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essai de Paul Verlaine De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Poètes maudits est un ouvrage de Paul Verlaine, publié une première fois en 1884 puis dans une édition augmentée et illustrée en 1888.
Format |
Œuvre créative (en) |
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Langue | |
Auteurs |
Paul Verlaine Verlaine |
Genre | |
Date de parution | |
Éditeur |
Librairie Léon Vanier (d) |
L'expression « poète maudit » est depuis passée dans le langage courant.
Dans cet ouvrage, à la fois anthologie et essai, le poète Paul Verlaine rend hommage au Parnasse français « décadent » qui marqua la fin du Second Empire et les débuts de la Troisième République.
Dans la première édition, parue sous forme de plaquette chez Léon Vanier le 19 avril 1884[1], trois poètes y font l'objet de longues notices, à savoir : Tristan Corbière, Arthur Rimbaud et Stéphane Mallarmé.
Ces notices avaient été auparavant pré-publiées dans un périodique, sous formes d'articles, livrés entre août 1883 et janvier 1884 dans la rubrique « Poètes maudits » de la revue Lutèce[2].
Dans l'édition originale parue chez Vannier qui permet donc la réunion des trois articles, l'éditeur annonce un tirage de 255 exemplaires, ce qui est peu, et un prix de vente à 3 francs, pour un total de 56 pages. L'ouvrage est illustré de trois portraits, placés en hors-texte au début de chacune des notices : ce sont des photocompositions produites par l'imprimerie de Lutèce (dirigée par Léon Épinette, sise au 16 boulevard Saint-Germain) d'après, respectivement, un portrait authentique de Corbière de 1873, la photographie prise par Carjat de Rimbaud en d'octobre 1871, et enfin le portrait peint par Édouard Manet en 1876 de Mallarmé. Ces détails sont donnés par Verlaine lui-même au tout début de son ouvrage en un « Avertissement à propos des portraits ci-joint », avant-propos daté « 25 février 1884 ».
Cette édition originale, fort rare, est conservée à la Bibliothèque nationale de France, en un exemplaire numérisé, lequel comporte un envoi autographe de la main de Verlaine daté du 6 juillet 1891, destiné à Rodolphe Salis[3].
En août 1888, paraît toujours chez Léon Vannier[4], en un format de 112 pages, une « édition augmentée », ce qui revient à qualifier l'édition de 1884, de « première série », expression employée par l'éditeur lui-même. Le projet de Verlaine est clair : il ajoute au trois poètes précédents, trois nouveaux[5], qui sont Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l'Isle-Adam et Pauvre Lelian. Ce dernier est en fait l'anagramme de Paul Verlaine, ce qui veut dire que l'auteur de cet ouvrage s'inclut lui-même dans cette série de poètes maudits. Il faut également noter que seuls Rimbaud, Mallarmé et Villiers de L'Isle-Adam sont encore en vie au moment où paraît cet ouvrage : Verlaine l'ignore pour le premier, mais, pour les deux autres, il les connaît bien par ailleurs, puisqu'il échange avec eux une abondante correspondance[6].
L'ouvrage est cette fois imprimé chez Louis Boyer et Cie, imprimeur situé à Asnières, beaucoup plus gros que le précédent ; l'ouvrage est d'ailleurs proposé à 3,50 francs, ce qui signifie que le tirage est plus important. En termes d'illustrations, il est orné cette fois de six portraits originaux traduits par la photocomposition, qui ont été dessinés par le caricaturiste espagnol Manuel Luque, ce qu'indique bien la page de titre[7].
Précédent la page de titre, l'ouvrage s'ouvre sur un frontispice, une vignette représentant Paul Verlaine, en un portrait dessiné et signé par Luque, où le buste du poète figure comme en médaillon posé sur une lyre antique.
Ensuite, vient l'avant-propos programmatique de Verlaine qui s'ouvre par ces mots : « C'est Poètes Absolus qu'il fallait dire pour rester dans le calme, mais, outre que le calme n'est guère de mise en ces temps-ci, notre titre a cela pour lui qu'il répond juste à notre haine, et, nous en sommes sûr, à celle des survivants d'entre les Tout-Puissants, pour le vulgaire des lecteurs d'élite — une rude phalange qui nous la rend bien ». Ce texte était déjà dans l'édition de 1884, comme étant les premiers mots de la notice consacrée à Corbière.
La réception de l'ouvrage fut assez lente et froide. Il faut attendre novembre 1888 pour une critique destinée à un public élargi, elle paraît en une du quotidien Gil Blas, daté 19 novembre et signée Colombine (Henry Fouquier)[8]. Quelques semaines plus tôt, Le Décadent, une feuille assez confidentielle où travaille Verlaine, fait bien entendu la recension de l'ouvrage, par le biais de Louis-Pilate de Brinn’Gaubast[9].
La notion romantique de « malédiction » du poète[10] apparaît déjà en 1832 dans le roman d'Alfred de Vigny Stello[6], qui expose le problème des rapports entre poètes et société, anticipant sa pièce Chatterton[11] : « (...) du jour où il sut lire il fut Poète, et dès lors il appartint à la race toujours maudite par les puissances de la terre... »[12]. Figure tragique poussée à l'extrême, versant à l'occasion dans la démence, l'image du poète maudit constitue, en quelque sorte, le sommet indépassable de la pensée romantique. Elle domine une conception de la poésie caractéristique de la seconde moitié du XIXe siècle.
L'expression « poète maudit » ayant fait florès, elle a servi au fil du temps à qualifier d'autres auteurs que les amis de Verlaine[13] et à désigner plus généralement un poète qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société, se conduit de manière provocante, dangereuse, asociale ou autodestructrice (en particulier avec la consommation d'alcool et de drogues) et, en général, meurt avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur[14].
Ont ainsi pu recevoir ce qualificatif, et outre la liste établie par Verlaine (qui y incluait sa personne), des auteurs antérieurs comme Rutebeuf dit l'« Infortuné »[15], François Villon[16], Nicolas Gilbert[17], Lord Byron[18], Thomas Chatterton[19], John Keats[18], Aloysius Bertrand[20], Pierre François Lacenaire, Gérard de Nerval[21], Edgar Allan Poe[22], ou contemporains comme Charles Baudelaire[23], Lautréamont[24], Pétrus Borel[25], Charles Cros[26], Germain Nouveau[27] ou encore Jules Laforgue[28].
L'éditeur et poète Pierre Seghers publie en 1972 une première anthologie intitulée Poètes maudits d'aujourd'hui[29], dans laquelle il regroupe quinze noms d'auteurs : Antonin Artaud, Edmond-Henri Crisinel, Gilberte H. Dallas, Jean-Pierre Duprey, André Frédérique, Claude Gauvreau, Francis Giauque, Roger Milliot, Gérald Neveu, Jacques Prevel, André de Richaud, Roger-Arnould Rivière, Armand Robin, Jean-Philippe Salabreuil et Ilarie Voronca.
D'autres encore, dont la vie poétique est associée à ce syntagme : Léon Deubel[28], Émile Nelligan[30], Olivier Larronde[31] ou encore Jim Morrison[32].
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