidats choisis par Kohl en utilisant des dons secrets (et donc illégaux) sur des comptes de banques suisses. L'origine exacte de l'argent n'est toujours pas connue. À la suite du scandale Helmut Kohl, Wolfgang Schäuble et Brigitte Baumeister (la trésorière de la CDU) ont dû démissionner de leurs fonctions au sein du parti (un poste purement honorifique dans le cas de l'ancien chancelier). Après avoir épuisé toutes les voies de recours possible la CDU a été finalement condamnée en 2004 par le Tribunal constitutionnel fédéral à rembourser 21 millions d'euros de financement public des campagnes électorales entachées d'irrégularités.
Parti | 1949 | 1953 | 1957 | 1961 | 1965 | 1969 | 1972 | 1976 | 1980 | 1983 | 1987 | 1990 | 1994 | 1998 | 2002 | 2005 | 2009 | 2013 | 2017 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
CDU/CSU | 31,0 | 45,2 | 50,2 | 45,3 | 47,6 | 46,1 | 44,9 | 48,6 | 44,5 | 48,8 | 44,3 | 43,8 | 41,4 | 35,1 | 38,5 | 35,2 | 33,8 | 41,5 | 32,9 | |
SPD | 29,2 | 28,8 | 31,8 | 36,2 | 39,3 | 42,7 | 45,8 | 42,6 | 42,9 | 38,2 | 37,0 | 33,5 | 36,4 | 40,9 | 38,5 | 34,3 | 23,0 | 25,7 | 20,5 | |
AfD | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | 4,7 | 12,6 | |
FDP | 11,9 | 9,5 | 7,7 | 12,8 | 9,5 | 5,8 | 8,4 | 7,9 | 10,6 | 7,0 | 9,1 | 11,0 | 6,9 | 6,2 | 7,4 | 9,8 | 14,6 | 4,8 | 10,7 | |
PDS/Die Linke | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | - | 2,4 | 4,4 | 5,1 | 4,0 | 8,7 | 11,9 | 8,6 | 9,2 | |
Alliance 90 / Les Verts | - | - | - | - | - | - | - | - | 1,5 | 5,6 | 8,3 | 5,0 | 7,3 | 6,7 | 8,6 | 8,1 | 10,7 | 8,4 | 8,9 | |
Participation | 78,5 | 86,0 | 87,8 | 87,7 | 86,8 | 86,7 | 91,1 | 90,7 | 88,6 | 89,1 | 84,3 | 77,8 | 79,0 | 82,2 | 79,1 | 77,7 | 70,8 | 71,53 | 76,2 |
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