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recueil de poèmes de Victor Hugo De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Contemplations est un recueil de poèmes écrit par Victor Hugo et publié en 1856. Il est composé de 158 poèmes, rassemblés en six livres. La plupart de ces poèmes ont été écrits entre 1841 et 1855, mais les plus anciens datent de 1830.
Les Contemplations constituent un recueil qui aborde les thèmes de l’amour, de la joie mais aussi de la mort, du deuil et même d'une certaine foi mystique[1]. Le souvenir, surtout, y prend une place prépondérante, puisque Victor Hugo y expérimente le genre de l'autobiographie versifiée. Ce recueil est également un hommage à sa fille Léopoldine Hugo, accidentellement morte noyée dans la Seine à Villequier en 1843[2].
Bien que prolongeant dans sa première partie le lyrisme des œuvres antérieures comme Les Rayons et les ombres (1840), le recueil des Contemplations est aussi une rupture avec ce lyrisme, annonçant une poésie plus sombre. Les Contemplations constituent ainsi une œuvre majeure qui correspond à une seconde naissance poétique de Victor Hugo, profondément marqué et changé par la disparition de sa fille[3], qui mènera à ses œuvres ultérieures telles que La Légende des siècles (1859 - 1883).
Le livre s'organise en deux parties, respectivement intitulées Autrefois et Aujourd'hui, comprenant chacune trois chapitres.
À première vue, le recueil semble organisé selon un ordre chronologique. Mais Victor Hugo a faussé la date d'écriture de certains de ses poèmes[4]. Il faut en déduire que l'ordre choisi est plus psychologique qu'historique.
L’amour dans les Contemplations prend différentes formes. Il peut s’agir de l’amour maladroit du jeune homme, comme dans la Vieille chanson du jeune temps[5] : c’est un amour où l’expression des sentiments est maladroite et hésitante. L’amour sensuel a aussi une place importante dans le recueil. La sensualité est présentée comme discrète (comme dans la majorité des poèmes[6]), soit, de manière exceptionnelle, érotique[7]. L’amour est ainsi source de bonheur et de joie[8], mais est également source de souffrance lorsque l'auteur évoque la mort de sa fille.
Les poèmes de l’amour sont aussi des poèmes de la nature[9]: « nous allions au verger cueillir des bigarreaux ». Le lyrisme amoureux se mêle au lyrisme de la nature sans qu’ils se confondent. Ce n’est pas l’amour malheureux que Hugo chante mais au contraire l’amour comme source de plénitude, de bonheur à deux et de communion avec la nature[10].
Le poète exprime la nature et l'amour sous la forme de poèmes brefs, comme s'il cherchait plus à capter un moment fugitif qu’à donner une longue peinture de ses sentiments[11]. Hugo se concentre sur quelques parties de la réalité en donnant ainsi une image fragmentée : il ne fait pas de portrait de pied en cap de la femme qu’il aime mais évoque sa nuque[12] ou ses pieds et ses cheveux [13]. La nature elle-même est décrite de façon très fragmentaire : Hugo évoque un arbre et ses branches[14], la rive et les joncs [13]. Dans les poèmes d’amour, l’amour et la nature sont intimement liés, faisant apparaître la nature comme l'espace privilégié de la fusion du poète et de la femme aimée.
Les Contemplations est un recueil centré sur la nostalgie et en particulier sur le souvenir de Léopoldine, la fille du poète, qui meurt noyée dans la Seine avec son mari, le , dont Hugo apprend la mort par hasard dans la presse le à Rochefort, alors qu'il revient d'un voyage en Espagne avec Juliette Drouet. La mort de sa fille conditionne en effet la structure du livre et sa séparation en deux parties.
Hugo choisit les vers pour raconter la traversée de son deuil, ceux-ci permettent de mettre en forme cette expérience douloureuse et de la dépasser. La contrainte poétique est une manière de canaliser l'affect en coulant l'informel comme dans un moule de formes préexistantes; le sonnet ou les structures rythmiques.
Le destinataire de Pauca meae semble être d’abord sa fille Léopoldine, à laquelle Hugo s’adresse. Il écrit par exemple « vois-tu, je sais que tu m’attends »[15]. Le poète, qui ne semble plus à même de comprendre les desseins de Dieu, s’adresse aussi aux autres hommes car ses souffrances sont celles de tous : « homo sum » écrit-il dans la préface. La poésie se fait un appel à des sentiments universels.
Le poète évoque les moments heureux passés avec sa fille[16]: Hugo évoque également les contes qu’il racontait à ses enfants. Le titre pauca meae renvoie à sa fille. Étant donné que pauca signifie « peu de choses » et meae « la mienne », on pourrait le traduire par « le peu de choses qu'il reste pour / de ma fille ». Les moments passés ensemble sont toujours évoqués de façon vague et fragmentaire: parmi les dix-sept poèmes de Pauca meae, seuls quatre poèmes décrivent des scènes du passé. Pauca meae sont avant tout des poèmes de la souffrance : il est question de douleurs dans neuf poèmes des dix-sept composant Pauca meae.
Hugo montre aussi clairement son refus de la mort et ne cesse d’interroger Dieu quant au sens du décès de Léopoldine. La mort de Léopoldine fait vaciller la foi de Hugo et sa confiance en Dieu[17] ; et même l’idée que le Poète doit se faire messager de Dieu et guide des peuples (idée pourtant ancienne chez Hugo). Parallèlement, Hugo avoue son incapacité à comprendre les desseins de Dieu et sa soumission à la volonté divine. Hugo esquisse par là l’idée que la vie se termine par un mystère que nul ne peut comprendre[18].
Quant au ton et au style de Hugo, sa langue et sa poésie se caractérisent par leur simplicité. Les mêmes rimes reviennent d’un poème à un autre[19]. Hugo rejette le pathos ; il a ainsi recours à un double pour parler de ses propres souffrances, donnant ainsi l’impression de parler d’un autre[20]. Il évite d'exagérer son lyrisme personnel, écrivant par exemple dans [21] : « Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe / Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur » comme pour rejeter un sentimentalisme facile.
En 1853, ont lieu les séances de tables tournantes chez Delphine de Girardin. Cette expérience permet au poète de se former une nouvelle religion, très précisément évoquée dans le poème des Contemplations intitulé « Ce que dit la bouche d'ombre ». Panthéisme et christianisme s'y mêlent pour former une pensée qui relève aussi bien de la religion que de la philosophie.
L'idée même de « contemplation » (du latin contemplari, qui signifie aussi bien « regarder attentivement » que « considérer par la pensée ») joue de l'origine religieuse du mot (qui appartient dans l'ancienne Rome à la langue augurale) : il s'agit, pour le songeur (car « rêver », « songer » et « contempler » sont employés presque indifféremment dans le recueil), de fixer son regard sur la nature jusqu'à percevoir, au-delà du visible, le sens abstrait qu'il délivre. Dans le pan de réel délimité par son regard, le contemplateur s'efforce d'interpréter des signes : la nature est un livre où se donne à déchiffrer le texte divin. L'importance accordée par le recueil à la vision doit donc être reliée à la conception hugolienne du divin[22].
Le dieu de Hugo n'est ni tout à fait impersonnel, ni tout à fait anthropomorphe : il serait plutôt la voix de la conscience, une forme intime et vivante de loi morale. C'est un dieu tout-puissant mais inconnaissable pour l'homme, et dont le christianisme n'offrirait qu'une image approximative, car il s'agirait d'une entité universelle et libérée de toute religion.
Hugo croit au caractère surnaturel de la poésie qui lui permettrait de traduire la voix de l'au-delà. Le poète est pour lui un voyant et un messager de l'infini. Enfin, Les Contemplations sont pour Hugo l'occasion d'affirmer sa croyance en l'immortalité de l'âme et en la métempsycose.
Préface
« Un jour je vis… »
AUTREFOIS
1830–1843
LIVRE PREMIER
AURORE
I. À ma fille
II. « Le poëte s’en va dans les champs… »
III. Mes deux filles
IV. « Le firmament est plein de la vaste clarté »
V. À André Chénier
VI. La vie aux champs
VII. Réponse à un acte d’accusation
VIII. Suite
IX. « Le poëme éploré se lamente ; le drame »
X. À Madame D. G. de G.
XI. Lise
XII. Vere novo
XIII. À propos d’Horace
XIV. À Granville, en 1836
XV. La coccinelle
XVI. Vers 1820
XVII. À M. Froment-Meurice
XVIII. Les oiseaux
XIX. Vieille chanson du jeune temps
XX. À un poëte aveugle
XXI. « Elle était déchaussée, elle était décoiffée »
XXII. La fête chez Thérèse
XXIII. L’enfance
XXIV. « Heureux l’homme… »
XXV. Unité
XXVI. Quelques mots à un autre
XXVII. « Oui, je suis le rêveur… »
XXVIII. « Il faut que le poëte… »
XXIX. Halte en marchant
LIVRE DEUXIÈME
L’ÂME EN FLEUR
I. Premier mai
II. « Mes vers fuiraient, doux et frêles »
III. Le rouet d’Omphale
IV. Chanson
V. Hier au soir
VI. Lettre
VII. « Nous allions au verger… »
VIII. « Tu peux, comme il te plaît… »
IX. En écoutant les oiseaux
X. « Mon bras pressait ta taille frêle »
XI. « Les femmes sont sur la terre »
XII. Églogue
XIII. « Viens ! — une flûte invisible »
XIV. Billet du matin
XV. Paroles dans l’ombre
XVI. « L’hirondelle au printemps… »
XVII. Sous les arbres
XVIII. « Je sais bien qu’il est d’usage »
XIX. N’envions rien
XX. Il fait froid
XXI. « Il lui disait : Vois-tu… »
XXII. « Aimons toujours ! aimons encore »
XXIII. Après l’hiver
XXIV. « Que le sort, quel qu’il soit… »
XXV. « Je respire où tu palpites »
XXVI. Crépuscule
XXVII. La nichée sous le portail
XXVIII. Un soir que je regardais le ciel
LIVRE TROISIÈME
LES LUTTES ET LES RÊVES
I. Écrit sur un exemplaire de la « Divina Commedia »
II. Melancholia
III. Saturne
IV. Écrit au bas d’un crucifix
V. Quia pulvis es
VI. La source
VII. La statue
VIII. « Je lisais. Que lisais-je ?… »
IX. « Jeune fille, la grâce emplit… »
X. Amour
XI. ?
XII. Explication
XIII. La chouette
XIV. À la mère de l’enfant mort
XV. Épitaphe
XVI. Le maître d’études
XVII. Chose vue un jour de printemps
XVIII. Intérieur
XIX. Baraques de la foire
XX. Insomnie
XXI. Écrit sur la plinthe d’un bas-relief antique
XXII. « La clarté du dehors… »
XXIII. Le revenant
XXIV. Aux arbres
XXV. « L’enfant, voyant l’aïeule… »
XXVI. Joies du soir
XXVII. « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie »
XXVIII. Le poëte
XXIX. La nature
XXX. Magnitudo parvi
AUJOURD’HUI
1843–1855
LIVRE QUATRIÈME
PAUCA MEÆ
I. « Pure innocence ! Vertu sainte ! »
II. 15 février 1843 4 septembre 1843
III. Trois ans après
IV. « Oh ! je fus comme fou… »
V. « Elle avait pris ce pli… »
VI. « Quand nous habitions tous ensemble »
VII. « Elle était pâle, et pourtant rose »
VIII. « À qui donc sommes-nous ?… »
IX. « Ô souvenirs ! printemps ! aurore ! »
X. « Pendant que le marin… »
XI. « On vit, on parle… »
XII. À quoi songeaient les deux cavaliers dans la forêt
XIII. Veni, vidi, vixi
XIV. « Demain, dès l’aube… »
XV. À Villequier
XVI. Mors
XVII. Charles Vacquerie
LIVRE CINQUIÈME
EN MARCHE
I. À Aug. V.
II. Au fils d’un poëte
III. Écrit en 1846 Écrit en 1855
IV. « La source tombait du rocher »
V. À Mademoiselle Louise B.
VI. À vous qui êtes là
VII. « Pour l’erreur, éclairer, c’est apostasier »
VIII. À Jules J.
IX. Le mendiant
X. Aux feuillantines
XI. Ponto
XII. Dolorosæ
XIII. Paroles sur la dune
XIV. Claire P.
XV. À Alexandre D.
XVI. Lueur au couchant
XVII. Mugitusque boum
XVIII. Apparition
XIX. Au poëte qui m’envoie une plume d’aigle
XX. Cérigo
XXI. À Paul M.
XXII. « Je payai le pêcheur qui passa son chemin »
XXIII. Pasteurs et troupeaux
XXIV. « J’ai cueilli cette fleur pour toi… »
XXV. « Ô strophe du poëte, autrefois… »
XXVI. Les malheureux
LIVRE SIXIÈME
AU BORD DE L’INFINI
I. Le pont
II. Ibo
III. « Un spectre m’attendait… »
IV. « Écoutez. Je suis Jean… »
V. Croire, mais pas en nous
VI. Pleurs dans la nuit
VII. « Un jour, le morne esprit… »
VIII. Claire
IX. À la fenêtre, pendant la nuit
X. Éclaircie
XI. « Oh ! par nos vils plaisirs… »
XII. Aux anges qui nous voient
XIII. Cadaver
XIV. « Ô gouffre ! l’âme plonge… »
XV. À celle qui est voilée
XVI. Horror
XVII. Dolor
XVIII. « Hélas ! tout est sépulcre… »
XIX. Voyage de nuit
XX. Religio
XXI. Spes
XXII. Ce que c’est que la mort
XXIII. Les mages
XXIV. En frappant à une porte
XXV. Nomen, numen, lumen
XXVI. Ce que dit la bouche d’ombre
À celle qui est restée en France
Le roman Les Contemplées de Pauline Hillier, paru en 2023 à La Manufacture de livres, fait référence aux Contemplations de Hugo[23].
En 2024, l'organiste et compositeur Dominique Chevalier compose Au bord de l'infini, inspiré par plusieurs extraits des Contemplations[24].
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