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courant du christianisme médiéval De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Mouvement vaudois, parfois appelé valdéisme ou valdisme est un courant religieux médiéval dont les adeptes ont été nommés « vaudois » ou parfois « valdésiens » par leur adversaires. Eux-mêmes ont préféré se désigner sous les termes « vrais catholiques », « Pauvres en Christ » ou « Pauvres en Esprit », et ont parfois été connus sous le nom de « Pauvres de Lyon ».
Commencée à Lyon pendant le dernier quart du XIIe siècle, l'histoire du mouvement vaudois s'est symboliquement terminée en 1532, au Synode de Chanforan, lorsque les derniers groupes numériquement significatifs de vaudois ont décidé d'adhérer au Mouvement réformé et constitué une église protestante principalement influencée par celle de Genève. Il a fallu en réalité plus d'un siècle pour que cette transformation devienne complète et effective, et l'on fait généralement débuter en 1655, à la première publication de sa confession de foi, en français, sous le titre « Brieve confession de foy des églises réformées de Piémont »[1],[2] dans l'ouvrage « Relation véritable de ce qui s'est passé dans les persécutions & massacres faits cette année, aux Églises reformées de Piémont »[3], l'histoire formelle de l'Église évangélique vaudoise qui porte ce qui a survécu, de l'héritage spirituel et culturel du mouvement vaudois.
L'originalité du mouvement vaudois réside dans le fait qu'il est l'un des rares courants religieux dissidents, avec l'Utraquisme et l'Unitas Fratrum, qui ont résisté durablement aux répressions auxquelles ils ont été exposés, et celui qui, au prix de nombreuses adaptations, a connu la durée d'existence la plus longue.
Il existe deux thèses quant à l'origine du mouvement. La thèse le plus souvent retenue est que les vaudois furent fondés par un bourgeois lyonnais nommé Vaudès (ou Valdès, plus connu comme Pierre Valdo)[4] dont l'existence historique est attestée par cinq textes qui ont fait l'objet d'amples débats. Ce dernier, va vendre ses biens et consacrer sa vie à la prédication de l'Evangile à partir de 1170. Il fait alors traduire le Nouveau Testament dans la langue d’usage, le franco-Provençal, afin qu’il soit compris par le peuple. Vaudès est rapidement suivit par des disciples qui se font appeler « les Pauvres de Lyon »[5].
Néanmoins, on constate qu'il existe une confession de foi des vaudois datant de 1120, soit 20 ans avant la naissance de Vaudès[6],[7]. Il existe plusieurs documents, dont la Noble Leçon, qui dateraient même de l'an 1100 ou avant[8]. Ces constations font penser que les vaudois ont en réalité une origine plus ancienne et une seconde thèse les fait apparaitre au temps de l'empereur romain Constantin. Cette théorie s'appuie sur les déclarations des vaudois eux-mêmes. En effet, d'après Antoine Monastier dans son ouvrage Histoire de l'Église vaudoise depuis son origine et des Vaudois du Piémont jusqu'à nos jours (1847)[9]:
« Dans toutes les persécutions qu'ils ont éprouvées, dès le XIIe siècle, et plus tard, lorsqu'ils ont dû réclamer à diverses fois auprès de leur souverain, les vaudois ont toujours soutenu, comme précédemment, que la religion qu'ils suivaient s'était conservée de père en fils, et de génération en génération, depuis un temps immémorial : Da ogni tempo e de tempo immemoriale, disaient-ils dans leurs requêtes.»
Monastier explique que les vaudoise soutenaient qu'ils tenaient leur croyance de Léon, confrère et contemporain du pape Sylvestre, sous l'empereur Constantin Ier.
Cette tradition se retrouve dans le Faisceau des temps :
« Les biens d'Église que les prélats commencèrent à posséder environ ce temps-là (de Sylvestre et de Constantin) occasionnèrent souvent de grandes altercations entre les docteurs, les uns prétendant que c'était une chose juste et utile que l'Eglise eût en abondance des biens temporels et l'honneur terrestre, les autres soutenant le contraire. » Léon aurait été l'un de ces derniers et aurait préféré la liberté chrétienne avec la pauvreté, à un riche bénéfice, occasion possible de servitude et de relâchement. (V. Fasciculus temporum in PISTORIO, t. II, p. 47.) »
Cette tradition est conforme à ce que Honorius d'Autun et Évrard de Béthune, au IIIe siècle, nous disent des montani, qui avaient les mêmes doctrines que les vaudois. Ces derniers d'ailleurs se cachèrent dans les montagnes se séparant du corps de l'Eglise, tout comme les vaudois le feront.
Le père Moneta, professeur à Bologne et inquisiteur vers l'an 1244, écrit quant à lui que s'il « est évident qu'ils tirent leur origine de Valdecius, citoyen de Lyon, qui commença cette œuvre il n'y a pas plus de quatre-vingts ans, un peu plus ou un peu moins, ainsi donc ils ne sont pas les successeurs de l'Église primitive, ils ne sont donc pas l'Église de Dieu. Or, s'ils disent que leur voie fut antérieure à Valdo, qu'ils le montrent par quelque témoignage. » (Venerabilis P. MONETA, Catharos et Valdenses, lib. V, cap . 1, § 4; Romae, 1743.). » Un second inquisiteur allemand, Pierre Polichdorf, partage également cet opinio, considérant que les vaudois mentent en prétendant tirer leur origine de l'Eglise primitive.
L'inquisiteur Rainier Sacco, écrivait vers l'an 1250, que plusieurs sectes découlaient des temps de l'Eglise primitive telle que celle des Léonistes. Cette dernière est d'après lui la plus ancienne, « puisque selon quelques-uns elle s'est conservée depuis le temps de Sylvestre, selon d'autres depuis le temps des apôtres. » Elle serait également la plus répandue et manifesterait une plus grande apparence de piété que les autres sectes.(Max. Biblioth., P. P., t. XXV, cap. V et VI, p. 264 et suiv.). Ces écrits font penser à Antoine Monastier que Sacco confonds léonistes et vaudois, ce qui ferait apparaitre ces derniers bien avant Valdo, au IVe siècle de notre ère. Les pauvres de Lyon, qui suivent Valdo auraient alors été confondus avec les vaudois qui existaient depuis plusieurs siècles. L'auteur soutient d'ailleurs que l'étymologie du nom "léoniste" dérive du nom de Léon, auquel les vaudois se référaient[9].
Le mouvement prend ses distances avec l'Eglise catholique puisqu'il considère que l'Homme n'a pas besoin du clergé pour communiquer avec Dieu et que la connaissance de la parole divine doit être donnée à tous. Ainsi, le prêche vaudois est effectué par des laïcs y compris des femmes. Toutefois, les vaudois des débuts se considèrent comme catholiques, estimant qu'ils en étaient la pars benigna, tandis que le dogme romain était la pars maligna, rongée par les péchés et la corruption des évangiles. C'est pourquoi, le pape Lucius III les excommuniera en 1184 lors du concile de Vérone. Les vaudois vont alors poursuivre leurs prêches de manière clandestine. Ils vont notamment se réfugier dans les montagnes des Alpes et développer un prêche basé sur les préceptes du Sermon sur la Montagne. Les prédicateurs vaudois sont nommés les « barbes » ou les oncles, (expression qui vise à les distancier des « pères » catholiques)[5]. Ils s'agit de prêcheurs itinérants, sillonnant l'Europe.
Le mouvement vaudois va s'implanter grandement en Italie (Lombardie, Piémont, Calabre...) où les communautés seront les plus nombreuses au Moyen-Age. Il s'étendra aussi à l'Allemagne, à l'Autriche et à la Suisse. En France, il se développera surtout dans le Sud-Est du pays (Savoie, Luberon, Vaucluse, Dauphiné...)[5] Entre 1460 et 1560, au moins 1 400 familles, soit environ 6 000 personnes venues des diocèses alpins de Turin et d'Embrun sont venues s'installer dans la région du Luberon. Les deux-tiers d'entre eux sont arrivés entre 1490 et 1520, ce qui permet de faire face à la chute de 60 % de la population à la fin de la guerre de Cent Ans, et à la suite de plusieurs épidémies ayant ravagées la région. Ce peuplement a été organisé juridiquement grâce à onze « contrats d'habitations » concernant treize villages du Luberon[10].
Si les vaudois se considéraient au départ comme faisant partie de l'Église romaine, ils vont rapidement s'en distinguer et entrer en conflit avec la papauté. Au moment de l'apparition de la Réforme, les vaudois envoient plusieurs émissaires à Berne, Bâle ou encore Strasbourg[5]. C'est le synode de Chanforan en 1532 qui acte le mouvement vaudois à la Réforme, notamment à la mouvance de Zwingli et Bucer.
De ce fait, les vaudois cessent leur itinérance et les barbes deviennent des pasteurs affiliés à des paroisses. Les vaudois participent grandement à la diffusion de la Réforme, notamment en Italie. Ils achèvent la traduction française de la Bible : la bible d'Olivétan[5].
Ce ralliement à la Réforme va entrainer les multiples persécutions dont seront victimes les vaudois.
Les vaudois firent l'objet de multiples condamnations par les juridictions ecclésiastiques. Celles-ci étaient plutôt rares durant le Moyen-Age mais vont s'accentuer après le rattachement des vaudois à la Réforme. Ainsi, dans le Lubéron les vaudois sont victimes de persécutions menées par l'inquisiteur Jean de Roma et par Jean Meynier, baron d’Oppède et premier président du Parlement d’Aix. En 1535, François Ier prend un édit contre les vaudois sur la base de fausses accusations du baron d'Oppède (annonçant la marche des vaudois sur Marseille). En 1540, l'arrêt de Mérindol condamne le village éponyme à être rasé. Il ne sera appliqué qu’en 1545, date à laquelle Mérindol est détruit et pillé par les troupes du baron d’Oppède et du capitaine Paulin. La majorité des habitants pourront s’enfuir et revenir ensuite. Par la suite, renforcée par une troupe envoyée par le vice-légat d'Avignon, l'armée du baron d'Oppède s'empare après deux jours de siège, de Cabrières, où se sont retranchés des Vaudois; une trentaine sont mis à mort. Avant de se retirer vers Cavaillon, il fait mettre à part les femmes et les enfants disposés à se convertir, il fait massacrer tous les habitants entassés dans le château (pour les hommes) et l'église (pour les femmes). Les rares survivants rejoignent Genève et les cantons suisses protestants. Ce massacre fera plus de 3 000 victimes. 700 vaudois seront envoyés aux galères[5].
Le groupe vaudois en Provence est presque totalement exterminé ce qui entrainera son intégration totale au protestantisme français.
En récompense de ses actes, le pape Paul III adresse un bref flatteur à Maynier, fait chevalier de l'Éperon et comte palatin.
Un autre massacre a eu lieu en Calabre. Une mission de l’inquisition leur est en effet envoyée en 1560. Deux martyrs sont restés célèbres, les pasteurs Jacques Bonello et Giovanni Luigi Pascale, tous deux envoyés par l’Église de Genève. Tout deux furent brulés en 1560, le premier à Palerme et le second à Rome. Une croisade va ensuite avoir lieu en Calabre conduisant à la mort de nombreux vaudois[5].
En Piémont, le duc de Savoie Emmanuel-Philibert envoie en 1560 une expédition militaire contre les Vaudois de la vallée de la Luserne. Alors même que le mouvement vaudois est originellement non violent, les adeptes de la région vont prendre les armes et mener une guérilla dans la montagne. Cet épisode est justifié par le mouvement comme une guerre sainte qui fait référence aux figures bibliques de David et Goliath. Les vaudois s'estiment en effet attaqués par un adversaire qui leur est grandement supérieur et qu'ils jugent injuste. Les Vaudois recevront l’aide des Réformés dauphinois, sur le versant français des Alpes et tiennent tête aux troupes ducales. Au bout de six mois de luttes, le duc acceptera de négocier, ce qui aboutira à l’accord de Cavour (1561) confirmant les privilèges et franchises accordés précédemment aux vaudois et autorisant le culte vaudois public dans les localités loin de la plaine. Cet accord cantonne les vaudois à la montagne et stoppera leur expansion vers la plaine.
Aujourd'hui, l’adjectif « vaudois » n’est utilisé que pour cette fraction de l’ancienne diaspora vaudoise[5].
Pierre Valdès avait abandonné toute sa fortune et sillonnait la région lyonnaise avec ses disciples pour prêcher l'Evangile. Son dogme se caractérise par un retour à l'essentiel : le texte. Pierre Valdès souhaite vivre de la manière la plus proche de celles des apôtres de l'Evangile qui quittent tout pour suivre l'enseignement du Christ. Gauthier Map expose ainsi que les vaudois « ne possèdent rien en propre, mettent tout en commun à l'exemple des apôtres, nus comme le Christ nus. »[4] Ce mode de vie passe donc par le rejet de la propriété et du "superflu", c'est-à-dire des rites développés par le culte catholique au fil des siècles qui ont détourné le clergé et les croyants du véritable sens des Evangiles.
Une des caractéristiques vaudoises est la dimension universelle de la religion qui est accessible à tous. C'est pourquoi Valdès fait traduire la Bible en franco-provençal et que les femmes vaudoises peuvent prêcher au même titre que les hommes. Cette idée se retrouve aussi dans le fait qu'il n'existe pas de séparation entre laïcs et hommes d'Eglise[4].
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